mardi 5 décembre 2017

La prison comme laboratoire de maladies : Tuberculose, norovirus dans une prison anglaise gérée par G4S (1600 détenus). Et en Belgique ?

(photo la prison de Oakwood)

Sur le rapport sur la santé des détenus belges voir l'article de Annick Lovine paru dans Lalibre en bas..

SOURCE


Inmates struck down by TB and Norovirus at Oakwood Prison
By Jessica Labhart | South Staffordshire | News | Published: Dec 4, 2017

Cases of TB and norovirus have been reported at a Midlands prison.
HMP Oakwood in Featherstone, near Wolverhampton
One inmate at HMP Oakwood, in Featherstone, is suffering from tuberculosis and ‘around 30’ have the sickness bug.
G4S, the security firm that runs the prison, confirmed the case of TB last week.

The diagnosed inmate was immediately sent to hospital for treatment of the condition which spreads through people inhaling tiny droplets from the coughs or sneezes of an infected person.
It mainly affects the lungs, but it can affect any part of the body, including the stomach, bones and nervous system.

Now, G4S has confirmed that as well as screening inmates for TB, staff are dealing with an outbreak of the sickness bug norovirus, which has already affected 30 prisoners.
The firm says it has isolated the affected inmates to try and halt the spread of the winter vomiting virus too.

The category C male prison has more than 1,600 inmates.

Deputy director for HMP Oakwood, Sean Oliver, said: “We have identified one case of tuberculosis and the prisoner affected has received treatment at hospital and since returned to prison.
“The health of our team and the prisoners in our custody is our priority and alongside our healthcare provider, Care UK, we are liaising with Public Health England and screening those who may have been in close contact with the person affected.”
Symptoms of TB, according to the NHS Choices website are: “a persistent cough that lasts more than three weeks and usually brings up phlegm, which may be bloody, weight loss, night sweats, a high temperature, tiredness and fatigue, loss of appetite and swellings in the neck.”

Tests to find out if someone has the illness include a chest X-ray, blood tests, and a skin test.
National advice on how to tackle the condition states: “Always cover your mouth when coughing, sneezing or laughing.
"Carefully dispose of any used tissues in a sealed plastic bag. Open windows when possible to ensure a good supply of fresh air in the areas where you spend time and avoid sleeping in the same room as other people.”

Speaking of the issue of norovirus at the prison, deputy director Oliver added: “Around 30 prisoners in one of our house blocks contracted Norovirus this week. We are working closely with the prison’s Care UK healthcare team to treat the men affected.
“In order to prevent the illness spreading further, those men who are unwell are being kept in isolation and separate from the rest of the prisoners we look after.”
Symptoms of Norovirus include sudden feelings of nausea, projectile vomiting and diarrhoea.

The news comes as last year, prisoners were taken to hospital after falling ill after taking so-called ‘legal highs’ while serving time at the prison.
Earlier this year, a report by the Independent Monitoring Board (IMB) stated the prison had an ‘ongoing issue’ with drones flying in mobile phones and drugs to inmates.
The Ministry of Defence declined to comment.

Read more at https://www.expressandstar.com/news/local-hubs/wolverhampton/2017/12/04/break-out-of-tb-at-hmp-oakwood/#DZcj3IpqZi81KKPZ.99

Les détenus belges sont en mauvaise santé

ANNICK HOVINE Publié le mercredi 18 octobre 2017

Une étude publiée mardi montre qu’ils consultent un médecin 24 fois par an en moyenne. Contre 3 pour le citoyen lambda.
La prison rend-elle malade ? Un détenu consulte un médecin… 24 fois par an en moyenne, dont 18 fois un généraliste et 3 fois un psychiatre. 
Même si on sait que les détenus s’adressent au médecin pour des raisons non médicales (demander un matelas, évoquer un conflit…), la comparaison avec le citoyen lambda est éloquente. Hors les murs, les adultes (âgés de 20 à 50 ans) se rendent en moyenne trois fois par an chez leur médecin de famille, selon l’enquête de l’Institut scientifique de santé publique (ISP) réalisée en 2013. Autre indication : à peine la moitié des personnes incarcérées (51,2 %) déclarent être en bonne santé, pour trois quarts de la population moyenne.

Ces quelques données sont extraites d’un rapport, rendu public mardi, par le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE). Aujourd’hui, c’est le SPF Justice qui finance les soins, détermine le cadre de travail, les procédures et même les quotas d’heures de consultation ! Il existe une volonté politique de les transférer vers le SPF Santé publique. Le Centre fédéral d’expertise a été chargé de faire une analyse critique de l’organisation des soins de santé dans les prisons belges et de proposer des scénarios pour le futur (lire ci-contre).

Où est le psychiatre ?

Six équipes de 30 chercheurs ont ainsi pris le pouls des détenus dans les 35 prisons du pays entre avril 2015 et avril 2016. Leur diagnostic est sombre : bon nombre de prisonniers sont en mauvaise santé, souffrant de troubles psychiques, de maladies infectieuses (tuberculose, HIV…) et d’assuétudes.
Ceux qui sont restés en prison au cours de toute la période ont quasi tous (94 %) reçu au moins une prescription médicale, précise l’étude. Pour quels maux ? Les problèmes de santé mentale arrivent en premier : 43 % des prescriptions concernaient des antidépresseurs et des anxiolytiques. On constate pourtant "une quasi absence de contacts avec un psychiatre" dans certaines prisons, disent les chercheurs. Une observation confirmée au cours des entrevues avec les médecins durant leurs visites.

Conflits de loyauté

En principe, les détenus ont droit à des soins de qualité équivalents à ceux qui sont prodigués à l’extérieur par des prestataires de soins indépendants. On en est loin. Pas question de mettre en cause les personnels de santé qui, "avec les moyens du bord", assurent un travail qui mérite considération et respect. Ce sont plutôt les conditions dans lesquelles ils doivent exercer qui posent problème et génèrent des conflits de loyauté. Exemple ? Les médecins des prisons sont impliqués dans les procédures disciplinaires. La direction doit demander l’avis préalable d’un médecin, qui est parfois… le médecin traitant de l’intéressé, avant une mise en isolement.
Les détenus doivent demander une consultation chez le médecin via un formulaire à remettre à un agent pénitentiaire. Où est la confidentialité ? Pour les urgences, il n’existe pas de système de garde uniformes; le "check-up" d’entrée n’est pas assez approfondi; il n’existe pas de dépistage systématique des maladies infectieuses; la distribution des médicaments ne respecte pas toujours les horaires d’administration ni le dosage par prise…
Le rapport pointe encore l’insuffisance de gestion centralisée des soins, la pénurie de prestataires et les retards de paiement des médecins - ceci expliquant d’ailleurs sans doute cela.

La réforme ne sera pas simple

Il faudra beaucoup d’énergie et des ressources supplémentaires pour hisser la Belgique "hors de la zone d’infamie" des statistiques internationales, pointent Raf Mertens et Christian Léonard, directeur général et directeur général adjoint du Centre fédéral d’expertise des soins de santé. "Ce ne sera pas une réforme facile : la culture pénitentiaire n’est pas nécessairement compatible avec celle des soins", pronostiquent-ils.
D’autant que le transfert des soins de santé pénitentiaires de la Justice à la Santé publique ne sera pas budgétairement indolore. Si le KCE n’a pas trouvé de données précises concernant le coût d’une telle opération dans les pays qui ont déjà procédé au basculement, les dépenses de soins de santé aux détenus y ont augmenté… de 20 à 40 %. De quoi faire vaciller la volonté politique ?

Huit fois plus de suicides en prison

Pour la réforme des soins de première ligne, le KCE a retenu deux scénarios. Un : le maintien du système actuel, mais sous l’égide du ministre de la Santé publique. Deux : un système, également sous la tutelle de la Santé publique, où les prestataires de soins (généralistes, infirmiers, psychologues, psychiatres, kinés, dentistes…) fonctionneraient dans une dynamique interdisciplinaire, sous la coordination du généraliste. Une majorité des intervenants marque leur préférence pour ce second scénario.
La balle est désormais dans le camp des décideurs. Si la politique pénitentiaire relève toujours du fédéral, l’offre de services aux détenus a été transférée aux entités fédérées par la sixième réforme de l’Etat. C’est dans ce cadre que le ministre des Maisons de Justice, Rachid Madrane (PS), a initié lundi une Conférence interministérielle sur l’aide derrière les barreaux. "Les détenus sont des citoyens à part entière", rappelait-il à l’issue de cette rencontre. Le plan d’action mis au point par les 13 (!) ministres francophones concernés inclut notamment la prévention de maladies infectieuses (comme le sida) et la santé mentale. Indispensable quand on sait que le taux de suicide est huit fois plus élevé en prison qu’à l’extérieur.
Annick Hovine

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