Photo Marcel Mussen
Elle regarde par la fenêtre, son
regard porte si loin, elle fronce les sourcils.
Ses mains sont accrochées aux
barreaux. Elle regarde la liberté.
Son regard est si puissant : j'ai
l'impression qu'elle nous voit tous à travers l'écran de la
télévision.
Ce n'est pas une étrangère, c'est ma
sœur.
Elle a été incarcérée il y a
quelques mois, cette fois son mandat d'arrêt a pris effet.
Je ne l'ai pas revue depuis son
arrestation.
Mais voilà, à l'instant où je décide
de changer de programme TV, c'est elle qui me rend visite, cette
image d'elle ne me quittera pas pendant longtemps.
J'en veux au monde entier, pourquoi
autant de malheurs ?
Pourquoi n'a-t-elle pas su décrocher,
mettre un terme, c'est plus facile de l'accuser, de lui en vouloir.
J'avais sorti son visage de ma mémoire
pendant un laps de temps, j'avais fais abstraction de ce malheur,
et le voilà me prenant aux tripes et
par surprise.
Je sais qu'une porte vient de s'ouvrir
; celle de la culpabilité.
Je n'ai pas été la voir, je lui
écrivais, je la pleurais en silence de ma propre prison.
Je ne pouvais sortir seule et depuis
deux années, je devais être accompagnée de ceux qui lui
inspiraient confiance.
1998
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