Marie-José Fressard
Gap, 10/9/2018
Solidarité Maroc 05
Lettre ouverte à Monsieur le Responsable
de la délégation générale de l'administration des prisons au Maroc,
Monsieur le Délégué Général
Je me permets de vous faire part de
mon souci concernant le prisonnier Salek Laasairi, détenu à la prison locale
d'Aït Meloul ( numéro d'écrou 7533). Il y a trois ans j'ai accepté d'être sa
"marraine". J'ai alors découvert sa dramatique histoire : condamné à
perpétuité par le tribunal militaire marocain pour un crime qu'il nie toujours
avoir commis. Je n'ai pas pu apprendre si des preuves de ce crime ont été
produites, ce qui me semblerait normal pour une peine de cette gravité.
Depuis que j'assure son parrainage
j'ai pu me rendre compte à quel point cet emprisonnement est un enfer pour lui,
prisonnier politique sahraoui. Un enfer qui se dégrade semaine après semaine.
Maltraitance physique, cachot, destruction et vol de ses quelques biens,
maltraitance de sa famille. Et surtout maltraitance psychologique : diminution
voire suppression des quelques instants de téléphone avec sa famille et avec
ses amis, seuls instants de bonheur qui lui permettent de ne pas sombrer dans
la déprime, voire plus. Malgré tout, lors des rares moments pendant lesquels
j'ai pu l'entendre au téléphone, il faisait preuve d'un courage incroyable,
éclatant de rire, demandant des nouvelles de ma famille et de ma santé. Ne se
plaignant jamais, mais plaignant tous ceux qui souffrent. "Moi, tout va
bien".
En 2015, lorsque j'ai commencé à avoir
des contacts avec lui, il m'appelait chaque lundi après-midi en lançant un
joyeux "Ça va bien, grand-mère ?", question ponctuée d'un sonore
éclat de rire. Nous pouvions échanger quelques phrases, difficilement à cause
du bruit du parloir. Nous échangions aussi quelques lettres, j’envoyais des
cartes et quelques colis. Même s'ils mettaient parfois jusqu'à deux mois pour
arriver, ils arrivaient.
Mais progressivement, même ces petits
bonheurs lui sont interdits. L'appel du lundi est de plus en plus rare, à peine
une fois tous les deux mois et de plus en plus brefs. Ses lettres ne me
parviennent plus. Il ne reçoit plus les miennes, ni mes cartes. Mon dernier
colis m'a été retourné ; je l'ai renvoyé, il m'est revenu.
Ce comportement odieux de
l'administration pénitentiaire n'a rien à voir avec une notion de justice,
c'est de la pure discrimination, de la haine de la pire espèce.
Monsieur le Délégué Général vous avez
le pouvoir d'exiger de la part du personnel de la prison locale d' Aït Meloul
que Salek Laasairi soit traité avec un minimum d'humanité comme l'exigent les
Conventions internationales que pourtant le Maroc à signées.
D'avance, pour lui, je vous remercie
et vous prie de recevoir, Monsieur le Délégué Général de l'administration des
prisons du Maroc, l'expression de ma haute considération.
Marie-José Fressard
Présidente de l'association Solidarité
Maroc 05
05000 Gap France
Copies : Solidarité Maroc 05, APSO, Association des familles et
amis des prisonniers,solidmar.blogspot.com
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