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jeudi 4 mars 2021

Douglas De Coninck interviewt Ali Aarrass : ‘Ik werd jarenlang gefolterd in een Marokkaanse gevangenis’: Brusselaar Ali Aarrass is eindelijk weer thuis

 

We spreken af aan de Beurs en doen het gesprek wandelend. “Het is alsof ik opeens op een andere planeet ben terechtgekomen”, zegt hij. “Een planeet met alleen maar aardige mensen. Het is zo raar om al diegenen die brieven hebben geschreven, die voor je zijn opgekomen, na al die jaren in het echt te zien. Ze eens goed vastpakken, dat kan helaas nog niet.”

Na alle berichten die sinds 2009 vanuit Marokko doorsijpelden over zijn lot, ziet Ali Aarrass (58) er verrassend kranig uit. Hij heeft een ver verleden als bokser, diende ooit in het Belgische leger. Hij kan wat hebben. “Littekens van uitgedrukte sigaretten verdwijnen”, vertelt hij. “Andere niet. En wat het in je hoofd doet, dat allemaal ondergaan en je realiseren dat de mensen die dit doen hier specifiek voor zijn opgeleid, dat krijg ik niet uitgelegd.”

Ali Aarrass woonde 29 jaar in Brussel. Hij had eerst een handeltje in geschenkwaren en later een krantenwinkeltje in Molenbeek. In 2004 besloot hij weer in Melilla te gaan wonen, de Spaanse exclave vlak bij de Marokkaanse stad Nador waar zijn roots liggen.

“Toen de agenten van de Guardia Civil mij op 1 april 2008 op straat aanspraken, zat ik op een klant te wachten. Ze deden het lijken alsof het iets was met een verkeersboete. De eerste vraag was: ‘Wie zijn je vrienden?’ Ik vond dat een beetje raar, het klonk bedreigend. Ik zei dat ik maar een echte vriend heb, mijn vader. Ze lachten me uit. Achteraf begreep ik dat ze me een hele tijd hadden geschaduwd. ’s Avonds werd ik voor een rechter geleid. Die zei dat ik naar Madrid moest worden overgebracht. Daar vloog ik in isolatie. Na een tijdje werd ik voor Baltasar Garzón geleid.”

Het hele artikel lezen : klik hier 

vendredi 20 mars 2020

Farida Aarrass : nous vivons une expérience qui nous rapproche un tout petit peu des personnes en détention

#WAITING4ALI. J - 14 

En attendant la libération d'Ali Aarrass le 2 avril 2020
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Je ne peux m'empêcher de penser que nous sommes tous aujourd'hui en train de vivre une expérience qui nous rapproche un tout petit peu des personnes en détention.

Je dis bien un tout petit peu, parce que pour eux c'est beaucoup plus dur.

Ils n'ont ni fenêtres pour admirer le ciel dans son entièreté et respirer profondément, pour y chanter ou parler avec un voisin,...

Ils n'ont pas d'appareils branchés au wifi pour pouvoir s'évader virtuellement, ni même quelqu'un avec qui causer. 

Ils n'ont pas une cuisine pour y mijoter des bons petits plats ou y préparer le dessert de leur choix. 

Ils n'ont même pas un lit ni canapé pour pouvoir s'y prélasser en regardant un bon film...

En somme, je me dis que ce confinement est lui aussi en train de nous donner des leçons.

Nous avons tout pour pouvoir nous occuper l'esprit des journées entières. Des bouquins, des pc, des GSM, de l'espace, des denrées alimentaires, des proches, des voisins des amis,....

Il y a vraiment de quoi faire. Ne trouvez vous pas ?

A travers et au bout de tout ceci, nous gagnerons la patience.

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vendredi 18 janvier 2019

AU CŒUR DES PRISONS: L’IMPORTANCE DE SOUTENIR LES PRISONNIERS ET LEUR FAMILLE 20 janvier 13-18h Salle Saada

Al Kawthar : Nous organisons en date du 20 Janvier 2019 en Belgique, une rencontre en soutien aux prisonniers et leurs familles. L’objectif est, et reste le même, informer sur les conditions de détentions que subissent les détenus, dénoncer les dérives judiciaires et pénitentiaires, être un soutien pour ces familles qui se retrouvent trop souvent seules, démunis, incompris face à la dureté de cette épreuve.

Avec des intervenants de qualité, cette conférence AU CŒUR DES PRISONS sera pour chacun d’entre nous l’occasion d’avoir un autre regard sur la réalité carcérale, d’entendre ses voix mises sous silences, de comprendre l’importance de ne pas rester inactif face à la souffrance de l’autre et enfin que tous, nous puissions nous unir afin de soulager les éprouvés.

Des prises de paroles conscientes , des témoignages poignants…

Rejoignez nous!!

#AKR
#AlKawthar

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Où ? Salle SAADA Quai de Mariemont 51, 1080 Molenbeek-Saint-Jean, BELGIQUE

Quand ? Dimanche 20 janvier 2019 de 13-18h 

samedi 11 janvier 2014

PAPA, JE T’AIME : reportage sur la fête des enfants et ami(e)s des détenus belgo-marocains au Maroc (Bruxelles 4 janvier 2014)

  Un article de Malika, photos de Hamza Benaissa et les enfants photographes

 
Le 4 janvier 2014, les enfants des  détenus belgo-marocains au Maroc, leurs amis, les membres du comité des  familles et toutes les personnes qui les soutiennent, ont pris part à cette belle fête de l’espoir en ce début du nouvel an. 

On parle souvent  des enfants de détenus comme des victimes oubliées de l’incarcération. Cette question de l’enfant face à la prison doit être abordée sans perdre de vue un critère essentiel est que l’enfant est un être vivant, humain fragile qu’il faut préserver.

Les effets  de l'emprisonnement d'un parent sur les enfants peuvent être profonds.


Le détenu n’est pas seul à subir toutes les conséquences néfastes de l’incarcération qui causent une importante détérioration des relations tant sur le plan social que familial.  


Cette détention entraine une autre peine imposée aux enfants et aux familles ; ils sont eux aussi victimes de l’incarcération. On peut dire que la prison a bouleversé la vie des enfants et de leurs familles. Leur  vie a basculé dès l’incarcération de leur père ou  de leur proche.
 

Ces enfants, privés de l’affection de leur père, de la possibilité de le voir plus d’une fois par an, n’est jamais reconnue, ce qui est une source supplémentaire de souffrance.

L’état de santé des enfants et de leurs proches se dégrade aussi: usure, fatigue physique et psychique, isolement  et stigmatisation : c’est ce que vivent ces enfants au quotidien.
 

Pour ces raisons, nous  voulions  les aider à dépasser toute cette situation difficile et de les soutenir car il faut continuer à vivre.
 

L’objectif de cette journée est d’une part qu'on puisse dédramatiser la  souffrance, la douleur  et l’inquiétude des enfants et,  d’autre part, s’intéresser  à l’histoire difficile que vivent ces enfants, c’est déjà agir.
 

A travers les ateliers de peinture, de bricolage, d’écriture, de vidéo et de photographie, les enfants ont pu exprimer avec créativité l’absence  de leur père ou d'un proche.
 

Après les ateliers, les enfants ont lu des poèmes, chanté des chansons, présenté une chorégraphie : un groupe d’enfants a présenté un petit spectacle sur la chanson « papa où t’es ». Ce fut un moment très émouvant. Une  pensée particulière pour mon frère Bekhti  ainsi qu’à tous les détenus.
 

A l’atelier vidéo, Ils ont pu réaliser une capsule et ont pu prendre des photos qui retracent différents moments de la journée. On remercie Hamza et Hicham pour le super travail fait avec tous les jeunes
 

Les enfants ont cuisiné des sablés et des crêpes qu’ils ont offert pour le goûter.
Nous avons eu droit à de très belles prestations et créations de ces enfants dotés d'une force d'inspiration et d'un courage exemplaire.
 

Fin après-midi, un lâcher de ballons avec carte postale a été également organisé qui fut très intense en émotion.

Les enfants ont témoigné durant cette belle fête tout l’amour et toute l’affection qu’ils ont envers leur papa ou leur proche détenu.
 

Pour  2014, le souhait des enfants  est que leur papa soit libéré enfin. 

Ainsi les enfants rejoignent les différentes ONG qui réclament la libération de leur papa notamment ceux détenus dans l’affaire Belliraj. Leur père a été arrêté arbitrairement, a été jugé dans un procès inéquitable et il a été condamné à de lourdes peines sans preuves.
 

J’exhorte chacun à continuer de se battre pour protéger ces êtres vulnérables et faire tout pour maintenir  les relations avec leur père.
 

Les enfants et leur famille remercient pour leur présence Monsieur Bernard De Vos, délégué général aux Droits de l’Enfant, le président de l’AMDH-Belgique ainsi que toutes les personnes qui sont venues leur témoigner  leur soutien.
 



Ils remercient Anissa, Nadine, Meriem pour le temps qu’elles leur ont donné durant les ateliers créatifs ainsi que toutes les personnes qui ont contribué à ce que ce moment soit un moment de solidarité et d’espoir.
 


Je dédie ce poème de l’espérance à tous les détenus et leur famille. 
Nous prions pour que cette année soit l’année des retrouvailles, inchallah. Une pensée forte et particulière à mon frère, cet homme formidable. On t’aime tous très fort.


L’espérance

J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
*
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
*
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
*
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
*
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur

J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
 

Andrée Chedid


dimanche 24 novembre 2013

PRISONERS' NEWS AGENDA (nov 2013 - déc 2013)


Sous le coup d’un mandat d’arrêt lancé par les autorités d’Ankara afin qu’il soit «remis» à la Turquie, Bahar Kimyongür a une nouvelle fois été arrêté à l’étranger. Alors qu’il devait participer à une conférence internationale sur la Syrie, Bahar a été appréhendé à Milan le 21 novembre par la police italienne et placé en détention à la prison de Bergame.
Lieu : Consulat d’Italie, 38 rue de Livourne, à 1000 Bruxelles
Organisation : le CLEA


















Lieu : Palais de Justice de Bruxelles (Place Poelaert).
Organisation : Le Comité de Soutien aux Inculpés du CAS et du NoBorder










Le film sera suivi d’un débat avec Farida Aarass et Luk Vervaet.
PAF : 3 Euros (étudiants et chômeurs), 5 Euros
Infos et réservations: 0485/96.98.37 asbl.ettic@gmail.co
Lieu : Pianofabriek,
Organisation : CinETTIC (Ettic en partenariat avec le Pianofabriek)













La première audience du procès d'Ali Aarrass et de Farida Aarrass contre l'Etat belge (en la personne de Didier Reynders) pour obtenir une protection consulaire pour les bis-nationaux aura lieu le 10 janvier 2014. Soutenez-les par votre présence au goûter, par votre soutien financier, par votre présence au procès ! Soutenez-les par votre présence au goûter, par votre soutien financier, par votre présence au procès !
Lieu : Vaartkapoen, rue de l’Ecole, 76 à 1080 Bruxelles
Organisation : Campagne Free Ali Aarrass


















Le Comité des familles des détenus européens au Maroc vous invite à un rassemblement. La Chambre du conseil du tribunal de première instance de Bruxelles vient de fixer la date du 10 décembre 2013 (14 heures) pour statuer sur « l’affaire d'Abdelkader Belliraj ».. Mobilisons-nous avec les organisations internationales pour demander la libération immédiate des tous les détenus restants dans le procès Bellliraj au Maroc et pour la libération de tous les prisonniers politiques.
Lieu : Palais de Justice, Bruxelles
Organisation : Comité des familles des détenus européens au Maroc















Avec Farida Aarrass, sœur d'Ali Aarrass ; Oum Maryam, épouse de Nizar Trabelsi ; Hamja Ahsan, frère de Talha Ahsan ; Ahmed Bouhali Zrouil, père de Hicham Bouhali Zrouil ; Marc Nève, avocat, membre et ancien vice président du Comité européen pour la prévention de la torture ; Dounia Alamat, avocate de la défense d'Ali Aarrass, spécialisée en droit de l'homme.
Chair/modérateur, Luk Vervaet, Association des Familles & Ami(e)s des Prisonniers.
Lieu : Pianofabriek, Rue du Fort / Fortstraat 35, 1060 Saint-Gilles,
Organisation : Association des familles & ami(e)s des prisonniers
  














Lieu : Avenue Stalingrad, 1000 Bruxelles
Organisation : Différentes organisations dont l'Association des familles & ami(e)s des prisonniers


 












mardi 5 mars 2013

5 heures pour Ali Aarrass, 5 ans de détention illégale : ça suffit !


Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s sympathisant(e)s pour la justice,

Le 1er avril 2013, nous organiserons une action à l'occasion du cinquième anniversaire de la détention d’Ali Aarrass.
Ali Aarrass a été détenu le 1er avril 2008, 5 ans après, nous ne l'oublions pas !!!!!

A cette occasion, un évènement aura lieu au Vaartkapoen à Molenbeek: "5 heures pour Ali Aarrass »

Différents artistes sensibles à la cause d'Ali Aarrass seront présents et s'exprimeront avec leur talent et leur humilité au service d'une cause qui nous concerne tous, en tant que belges.

Soyons nombreux pour lancer un appel fort, pour soutenir les proches d'Ali, et pour montrer notre détermination à l'Etat belge,et tant que justice ne sera pas rendue !!!!!!

FREE ALI AARRASS NOW !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Horaire: De 14 h à 19h !!!!!

Adresse du jour: Salle Vaartkapoen: Rue de l'Ecole, 76 à 1080 Molenbeek.

PS: Le lundi 1er avril est un jour férié (lundi de Pâques... :) 
 Anissa Filalli et Farida Aarrass

Événement Facebook

samedi 23 février 2013

Luk Vervaet à la Conférence de presse de l'AMDH Belgique du 16 février 2013

Conférence de Presse AMDH Bruxelles Conférence de presse de l’AMDH section Bruxelles le 16 février 2013. Intervention de Luk Vervaet pour le Comité des familles des prisonniers européens au Maroc.

vendredi 10 août 2012

FTOR POUR ALI AARRASS

Mercredi 15 août 2012
Salle SoussiaEvent
rue St. Denis 276
Forest.





Dans ce mois de Ramadan, au coucher du soleil, toute la famille se réunit autour de la table garnie.

Nous invitons tous les ami(e) d'Ali Aarrass, musulmans et non-musulmans, croyants et non-croyants, à partager ce moment avec nous.

Ce prochain mercredi 15 août, un FTOR payant sera organisé pour pouvoir honorer les frais de justice de la campagne Free Ali.

Nous avons une dette envers les avocats de 2000€ mais devons aussi renflouer la petite caisse de la campagne freeali, afin de pouvoir payer les prochains frais de voyage et de séjour aux avocats d'Ali.

Le menu se présentera comme suit :

La traditionnelle harira marocaine.
Des douceurs.
Un plat chaud.
Boissons à volonté.

PAF : 15 €/ personne.

Pour toute réservation, veuillez svp envoyer un mail à cette adresse : fa789456@hotmail.com

Places limitées.

Pour toute info vous pouvez appeler au 0486/703 215

D'avance merci,

Pour la campagne Free Ali,
Farida Aarrass





( A CEUX QUI NE SAVENT PAS PARTICIPER.
Vous pouvez aider, toutes les sommes, même petites seront les bienvenues.

Un transfert bancaire peut se faire à :
BIC GEBABEBB / IBAN BE 91 0012 3441 0276
Mettez bien dans la communication à quoi correspond votre versement svp.


Merci pour votre générosité.
Farida Arrass viens de payer 5495 € de frais d'avocats ( 3 avocats) et il manque pour honorer les frais de justice 2000 € et aussi de quoi payer les prochains frais de voyage et de séjour des avocats d'Ali...Bref ce n'est pas prêt de finir et les 2000 € qu'elle cherche aujourd'hui ne sont que le minimum du minimum.

A bon entendeur, encore une fois : Merci pour votre générosité,
Nordine Saidi )

samedi 2 juin 2012

La longue marche de Houria, la femme d'Ali Aarrass

« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »

La longue marche de Houria, la femme d’Ali Aarrass


Luk VERVAET
Elle m’a parlé du long chemin à faire pour arriver à la prison de Salé à partir de Melilla où elle habite, je me suis réalisé que ce long chemin était en fait l’image de sa vie.



Je n’avais jamais rencontré Houria avant le procès de son mari.
Quand on y réfléchit, c’est peut-être ça le plus beau cadeau qu’Ali Aarrass nous a transmis à travers ses longues années de détention. Les rencontres entre des personnes, unies dans un mouvement qui s’est créé autour de ce qu’on appelle désormais «  l’affaire Ali Aarrass  ».
Contrairement à ce que prétend l’ancien mercenaire et grand spécialiste du terrorisme en Belgique, Claude Moniquet, ce mouvement autour d’Ali Aarrass n’existait pas auparavant. Il s’est créé à partir de son enfermement en Espagne d’abord et au Maroc aujourd’hui. Ce mouvement est devenu une des voix par laquelle le peuple de Bruxelles s’exprime et proteste contre l’injustice et les discriminations dont ce même peuple est victime en Belgique et au Maroc. Ce courant compte maintenant des centaines et des centaines de militants, membres anonymes, ami(e)s sur Facebook, petits et grands donateurs, signataires de pétitions dans différents pays. Il est présent dans le tribunal à Salé et dans la rue à Bruxelles. Dans des parlements et des syndicats. Devant l’ambassade marocaine à Bruxelles et à Londres et devant le consulat belge à Rabat. Dans une chanson d’Amina et Jeremy, dans des poèmes d’Annis, dans un livre de Nicolas et d’Abdellah et bientôt dans un film de Mohamed.

A sa manière, Houria est une des personnes clé dans ce mouvement.
Cela fera bientôt 15 fois que je l’ai rencontrée au tribunal de Salé pour une audience du procès, et qu’on passe une partie de la journée ensemble avec la famille, les avocats et les membres de la délégation de solidarité. A chaque rencontre elle a gardé la même attitude modeste. La même gentillesse et la même détermination, comme si le temps qui passe n’avait pas de prise sur elle. Toujours un peu dans l’ombre, toujours soucieuse du bien être des autres présents au procès. Quand on lui demande si ça va, elle dit immanquablement : « ça va ». Avec un regard tendre et un petit sourire, sans jamais se plaindre. Cela peut sembler être des clichés quand on l’écrit et quand on le lit. Comme on pourrait le dire de chaque personne qu’on aime. Et pourtant, c’est si vrai pour Houria Aarrass.

J’ai profité d’une de ces longues attentes, lors de la dernière audience, pour en savoir plus sur cette femme, connaître son vécu en tant que femme d’une personne accusée de terrorisme.

Elle m’a parlé du long chemin à faire pour arriver à la prison de Salé à partir de Melilla où elle habite. Pendant qu’elle répondait à mes questions, j’ai réalisé que ce long chemin dont elle avait parlé au début était en fait l’image de sa vie. Une longe marche.

Voici quelques extraits de ce qu’elle m’a raconté lors de la conversation qu’on a eue le 21 mai dernier.
« Le chemin est long.
Ça fait six heures de route entre Melilla et Rabat.
Avant la construction de la nouvelle autoroute de Fez à Rabat, c’était même plus. Ça nous prenait au moins huit heures. On est venu à chaque audience du procès. Cela fera bientôt quinze fois. Entre les audiences on allait parfois aussi les vendredis, le jour de la visite, pour voir Ali pendant deux heures.
En Espagne, c’était encore pire.
D’abord huit heures de bateau pour arriver en Espagne. Après, nous louions une voiture. On faisait une heure de route pour pouvoir le voir une fois par mois pendant une heure. Cela demande énormément d’énergie. Ça coûte beaucoup d’argent. Les gens ne réalisent pas ça. Il faut l’avoir vécu pour le savoir. Pour une visite ou pour pouvoir assister à une audience, il faut compter deux jours, le prix d’un hôtel, l’essence. C’est comme pour vous, qui venez de Belgique.
Je ne connaissais rien de la prison avant qu’Ali soit enfermé.
Les prisons, les tribunaux et tout ça n’avait pas de place dans ma vie, ni dans la sienne, c’était un monde étrange et sans importance. Une fois Ali en prison, je me suis rendu compte de ce que cela représentait pour les détenus et pour leurs familles d’avoir un proche en prison.
Je pense beaucoup à lui.
Il me manque.
Je me dis que je dois lui remonter le moral quand il va mal. On s’est marié il y a plus de vingt cinq ans, en 1986, à Molenbeek. Il m’a toujours encouragée, que ce soit pour obtenir mon permis de conduire ou autre chose, ce n’était pas un homme qui allait t’interdire quoi que ce soit.
Maintenant, il est en prison. Quand il souffre d’allergie, il n’y a pas de médecin qui le soigne comme ça se fait en Belgique. Rien de tout ça au Maroc. Parfois, il en a ras le bol. Il a été agressé en prison. Ils sont six maintenant dans une grande cellule. Il nous a dit que ça allait mieux. Mais le sentiment d’inquiétude va et vient. Il faut toujours être attentif. Le stress est toujours là.
Moralement ça pèse.
Moralement, ta vie est brisée, cassée.
Quand je me retrouve seule, je me sens souvent mal. J’ai le sentiment de vivre et revivre cette terrible injustice.
Tu ne mènes plus une vie normale.
Il faut faire face, toujours faire face. Faire face pour la petite, Emina, qui grandit sans son père. Qui parle au téléphone avec lui, et qui pense qu’il est parti au Kosovo, tout comme le papa d’une amie à elle qui fait son service militaire espagnol là-bas. Faire face pour la famille, pour mon beau-père, qui a 78 ans et qui vit tout cela très, très mal. Quand Ali et moi vivions en Belgique, Ali était commerçant à Bruxelles, il y tenait une papeterie. Quand les choses n’ont plus très bien marché, son père l’a invité à le rejoindre à Melilla, où il était né, et à essayer ici. Il avait aussi cette idée en tête de profiter pendant les dernières années de sa vie de la présence de son fils à ses côtés. Pendant un an, Ali a tenu une cafétéria à Melilla. Il était en train de chercher un meilleur endroit pour installer son établissement. En même temps, il avait repris le job de son frère, qui était devenu malade, et avait dû abandonner la conduite de son camion. Notre bonheur n’a duré qu’un an. Après, le cauchemar a commencé.
La Belgique, la grande déception.
Mon propre père est allé travailler en Belgique au moment où la Belgique avait besoin de main d’œuvre et où on faisait appel à des travailleurs marocains pour venir travailler dans l’industrie, le bâtiment ou les mines.
Il est parti du Maroc. Il a travaillé pendant toute sa vie dans une usine métallurgique à Vilvorde, une commune tout près de Bruxelles.
J’avais sept ans quand ma mère et moi avons pu rejoindre mon père.
Notre bonheur allait être de courte durée : huit ans après notre arrivée, j’avais quinze ans, ma maman est décédée, suite à une maladie. Elle avait trente quatre ans.
Et là, la vie s’est retournée.
D’un coup, moi l’aînée, j’allais devoir prendre la responsabilité de la famille. Après le décès de ma mère, mon père s’est remarié et j’ai eu en tout 9 frères et sœurs de ces deux mariages. Je peux dire que j’ai eu une enfance, mais ensuite, pas d’adolescence : c’était immédiatement le monde des adultes.
Je tenais beaucoup à ma maman.
C’est elle qui nous a appris le respect, la politesse, la prière, le ramadan.
Quand elle est morte, j’étais en secondaire dans la section latin. J’avais de très bonnes notes. J’étais vraiment une bonne élève, j’aimais étudier. Toujours première de classe.
Après sa mort, j’ai interrompu mes études pendant un an. Quand je les ai reprises, je ne voulais plus continuer la même orientation. J’ai choisi la technique. J’ai appris la couture. L’école me déconseillait ce changement, et elle en était si étonnée qu’elle m’a d’abord inscrite à l’essai. Mais c’est pourtant ça que j’ai appris. Aujourd’hui, j’ai 48 ans, je fais des travaux de couture et je fais le ménage, et je suis des cours pour devenir aide-soignante pour les personnes âgées.
Je suis tellement déçue de la Belgique. Qu’ils aient permis l’extradition d’Ali. Qu’ils ne nous aient jamais aidés en quoi que ce soit. Jamais.
La solidarité
La solidarité est tellement importante.
Ceux qui poursuivent Ali n’aiment pas la médiatisation et la solidarité internationale, comme elle s’organise en Belgique.
Ici, à Melilla, tout le monde connaît Ali, il est né ici. Les gens m’arrêtent dans la rue et demandent des nouvelles d’Ali. « Ali un criminel ? », me disent-ils, « ce n’est pas possible ».
On a fait des pétitions. On a collecté des signatures. On a eu un campement avec des tentes pour Ali sur la grande place à Melilla pendant 4 mois. J’ai été reçue par le président de Melilla.
J’aimerais que ça se termine.
J’aurai tellement envie que tout ça se termine.
Que ça s’arrête.
Je n’ai toujours rien compris à ce qui nous est arrivé. Et je ne comprendrai probablement jamais.
Comme tant d’autres femmes, j’ai seulement constaté qu’ils m’ont pris mon mari et l’ont mis en prison.
Mais de quoi vont-ils accuser Ali ? Il y a rien contre lui. La justice espagnole l’a blanchi. Son dossier est vide. Il l’accusent d’avoir eu des liens avec Belliraj, avec l’algérien Benyattou et avec tant d’autres dont ils lui ont montré les photos, mais il n’en connaît aucun. Mais avec combien de gens encore doit-il avoir eu un lien ? Ali ne connaît pas le Maroc, il n’y est pas né, il n’y a jamais vécu.
Et si Ali était devenu trafiquant d’armes, ne croyez vous pas qu’on aurait vécu comme des rois, ou au moins mieux que maintenant ? »
URL de cet article 16779
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