samedi 30 janvier 2021

L'histoire d'Ali Aarrass sur Radio Campus (La diaspora chuchotte) première partie


 

A écouter ici 

Stéphane à Lantin , par Marcus


De tout temps il y eut des hommes dont la richesse et le pouvoir étaient le sens de leur vie. 

Il me faut vous raconter l'histoire de Stéphane, citoyen du beau pays de Liège, à sa dégringolade. 

Après avoir réussi brillamment ses études, Stéphane se lance dans la politique. IL eut pour père un certain Daerden, bourgmestre d'Ans, un ministre bon vivant, aimant évidemment la bonne chair et surtout œnologue hors-pair.

 Comme je vous le disais, Stéphane avait tout pour être heureux mais, comme blanchette, il briguait le sommet de la montagne. Arrivé à l'âge adulte, la première chose qu'il fit fut de détrôner celui qui, confiant, l'avait emmené sur les premières marches du pouvoir. Il prit le trône, laissant un tabouret à Papa.  

L'appétit vient en mangeant. Stéphane se changea en ogre en s'accaparant des affaires douteuses, aux côtés d'hommes peu scrupuleux, aidé d'avocats champions de toutes procédures. Comme le semeur, il passait d'un champ à l'autre, ignorant souvent que cette terre n'était pas la sienne et recueillant ensuite au centuple le fruit de son travail dans un mépris total aux propriétaires des terres spoliées. 

Les choses allèrent à bien de son pas diligent (La Fontaine).

Obscurs témoins, devant la passivité de la justice, les journaux finirent par prendre l'affaire en main. Nul ne s'étonna de ces investigations apportées par les journalistes alors qu'elles auraient dû venir du palais de justice. Derrière ses œillères, Stéphane et sa garde d'avocats ne virent arriver le danger ; la calèche d'or se transforma en fourgon cellulaire d'où Stéphane et ses acolytes traversèrent le village de sa gloire passée pour se rendre à Lantin. Nul ne vous dira s'ils firent cette longue route en pleurant.


Lantin ! Ce nom sonne comme le chant des morts, là où finit l'histoire. 

J'imagine Stéphane et sa horde arpentant ce long couloir où se trouvent les salles d'attentes pouvant contenir chacune, plusieurs dizaines d'individus. Nos pandores lui enlèvent les menottes et il entre dans cette grande pièce où des bancs solidement fixés aux murs sont des meubles.

A cette heure tardive, le préposé aux fouilles met des heures à venir car, ici, le temps s'arrête. Stéphane est ensuite conduit à la pièce des fouilles. Un détenu s'empare d'une pile de linge préparé et met cette pile sur le comptoir, il y a des draps, des essuis et puis ces vêtements d'une autre époque qui surgissent comme d'un livre d'histoire. Le cauchemar commence, 

" Déshabillez-vous complètement et prenez cette douche, profitez-en, la suivante sera dans trois jours" crie le préposé. On lui saisit ses bijoux ainsi que son argent pour mettre le tout dans une enveloppe qui rejoindra le coffre du greffe. Stéphane suit le déroulement de la scène complètement résigné ; les interrogatoires l'ont complètement anéanti. 


Ce n'est pas tous les jours qu'un gardien peut conduire un homme d'"affaires" en cellule, d'ailleurs, c'est un gradé qui prendra cette fonction exceptionnelle.  Stéphane aura une cellule propre au niveau 1. Il ne sait pas que pour les autres entrants, faute de place, le cachot est souvent réquisitionné en attente qu'un nouveau duo ou un trio puisse être constitué. Il entre dans son nouvel univers où, sur deux sur trois se trouvent une table, une chaise, une armoire, un WC, un paravent, un lit. Il se demande comment il va évoluer dans un espace aussi restreint ! Ce qu'il ignore, c'est qu'il dispose de privilèges. Il est seul dans une cellule propre. D'autres, dont souvent de très jeunes, croupissent à deux voir plus sur cette surface identique et sale. Quand j'écris identique, je fais une énorme erreur puis qu'il n'y a plus de meubles dans la plupart des cellules, les affiches ont remplacé la couleur des murs, des matelas jonchent le sol parce qu'il n'y a plus de chaises, ...

Il ne saura sans doute jamais ce qu'est une vie à deux ou à trois dans moins de neuf mètres carrés, avec un autre détenu fumeur ou malade, avec un drogué se réveillant au milieu de la nuit en hurlant ou d'une autre personne accrochée au téléviseur à regarder des dessins animés jour et nuit ou mettant à fond le son pour mieux entendre une musique débile. Non, il ne connaîtra l'odeur repoussante de certaines personnes imposées contre son gré, il ne connaîtra non plus la gêne de se laver ou de déféquer à quelques centimètres de "l'autre".

Après vingt-quatre heures passées à cet endroit, il demande déjà son transfert vers une autre prison plus soutenable. L'homme le plus riche de la prison impose et en impose déjà alors qu'il dispose pourtant d'un tout autre régime. 

Je crois qu'il a raison de se battre pour sortir de là. Mais je pense avant tous à ces femmes, ces hommes, à ces jeunes qu'il laisse derrière lui sans réagir et qui eux devront continuer à croupir dans cet enfer. 

Eux n'auront part d'un peu d'humanité de cet homme complètement bouleversé et là, je le maudis. 


      A+ Marcus

dimanche 10 janvier 2021

Lundi 11 janvier 2021: Fermez Guantanamo ! Fermez Guantanamo North, les prisons Supermax ! Libérez Julian Assange !



L’ouverture de la prison de Guantanamo Bay en janvier 2002 a été l’équivalant carcéral de la guerre mondiale contre le terrorisme lancée par Bush contre l'Afghanistan et l'Irak. Une prison sous la forme de différents camps (Camp X-Ray, Camp Delta, Camp 1-7…), hors du territoire américain, installée sur une base militaire américaine coloniale à Cuba où les lois nationales et internationales ne s’appliquent pas. Avec 800 détenus, tous musulmans, capturés, achetés, kidnappés dans le monde entier. Avec 200 cas de torture, rapportés par des agents du FBI. Aujourd'hui, quarante prisonniers s'y trouvent toujours, de manière indéfinie, la plupart sans inculpation, ni procès.  

Les prisons ou unités Supermax à l’intérieur des États-Unis sont appelés le Guantanamo North. C'est le nom donné aux prisons américaines comparables à celle de Guantanamo mais qui se trouvent sur le sol américain. Ce sont des prisons entièrement supermax ou des prisons disposant de sections de sécurité maximale et d’isolement, les « Communications Management Units (CMU) » ou « Special Confinement Units » (SCU). C'est dans une de ces prisons que Julian Assange serait enfermé s'il est extradé.

APPEL 

Lundi 11 janvier de 17 à 18.30h Place de la Monnaie à Bruxelles.

Un appel au rassemblement de International Prisoners' News, Comité Free Assange Belgium, Arlac asbl, Rights and Freedoms for Minorities in Belgium, le groupe Familles des Détenus pour le Retour des Visites, la CLAC (Collectif de Luttes Anti-Carcérales), le Comité Free Ali, Alhirak Cha3bi Bruxelles, Front des organisations démocratiques Togolaises en exil-Togo en lutte...

Ce lundi 11 janvier 2021 marquera le 19e anniversaire de l'ouverture de la prison de Guantanamo. A Bruxelles, nous nous joignons aux manifestants dans d’autres villes du monde pour demander la fermeture de ce centre de torture et de détention hors-la-loi.

Depuis 2002, 779 détenus musulmans, présumés terroristes par les Etats-Unis, y ont été détenus. Les derniers détenus y sont arrivés en 2008. La grande majorité de ces détenus ont été arrêtés, achetés ou kidnappés après l’attaque américaine contre l’Afghanistan. Selon une étude de la Seton Hall Law School Center for social justice, seulement 5% de tous les détenus ont été arrêtés par les troupes américaines et 85% ont été achetés ! Par la suite six cents prisonniers ont été relâchés, après des années de prison, sans aucune inculpation et sans procès. En janvier 2021, 40 détenus s’y trouvent toujours, en détention arbitraire indéfinie. Après Bush, Obama et Trump, Biden sera le quatrième président américain à être responsable de l’existence de cette prison.

Ce 11 janvier 2021 sera aussi l’occasion de rendre hommage à Julian Assange.

Le 4 janvier dernier, son extradition vers ce qu’on appelle le Guantanamo Nord, une des prisons de sécurité maximale sur le sol américain, a été refusée par une Cour britannique pour des raisons de santé mentale. C’est Wikileaks, cette plateforme ouverte aux lanceurs d'alerte, fondée par Julian Assange qui, en 2011, a publié les Guantanamo Files : 779 documents, marqués « secret » et « NOFORN »(ne pouvant pas être partagés avec des autres pays). Les Guantanamo files ont rendu publics les interviews des détenus, les memos internes, les évaluations classifiés du Joint Task Force Guantanamo du Pentagon. Ses révélations ont permis de démonter les mensonges des autorités américaines et les « aveux », obtenus sous la torture ou par la promesse de meilleures conditions de détention.

Dès lors, ce lundi 11 janvier, nous nous unissons au rassemblement pour Julian Assange, organisé par le Comité Free Assange Belgium à la Place de la Monnaie de 17 à 18.30h.

Merci de porter un vêtement orange, couleur devenue symbole des détenus de Guantanamo.

 

La liberté d'expression et les vingt-huit morts à Lantin, par Marcus

 

En quittant la prison de Lantin en 2003, je savais que je devais faire quelque chose pour toutes ces femmes, ces hommes, ces jeunes que je laissais derrière moi.

           En lisant ces écrits, vous pensez évidemment à ceux qui sont restés vivants ? Et bien non, du moins pas exactement, parce que pendant mon séjour de trois ans, il y eut énormément de morts. Je me souviens d'en avoir répertorié 28, les chiffres devaient être supérieurs, l'administration pénitentiaire se gardera bien de vous les fournir et heureusement car c'est une honte. Un gardien me disait qu'il n'était pas rare, pour ne pas que ces chiffres apparaissent, que ces morts soient repris sur le compte de l'hôpital de la citadelle. Un autre gardien me dit que ces morts étaient comptabilisés sur le territoire de Juprelle car il n'y a pas d'administration au village de Lantin. Pour me confirmer cela, il me dit qu'au "greffe" se trouve un carnet noir et que tout y est noté.

       Vingt-huit morts, c'est énorme me direz-vous ! Même pour un hospice, cela poserait des questions. Ici, ce n'est pas un hospice, la population qui s'y trouve est même plutôt jeune. A cette période, sentant cette indifférence devant cette hécatombe, je me suis posé énormément de questions.

 Devant réagir, j'ai écrit à trois personnes ; deux magistrats, un sénateur. Seul le sénateur m'a répondu en m'exprimant toute sa tristesse pour ces personnes disparues, que je me devais d'être courageux en ces circonstances ! Si même cette personne m'avait répondu, je trouvais sa lettre déstabilisante. 

La mort de Sofie au cachot marqua un nouveau pas. Il fallait frapper fort. A cette époque, la Belgique était en conflit avec Israël pour les massacres de Sabra et Chatila. La Belgique c'était arrogé le droit de " Compétence Universelle " pour poursuivre ce pays devant le tribunal de la Haye. J'ai envoyé une lettre à l'ambassade d'Israël avenue de l'Astronomie à Bruxelles avec la liste des suicidés et des overdoses de Lantin en demandant à l'ambassadeur de réagir ; de demander aux belges de balayer devant leur porte.

En 2003, libéré, j'ai continué le combat. Je ne sais trop comment ce journaliste est tombé sur le fameux carnet car, je sais, compte tenu des informations secrètes qu'il détient, ce carnet devait obligatoirement se trouver dans un coffre-fort. Il disparut mystérieusement un jour ou une nuit, un journaliste averti fit la une du scandale de cette administration en développant le système des sanctions délivrées "au pif". 

Ce scandale mit en évidence les dérives dans cette prison. Le directeur déposa plainte du vol du carnet, ainsi qu'une autre contre le courageux journaliste et de sa rédaction. 

Ces plaintes évidemment n'aboutirent, la super puissance a montré ses limites. Mais, avec le temps, je pense qu'elles eurent le mérite de cacher le fond de l'affaire, à savoir, la mort de toutes ces personnes, dont certaines au cachot. L'enquête partit dans une toute autre direction.

A lire aussi : " Le monstre de la Cathédrale" dans "écrire à Christophe Barratier"par Marcus

PS. Sur cette triste période, je n''ai pas encore raconté le pire ! En allant au couloir des vestiaires, j'ai un jour eu la curiosité de regarder à l'œilleton, pour voir si je n'avais pas un ami qui attendais la venue du gardien des fouilles. J'ai senti mon cœur lâcher en voyant un cadavre nu attendant la reprise de la dépouille par la famille. L'administration avait repris son dû. Imagine la famille devant ce spectacle !




lundi 4 janvier 2021

Le film Vers une inconditionnelle liberté de Jean-Marc Mahy, un documentaire de Serge Challon et Vartan Ohanian à regarder ici...FREE !


For a subtitled version in English, please write to  Jean-Marc Mahy jeanmarc.mahy@yahoo.be  

Vers une inconditionnelle liberté, documentaire de Serge Challon et Vartan Ohanian. 

Documentaire de 56 minutes réalisé par Serge Challon et Vartan Ohanian avec le soutien de Tarantula, le Tax Shelter et la RTBF.

Jean Marc Mahy est entré en prison à l’âge de dix sept ans et demi. Il en est sorti dix-neuf ans plus tard après un long séjour dans un autre monde, un monde parallèle, qui vit et respire à son propre rythme, avec ses propres lois. Un monde oublié par la communauté. Un jour de septembre 2003 Jean Marc Mahy a franchi la porte de la prison de Namur pour ne plus jamais y retourner et il a continué son lent marathon vers la liberté pendant dix-ans, dehors, mais chaque jour occupé à parler de dedans, partout, et à tout le monde. Dire des choses que l'on n’a pas envie de dire avec des mots, et pourtant … Parler du droit à l’oubli en n’oubliant jamais. Il parle de lui, de son histoire, à ceux qui sont déjà à la lisière de la prison comme à ceux qui décideront de leur sort, pour les aider tous à choisir. Ce film évoque le droit d’exister après avoir purgé la peine, de n’être jugé ensuite que pour ce que l’on est aujourd’hui, ici et maintenant.

Dehors Jean Marc Mahy a écrit une pièce avec Jean Michel Van Den Eeyden, metteur en scène et directeur du Théâtre de l’Ancre à Charleroi, pour raconter une partie de son histoire, probablement la plus dure, celle de l’isolement dans une prison du Grand Duché du Luxembourg, son titre est son programme, son obsession, son inquiétude quotidienne : Un homme debout. Mahy est resté debout malgré la prison.

Pendant les six derniers mois de sa libération conditionnelle les auteurs de ce film l’ont vu s’approcher avec inquiétude d'une date attendue depuis 29 ans, trop difficile à atteindre, trop belle pour lui. Ce documentaire ne refait pas le procès de cet homme condamné deux fois pour avoir provoqué la mort sans intention de la donner, ce n’est pas son objet, il propose la rencontre d’un homme et, à travers ses paroles, quelques questions que la communauté de doit jamais cesser de se poser, sur la fonction et l’usage de la privation de liberté, sur la réinsertion …

Serge Challon et Vartan Ohanian reconstituent un visage, comme un puzzle, malgré les pièces perdues et désormais manquantes.

Serge Challon

Ce documentaire existe en version sous-titrée anglais

https://vimeo.com/187648810 

L’avocat du diable, par Marcus

Peu de gens connaissent cette histoire singulière, vous me voyez venir avec mes " nouvelles " absurdes, vous n'allez pas être déçu.  Mon problème aujourd'hui demeure au fait que personne ne vérifie mes écrits et l'on finit par croire, être plongé dans les délires d'un quidam par qui on se détend. Il est important pour moi de conter cette étrange aventure et je me demande encore aujourd'hui si elle s'est bien déroulée tant elle est énorme

A six heures du matin, on frappe à ma porte. Ce réveil est unique pour ceux qui vécurent ce moment. Il est impossible de se tromper ; ce sont nos pandores. Les autres personnes viennent plus tard et surtout, elles sonnent. Mon cerveau va dans tous les sens car je sais aussi que s'ils sont là, c'est après m'avoir longuement suivi.

Je ne me suis malheureusement pas trompé, c'est bien la famille poule à gars. En deux mots, ils viennent parce qu'un ancien home d'enfants a flambé du côté de Comblain-au-Pont. Un témoin m'aurait vu rôdant dans le coin, a relevé mon n° de plaque et spontanément témoigné.

Des homes, il y en a plein dans la région. Il y en a beaucoup sur Liège aussi. En fait, il y en a des dizaines et des dizaines à se demander si, à cette époque, tous les enfants n'étaient pas placés !  J'ai connu celui de Rivage mais, cela fait plus de quarante ans que je l'ai quitté ! C'est justement celui-là qui a cramé ! Pourquoi serais-je aller mettre le feu après autant d'années ? 

 Les mois passent, je reçois une convocation devant un tribunal pour cette affaire. S'ils n'ont personne d'autre à se mettre sous la dent, c'est moi qui passerait à la caisse. Au palais se trouve non seulement la presse mais aussi la télévision, les débats sont lancés. A la question " que faisiez-vous dans les parages à cette date ?" Je réponds qu'il m'arrive d'aller à la pèche avec des enfants. J'ai passé une partie de mon enfance au bord de l'Ourthe. Un de ces enfants se trouve d'ailleurs devant votre salle d'audience. Le juge le fait venir, il confirme. 

Le juge me demande si je ne serais pas allé à cet endroit mettre le feu parce que j'y aurais été battu ? C'est la question " flash", bien sentie, vous ramenant au tréfond de votre enfance. Elle est cependant posée d'une façon inquisitrice qui me met sur la défensive. Je pense avoir répondu que j'étais doté d'un esprit serein où la vengeance n'avait sa place, que quarante années s'étaient écoulées. Je vois l'avocat de la partie adverse se frotter les mains. Il trépigne d'impatience du moment où il pourra me confondre, m'envoyer pour quelques années au trou et sentant la jubilation de cet homme, me trouve quelque peu inquiet. Que tient-il dans sa manche pour être si nerveux ? 

Vint le moment où le parquet donne la parole à la défense, jamais je n'oublierais la question :  «  Monsieur Sluse qui nie les faits, pourrait-il nous expliquer pourquoi, ce jour-là, entre onze heures et quatorze heures, son GSM était coupé ? » 

A ce moment-là, je comprends le pourquoi de son comportement. 

Tous les regards sont focalisés sur moi pris dans les tenailles de ce maître du barreau. Le juge qui connaissait très bien ce dossier mais n'avait vu cette lacune dans ma téléphonie et sentant sans nul doute aussi son heure de gloire arriver, tous cela devant la télévision, en rajoute une couche en me posant la même question.

Maintenant tenez-vous bien. Voici ma réponse ; «  Lorsque vient l'heure de table, je ne tiens pas à être dérangé, ni à déranger quiconque.  Je suppose que comme moi, Monsieur le Juge, il vous arrive de couper le GSM, c'est une question d'éducation ». 

Un avocat du barreau de liège , Marc Neve prit ensuite la parole pour amener le juge à comprendre la présence de mon véhicule à cet endroit, à cette période. Il mit aussi en évidence le témoignage de l'enfant. Une  plaidoirie  où le doute n'avait plus sa place.

Verdict : Acquitté

PS: Quant à l'équipe du tournage, c'était la RTBF ( Isabelle Salesse ) . 


                   A+ Marcus


vendredi 1 janvier 2021

Ali Aarrass, Écrits en liberté (avril-décembre 2020)

Libre enfin !

Cliquez sur le titre pour lire l'article 

Communiqué de presse : Ali Aarrass, libre enfin, la reconstruction peut commencer, publié le 23 juillet 2020 

Premier interview d’Ali Aarrass : « Je suis hanté par l’injustice que j’ai subie » (par Baudouin Loos, Le Soir), publié le 16 octobre 2020 

Réveille-toi enfin ! par Ali Aarrass, publié le 24 octobre 2020 

MON COMBAT EST AUSSI LE VÔTRE, par Ali Aarrass, publié le 31 octobre 2020 

« L’amnistie ou la grâce? Pas pour ceux qui résistent », par Ali Aarrass,  publié le 16 novembre 2020 

Ali Aarrass a dû affronter le harcèlement de la police espagnole pour revoir son père, âgé de 90 ans, publié le 21 novembre 2020 

Ils m’ont collé l’étiquette de terroriste…, par Ali Aarrass, 1 décembre 2020

Ali Aarrass, 2020 : « Mes meilleurs vœux à toutes et à tous »

Est-il nécessaire de confronter la réalité ? par Ali Aarrass 30 décembre 2020

Abruti ! par Marcus


photo © Pixinoo

A travers le site " International prisoner's news ", je vous ai raconté des histoires invraisemblables. D'autres attendent le moment de l'actualité pour ressurgirent, mais celle-ci, vous devez absolument la connaître ou plutôt, la ressentir pour comprendre le mot " abruti ".

Il importe peu de connaître l'époque où cette histoire s'est déroulée car je pense qu'elle a dû se répéter dans le temps, mais venons-en plutôt aux faits.

Ayant commis un acte délictueux, je me retrouve deux années plus tard devant un tribunal. Le statut de récidiviste ne me donne plus le droit au sursis, il fallait réfléchir avant me direz-vous ! Je passe à la caisse et prend 8 mois au passage. Les mois passent puis les années. Je pense que l'on m'a oublié ou qu'une grâce collective est tombée jusqu'au jour où un courrier tombe dans ma boîte aux lettres. J'ai rendez-vous au commissariat de police où un billet d'écrou m'attend. Je dois me présenter à la prison pour effectuer la peine d'un délit datant de plus de quatre ans et dont je ne me souviens même plus. J'ai trois semaines pour me rendre à ce rendez-vous. D'ici-là, je dois quitter mon emploi, vider mon appartement de tout son contenu, trouver un nouveau locataire pour ne pas perdre la caution de trois mois, liquider ma voiture et le plus important, pour ne pas abandonner mon chat, lui trouver un nouveau maître. 

Le jour " j " arrive, je me rends à Lantin en regardant le ciel une dernière fois, je sais où je mets les pieds. La chose reste très complexe, c'est comme se jeter d'une falaise ; si l'on réfléchit de trop, on finit par faire demi-tour. Je prends mon courage à deux mains et fonce dans le sas de la prison. 

Là se trouve un aquarium où trois poissons noirs évoluent tristement. Le plus gradé des trois me demande pourquoi je suis là ? Je lui réponds que j'ai reçu une convocation et sort mes papiers. Il me dit alors qu'il manque le billet d'écrou !  Quel billet d'écrou ? (J'ai repensé à tout en me rendant ici, à mon patron, mon logement, mon véhicule, à l'abandon de mon chat mais le billet d'écrou ?? ). Je demande au préposé s'il n'y a rien dans son ordinateur ? Il cherche et ne trouve rien à mon sujet ! Pourquoi ne contactez-vous le greffe ?  Il me répond qu'il n'est pas là pour cela ! Que dois-je faire alors ? Il me dit d'aller au palais de justice pour un duplicata du billet d'écrou. " Monsieur, il est 15.30, nous sommes à dix kilomètres du palais et je suis à pied, ne pourriez-vous contacter un directeur, il y en dix ici ? " 

Je sens que je l'énerve, il finit par exploser en criant " Mais pour qui vous prenez-vous hein, pour qui vous prenez-vous ? "Ses deux collègues qui n'ont rien perdu de la scène, se rapprochent de lui, attentifs de la procédure entamée par leur chef et qu'ils vont aussi devoir affronter un jour.

Là-dessus, il jette mes papiers sur le comptoir et me dit de sortir immédiatement, que je n'ai plus rien à faire ici. 

Choqué par cet entretien auquel je ne m'attendais, je quitte les lieux.

Vous ne pouvez imaginer le ressenti en quittant cet univers et retrouvant le ciel sous lequel je me sentais à nouveau Libre. Un air de Liberté et de vie revenait et ce, grâce à cet abruti cloisonné dans sa fonction jusqu'au-boutisme. 

Voilà mon interprétation, mais la chose la plus évidente fut d'entrer involontairement dans une cavale où là, une autre aventure venait de commencer.

A+  Marcus