Depuis le début de la crise du coronavirus et la crise qu’elle a provoqué dans les prisons, le ministre de la Justice Koen Geens et les autorités pénitentiaires sont dans le déni. « Rien à signaler, rien à déclarer, tout va bien, tout est normal et sous contrôle, l'hygiène est assurée comme avant, non, il n’y a pas plus de médecins qu'avant, les détenus ont bien tenu pendant deux mois pendant la grève du personnel pénitentiaire, alors ... ». C’était le ton de l’intervention du ministre à la chaine LN24. Une annonce à peine voilée sur ce sur ce qui attend les prisonniers dans les semaines qui viennent : encore plus d’isolement. En Belgique, laisse sous-entendre le ministre, la crise n’est pas aussi dramatique que dans d’autres pays. Le monde vacille, mais les prisons belges restent debout. Le calme légendaire de cet homme d’Etat, le manager faisant face à toutes les crises, n’impressionne que le monde politique et médiatique. Les propos de Koen Geens ont été ressentis comme des gifles par les détenus et leur famille, qui sont dans l’abandon et l’angoisse.
Monsieur le ministre, n’entendez-vous pas les cris qui traversent les barreaux ? Les demandes à répétition des mamans et des sœurs de détenus, de la CLAC, de l’OIP, des Familles de détenus Belgique, en passant par le Genepi Belgique, la Ligue pour les Droits humains jusqu’au Conseil Central de surveillance des établissements pénitentiaires, jusqu’à l’ONU… qui plaident tous pour des réductions immédiates du nombre de détenus dans les prisons ?
Faut-il s’étonner qu’en absence d’une réponse à ces appels, des détenus mettent le feu, des détenus se battent entre eux, des gardiens se font agresser ?
La grève des syndicats, annoncée pour le 12 au 19 avril, rendra la situation encore plus intenable. Une situation sanitaire qui risque à tout moment de devenir aussi grave dans les prisons que dans les homes, les maisons de repos et autres formes de détention.
L'isolement
La politique du gouvernement est double : quelques miettes pour calmer la colère, comme les 20 euros pour le téléphone, un petit mot de remerciements de la part du Roi pour remercier les détenus qui fabriquent des masques, tout en se dirigeant en même temps vers un isolement total des détenus. Silence radio pour les détenus quant à la propagation du virus au sein des prisons. Des détenus qui pourraient sortir de prison dans quelques semaines ou quelques mois doivent y rester. Des personnes qui sont en détention préventive (et donc présumés innocentes) y restent. Pour donner un exemple parlant : leur procès étant reporté jusqu’au 8 mai, les personnes inculpées pour être venues en aide et avoir hébergé des réfugiés (« trafic d’êtres humains » !), dont trois sont depuis 10 mois en détention préventive, restent en prison. Tandis que des hôpitaux et des maisons de repos lancent un appel à des volontaires pour renforcer les équipes médicales et de soins, les prisons font le contraire, elles se renferment complètement : les visites des familles ainsi que toutes les activités sont annulées. En plus, le personnel pénitentiaire étant à bout et déjà réduit pour cause de maladie, ceux qui travaillent encore se mettent en grève à chaque fois qu’un incident ou une agression se produit.
Moins catholique que le pape ?
Il suffirait de laisser parler le bon sens. Nous savons tous que la prison ne peut pas faire face au virus. Qu’il faut libérer des détenus. Lors de sa prière de l’Angelus du 29 mars, le pape, le guide spirituel du ministre Geens, s’est inquiété du sort des personnes vivant le confinement « en groupe ». En particulier celles « dans les prisons surpeuplées ». Et il a ajouté : « Je demande aux autorités d’être sensibles à ce grave problème et de prendre des mesures pour éviter les tragédies à venir ».
Ces personnes dont parle le pape font partie de ceux d’en bas. Partout la population carcérale est composée d’ouvriers, de chômeurs, de sans-profession, de sans-diplôme, avec, comme aux Etats-Unis, une surreprésentation des minorités « étrangères et/ou (d’origine) immigrées ». Serait-ce une des raisons du désintérêt pour cette population ?
Le contraste avec l’impunité et la liberté dont jouissent les criminels au sommet de nos sociétés, est révoltant. Aucun des criminels qui ont provoqué les crises financières comme celle de 2008, ce qui a entraîné des drames sociaux par milliers et des suicides par centaines, n’ont été mis en prison (sauf en Islande !). Impunité aussi pour ceux qui s’évadent avec leurs milliards vers les paradis fiscaux, privant ainsi nos sociétés des fonds nécessaires pour l’éducation, le logement ou les hôpitaux. Impunité aussi pour ceux qui sont responsables de ce système capitaliste mondial qui investit 1000 fois plus dans les armes, la guerre, les drogues et la destruction que dans le matériel et le personnel de soins.
Ceux d’en bas se trouvent dans des prisons, des lieux confinés, où les mesures contre la contamination du virus, recommandées à l’extérieur, sont impossibles à respecter. En temps normaux déjà, l’hygiène et les soins n’y sont pas assurés. Il y a les rats, les cafards, les punaises, les moisissures. Il y a une population carcérale dont une partie est âgée, malade, fragile, ce qui en fait un groupe extrêmement vulnérable.
Il faut donc libérer les détenus, comme le propose la Clac. Il faut désengorger immédiatement les prisons et libérer ceux et celles qui peuvent l’être, comme le disent d’autres organisations. Il faut écouter les messages et regarder les vidéos des détenus qui sortent de prison et y donner suite : gratuité du téléphone et de la télévision, possibilité d’utiliser Skype, comme aux Pays-Bas, mise à disposition d’un téléphone pour ceux qui n’en ont pas, comme en Espagne, renforcement des équipes médicaux et de soins, mesures supplémentaires l’hygiène pour les détenus, pas d’augmentation des prix de la cantine, grâce royale…
Utilisez vos pouvoirs spéciaux
Une crise sanitaire qui paralyse le monde ne demande-t-elle pas des mesures exceptionnelles ?
Vous venez de recevoir des pouvoirs spéciaux pour gérer la crise. Vous pouvez prendre des mesures exceptionnelles et ordonner la libération des détenus. Si vous n’en avez pas le courage, vous pouvez demander au Roi de prononcer une amnistie ou une grâce, comme c’était le cas jusque dans les années 90. Ce geste humain mettrait plus de détenus sur la bonne voie que de les faire subir des années de prison dans des situations intenables.
Prenons l’exemple du Portugal. S’il est vrai que ce pays compte 2000 détenus de plus dans ces prisons que la Belgique, il a au moins le mérite de suivre la recommandation de l’ONU de libérer des prisonniers. Le gouvernement portugais a décidé "de simplifier la procédure pour gracier des prisonniers par le Président de la République. D’accorder une grâce partielle pour les peines jusqu'à deux ans / ou pour les deux dernières années de détention - en sont exclus : les homicides et viols, abus de mineurs, violence domestique ou des crimes commis par des gens ayant exercés des fonctions de responsabilité (les hommes politiques, membres des forces de l'ordre, les magistrats, les militaires etc.). Les congés pénitentiaires passent de trois jours à 45 jours, au terme desquels les autorités judiciaires peuvent décréter la liberté conditionnelle". Tous les prisonniers libérés sont bien entendu soumis aux règles de confinement en vigueur.
Non, monsieur Geens, notre objectif immédiat n’est pas d’avoir 10.000 détenus dans les prisons belges, mais 5.611 !
En 2014, vous avez déclaré que votre ambition était, je cite : « d’arriver à faire descendre le nombre de détenus en-dessous de 10.000 ». D’abord, je n’ai toujours pas compris d’où vous sortez ce chiffre phare et ce qui vous fait dire que ce chiffre est un objectif. Vous avez oublié qu’en 1980, le nombre de détenus en Belgique était 5.611, c’est-à-dire la moitié. Pourquoi ce chiffre ne vous sert-il pas d’objectif à atteindre ?
Les Pays-Bas comptent 17 040 000 habitants. La Belgique en compte 11 400 000, c’est-à-dire 6 millions en moins. En dix ans, les Pays-Bas ont réduit leur population carcérale de la moitié : de 21 826 détenus en 2005 à moins de 10 000 en 2014. Selon les ministères de l'Intérieur et de la Justice des Pays-Bas « 27 établissements pénitentiaires et judiciaires jugés excédentaires ont été fermés depuis 2014 » Si le taux d’incarcération (le nombre de détenus sur 100.000 habitants) se situe entre 50 et 60 pour les Pays-Bas, celui de la Belgique tourne de 90 à 100, c’est-à-dire quasi le double !
Ensuite, depuis votre promesse, et malgré la construction de nouvelles prisons, malgré le transfert d’un nombre d’internés dans des institutions psychiatriques, ce chiffre n’est jamais descendu en-dessous des 10.000, à l’exception de l’été 2018. En 2019, il y avaient 10.556 prisonniers en moyenne dans nos prisons, avec un nombre de 10.883 en décembre 2019, le niveau le plus élevé depuis quatre ans. Nous avons toujours 1.862 détenus « de trop » dans les prisons. Pour 55 places à la prison de Ypres il y a 133 détenus. À Saint-Gilles, il y a 863 détenus pour 579 places. À Anvers, 717 prisonniers pour 413 places. À Malines 144 détenus pour 84 places. À Turnhout, 283 détenus pour 262 places.
Monsieur le ministre, que cette crise serve au moins à ramener le nombre de détenus au chiffre de 1980 !
Ce ne sera qu’un premier pas. Par après, la question se posera autrement.
Vers une société égalitaire !
Depuis quelques décennies le monde est victime d’une pandémie carcérale : de nouvelles prisons, centres de détention, camps pour réfugiés, murs… ont été érigés partout. Quand cette crise sera derrière nous, nous ne voulons pas retourner à ce qui était « la normalité ».
Le résultat de cette crise sera une confrontation. Entre ceux qui veulent sauver ce système par le renforcement de l’exploitation et de la répression, par l’augmentation du nombre de prisons et de prisonniers et de système de contrôle de toute une population, pour répondre à une misère et une révolte sociale qui s’annoncent. Et entre ceux qui veulent la fin de ce système capitaliste qui a prouvé sa faillite et qui font le choix d’une société égalitaire. Dans cette conception, l’abolition des prisons se posera. Il ne s’agira pas d’instaurer un régime d’impunité, il s’agira de nous défaire de notre addiction à la prison, de reconstruire des communautés solidaires qui cherchent ensemble des solutions pour prévenir le mal et le réparer autant que faire se peut. Il s’agira de s’appuyer sur les formes solidaires qui se développent entre les gens, de remettre la justice dans leurs mains en développant des formes de justice réparatrices, restauratrices et transformatrices.
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Monsieur le ministre, n’entendez-vous pas les cris qui traversent les barreaux ? Les demandes à répétition des mamans et des sœurs de détenus, de la CLAC, de l’OIP, des Familles de détenus Belgique, en passant par le Genepi Belgique, la Ligue pour les Droits humains jusqu’au Conseil Central de surveillance des établissements pénitentiaires, jusqu’à l’ONU… qui plaident tous pour des réductions immédiates du nombre de détenus dans les prisons ?
Faut-il s’étonner qu’en absence d’une réponse à ces appels, des détenus mettent le feu, des détenus se battent entre eux, des gardiens se font agresser ?
La grève des syndicats, annoncée pour le 12 au 19 avril, rendra la situation encore plus intenable. Une situation sanitaire qui risque à tout moment de devenir aussi grave dans les prisons que dans les homes, les maisons de repos et autres formes de détention.
L'isolement
La politique du gouvernement est double : quelques miettes pour calmer la colère, comme les 20 euros pour le téléphone, un petit mot de remerciements de la part du Roi pour remercier les détenus qui fabriquent des masques, tout en se dirigeant en même temps vers un isolement total des détenus. Silence radio pour les détenus quant à la propagation du virus au sein des prisons. Des détenus qui pourraient sortir de prison dans quelques semaines ou quelques mois doivent y rester. Des personnes qui sont en détention préventive (et donc présumés innocentes) y restent. Pour donner un exemple parlant : leur procès étant reporté jusqu’au 8 mai, les personnes inculpées pour être venues en aide et avoir hébergé des réfugiés (« trafic d’êtres humains » !), dont trois sont depuis 10 mois en détention préventive, restent en prison. Tandis que des hôpitaux et des maisons de repos lancent un appel à des volontaires pour renforcer les équipes médicales et de soins, les prisons font le contraire, elles se renferment complètement : les visites des familles ainsi que toutes les activités sont annulées. En plus, le personnel pénitentiaire étant à bout et déjà réduit pour cause de maladie, ceux qui travaillent encore se mettent en grève à chaque fois qu’un incident ou une agression se produit.
Moins catholique que le pape ?
Il suffirait de laisser parler le bon sens. Nous savons tous que la prison ne peut pas faire face au virus. Qu’il faut libérer des détenus. Lors de sa prière de l’Angelus du 29 mars, le pape, le guide spirituel du ministre Geens, s’est inquiété du sort des personnes vivant le confinement « en groupe ». En particulier celles « dans les prisons surpeuplées ». Et il a ajouté : « Je demande aux autorités d’être sensibles à ce grave problème et de prendre des mesures pour éviter les tragédies à venir ».
Ces personnes dont parle le pape font partie de ceux d’en bas. Partout la population carcérale est composée d’ouvriers, de chômeurs, de sans-profession, de sans-diplôme, avec, comme aux Etats-Unis, une surreprésentation des minorités « étrangères et/ou (d’origine) immigrées ». Serait-ce une des raisons du désintérêt pour cette population ?
Le contraste avec l’impunité et la liberté dont jouissent les criminels au sommet de nos sociétés, est révoltant. Aucun des criminels qui ont provoqué les crises financières comme celle de 2008, ce qui a entraîné des drames sociaux par milliers et des suicides par centaines, n’ont été mis en prison (sauf en Islande !). Impunité aussi pour ceux qui s’évadent avec leurs milliards vers les paradis fiscaux, privant ainsi nos sociétés des fonds nécessaires pour l’éducation, le logement ou les hôpitaux. Impunité aussi pour ceux qui sont responsables de ce système capitaliste mondial qui investit 1000 fois plus dans les armes, la guerre, les drogues et la destruction que dans le matériel et le personnel de soins.
Ceux d’en bas se trouvent dans des prisons, des lieux confinés, où les mesures contre la contamination du virus, recommandées à l’extérieur, sont impossibles à respecter. En temps normaux déjà, l’hygiène et les soins n’y sont pas assurés. Il y a les rats, les cafards, les punaises, les moisissures. Il y a une population carcérale dont une partie est âgée, malade, fragile, ce qui en fait un groupe extrêmement vulnérable.
Il faut donc libérer les détenus, comme le propose la Clac. Il faut désengorger immédiatement les prisons et libérer ceux et celles qui peuvent l’être, comme le disent d’autres organisations. Il faut écouter les messages et regarder les vidéos des détenus qui sortent de prison et y donner suite : gratuité du téléphone et de la télévision, possibilité d’utiliser Skype, comme aux Pays-Bas, mise à disposition d’un téléphone pour ceux qui n’en ont pas, comme en Espagne, renforcement des équipes médicaux et de soins, mesures supplémentaires l’hygiène pour les détenus, pas d’augmentation des prix de la cantine, grâce royale…
Utilisez vos pouvoirs spéciaux
Une crise sanitaire qui paralyse le monde ne demande-t-elle pas des mesures exceptionnelles ?
Vous venez de recevoir des pouvoirs spéciaux pour gérer la crise. Vous pouvez prendre des mesures exceptionnelles et ordonner la libération des détenus. Si vous n’en avez pas le courage, vous pouvez demander au Roi de prononcer une amnistie ou une grâce, comme c’était le cas jusque dans les années 90. Ce geste humain mettrait plus de détenus sur la bonne voie que de les faire subir des années de prison dans des situations intenables.
Prenons l’exemple du Portugal. S’il est vrai que ce pays compte 2000 détenus de plus dans ces prisons que la Belgique, il a au moins le mérite de suivre la recommandation de l’ONU de libérer des prisonniers. Le gouvernement portugais a décidé "de simplifier la procédure pour gracier des prisonniers par le Président de la République. D’accorder une grâce partielle pour les peines jusqu'à deux ans / ou pour les deux dernières années de détention - en sont exclus : les homicides et viols, abus de mineurs, violence domestique ou des crimes commis par des gens ayant exercés des fonctions de responsabilité (les hommes politiques, membres des forces de l'ordre, les magistrats, les militaires etc.). Les congés pénitentiaires passent de trois jours à 45 jours, au terme desquels les autorités judiciaires peuvent décréter la liberté conditionnelle". Tous les prisonniers libérés sont bien entendu soumis aux règles de confinement en vigueur.
Non, monsieur Geens, notre objectif immédiat n’est pas d’avoir 10.000 détenus dans les prisons belges, mais 5.611 !
En 2014, vous avez déclaré que votre ambition était, je cite : « d’arriver à faire descendre le nombre de détenus en-dessous de 10.000 ». D’abord, je n’ai toujours pas compris d’où vous sortez ce chiffre phare et ce qui vous fait dire que ce chiffre est un objectif. Vous avez oublié qu’en 1980, le nombre de détenus en Belgique était 5.611, c’est-à-dire la moitié. Pourquoi ce chiffre ne vous sert-il pas d’objectif à atteindre ?
Les Pays-Bas comptent 17 040 000 habitants. La Belgique en compte 11 400 000, c’est-à-dire 6 millions en moins. En dix ans, les Pays-Bas ont réduit leur population carcérale de la moitié : de 21 826 détenus en 2005 à moins de 10 000 en 2014. Selon les ministères de l'Intérieur et de la Justice des Pays-Bas « 27 établissements pénitentiaires et judiciaires jugés excédentaires ont été fermés depuis 2014 » Si le taux d’incarcération (le nombre de détenus sur 100.000 habitants) se situe entre 50 et 60 pour les Pays-Bas, celui de la Belgique tourne de 90 à 100, c’est-à-dire quasi le double !
Ensuite, depuis votre promesse, et malgré la construction de nouvelles prisons, malgré le transfert d’un nombre d’internés dans des institutions psychiatriques, ce chiffre n’est jamais descendu en-dessous des 10.000, à l’exception de l’été 2018. En 2019, il y avaient 10.556 prisonniers en moyenne dans nos prisons, avec un nombre de 10.883 en décembre 2019, le niveau le plus élevé depuis quatre ans. Nous avons toujours 1.862 détenus « de trop » dans les prisons. Pour 55 places à la prison de Ypres il y a 133 détenus. À Saint-Gilles, il y a 863 détenus pour 579 places. À Anvers, 717 prisonniers pour 413 places. À Malines 144 détenus pour 84 places. À Turnhout, 283 détenus pour 262 places.
Monsieur le ministre, que cette crise serve au moins à ramener le nombre de détenus au chiffre de 1980 !
Ce ne sera qu’un premier pas. Par après, la question se posera autrement.
Vers une société égalitaire !
Depuis quelques décennies le monde est victime d’une pandémie carcérale : de nouvelles prisons, centres de détention, camps pour réfugiés, murs… ont été érigés partout. Quand cette crise sera derrière nous, nous ne voulons pas retourner à ce qui était « la normalité ».
Le résultat de cette crise sera une confrontation. Entre ceux qui veulent sauver ce système par le renforcement de l’exploitation et de la répression, par l’augmentation du nombre de prisons et de prisonniers et de système de contrôle de toute une population, pour répondre à une misère et une révolte sociale qui s’annoncent. Et entre ceux qui veulent la fin de ce système capitaliste qui a prouvé sa faillite et qui font le choix d’une société égalitaire. Dans cette conception, l’abolition des prisons se posera. Il ne s’agira pas d’instaurer un régime d’impunité, il s’agira de nous défaire de notre addiction à la prison, de reconstruire des communautés solidaires qui cherchent ensemble des solutions pour prévenir le mal et le réparer autant que faire se peut. Il s’agira de s’appuyer sur les formes solidaires qui se développent entre les gens, de remettre la justice dans leurs mains en développant des formes de justice réparatrices, restauratrices et transformatrices.
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