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mercredi 1 décembre 2021

Méga-prison et justice à l’envers


Par Luk Vervaet,

Co-signé par Laurent Moulin, Ana Navarro, Jean-Baptiste Godinot, Elisabeth Grimmer,  Rnesto Moreno,  Stéphanie Guilmain, Camille Seilles

C’est une affaire qui dure depuis six ans.

Le 20 mai 2015, une quinzaine de manifestants, armés de… banderoles, entrent dans la Régie des bâtiments pour crier leur opposition à la construction de la maxi-prison à Haren. Lors de l’action, dans un moment de colère, un manifestant donne un coup de poing sur la maquette de la future prison, exposée dans le hall d’entrée. Elle est cassée. Ce n’était pas l’objectif de cette action. Sinon les manifestants s’en seraient sans aucune doute pris autrement ; ils n’auraient pas fait une manifestation publique avec des calicots, et ce en présence d’un public nombreux.

Mais la machine policière et judiciaire se met immédiatement en marche.

Condamnés pour être présents !

Quatre des manifestants sont identifiés grâce à des caméras. Les images ne montrent pas qu’ils sont en train de s’en prendre à la maquette, mais témoignent uniquement de leur présence à la manifestation. En 2018, la justice frappe ces jeunes à coups de bâton : ils sont condamnés à dix mois de prison avec un sursis de trois ans pour « destruction de bien mobilier en bande ».

Ce n’est pas fini.

Trois ans plus tard, le 1er octobre 2021, un tribunal prononce le verdict pour le volet civil de l'affaire. Les quatre sont condamnés à rembourser 43 000 euros à la Régie des bâtiments, propriétaire de la maquette.

Vous avez bien lu : 10 mois de prison et 43 000 euros pour une maquette, une peine à la mesure du projet mégalomane de Haren. Dans ce verdict, il ne s’agit pas de frais de réparation pour une personne blessée, ni pour un bâtiment abimé, ni non plus pour un mur de prison vandalisé, mais uniquement d’une maquette publicitaire, qui ne servait à rien d’autre que ça, vu que les plans avaient déjà été approuvés. La vraie destruction, elle, celle du site du Keelbeek, soit 18 hectares de terre agricole et de nature, avait bel et bien commencé.

Justice de la vengeance, justice de classe

Nous assistons à une justice de la vengeance. Elle vise à réduire au silence toute tentative d’opposition à l’ouverture de la maxi-prison prévue pour septembre 2022. À une justice qui définit la culpabilité, non pas sur base d’avoir commis une infraction ou un délit, mais sur base de la présence de la personne, de son « association » avec d’autres. La justice belge agit comme en Angleterre où la loi baptisée « Joint entreprise » permet à la justice de « condamner des personnes à de lourdes peines pour quelque chose qu’elles n’ont pas fait, qu’elles n’ont pas prévu, qu’elles n’avaient pas l’intention de faire, qu’elles ont souvent même essayé d’empêcher, leur présence sur les lieux étant suffisante pour les rendre coupables »[1]. Une justice de classe et partiale, où les juges ont clairement fait savoir que, contrairement à beaucoup de leurs collègues, ils étaient en faveur de la construction de la méga-prison. Les quatre inculpés ont été traités comme des moins que rien, des marginaux, des hors-la-loi dont l’avenir doit être hypothéqué ou brisé, en les condamnant à des peines de prison et à un montant, sans doute dérisoire aux yeux de ces juges bien payés, mais qui mène ces jeunes à la ruine.

L'opposition ! par Renesto

Un dernier règlement de compte de la part de nos gouvernants ?

L’opposition à la construction de la méga-prison à Haren, qui tient bon depuis déjà dix ans, exprime la confrontation entre deux visions du monde et du problème carcéral en Belgique. D’un côté, les habitants de Haren, de la ZAD, des collectifs anticarcéraux, de magistrats, architectes, académiciens et avocats, de défense de la nature et des petits paysans. Leurs formes d’actions ont été on ne peut plus pacifiques sous le mot d’ordre « Ni prison, ni béton » : pétitions, articles, livres, dessins, films, concerts, procédures en justice et construction sur le site de cabanes et de tentes, plantation de patates et aménagement d’un verger. Ils se sont unis dans un des mouvements les plus larges, inspirants, créatifs et démocratiques que notre pays a connus[2]. De l’autre, les gouvernements successifs qui, depuis 2008, ont tous, quelle que soit leur couleur politique, choisi pour la construction de nouvelles prisons pour répondre à la crise carcérale[3], sous le titre trompeur : « Masterplan pour une détention dans des conditions humaines ». Si l’humanité des autorités dans les nouvelles prisons sera à la mesure de celle dont ont joui les opposants à la méga-prison, le pire est à venir.

L’opposition à la méga-prison a en effet rencontré une violence sans précédent de la part de l’État. Il fallait s’y attendre, vu le caractère intrinsèquement violent de la prison elle-même.  Les Masterplans ont dû être imposés avec la violence d’État parce que leurs plans n’ont suscité aucune adhésion sociale, si ce n’est celle des banques et des entreprises de construction. Non, il n’y a jamais eu de négociations avec les opposants, seules quelques séances d’information pour présenter les projets.


Pas une seule table ronde où l’opinion des détenus, de leurs familles, des ex-détenus, de l’association des avocats, du secteur social actif au sein des prisons, des habitants de Haren pourrait être entendue et discutée. Au début, le comité des habitants de Haren se déclarait même prêt à accepter une petite prison sur le territoire de leur petite commune. La réponse a été l’envoi des bulldozers sur le site pour faire place à la méga-prison.

La violence ne s’est pas limitée à la violence verbale ou symbolique. Il suffit de citer quelques incidents, qui se sont répétés à plusieurs reprises. En septembre 2015, évacuation et destruction de toutes les habitations sur le site du Keelbeek. En août 2018, nouvelle évacuation violente de l’occupation du Keelbeek, par la destruction et l’incendie des cabanes des citoyens défendant la biodiversité du Keelbeek, avec arrestation de sept personnes. En 2019, arrestation de nonante citoyens qui bloquaient pacifiquement le chantier de la méga prison[4]. Notre liberté se réduit-elle à seulement supporter cette violence ?

La poursuite des activistes

Pour comble de cynisme, ce sont les activistes qu’un ministre a tenté de présenter comme responsables pour les dégâts causés par toutes ces destructions illégales. En 2019, en effet, Jan Jambon, ex-ministre fédéral de l’Intérieur en charge de la Régie des bâtiments a déposé une plainte contre dix citoyens opposés à la méga-prison. Il ne leur réclamait pas moins de 1 036 000 euros ! Un million trente-six mille euros qui se décomposaient ainsi : 13 000 euros pour les frais d’évacuation, 70 000 euros pour les clôtures et 953 000 euros pour la surveillance par G4S Denys.

En 2017, la police avait déjà auditionné quelques-unes de ces dix personnes dans des commissariats différents. Finalement, les dix ont dû comparaître devant le tribunal le 14 janvier 2020, inculpés de « dégradation de propriétés immobilières d’autrui, à plusieurs reprises entre le 2/03/2015 et le 27/10/2016 » et de « destruction de clôtures rurales et urbaines avec circonstances aggravantes : commettre une usurpation de terrain, à plusieurs reprises entre le 2/03/2015 et le 27/10/2016 ». La mise en accusation des dix personnes, sélectionnées à nouveau de manière aléatoire et comme s’il s’agissait des propriétaires du terrain, a été jugée tellement arbitraire, grotesque et démesurée que le tribunal a prononcé un non-lieu.

Dans le cas des quatre condamnés pour la maquette, la Régie des bâtiments et la justice leur font payer le prix de la maquette à 34 363 euros, y inclus le prix du « déménagement de la maquette à 5 033,60 euros », le prix de fabrication de deux autres maquettes (!), je cite, « l’avance de 40% pour la fabrication de trois maquettes pour le concours ‘La prison de Haren’ à 9 534,80 euros » ! Plus le montant de « l’avance de 40% pour l’adaptation de la maquette pour le concours La Prison de Haren à 2 202,20 euros ».

Belle illustration du fait que les prisons existent aussi pour que toute une caste – faite entre autres de magistrats ou d’architectes– puisse gagner sa vie sur le dos des détenus et de ceux qui défendent leurs droits. Au cours de ces deux années de crise sanitaire, plusieurs personnes nous ont témoigné de leur consternation de voir s’ériger une prison-monstre en lieu et place d’un hôpital ou d’une école à Haren. 


Si vous faites partie de ces indignés, soutenez les quatre condamnés. Toute contribution est la bienvenue sur le compte bancaire au nom de « Soutien procès maquette» avec le numéro BE66 5230 4745 8943.

 

 





[2] Voir le livre « Ni prison, ni béton. Contre la maxi-prison de Bruxelles et son monde », un ouvrage collectif retraçant la lutte, des zadistes, activistes et habitant.e.s de Haren, par le Collectif vrije Keelbeek libre (Haren), éditeur Maelström.

L’Observatoire de la méga-prison de Bruxelles-Haren, une plateforme mise en place par le Comité de Haren, l’asbl Respire, des riverains et des militants réunis pour dénoncer le projet toxique de construction de méga-prison à Bruxelles-Haren.https://www.harenobservatory.net/

Réseau de soutien à l’agriculture paysanne http://www.luttespaysannes.be/spip.php?article110

Le dossier CONTRE LA PRISON DE HAREN ET TOUTES LES PRISONS MODERNES https://www.brudoc.be/opac_css/doc_num.php?explnum_id=988

L’appel pour un moratoire.http://supermax.be/200-academiciens-travailleurs-sociaux-artistes-lancent-un-appel-pour-arreter-la-construction-de-prisons-en-belgique/

[3]Après la Turquie et l’Italie, la Belgique est le troisième pays avec le plus grand taux de surpopulation des prisons (117 détenus pour 100 places, 10.885 détenus au 19 novembre 2021, pour une capacité de 9.611 détenus) des 52 pays membres du Conseil de l’Europe. Dans une prison à Anvers, il y a 769 détenus pour 439 places (mi-novembre 2021). En 2019, le suicide était la cause de 44% des 27 décès dans les prisons belges, ce pourcentage étant 26% dans toute l’Europe.) https://www.standaard.be/cnt/dmf20210408_97616859

[4]Avez-vous vu de pareilles opérations contre la police qui lors de ses actions syndicales bloque tout simplement l’accès à Bruxelles ou à la rue de Loi ?


vendredi 19 novembre 2021

Appel à solidarité pour les 4 condamné.e.s pour la destruction de la maquette de la maxi-prison à Haren

 

Appel à solidarité pour les 4 condamné.e.s

pour la destruction de la maquette de la maxi-prison


                    


Compte bancaire au nom de «soutien procès maquette» : BE66 5230 4745 8943


Durant l’été 2014, le terrain du Keelbeek à Haren, situé à la périphérie Nord de Bruxelles, est occupé par des opposant.e.s au projet de Maxi-Prison. Sur ces 18 hectares de terre agricole et de nature, l'Etat rêve en effet de construire la plus grande prison de Belgique.

L'occupation, surnommée ZAD du Keelbeek, a pour but de défendre cet espace vert menacé par le béton et de stopper l'extension du parc carcéral prévue par le  gouvernement fédéral. Car, sans même attendre les permis, la Régie des bâtiments tente de démarrer les travaux à plusieurs reprises. Mais à chaque fois, les engins de chantier sont repoussés par les opposant.e.s au projet.


Entre les cabanes dans les arbres et le potager, les zadistes y expérimentent aussi un autre mode de vie, écologique, solidaire et auto-géré.

 Le 20 mai 2015 se déroule l’audience publique de la commission de concertation concernant le projet de maxi-prison. Le même jour, refusant de suivre les chemins balisés par le pouvoir, une quinzaine de zadistes décident d’exprimer leur opposition en manifestant à l’intérieur de la Régie des bâtiments. Dénouement imprévu : la maquette de la maxi-prison, exposée dans le hall d’entrée, est détruite durant l’action.

 Suite à cette manifestation, une enquête est ouverte par le parquet et 4 personnes, pourtant non-impliquées dans la destruction, se retrouvent devant les tribunaux.

 Le 19 février 2016, sans même avoir pu identifier les auteurs de la destruction et malgré les contradictions évidentes entre le témoignage du vigile et les images des caméras de surveillance, le tribunal correctionnel condamne les 4 personnes à 10 mois de prison avec 3 ans de sursis pour "destruction de bien mobilier en bande".

 Le 18 avril 2018, le verdict est confirmé par la cour d'appel de Bruxelles

 Le 1er octobre 2021, le tribunal prononce le verdict pour le volet civil de l'affaire. Les 4 militant.e.s sont condamné.e.s à rembourser 43.000 euros à la Régie des bâtiments, propriétaire de la maquette détruite.

 Ce verdict arbitraire et douloureux conclut 6 années de procès et confirme la stratégie répressive de L'Etat : frapper lourdement quelques opposant.e.s pour faire peur à toustes les autres et tenter d'étouffer toute contestation. Car depuis le début du projet, la Maxi-Prison est vivement combattue de toutes parts.  Entre la ZAD, les habitant.e.s de Haren, les collectifs anti-carcéraux et écolos, les actions contre le projet sont nombreuses.

Alors les forces de l'ordre se permettent de surveiller les moindres faits et gestes des opposant.e.s.

Alors la Justice n'hésite pas à balayer tous les arguments de la défense d'un revers de main et à finalement condamner 4 personnes, sur seule base de leur présence à une manifestation durant laquelle il y a eu des dégradations. 

Alors les juges accueillent avec bienveillance toutes les factures qui peuvent faire gonfler la note, allant jusqu'à comptabiliser 4 maquettes et 5000 euros pour le déménagement de l'une d'entre elles.

Et le parquet n'en est pas à son coup d'essai : il a déjà tenté de faire payer 1,2 millions d'euros aux occupant.e.s pour la destruction des grillages installés autour du terrain du Keelbeek. Mais vu la faiblesse du dossier, la procédure judiciaire est tombée à l'eau, refoulée en chambre du conseil.

 Pour les 4 condamné.e.s, ces 6 années de procès face au rouleau compresseur de la Justice dont 3 années de sursis, ont été pénibles à vivre. Mais le verdict au civil, avec son montant astronomique à rembourser, est un nouveau coup dur, avec le risque pour l'un d'entre elleux que son logement soit saisi.

 Seule une réponse collective et solidaire permettra de contrer la stratégie répressive de l'Etat. Les 4 condamné.e.s ne sont pas seul.e.s, illes peuvent compter sur notre soutien.

Car ce procès concerne toutes les personnes qui luttent pour un monde sans barreaux ni béton, car c'est nous qu'on tente de faire taire par la peur en frappant quelques-un.e.s pour l'exemple

Ce procès nous concerne toustes car les motifs de condamnation, le délit par association, sur base de la simple présence à une manifestation, est une logique répressive de plus en plus suivie par les tribunaux. Ce genre de condamnations se multiplie et ça peut toustes nous tomber dessus.

 

C'est pourquoi nous faisons appel à votre solidarité financière.

Toute contribution est la bienvenue.

Compte bancaire au nom de «soutien procès maquette» : BE66 5230 4745 8943

 

 

Brique par brique

Mur par mur

Construisons la solidarité

Et détruisons toutes les prisons !

 Le comité de soutien aux 4 condamné.e.s

 Infos, idées et propositions de soutien : soutienmaquetteprison@riseup.net

vendredi 23 novembre 2018

Les politiques carcérales renvoyées à l'expéditeur : Action au SPF Justice contre la Maxi-Prison de Haren ( Le collectif #Retouràlexpéditeur, 22 novembre)


"Les politiques du SPF Justice renvoyées à l'expéditeur"

Ce jeudi 22 novembre, à 9h30, une dizaine de postiers ont effectué une livraison spéciale au Service Public Fédéral de Justice. Le ministère de Koen Geens s'est vu livrer une trentaine de bêtises en boites, les livreurs avaient une mission: renvoyer à l'expéditeur les conséquences et les logiques de sa politique actuelle, qui est de moins en moins une affaire de justice.

"Sous-Financement des alternatives à la prison", "Justice de riches", "Privatisation des prisons", "Logiques d'exclusion", "Répression au lieu de justice", "Justice à deux vitesses"... autant de messages que l'on pouvait lire sur la trentaine de colis livrés ce matin au Ministère de la Justice. 

Une vingtaine d'activistes habillés en postiers ont inondé le hall d'entrée du bâtiment de paquets représentant les politiques que le SPF inflige à la société. 
"Nous exigeons un changement radical de politique qui aujourd'hui, sous une belle façade d'un SPF "Justice", n'est en réalité plus du tout une affaire de justice" explique une activiste.

Ces dernières années, la valeur de Justice disparait de plus en plus de la politique du Ministère en charge. En septembre, les juristes en charge de la réforme du code pénal démissionnent, faute de réflexion de fond de la part du gouvernement qui s'obstine dans des directions contre-productives. Ce n'est qu'un exemple.

La justice économique laisse place à la fin de l'aide juridique gratuite, à des nouvelles mesures en faveur des riches telles que le "plaider coupable" et à la privatisation des prisons reconnue dans le monde comme un processus de "gouffre financier".

La justice sociale n'est plus présente lorsque l'on constate depuis des années l’inefficacité des prisons et la précarisation qu'elles entrainent parallèlement aux 13 projets d'extensions ou de constructions prison en cours aujourd'hui en Belgique.

Une justice réfléchie et sécurisante se voit balayée par l'obstination têtue du ministère actuel dans le système carcéral démontré comme contre-productif et favorisant la récidive.

Enfin, la justice s'efface au profit de politiques répressives qui donnent simplement plus d'espace d'action au procureur du roi, à la police et aux technologies de surveillance.

L'actualité de ce mardi (l'attaque au couteau contre un agent de police) a à nouveau remis en question la politique de justice et d'incarcération. 
Le collectif #Retouràlexpéditeur appelle à la vigilance face aux solutions faciles entreprises par nos ministères actuels. En effet, si la prison est inefficace et favorise la récidive, durcir l'incarcération ou entraver les libérations ne constituent en aucun cas une solution et sont sans doute des mesures favorisant ce type de fait de violence.

 Cette action a eu lieu suite à un appel à action contre la Maxi-Prison de Haren, qui est l’emblème fort de ce type de politique néfaste aux antipodes de la valeur de justice qu'elle prétend défendre. En luttant contre la Maxi-Prison et son monde, ce collectif exige la fin du chantier de la Maxi-Prison, la fin des processus de privatisation des prisons, le rétablissement des équités sociales dans les processus judiciaires et un réel débat de fond en ce qui concerne les réactions sociales face à la déviance.

"Aujourd'hui la politique du Spf Justice n'est plus une affaire de justice, il y a du buisness, du populisme et de l'absurdité, mais nous n'y voyons plus aucune valeur de justice" conclut une activiste.

Contact Presse: 0487384916

Sources:

https://www.rtbf.be/info/societe/detail_plus-ou-moins-de-peines-de-prison-juristes-et-gouvernement-pas-d-accord?id=10015252

jeudi 12 avril 2018

Tous à Haren ce samedi (14/04 de 11 à 22h) !



Tous à Haren ce samedi!

Le TuiniersForum des jardiniers, le VrijKeelbeel libre ! et le Comité de Haren organisent une journée de rencontre, de fête, de réflexion, et d’action pour sauver le Keelbeek.
20 Ha de nature vivante et fertile que les gouvernement fédéral et régional veulent totalement détruire pour y construire la plus grosse, la plus chère, et la plus stupide des prisons du royaume.

C’est non.


Tous à Haren !


Keelbeek : la lutte continue ! 
09/04/2018 • Jardins - Tuinen
Dans La Cité des Ânes par et pour 1030 Source 


La friche du Keelbeek est (ou était) – il faut peut-être déjà en parler au passé – un des derniers grands espaces verts du nord de Bruxelles (18 hectares de nature). A partir de 2014, des centaines de Bruxellois – riverains et d’activistes – s’y sont réunis pour en faire la première ZAD de Belgique (« zone à défendre »).
Le combat des zadistes du Keelbeek c’est la rencontre de deux mondes qui n’avaient pas forcément l’habitude de se côtoyer : d’une part des gens comme Luk Vervaet qui – depuis plus de 15 ans – voient la Belgique s’enfoncer dans une spirale sécuritaire et qui militent pour la défense des droits des détenus. Et d’autre part des militants d’écologistes qui voient leur ville se minéraliser, année après année, et demandent un moratoire sur la démolition des espaces de nature.

Les premiers soulignent l’inefficacité et le caractère profondément dégradant de la politique carcérale : pour remédier aux maux qu’elle engendre, les autorités publiques n’ont pas trouvé de meilleure solution que de … les placer loin des regards : parquer les détenus en marge de la ville, loin des lieux de vie de leurs familles et de leurs amis, loin du palais de justice aussi, loin des cabinets d’avocats chargés de les défendre …
Les seconds demandent – comme dans la lettre ouverte de Tom Grimonprez, le 24 novembre 2014 – une meilleure protection du patrimoine naturel bruxellois. Ceux-ci estiment qu’avant de permettre la démolition d’un espace de nature, les pouvoirs publics devraient évaluer le potentiel de certains espaces déjà bâtis, mais inutilisés. Des milliers de logements restent vides. Plus d’un million de m2 de bureaux restent totalement inoccupés. Alors pourquoi s’acharner à imperméabiliser ce qui reste de nature ?
La prison de Haren : ou comment sacrifier un espace naturel à l’appétit des spéculateurs (en prétendant servir le « bien commun »)
Face à ces critiques, les promoteurs du projet de la méga-prison utilisent le prétexte de la surpopulation carcérale et du respect de la dignité des détenus (voir Masterplan Prisons & Internement). Pour Luk Vervaet – qui travaille en prison depuis les années 1990 – c’est clairement un faux prétexte … et, il suffit de s’intéresser à la logique des promoteurs du projet (Macquarie, Denijs …) pour se convaincre de son caractère foncièrement inutile, et étranger au « bien commun ».
Macquarie est un groupe financier australien passé maître dans l’art de transformer les biens publics en « produits financiers », avec la complicité des Etats. Depuis quelques années, elle jette son dévolu sont les réseaux autoroutiers (en France), les aéroports (Aberdeen, Glasgow, Southampton), les réseaux de chemins de fer, les réseaux hydrologiques, les réseaux gaziers (en Irlande), les centrales thermiques au gaz (au Royaume-Uni), les réseaux électriques (en Chine et au Royaume-Uni), mais aussi … les prisons (Gafton en Australie, Auckland et Wiri en Nouvelle-Zélande, Haren en Belgique).
Le modus operendi du groupe Macquarie est le suivant : premièrement, nouer (avec des gestionnaires de services publics) des partenariats avantageux et peu risqués, deuxièmement en tirer tous ce qu’on peut en tirer et troisièmement s’en défaire avant de risquer d’en payer les conséquences. C’est-à-dire que (quand le bien semi-public et n’offre plus les ‘retours’ attendus) on le jette, et on passe à autre chose. Bref, si Macquire place ses billes dans les infrastructures publiques, c’est moins pour répondre à des besoins de société que pour proposer des « produits spéculatifs » sûrs (avec la promesse de gros dividendes pour les actionnaires du groupe).
Les effets collatéraux c’est abandon des travaux d’infrastructure, la dégradation des biens publics, la déterioration des conditions de travail … Les employés de l’aéroport de Bruxelles en savent quelque chose : après neuf ans de gestion calamiteuse, Macquarie (propriétaire à 70%) commence à se désintéresser de l’aéroport pour investir … dans le secteur carcéral belge. Oui, car, (pour les apprentis sorciers du « financial ingeneering ») il n’y a pas de pari plus sûr que de miser sur la capacité à enfermer.
L’Etat fédéral examine la demande – en 2013 – et accepte confier à Macquarie (via le consortium Cafasso) le projet du futur « village pénitentiaire » de Haren, sur le site naturel du Keelbeek. Opacité complète sur les termes de ce contrat. A Bruxelles, le projet a été confronté à une forte résistance locale – occupations, manifestations et multiples recours au conseil d’Etat – qui n’aura hélas pas suffit à faire échouer le projet. Les travaux de « déblaiement » ont débuté fin février : aujourd’hui, près de 300 arbres ont déjà abattus …

La lutte du Keelbeek continue, à Haren (où des associations telles que « Haren Observatory » mettent le doigt sur l’illégalité de la procédure suivie par Cafasso, le SPF Justice et la Régie des Bâtiments). Elle continue également dans une foule d’autres coins menacés par la spéculation immobilière : la plateau Avijl (à Uccle), les jardins Ernotte (à Ixelles), le plateau du Heysel (à Laeken), ou encore le parc Tenreuken à Boitsfort où la commune a remporté son recours (début 2018) contre le projet immobilier de la société Cofinimmo, en lisière de la forêt de Soignes.

Ce samedi 14 avril à partir de 11h, le « Tuiniersforum des jardiniers » organise une journée de mobilisation de 11h à 22h au n°11 de la rue Kortenbach à Haren.

« Des bruxellois-e-s de tous âges et horizons ont créé le Tuiniersforum des jardiniers pour défendre les jardins auxquels ils sont attachés le 17 avril 2016, à Haren. Deux ans plus tard, des dizaines d’hectares de terres fertiles sont toujours plus menacées et nous y retournons ! Malgré la mobilisation citoyenne constante depuis 10 ans, les gouvernements fédéral et régional veulent imposer leur projet de mégaprison passéiste, ruineux et destructeur. Après avoir clôturé les 20 hectares du terrain, ils ont coupé tous les arbres (des milliers) en ce début d’année, alors que 4 recours sont encore pendants. L’obstination insensée des politiciens à détruire la Terre qui nous fait vivre en piétinant la démocratie doit être combattue fermement. Organisons-nous pour sortir de l’ornière et créer d’autres manières de vivre AVEC la nature et pas contre elle. Tous à Haren le 14/04 ! 
En partenariat avec le Réseau de soutien à l’agriculture paysanne (programme sur www.luttespaysannes.be) et en solidarité avec les paysans qui nous nourrissent. ».

vendredi 30 mars 2018

On retourne tous à Haren, et on replante ! Amenez vos pelles, on prépare les patates !






Samedi 14 avril 2018 - Dans le cadre de la journée internationale des luttes paysannes Le TuiniersForum des jardiniers, le Vrije Keelbeek Libre ! et le Comité de Haren vous invitent


Ils s’apprêtent à détruire la terre du Keelbeek ?

On retourne tous à Haren, 
et on replante !

Des bruxellois-e-s de tous âges et horizons ont créé le TuiniersForum des jardiniers pour défendre les jardins auxquels ils sont attachés le 17 avril 2016, à Haren. Deux ans plus tard, des dizaines d’hectares de terres fertiles sont toujours plus menacées et nous y retournons ! Malgré la mobilisation citoyenne constante depuis 10 ans, les gouvernements fédéral et régional veulent imposer leur projet de mégaprison passéiste, ruineux et destructeur. Après avoir clôturé les 20 hectares du terrain, ils ont coupé tous les arbres (des milliers) en ce début d’année, alors que 4 recours sont encore pendants.

L’obstination insensée des politiciens à détruire la Terre qui nous fait vivre en piétinant la démocratie doit être combattue fermement. Organisons-nous pour sortir de l’ornière et créer d’autres manières de vivre AVEC la nature et pas contre elle. Tous à Haren le 14/04 !

 En partenariat avec le Réseau de soutien à l’agriculture paysanne (programme sur www.luttespaysannes.be) et en solidarité avec les paysans qui nous nourrissent. Actions en Wallonie : 15 avril.

> 11h00 – Atelier de confection de masques sauvages et de déguisements d’animaux / atelier des yeux / projection de films / balades et visites autour du Keelbeek
> 12h00 – Repas
> 13h30 – Projection du film « Un pavé dans la soupe » sur le défi alimentaire à Bruxelles
> 14h00 – 15h45 Table-ronde : « De quoi la politique GoodFood est-elle le nom ? » avec des représentants des acteurs de l’agriculture bruxelloise
> 15h45 - 16h00 Présentation du livre : «Terres des villes, Enquêtes potagères de Bruxelles aux premières saisons du 21e siècle» + présentation de la carte des terres menacées à Bruxelles
> 16h00 – Action ! Amenez vos pelles, on prépare les patates !
> 19h00 – Soupe conviviale
> 20h00 – Soirée festive


Prix libre

Accès: Au TOOGENBLICK – Rue de Cortenbach/Cortenbachstraat 11, 1130 Haren - Bus 64 arrêt Cortenbach / SNCB gare Haren Sud.


Venez fabriquer vos masques sauvages et déguisements d’animaux
Avec nous animaux, végétaux et toute la sauvagerie de la nature dont nous sommes un petit élément ! C’est la nature qui se défend ! Nous en appelons aux traditions populaires, païennes, folkloriques, révolutionnaires, et à l’imagination fertile de chacun et du collectif. Amenez : vieux manteaux, chapeaux, cintres, tissus, cartons, peinture, boutons, ciseaux, agrafes, élastiques, etc…

Table-ronde : Nourrir Bruxelles / De quoi la politique GoodFood est-elle le nom ?
Le gouvernement bruxellois promet de produire localement 35 % des fruits et légumes consommés dans la Région d’ici 2035. Mais dans le même temps, il bétonne des dizaines d’hectares de terres fertiles. Greenwashing ? Etape dans la bonne direction ? Débat avec des représentants du secteur.

Grande action de plantation de patates !
Une tonne de patates seront plantées sur place. Amenez vos pelles, bêches, grelinettes, fourches, binettes, arrosoirs, brouettes. Les patates ont la frite !

www.tuiniersforumdesjardiniers.be - info@tuiniersforumdesjardiniers.be - 0493/684 493
http://haren.luttespaysannes.be - keelbeek@sdu.collectifs.net - 0472/38.81.04
www.1130haren.be - info@1130haren.be - 0477/638957

vendredi 9 mars 2018

Il n'est pas trop tard pour sauver Haren d'une méga-prison ! Rendez-vous le dimanche 18 mars 2018 (programme et plan)

18 MARS 2018 : Des patates pas du béton

Organisé par Keelbeek Libre
Où : Rue du Keelbeek, 1130 Bruxelles

FR : 
Au moment où la France décide d'abandonner toute forme de Partenariat Public Privé dans la construction des prisons, une des plus grandes opérations PPP en Belgique se met en marche à la Zad de Haren... 
Les travaux de défrichage ont commencé il y a deux semaines dans l'objectif de bétonner pour emprisonner. 
Le temps presse pour faire entendre à la société le non-sens de ce projet de méga-prison. 

Programme de la journée :
13h - 14h : auberge espagnole (avec les animaux du Keelbeek)
14h - 16h : plantation de patates tels de bons patatistes
16h - ...... : petite bière et/ou ballade pour que la zad n'ait plus aucun secret pour nous. 

P.S. apportez vos patates défraîchies, plus il y en a mieux c'est !

NL :
Haren Zad komt weer tot leven ... 
Het kappen van het bos op het terrein begon twee weken geleden, daarna zal er beton gestort worden, en komt er een werf die meerdere jaren zal duren om er een mega-gevangenis op te bouwen. 
De tijd is gekomen om onze stem te laten horen tegen de waanzin van dit mega-gevangenisproject. 

Programma van de dag:
13u - 14u: Pick nick buffet (samen met de dieren van de Keelbeek), breng iets mee !
14u - 16u: aardappels planten als goede patatisten
16u - ......: biertje en / of een uitstap zodat de ZAD geen geheimen meer voor ons heeft.

P.S. breng je oude aardappelen mee, hoe meer, hoe beter!

EN :
Haren Zad comes back to life ... The clearing began two weeks ago with the aim of concreting to imprison. Time is running out to make society feel the nonsense of this mega-prison project.

Today's program :
13h - 14h: Spanish inn with animals from Keelbeek
14h - 16h: planting potatoes such good patatistes
16h - ......: small beer and / or ballad so that the zad has no more secrets for us.

P.S. bring your withered potatoes, the better it is!
Convient aux enfants

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vendredi 15 décembre 2017

La Cour des comptes française demande de bannir les prisons en partenariat-public-privé (PPP). Et en Belgique ?

15 décembre 2017 Communiqué de presse HarenObservatory.net
Prisons en partenariat-public-privé : la mégaprison de Bruxelles est officiellement un projet ruineux ! La Cour des comptes française demande de bannir les prisons PPP.
Charles Michel veut les multiplier et refuse deux audits de la Cour des comptes belge

Ce 13 décembre 2017, la Cour des comptes française a remis un rapport accablant sur les Partenariats-Publics-Privés (PPP) dans la politique immobilière de la Justice. 
Les PPPs carcéraux sont principalement visés. 
Cette analyse vient appuyer les critiques sur la gestion calamiteuse du projet de mégaprison de Bruxelles/Haren, déjà présentés dans le document « genèse d'un crime »1.

La our des comptes française, photo Europe1
Tout y passe : les hypothèses initiales favorisant les PPP sont peu réalistes, le manque de transparence sur les coûts, l'absence de données chiffrées, la fausse complexité des projets qui sont dus à la technicité obscure des contrats PPP et pas aux projets de construction eux-mêmes, les surcoûts exorbitants lors des modifications de contrats ou travaux intercurrents, etc. 
Au final, les PPPs s’avèrent être plus chers et moins efficaces que les marchés classiques.
Du point de vue budgétaire, l’Etat a choisi des entreprises qui empruntaient à 6% des projets qu’il pouvait lui-même financer à 1,31%2. L’effet cumulé des différents contrats fait boule de neige, au point que : « Le ministère de la justice se trouve confronté à une équation budgétaire redoutable en matière immobilière en raison des défaillances de la programmation, de besoins à venir considérables et du risque d’impasse budgétaire. »3

C’est précisément ce que les opposants à la mégaprison de Bruxelles à Haren dénoncent depuis 7 ans, en se basant sur les rapports de la Cour des comptes belge. Le choix du financement PPP de ce qui se voulait être la plus grande prison du pays était injustifiable.

Dans son rapport du 21 décembre 2011, la Cour y relevait :
l’absence d’études préalables suffisantes concernant la décision de principe du gouvernement de choisir la formule du Partenariat Public-Privé (PPP), en particulier l’absence du test de la plus-value de ce choix par rapport à un financement classique,
et la difficulté d’évaluer les coûts liés à la future prison de Haren.

En 2015, dans ses commentaires relatifs au budget fédéral 2015, la même Cour des comptes de notre pays tirait à nouveau le signal d’alarme : « les crédits prévus pour payer les redevances DBFM (Design, Build, Finance and Maintain) des prisons de Marche, Beveren et Leuze et la redevance du CPL de Gand ne seront sans doute pas suffisants alors que ces établissements sont en sous-capacité, à l’heure actuelle”, “le coût réel de la prison de Haren reste inconnu, alors que les étapes déjà réalisées des Masterplans semblent ne pas pouvoir être financées entièrement ».

La Cour des comptes belge n’avait ni le recul ni les informations pour évaluer l’impact de ces PPPs sur l’usage correct des deniers publics. Elle tirait la sonnette d’alarme. La Cour des comptes française, observant l’expérience outre-Quiévrain, tire un bilan clair, net, précis : il faut bannir les PPP carcéraux.

En Belgique, l’opposition à la Chambre a déposé le 11 janvier 2016 une proposition de résolution demandant de confier à la Cour des comptes la réalisation de deux audits pour faire la clarté sur les PPPs carcéraux. Il s’agit du document 54K15684, qui est toujours pendant. A ce jour, le MR et la NVA ont refusé toute avancée sur ce sujet pourtant essentiel pour la Justice.
Vous avez dit, « goed bestuur », « bonne gestion », « transparence » ?

L’impasse budgétaire, sécuritaire, sociale et environnementale que constitue le projet de mégaprison peut toujours être évitée. Le rapport de la Cour des comptes française sur l’impact catastrophique des PPP carcéraux sur le budget de la Justice constitue un nouveau signal, qui ne peut pas être négligé.

Quelle est la situation en Belgique ? Quelle part les annuités de remboursements des contrats PPP vont-elles constituer dans le budget de la Justice déjà excessivement rachitique ? Le gouvernement Michel prévoit 8 nouveaux projets carcéraux en PPP, ce qui rend encore plus pressante la nécessité des audits demandés dans la proposition de résolution 54K1568.

Tout retard dans la réalisation de cette analyse, qui devrait être confiée à la Cour des comptes, pèsera sans nul doute sur la responsabilité des membres des gouvernements qui auraient décidé d’engager l’Etat dans des contrats complètement déséquilibrés. Faut-il que l'intérêt financier des multinationales aux pratiques douteuses Macquaries, Denys et PPP Infrastructure Investment, principales bénéficiaires du projet de PPP de la mégaprison de Bruxelles-Haren, passe avant l'intérêt public, celui de l'Etat comme des citoyens ? 
Le gouvernement Michel doit se prononcer, les preuves évidentes et factuelles des lacunes et problèmes rédhibitoires posés par les PPPs carcéraux étant désormais documentées.


Contacts :
Jean Baptiste Godinot – 0488 200 175
Laurent Moulin – 0499 030 901


Demandes établies dans la proposition de résolution 54K1568, déposée à la Chambre le 16 janvier 2016 :

A1. de réaliser un audit relatif, d’une part, à la pertinence du choix de la construction et de l’exploitation d’infrastructures pénitentiaires via un Partenariat Public-Privé, pour les établissements pénitentiaires de Termonde (pas encore construit), Beveren, Marcheen-Famenne, Leuze-en-Hainaut et Haren (pas encore construit) ou tout autre lieu et, d’autre part, à l’évaluation de la soutenabilité budgétaire de chaque projet de contrat de partenariat;

A2. de réaliser un audit relatif à l’ensemble des coûts réellement imputables aux différentes parties du budget de l’État et, le cas échéant, aux budgets des entités fédérées pour ces différents établissements pénitentiaires (qu’il s’agisse des coûts réels déjà observés, des coûts réels prévisibles, compte tenu des contrats conclus ou des coûts réels prévisibles, compte tenu de l’état des négociations en cours en ce qui concerne les contrats qui n’ont pas encore été conclus) et d’inclure, entre autres, dans ces coûts ceux qui se rapportent au prix d’acquisition des terrains, à la construction, à l’entretien, à l’exploitation et au fonctionnement, et ce pour toute la durée des contrats;

A3. d’indiquer et d’apprécier les critères et les modalités de désignation des partenaires privés;

A4. de publier ces rapports d’audit au cours du premier semestre 2016, qui seront ensuite débattus à la Chambre des représentants; ce débat parlementaire étant indispensable à l’exercice des missions constitutionnelles de la Chambre des représentants et notamment de ses devoirs de contrôle des budgets et des comptes de l’État.

1http://www.harenobservatory.net/megaprison-de-bruxelles-genese-d-un-crime

2http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/12/13/la-cour-des-comptes-critique-la-politique-immobiliere-du-ministere-de-la-justice_5229251_3224.html#hotKDAzP4MzTVVSc.99

3https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2017-12/20171213-synthese-immobilier-ministere-justice.pdf

4http://www.dekamer.be/FLWB/PDF/54/1568/54K1568001.pdf1

Email: info@1130haren.be
Blog: http://www.1130haren.be/

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jeudi 14 septembre 2017

Haren (Bruxelles) : « 3 multinationales pour une mégaprison » Communiqué de presse 14 septembre 2017

Communiqué de presse 14 septembre 2017
Haren : « 3 multinationales pour une mégaprison »

Alors que les promoteurs de la mégaprison n’ont toujours donné aucune information précise sur la manière dont devrait être financé ce projet démesuré, une nouvelle étape est franchie. La Régie des bâtiments et trois multinationales interviennent dans les recours au Conseil d’Etat introduits par les citoyens, contre eux.
Les 3 multinationales ont des pratiques douteuses à plus d’un titre. Les signataires demandent aux députés de faire la lumière sur Cafasso et le financement de la mégaprison. L’Etat peut-il s’engager avec des multinationales qui ont prouvé leurs défaillances régulières comme Macquarie ? Quel contrôle parlementaire existe-t-il des activités de Denys NV qui dispose de larges contrats avec l’Arabie Saoudite alors que l’ONU a condamné ce pays pour ses exactions dans la guerre du Yémen ? Denys NV a-t-elle encore des activités commerciales avec les autorités du Yémen sur le pipeline LNG qui est au cœur de cette sale guerre ? Les députés peuvent-ils accepter qu’une structure comme PPP infrastructure Investment soit mise en place par Cafasso à Amsterdam alors que tout indique qu’il s’agit d’un dispositif d’évasion fiscale ?

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Mégaprison : le règne de l’opacité et du déséquilibre des forces

Les recours introduits par les opposants à la mégaprison de Bruxelles/Haren arrivent au Conseil d’Etat. Quatre parties se sont jointes à la cause, CONTRE les citoyens : la Régie des Bâtiments, et trois multinationales qui font partie du consortium Cafasso, soumissionnaire préférentiel pour le projet toxique de mégaprison.

Cafasso n’a toujours pas de personnalité juridique, au motif que le marché de la mégaprison n’a pas encore été définitivement attribué. Ce sont donc trois multinationales qui le constituent qui se joignent à la cause :

·                    Macquarie Corporate Holdings Pty Limited, Société de droit australien ayant son siège à Level 6 50 Martin Place Sydney, NSW 2000 Australie,
·                    PPP Infrastructure Investment B.V. Société de droit néerlandais, ayant son siège Claude Debussylaan 24, 1082MD Amsterdam,
·                    Denys NV, ayant son siège Industrieweg 124 à 9032 GENT.

L’implication de ces multinationales dans les recours introduits par les opposants rappelle encore le déséquilibre des forces en faveur des entreprises qui veulent privatiser la détention.

La mégaprison n’est pas un projet d’intérêt public, mais une opération de spéculation privée

La presse a abondamment souligné il y a quelques mois que ces multinationales ont fait inscrire une clause d’indemnité dans le cas où la mégaprison serait heureusement annulée. Elle atteindrait 20 millions d’euros. La hauteur exacte de cette indemnité reste inconnue, y compris des députés de la Chambre, y compris des députés de la Commission de la Justice, puisque Cafasso, le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice refusent tous trois de transmettre ces informations. Un déni de démocratie et de transparence déjà observé ces derniers mois, dans ce dossier comme dans de trop nombreux autres.

Ces multinationales n’ont donc littéralement rien à perdre dans ce dossier, puisqu’elles seront de toute manière indemnisées. Quel intérêt vont-elle défendre auprès du Conseil d’Etat, si ce n’est leur intérêt à tirer profit de l’enfermement des détenus de Bruxelles, profits qui sont garantis par l’Etat belge et son système de Justice employé ici comme une vache à lait ?
Des multinationales aux pratiques douteuses

Nous déplorons de constater que ces multinationales ont en outre des pratiques douteuses (informations plus détaillées ci-dessous) :

·                    Macquarie, est épinglé dans plusieurs affaires d’évasion fiscale. Elle est connue pour sa gestion calamiteuse de l’eau en Angleterre. Elle est également confrontée à ses pratiques inacceptables aux USA dans des PPPs que Donald Trump veut étendre.
·                    PPP Infrastructure Investment B.V., partage toutes les caractéristiques d’un point d’ingénierie fiscale qui permettra à Cafasso d’éluder les impôts belges et européens.
·                    Denys NV, dispose de contrats importants avec l’Arabie Saoudite, qui viole allègrement les droits de l’homme dans son pays, mais également au Yémen. L’Arabie Saoudite a été condamnée par l’ONU pour le bombardement de civils au Yémen, où Denys a été réparer un pipeline au cœur du conflit.

Les opposants à la mégaprison de Bruxelles défendent une politique carcérale respectueuse des droits fondamentaux et publique, la sauvegarde d’un environnement vivable et une démocratie digne de ce nom. Ils se trouvent face à des institutions qui représentent l’Etat belge, accompagné désormais de trois multinationales aux pratiques douteuses.

Ø  Quelles justifications les partis politiques des exécutifs fédéraux et régionaux donnent-ils au choix de ces partenaires privés pour une mission qui incombe par essence à l’Etat ? Comment justifient-ils d’engager l’Etat dans un contrat, dont les détails ne sont toujours pas connus, pour un coût estimé à 3 milliards d’euros, avec des entreprises aux pratiques douteuses, et alors que tout indique qu’un système d’évasion fiscale est mis en place ?
Ø  Dans ces conditions, comment les députés justifient-ils le choix d’un PPP qui sera in fine payé par les contribuables et le budget de la Justice pourtant déjà trop maigre ?
Ø  Peut-on sacrifier au libéralisme économique la question fondamentale du sort de ceux que notre société enferme ?
Ø  Quel contrôle les députés réalisent-ils des activités de Denys n.v. qui dispose de contrats importants avec l’Arabie Saoudite, condamnée par l’ONU pour avoir bombardé des civils au Yémen ?
Ø  Les députés considèrent-ils qu’une entreprise basée en Belgique peut réaliser du commerce avec le régime contesté du Yémen, soutenu par l’Arabie Saoudite, sur le pipeline LNG qui est au cœur du conflit, et alors que l’Arabie Saoudite bombarde des civils yéménites ?

Les associations signataires demandent des réponses à ces questions urgentes.

Signataires et contacts :

Comité de Haren – Laurent Moulin – 0499 03 09 01
La Ligue des Droits de l’Homme – Damien Scalia – 0487 76 82 66
Observatoire International des Prisons – Section belge – Nicolas Cohen – 0470 02 65 41
Respire asbl – Jean-Baptiste Godinot – 0488 20 01 75
François Licoppe – économiste – 0496 90 70 49
Luk Vervaet – ancien enseignant à la prison de Saint-Gilles – 0478 65 33 78


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Sur les pratiques douteuses de trois multinationales de Cafasso :
·                    Denys N.V., réalise plus de 60% de ses profits ailleurs dans le monde. Elle est notamment solidement implantée en Arabie Saoudite, où elle a ouvert une antenne[1] pour y engager plus de 1.000 personnes fin 2016.[2]
Ce pays viole allègrement et de manière récurrente si pas constante les droits de l’homme sur son territoire[3]. L’été dernier a vu la majorité fédérale accepter une résolution demandant de faire plus de lumière sur le commerce entre la Belgique et ce pays, après que Didier Reynders, MR, ait créé scandale en acceptant que ce pays dispose de la présidence de la commission des femmes à l’ONU.[4] Denys aurait été concerné par cette résolution. L’Arabie Saoudite est aussi ce pays qui a enfreint toutes les règles de droits et d’éthique en bombardant les civils au Yémen[5],[6],[7],[8],[9],[10]. Le Yémen fait face à une situation humanitaire catastrophique, et connait actuellement une épidémie de choléra de très grande ampleur avec plus de 600.000 cas depuis avril[11]. L’ONU demande une enquête indépendante sur ce conflit qui s’éternise, alors que Denys N.V. continue de faire du commerce avec l’Arabie Saoudite qui écrase la population Yéménite[12]. Denys n.v. réalise aussi des profits en allant réparer un pipeline au cœur de la guerre du Yémen[13],[14] sous protection armée du gouvernement, lequel est soutenu par l’Arabie Saoudite, précédemment citée. Est-il acceptable de faire du profit dans de telles conditions ?

·                    Macquarie Corporate Holding PTY Limited, de droit australien. Macquarie Group est un géant mondial, actif dans de nombreux secteurs qui vont de l’industrie minière au conseil et à la banque, en passant par la construction de prisons. Macquarie a en ce moment le projet de construire la plus grosse prison de Belgique donc, mais également celle d’Australie, près de Grafton (1.700 places)[15].
Dominique Lorrain, directeur de recherche à l’EHESS, a dressé un portrait de cette entreprise monstre. Si elle évolue au fil du temps, son ADN qui lie les infrastructures, les risques bas et l’ingénierie financière reste constante : « Le « modèle » Macquarie peut se définir en termes simples comme l’application de la technique du financement par la dette à des infrastructures. (…)Les dirigeants recherchent un équilibre subtil entre l’exigence de marchés ouverts (pour pouvoir y entrer) mais protégés par un monopole (pour garantir le résultat). (…) Dans ce modèle, l’infrastructure ne représente pas la substance du métier de la banque mais le support le mieux adapté au développement de son ingénierie financière ; c’est à la fois sa compétence principale et le moyen de produire de la valeur. »[16].
Macquarie est connue pour avoir tiré d’énormes bénéfices de la privatisation de certains services publics en Angleterre et les avoir profondément affaiblis et abimés. Le secrétaire général d'Unison, le plus grand syndicat d’Angleterre, Dave Prentis, déclare ainsi en décembre 2016 : «Macquarie a une mauvaise réputation - pour avoir accumulé une énorme dette d'entreprise, pour avoir rapatrié massivement des dividendes vers l'hémisphère du sud et nous avoir obligé de payer plus pour un service plus pauvre. L'entreprise qui a prouvé qu'on ne peut pas lui faire confiance pour l'approvisionnement de la nation en eau, va maintenant être responsable pour les conduites de gaz à des millions de maisons et d'entreprises. »[17]

Cette entreprise, qui a donc été choisie par la Régie des Bâtiments pour le projet de mégaprison, a en outre été épinglée dans un scandale bancaire en Australie[18],[19], accusée d’avoir manipulé la monnaie en Malaisie[20], elle est citée dans les luxleaks[21], les Offshore leaks[22]. La banque Macquarie est actuellement au cœur d’un scandale de harcèlement parmi ses employés[23]. Macquarie s’est également illustrée aux USA dans des PPPs qui posent de nombreuses questions[24].

Rappelons que Macquarie est aussi propriétaire de l’aéroport de Zaventem (25% des parts)[25], à un bruit de réacteur du site retenu pour la mégaprison. Comme de mauvaise habitude, les riverains qui ont essayé d’obtenir la copie du contrat de vente de l’état belge à Macquarie ne l’ont pas obtenu[26]. L’aéroport n’étant plus assez rentable, Macquarie chercherait à revendre ses parts[27].

·                    PPP Infrastructure Investment B.V., de droit néerlandais, localisé à l’adresse Claude Debussylaan 24, 1082MD Amsterdam, où des dizaines d’autres sociétés ont leur siège. Plutôt que d’une société, il faudrait parler d’une nébuleuse puisqu’elle ne s’est dotée d’un site internet, qu’il est donc quasi impossible d’en connaître les actionnaires, ni le portefeuille d’investissement… et que pour pouvoir accéder aux noms de ses administrateurs il faut payer.
Comme son nom l’indique, cette nébuleuse est active dans les PPP (Partenariats Publics Privés).
Par ailleurs, toujours comme son nom l’indique, cette nébuleuse est un BV c-à-d une société de droit néerlandais[28] dont la structure juridique est bien souvent utilisée aux fins d’éluder l’impôt, y compris par les plus grandes entreprises du monde[29],[30],[31].
Cela signifie que les bénéfices tirés de ce projet ne seront vraisemblablement pas imposés en Belgique. Pourquoi Denys fait-il sinon appel à un BV néerlandaise ? On s’étonne de n’avoir pas reçu d’information sur ce sujet malgré nos demandes répétées de faire la lumière sur le financement de ce projet. Les députés de la Chambre, qui ont déposé une proposition de résolution à cet égard, auront-ils plus de chance que les citoyens ? On l’espère car sinon, leur mission constitutionnelle de contrôle du gouvernement serait réduite à néant.

Ce qui est vrai pour la Belgique l’est pour les autres pays : même à l’étranger les mécanismes d’optimisation fiscale mis en place permettront plus que probablement que les bénéfices générés par la mégaprison ne seront que très peu imposés.
L’Etat belge est parfaitement au courant de ces législations « favorables » mais n’hésite pourtant pas à y faire appel dans un projet d’ « utilité nationale » à de tels intervenants étrangers, abandonnant ainsi un autre pan de sa souveraineté dans une logique du tout marché.







[1]http://denysarabia.com/
[2]http://studioweb.lesoir.be/mini04/fiche/denys
[3]https://www.amnesty.be/mot/arabie-saoudite
[4]http://www.levif.be/actualite/belgique/droits-des-femmes-et-arabie-saoudite-reynders-se-tortille-mais-ne-plie-pas/article-normal-655055.html
[24] https://www.nytimes.com/2017/06/06/business/dealbook/trump-infrastructure-plan-privatized-taxpayers.html?mcubz=1