lundi 29 mars 2021

L'enfant du parloir, par Marcus

 

                      

Ce matin-là, elle était venue me rendre visite à Lantin. Pour ces rencontres, l'administration pénitentiaire avait prévu un long couloir avec une vingtaine de petites salles, chacune divisée en deux, un carreau faisant office de mur de séparation. 

                  Pour accéder à ce lieu sinistre, il vous faut évidemment montrer patte blanche et se fournir de tous les documents nécessaires demandés par les autorités.  Ceux qui sont passés par là savent à quoi je fais allusion. Il n'est pas rare que des personnes jettent l'éponge devant tant de formalités. Je pense surtout aux personnes âgées, ayant emprunté de nombreux transports avant d'arriver à la prison où ils se voient refouler parce qu'ils ont oublié un papier. Le système est redoutable et surtout intransigeant ; malheur à qui ne s'y conforme, il sera rejeté sans autre forme de procès. Certains pourtant s'accrochent, car ils savent que cette visite est importante, qu'ils ne pourront peut-être plus revenir, parce que le temps fait son œuvre, parce que la condamnation est disproportionnée au peu qu’il leur reste à vivre.  Cette première visite, comme vous pouvez le constater, peut prendre des semaines avant d'aboutir. « Il faut aimer cette personne pour arriver au couloir des visites, c'est une certitude ».

                 La femme qui partage ma vie se trouve devant moi, elle me signale qu'un de ses enfants a souhaité l'accompagner. Je lui demande où se trouve cet enfant.

                  « Il est dans le couloir, il nous entend ». Elle me fait signe qu'il pleure, qu'il est traumatisé par cette rencontre et cet endroit. Face à cette situation, c'est à mon tour d'être traumatisé et je sens que je vais défaillir. Je regarde le plafond en espérant que Dieu me vienne en aide. Il me faut réagir au plus vite pour sortir de ce drame. Heureusement, vous pensez bien que j'ai aussi appris la maîtrise. Cette maitrise peut servir lors d'un interrogatoire, la conduite d'un véhicule volé, dans bien de faits mais ici, c'est du jamais vu, on ne trompe pas un enfant d'un claquement de doigts, surtout celui dont on a tenu la main, ou encore avec qui on a joué et qu’on a serré dans les bras.

                 La porte du parloir finira par s'entrouvrir avant qu’on ait trouvé les mots pour le tranquilliser. L'enfant apparaît devant moi, les yeux rougis, des larmes qu'il ne cache même plus, ensuite, le silence de nos regrets devant cette innocence. 

                 Pendant toute cette visite, l'enfant est resté accroché au cou de sa maman sans dire un mot, me regardant intensément.

                 Vous avez des juges qui condamnent, le code pénal en main, le silence de cet enfant était bien plus redoutable que tous mes juges réunis.     

A+ Marcus 






jeudi 4 mars 2021

Douglas De Coninck interviewt Ali Aarrass : ‘Ik werd jarenlang gefolterd in een Marokkaanse gevangenis’: Brusselaar Ali Aarrass is eindelijk weer thuis

 

We spreken af aan de Beurs en doen het gesprek wandelend. “Het is alsof ik opeens op een andere planeet ben terechtgekomen”, zegt hij. “Een planeet met alleen maar aardige mensen. Het is zo raar om al diegenen die brieven hebben geschreven, die voor je zijn opgekomen, na al die jaren in het echt te zien. Ze eens goed vastpakken, dat kan helaas nog niet.”

Na alle berichten die sinds 2009 vanuit Marokko doorsijpelden over zijn lot, ziet Ali Aarrass (58) er verrassend kranig uit. Hij heeft een ver verleden als bokser, diende ooit in het Belgische leger. Hij kan wat hebben. “Littekens van uitgedrukte sigaretten verdwijnen”, vertelt hij. “Andere niet. En wat het in je hoofd doet, dat allemaal ondergaan en je realiseren dat de mensen die dit doen hier specifiek voor zijn opgeleid, dat krijg ik niet uitgelegd.”

Ali Aarrass woonde 29 jaar in Brussel. Hij had eerst een handeltje in geschenkwaren en later een krantenwinkeltje in Molenbeek. In 2004 besloot hij weer in Melilla te gaan wonen, de Spaanse exclave vlak bij de Marokkaanse stad Nador waar zijn roots liggen.

“Toen de agenten van de Guardia Civil mij op 1 april 2008 op straat aanspraken, zat ik op een klant te wachten. Ze deden het lijken alsof het iets was met een verkeersboete. De eerste vraag was: ‘Wie zijn je vrienden?’ Ik vond dat een beetje raar, het klonk bedreigend. Ik zei dat ik maar een echte vriend heb, mijn vader. Ze lachten me uit. Achteraf begreep ik dat ze me een hele tijd hadden geschaduwd. ’s Avonds werd ik voor een rechter geleid. Die zei dat ik naar Madrid moest worden overgebracht. Daar vloog ik in isolatie. Na een tijdje werd ik voor Baltasar Garzón geleid.”

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