vendredi 14 septembre 2018

Monsieur Tamek, je vous fait part de mon souci concernant le prisonnier Salek Laasairi. Une lettre de Marie-Jo Fressard.



Marie-José Fressard  
                                                  

Gap, 10/9/2018
Solidarité Maroc 05
                                                                                              
Lettre ouverte à Monsieur le Responsable de la délégation générale de l'administration des prisons au Maroc,

Monsieur le  Délégué Général

Je me permets de vous faire part de mon souci concernant le prisonnier Salek Laasairi, détenu à la prison locale d'Aït Meloul ( numéro d'écrou 7533). Il y a trois ans j'ai accepté d'être sa "marraine". J'ai alors découvert sa dramatique histoire : condamné à perpétuité par le tribunal militaire marocain pour un crime qu'il nie toujours avoir commis. Je n'ai pas pu apprendre si des preuves de ce crime ont été produites, ce qui me semblerait normal pour une peine de cette gravité.

Depuis que j'assure son parrainage j'ai pu me rendre compte à quel point cet emprisonnement est un enfer pour lui, prisonnier politique sahraoui. Un enfer qui se dégrade semaine après semaine. Maltraitance physique, cachot, destruction et vol de ses quelques biens, maltraitance de sa famille. Et surtout maltraitance psychologique : diminution voire suppression des quelques instants de téléphone avec sa famille et avec ses amis, seuls instants de bonheur qui lui permettent de ne pas sombrer dans la déprime, voire plus. Malgré tout, lors des rares moments pendant lesquels j'ai pu l'entendre au téléphone, il faisait preuve d'un courage incroyable, éclatant de rire, demandant des nouvelles de ma famille et de ma santé. Ne se plaignant jamais, mais plaignant tous ceux qui souffrent. "Moi, tout va bien".



En 2015, lorsque j'ai commencé à avoir des contacts avec lui, il m'appelait chaque lundi après-midi en lançant un joyeux "Ça va bien, grand-mère ?", question ponctuée d'un sonore éclat de rire. Nous pouvions échanger quelques phrases, difficilement à cause du bruit du parloir. Nous échangions aussi quelques lettres, j’envoyais des cartes et quelques colis. Même s'ils mettaient parfois jusqu'à deux mois pour arriver, ils arrivaient.

Mais progressivement, même ces petits bonheurs lui sont interdits. L'appel du lundi est de plus en plus rare, à peine une fois tous les deux mois et de plus en plus brefs. Ses lettres ne me parviennent plus. Il ne reçoit plus les miennes, ni mes cartes. Mon dernier colis m'a été retourné ; je l'ai renvoyé, il m'est revenu.

Ce comportement odieux de l'administration pénitentiaire n'a rien à voir avec une notion de justice, c'est de la pure discrimination, de la haine de la pire espèce.

Monsieur le Délégué Général vous avez le pouvoir d'exiger de la part du personnel de la prison locale d' Aït Meloul que Salek Laasairi soit traité avec un minimum d'humanité comme l'exigent les Conventions internationales que pourtant le Maroc à signées.

D'avance, pour lui, je vous remercie et vous prie de recevoir, Monsieur le Délégué Général de l'administration des prisons du Maroc, l'expression de ma haute considération.

Marie-José Fressard
Présidente de l'association Solidarité Maroc 05
05000 Gap   France
solidmar05@gmail.com

Copies : Solidarité Maroc 05, APSO, Association des familles et amis des prisonniers,solidmar.blogspot.com