lundi 23 juillet 2012

Hicham Bouhali Zriouil, un volontaire belge pour l'Afghanistan, condamné au Maroc à 20 ans de prison.


Photo : Hicham et ses quatre enfants.

Luk Vervaet
Hicham Bouhali Zriouil est né à Deurne, une commune d'Anvers (en Flandre, Belgique néerlandophone). Enfant, il obtient la nationalité belge après la naturalisation de son papa Ahmed, qui s'est installé ici en 1976. Aujourd'hui, Hicham, Belgo-Marocain de 33 ans, purge depuis l'année passée une peine de vingt ans de prison au Maroc pour avoir participé à la « filière afghane de Malika Al Aroud ».
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et l'adoption aux États-Unis et en Europe de lois antiterroristes qui ont suivi, chaque personne qui part pour le front afghan du côté des insurgés est considérée comme un terroriste et un criminel. Tout appel à aller se battre contre l'occupation en Afghanistan ou en Irak ne fait plus partie de la liberté d'expression, mais est devenu un acte terroriste et criminel. Ainsi, en Belgique, les deux principaux inculpés de la « filière afghane » ont été condamnés à huit ans de prison. D'autres inculpés ont été mis en liberté conditionnelle pour « manque de preuve sur leur complicité », ou sont en liberté portant un bracelet électronique. Mais, quand il s'agit de punir, à part les États-Unis, aucun pays ne fait mieux que le Maroc. Jugé en Belgique, par défaut, à 5 ans de prison, Hicham reçoit 20 ans de prison ferme au Maroc pour les mêmes faits.

J'ai parlé longtemps avec Ahmed, le père d'Hicham. Nous avons retracé l'histoire de son fils. Elle reste pour l'instant incomplète, partielle, avec beaucoup de zones d'ombre. Ce qui est sûr, c'est que Hicham, Ahmed et leurs familles belgo-marocaines tranquilles et paisibles pendant plus de 25 ans, ont été emportés par les vagues de la guerre antiterroriste mondiale.
Ahmed, un travailleur immigré en Belgique

Ahmed, le père d'Hicham, cadre supérieur dans une banque durant toute sa vie active, est venu en Belgique pour travailler et pour se perfectionner dans son domaine professionnel. Mais sa motivation pour émigrer du Maroc était aussi d'assurer à sa fille handicapée, née en 1976, les meilleurs soins possibles. Soins qu'elle ne pourrait pas recevoir au Maroc.

Avant de s'installer à Bruxelles, où il vit aujourd'hui avec sa famille dans la commune d'Anderlecht, Ahmed était devenu plus Flamand que moi. Il peut me citer toute une série de communes et de petites villes de Flandre qu'il a parcourues pour son travail et que je n'ai jamais visitées ou dont j'avais même oublié l'existence. Sportif, il avait joué dans plusieurs clubs de football aussi bien au Maroc qu’en Belgique. Ahmed arbore une écriture calligraphique ; les cours qu'il a suivis chez le maître incontesté dans ce domaine en Belgique, le Palestinien Michel Najjar, ont laissé leurs traces.

Le 28 juillet 1979, Hicham est né à Anvers

Hicham est le troisième des enfants d'Ahmed. Quand il a 7 ans, l'âge ou il va entamer ses études primaires, il passe quelques années au Maroc avec son frère et sa sœur chez ses grands-parents. La grand-mère est malade et ne pouvant pas être à leurs côtés lui-même, Ahmed essaie de leur assurer un peu de bonheur et de joie en mettant leurs petits-enfants chez eux.

De retour en Belgique, jeune garçon normal et sans histoires, Hicham fait ses études à l’Athénée Royal Paul Delvaux à Bruxelles. Bon élève, Hicham obtient son diplôme du secondaire supérieur. Il s'inscrit à l'Institut Paul Lambin, Haute Ecole Léonard De Vinci (Université catholique de Louvain), où il commence des études en biologie médicale. Il veut devenir chercheur et il finit deux ans d'études avec succès.

Le tournant


En 2003, Hicham a 24 ans, sa vie va prendre un tournant. Hicham se marie. Devenu père de famille, il arrête ses études pour aller travailler et entretenir sa famille. Il frappe à toutes les portes. A la poste, à la police, où il réussit 4 de la série des 5 examens pour devenir inspecteur. Il sera refusé lors de la dernière session orale. Il finira comme serveur dans un snack. « C'était un moment très difficile sur le plan professionnel. J'ai mis un appartement à titre gracieux à la disposition de mon fils et sa petite famille. Heureusement que je l'ai soutenu à ce moment-là. Je me souviens qu'Hicham m'a dit : j'en ai marre, qu'est-ce qu'on fait ici ? on n'a rien ici. Je ne sais pas si nos politiques se réalisent la gravité de la situation et la part de responsabilité de la société en abandonnant les jeunes issus de l’immigration. Cette attitude expose ces jeunes à devenir une proie facile pour des groupes intégristes et ou à les encourager d’avantage à la délinquance lorsqu'ils ne trouvent pas de boulot. Si la société intervenait correctement au niveau de l'éducation, de l'emploi, du racisme et des discriminations, je ne dis pas que tout serait réglé, mais elle pourrait réduire les problèmes au moins à 30% de ce qu'on connaît aujourd'hui », me dit Ahmed.

Jusque-là, Hicham était un croyant modéré et pratiquant. Petit à petit, il va s'intégrer dans un milieu plus radical aussi bien au niveau politique que religieux. Il commence à être plus engagé, plus sceptique. Il ne va plus accepter ce qui se passe en Palestine, ni en Irak et en Afghanistan, suite à l’agression des Américains contre ces pays.

Le départ pour l'Afghanistan

Hicham a déjà quatre enfants quand la possibilité se présente, pour lui et ses amis, de partir comme volontaire en Afghanistan. Avec deux autres Belges et un Français, il décide de partir pour le front, pas du côté des américains, mais du côté des insurgés. Il ne dit rien à ses proches car il est très attaché à sa maman. Il ne veut pas lui faire de la peine par son choix difficile. Le 7 décembre 2007, il l’informe qu'il part quelques jours en France pour un tournoi de Taekwondo. Les jours passent et puis il n'y a plus de nouvelles. Du fait de cette disparition soudaine, l'inquiétude et la souffrance s'installent dans la vie de la famille pour ne plus jamais la quitter. Après quelques semaines, Hicham téléphone pour dire que tout va bien. Il envoie un mail à son frère l’informant qu’il est parti pour un but commercial en Turquie et en Syrie. Et puis, il n’a plus donné signe de vie.

« La filière afghane »

En 2010, le nom d'Hicham apparaît dans la presse dans le cadre du procès de « la filière afghane de Malika Al Aroud ». A l'issue de ce procès, Hicham est condamné à 5 ans de prison. Selon les aveux d'un co-inculpé présent au procès, l'aventure afghane a été un véritable calvaire. La désorganisation totale, leur manque d'expérience et le fait que les Talibans ne voulaient pas d'eux, ont fait que les volontaires belges n'ont pas participé à des opérations militaires. Trois jeunes, dont Hicham, décident de rentrer. L'un décide de rester et il laissera sa vie dans les combats. Hicham n'arrivera pas jusqu'en Belgique, il restera bloqué en Syrie.

A l'issue du procès en Belgique, en mai 2010, les peines prononcées par le tribunal en première instance sont de 8 ans pour les deux principaux inculpés, quatre autres écopent de 37 mois de prison ferme ou de 40 mois de prison avec sursis. Hicham n'est pas présent à ce procès. Il n'est même pas défendu par un avocat. Il est condamné par défaut à 5 ans, et, selon la presse, depuis lors, « il est activement recherché à l’échelon international ». Deux des inculpés dans ce procès iront en appel contre leur condamnation, mais en décembre 2010, les peines seront confirmées. « Mais même si ces peines sont extrêmement lourdes, elles seront bien la preuve que la justice belge était plus tolérente et clémente que la justice marocaine », me dit Ahmed.

Arrêté en Syrie et extradé vers le Maroc

En 2011, en plein Ramadan, la famille reçoit un coup de fil venant de Syrie pour leur dire qu’Hicham y a été arrêté. Après avoir contacté les autorités belges en Syrie, le Consul général belge assure la famille qu'il a pris les choses en main. Il a retrouvé Hicham. Il n'a pas été torturé, ni physiquement, ni psychologiquement. Les autorités belges en Syrie informent la famille qu'elles préparent son extradition vers la Belgique : « Dans une semaine, maximum dix jours, il sera en Belgique ». Après une semaine d'attente, le Consul général annonce que les choses se compliquent : Hicham serait recherché par plusieurs États et le Maroc devance la Belgique. Contre toute logique, Hicham ne sera pas extradé vers la Belgique, son pays natal où il vient d'être condamné à 5 ans de prison. En octobre 2011, il est extradé, par la force et pour des motifs qu’on ignore, vers le Maroc. Pourquoi Hicham a-t-il été extradé vers un pays qui n'est pas le sien et qui n’est concerné par cette affaire ni de prés ni de loin? Pourquoi est-il jugé là, pour des faits qui n'ont rien à voir avec le Maroc, mais qui se seraient passés en Afghanistan ?

La raison reste jusqu'à présent inconnue. Ce qu'on peut dire avec certitude, c'est que la présence d'agents du FBI a été signalée aussi bien lors de son procès en Belgique qu'au Maroc. Hicham n'aurait pas pu être inculpé sans l'aide des Américains. Faute d'avoir pu mettre la main sur lui, il est fort probable que ce sont les services américains qui ont décidé de l'extradition de Hicham vers le Maroc et son jugement, pays qu'ils ont utilisé à maintes reprises comme base intermédiaire (notamment de torture) pour les détenus arrêtés en Afghanistan et dirigés vers le camp de Guantanamo. Au Maroc, au moins, les Américains avaient la garantie qu'Hicham serait puni de la manière la plus sévère.

Comme dans nombre de cas d'extraditions où les terroristes servent de monnaie d'échange entre les pays, ce sont aussi les rapports de force à un moment donné qui décident des extraditions. Est-ce que le fait que la Syrie était en conflit avec l'Europe sur la question de la répression du mouvement de contestation) a poussé la Syrie à extrader Hicham vers le Maroc, et pas vers un pays occidental ?

La condamnation au Maroc à 20 ans de prison ferme

Une fois arrivé au Maroc - selon le scénario bien connu suite aux dérives marocaines en matière de la lutte antiterroriste et de la volonté marocaine de plaire aux Etats-Unis, Hicham est pris en main par le juge antiterroriste marocain Chentouff. Il est interrogé pendant plus d’une semaine. Les services secret marocains trouvent et ajoutent des inculpations que d'autres services secrets n'auraient pas su trouver avec la meilleure volonté du monde : ils accusent Hicham d'avoir assisté à des attaques contre des militaires américains. Il n'y a que les Américains qui peuvent avoir fourni ce genre d'information. « Mais si c'était vrai tout ça, est-ce que vous croyez vraiment que les Américains ne l'auraient pas exécuté, ou kidnappé et transféré à Guantanamo ? », me demande Ahmed. On aurait pu croire qu'on allait trouver dans le texte du jugement le nom d'une victime américaine, une arme du crime ou, au moins, quelque chose de précis et de concret. Mais rien de tout ça. Hicham est condamné à 20 ans de prison ferme sur base des déclarations formulées par les services secrets marocains, sous la menace et en absence des preuves matérielles justifiant le fond de ce jugement. Ce jugement, le voici : « La formation d'un groupe terroriste en vu de commettre des actes terroristes et l’agression intentionnelle de la vie d'autrui et à leur sécurité. L'atteinte à la sûreté nationale, l’incitation et l'intimidation et la violence. L'incitation d'autrui à commettre des crimes terroristes ».

Après la lecture de ces lignes, Ahmed lève les bras : « Mais de quel groupe de terroristes parle-t-on ? Si c'est le même groupe que celui en Belgique, alors Hicham a été condamné deux fois pour les mêmes faits, ce qui n'est pas admis par la justice internationale. S'il s'agit d'autres personnes : la justice marocaine est-elle en possession d’une liste faisant apparaître les personnes qui ont été incitées par Hicham à commettre des actes terroristes ? Hicham s’est présenté seul devant les jurys lors des deux audiences du procès, alors où sont-ils, ces autres personnes qu'il a incité à commettre des crimes terroristes ? Comment Hicham peut atteindre à la sureté nationale marocaine alors qu’il ne s’est pas rendu au Maroc depuis juillet 2005 ? »

Après sa condamnation Hicham est enfermé dans la prison de Salé II.

Dans les mois qui suivent il participe à une grève de la faim, qui a duré 40 jours, contre les conditions de détention. Dans un état grave, après cette grève, il ne reçoit pas les soins médicaux nécessaires. Il est transféré vers la prison de Tiflet où ses conditions de détention se sont améliorées. Ahmed : « Je saisis l'occasion pour rendre hommage au directeur de cette prison qui traite les détenus avec humanisme contrairement à ce qui ce passe dans d’autres prisons, notamment celle de Salé 2, Toulal 2 et récemment la prison de Oukacha ».

Aujourd'hui, la famille d'Hicham et un groupe d'amis ont décidé de s'engager pour qu'Hicham puisse être transféré du Maroc vers la Belgique. Pour qu'il puisse purger sa peine ici, dans son pays natal et près de sa famille et de ses quatre enfants.

La famille a besoin d'un soutien moral, mais aussi financier pour pouvoir assurer la défense d'Hicham dans les mois qui viennent.

Un procès en appel, équitable, en présence d'un avocat, s'impose.

vendredi 6 juillet 2012

Guantanamo “Is Not an Aberration”: How the War on Terror Came Home

Source








July 6, 2012

by Jean Casella and James Ridgeway


An important new article by Laura Rovner and Jeanne Theoharis appears in the current issue of American University Law Review. Both Rovner and Theoharis have been deeply involved in the issue of solitary confinement: As director of the Civil Rights Clinic and the University of Denver’s Sturm College of Law, Rovner has overseen several challenges in the federal courts to the use of long-term solitary confinement, both at the federal supermax known as ADX Florence and at the Colorado State Penitentiary. Theoharis, a professor of political science at the City University of New York, is co-founder of Educators for Civil Liberties and has written and advocated on behalf of her former student Syed Fahad Hashmi. Arrested in 2006, Hashmi was held in pre-trial solitary confinement under “Special Administrative Measures” (SAMs) in Manhattan’s Metropolitan Detention Center for nearly three years before pleading guilty to conspiring to supply material support to a terrorist organization (largely in the form of clothing), after which he was again placed in extreme solitary confinement, at ADX Florence.

The Hashmi case forms the core of the new article, titled “Preferring Order to Justice.” Rovner and Theoharis point out that “In the decade since 9/11, much has been written about the ‘War on Terror’ and the rights violations of people detained at Guantanamo, in naval brigs, or subjected to rendition and torture in CIA black sites.” They continue:

In challenging these detentions, advocates for the detainees focused their efforts on federal court habeas review, and more recently, as prosecutions of Guantanamo detainees have resumed, many commentators have invoked the federal courts as exemplars of justice, contrasting them to military commissions. Because of the prioritization of advocacy around Guantanamo detainees, many human rights groups and advocates have been reluctant to scrutinize and to speak out against the practices used in those courts for fear of giving ammunition to conservatives and contradicting their own message to bring the Guantanamo detainees into the system. The federal courts are thus often referenced as the “gold standard” of American justice and held up to show what due process looks like when it is done right.

But todays federal courts are far from being “exemplars of justice,” the authors argue, especially when it comes to trying terrorism-related cases. Instead, while the attention of advocates has been focused on rights violations at “such places as Guantanamo, Abu Ghraib, and Baghram,” the federal system here at home has been “similarly infected”–to such an extent that it now provides little real justice.

[T]he deference to assertions of national security that degraded protections for detainees at Guantanamo has similarly degraded the protections for defendants within the federal system. Guantanamo (without the accent) is more than a prison in Cuba; it represents a particular way of seeing the Constitution, of constructing the landscape as a murky terrain of lurking enemies where rights must have substantial limits and the courts must be steadfast against such dangers.

While many scholars and human rights advocates have elegantly demonstrated the dangers of these paradigms at work in the justification and maintenance of Guantanamo and the continued detention of 169 men there, this Essay argues that the federal system is similarly infected by such paradigms…

This Essay’s thesis is that the preponderance of attention to places such as Guantanamo, Abu Ghraib, and Baghram and policies such as rendition, military commission trials, and indefinite detention overshadow the rights violations endemic to the federal system, with particularly severe impact over the past decade on Muslims facing terrorism-related charges. The lack of public attention to these issues stems in part from a post-civil rights paradigm that assumes the legal system in the United States is now relatively incorruptible, making it necessary to go outside of U.S. legal jurisdiction to circumvent the conundrum of the rights of terrorism suspects.

Accordingly, much of the focus on post-9/11 justice issues has framed the problem and solution around Guantanamo: the prison must be closed and the people either tried or released. While certainly a crucial part of the solution, this view of Guantanamo as a discrete space and process—not just offshore, not just outside the rule of law, but contained—is extraordinarily. Many civil libertarians fear that raising questions about the fairness of the federal system will only embolden conservative pressure for military commissions.

However inadvertent, this has obscured the devolution of rights protection for people accused of terrorism-related charges here at home, the schisms of race and class that have long riven the criminal justice system and the disparate justice it produces, and the ways that the prison at Guantanamo Bay is not an aberration but part of a larger way of thinking about rights and security.

An examination of the Hashmi case, Rovner and Theoharis contend, ”reveals a series of rights deprivations by government officials that not only undermine the idea of fairness of the federal system, but are all the more insidious because they are sanctioned—indeed at times created—by the law itself…Fahad Hashmi’s case demonstrates that having a legal process in a terrorism case is not the same as having a just process; indeed, it shows that the fact of a legal process can be a mechanism for enabling injustice.”

The lengthy article tracks the case in detail, pointing out that at every stage, violations of Hashmi’s rights “happened in daylight, were justified by the government’s assertion of national security, and were upheld by the court.” What’s more, these things took place ”in New York, just a dozen miles from where Hashmi grew up, and not in a place like Guantanamo, where individuals were held and abused in a zone that was believed to be outside the reach of U.S. law.” The case, they conclude, “reveals that this was not an unfortunate or aberrational occurrence. Rather, it demonstrates how the rights protections of Muslims accused of terrorism-related crimes in post-9/11 America can be and have been treated as expendable.”

Of particular interest to opponent of solitary confinement are sections on the long-term isolation Hashmi endured pre-trial, and how it functioned as an instrument of coercion, undermining due process rights:

What is especially troubling about the use of pretrial isolation is its potential as a coercive tool. Although public debate has circled around the efficacy of using torture for gathering intelligence, inhumane treatment—particularly the use of prolonged solitary confinement—can be an effective means to secure convictions. These methods can psychologically break down the accused, making it difficult for them to participate effectively in their own defense. It does so by severely impairing detainees’ mental health, compromising their ability to focus, and making them more willing to fire their lawyers or interrupt their own trials with impromptu harangues. In turn, authorities can use behavior problems caused by prolonged isolation to justify imposing further draconian conditions. And the conditions make it more likely that people will take a plea rather than risk a lifetime in such isolation.

Hashmi did indeed take a plea–and was promptly shipped off to ADX to serve out his 15 years under similar conditions of isolation–conditions which are, the authors point out, more likely to be imposed on Muslims than on non-Muslims convicted of terrorism-related charges. And once again, the courts offer no recourse, since they have largely failed to find any Constitutional violations in the imposition of virtually indefinite solitary confinement.

At the end of this sobering article, the authors warn that ”as such rights violations occur as part of the federal process and are sanctioned by the courts, they become woven into the fabric of the justice system. And as they become more ingrained in the fabric itself, the violations are not only harder to see, they are also harder to remove, affecting not only those charged with and convicted of terrorist-related crimes in the [federal] courts, but also the Constitution itself.”

mercredi 4 juillet 2012

Petition a signer en soutien a la demande de grace partielle pour ISMALIA DIOULDE detenu a la prison du Muret




Ismalia Dioulde, 33 ans, condamné à 21 ans de prison, est incarcéré depuis 9 ans déjà. Détenu à la prison du Muret, en Haute-Garonne, il a décidé de faire une demande de grâce partielle.

Il a été condamné par la Cour d’Assises des Yvelines à la peine de 9 ans de réclusion criminelle puis à nouveau condamné par la Cour d’Assises de l’Oise le 23 mars 2007 à la peine de 12 ans de réclusion criminelle. Alors que tous les actes pour lesquels il a été condamné sont intervenus au même moment, en 2003, la demande de confusion des peines présentée en juillet 2007 lui a été refusée. Ce refus s’est notamment fondé sur une « expertise psychiatrique », dénuée de tout fondement, sur sa présumée « dangerosité ».

Ismalia Dioulde va donc demander une grâce partielle, dans le but d’obtenir, graduellement, des permissions de sortir et une libération conditionnelle avec promesse d’embauche. Cette grâce pourrait correspondre à la peine d’emprisonnement de 9 ans prononcée par la Cour d’Assises des Yvelines.
Ismalia Dioulde se refuse au mouroir des longues peines, et a choisi le stylo comme moyen « d’évasion », comme il le dit lui-même.
Chaque jour de cette peine, il multiplie les preuves qu’il tient encore debout, qu’il refuse de se laisser écraser par les machines judiciaires et pénitentiaires.
Cette demande de grâce partielle fait partie de cette volonté générale.

IL A BESOIN DE VOTRE SOUTIEN ET DU PLUS GRAND NOMBRE DE SIGNATURES POUR POUR APPUYER CETTE DEMANDE DE GRÂCE PARTIELLE. 

SOLIDARITÉ AVEC TOUS LES ENFERMÉS !
Vous pouvez aussi lui écrire :
Ismala Dioulde (9475)
Centre de Detention de Muret
Route de Seysses
31605 Muret






mardi 3 juillet 2012

Lynne Stewart, avocate, 70 ans, 10 ans de prison pour avoir cité son client Omar Abdel Rachman (English)

Court Confirms Ten-Year Sentence for Lynne Stewart
 
BY JEFF MACKLER
 
The U.S. Court of Appeals for the Second Circuit today confirmed the 2010 decision of Federal District Court Judge John Koeltl to change his 28-month jail sentence for radical attorney and human rights activist, Lynne Stewart, to ten years. The court's June 28, 2012 decision was not unexpected.
 
Following federal prosecutors' appeal of what was widely considered a "lenient sentence," the Second Circuit all but ordered a compliant Koeltl to re-sentence Stewart and harshly. Koeltl did just that forcing Stewart to appeal to the very court that originally pressured Koeltl, in what was widely considered a "career decision" to do Stewart great harm.
 
Stewart was convicted at an outrageous 2005 New York frame-up trial on five counts of conspiracy to aid and abet and provide material support to terrorism. Her crime? Representing the "blind Sheik," the Egyptian cleric, Omar Abdel Rachman, who has also been convicted on trumphed-up conspiracy charges, Stewart issued a press release from her client stating his views on how Egyptian Muslim oppositionists should react to the ongoing crimes and murders of Egypt's then President Hosni Mubarak.
 
Stewart was convicted of violating a vaguely-worded court-ordered SAM (Special Administrative Measure) that barred her from revealing her client's opinions. The penalty for such violations had traditionally been a mild slap on the wrist, perhaps a warning to not repeat the "violation" and to bar attorney-client visits for a few months. Stewart, barring an unlikely Supreme Court reversal, will now serve her ten-year sentence with perhaps a one-year or ten percent reduction for "good behavior." She is presently incarcerated at FMC Carswell in Fort Worth, Texas.
 
Koeltl's original 28-month sentence statement, in the face of federal prosecutors demanding 30 years, noted that Stewart, known for representing the poor and oppressed for three decades with little financial remuneration, was a "credit to the legal profession." Stewart served as lead  counsel for her client along with former U.S. Attorney General Ramsey Clark, who testified on her behalf during the trial. Clark himself has issued similar press releases with no punishment. Indeed, an indignant prosecutor during Stewart's trail suggested that Clark himself be charged with conspiracy, but his superiors decided that imprisoning the nation's former top attorney was not yet in their game plan and the suggestion was ignored.
 
The Second Circuit decision was based on the allegations that Stewart demonstrated insufficient deference to the original sentence. The court claimed that her statement to the media immediately following her sentence that, "I can do 28 months standing on my head" demonstrated contempt for the legal system. I was standing next to Stewart at that moment and was saw nothing other than a great expression of relief that she would not be sentenced, in effect to death, based on the 30 years that federal prosecutors sought. Stewart entered the sentencing hearing on that day, totally ignorant of whether her sentence would be the deeply punishing 30 years demanded by the federal prosecutors or perhaps something that she, 70 years old at the time, could "live with" and look forward to a normal life. She carried  nothing but a plastic bag, some medicines and a toothbrush.
 
The Second Circuit also too umbrage at Stewart's courageous statement when she took the stand to make her closing remarks. Her attorney at that moment, Michael Tiger, asked, referring to Stewart's issuing the press release on her client's behalf, "Lynne, if you had to do it all over again would you do the same thing?" With a tear in her eye, Stewart stated, "I would hope that I would have the courage to do it again, I would do it again." Stewart also insisted that her sworn duty to represent her client had to weighed against the formalities of laws or court orders that prevented such diligent representation.
 
This refusal to bow to authority, to show the "required deference" to legal bullies with power, outraged her persecutors, who sought vengeance in the rigged criminal "justice" system.
 
Stewart's now rejected appeal argued three essential points:
 
I.  In relying on Lynne Stewart's public statements to enhance the original sentence of 28 months, her First Amendment rights were abridged
II. The fourfold increase in the sentence was substantively unreasonable and failed to balance her lifetime of contribution to the community and country with the criminal act of which she was convicted.
III The Judge's findings of Perjury and Misuse of her position as an Attorney on which he also based the increase, were error.
 
"Free Lynne Stewart" must remain the rallying cry of all those who cherish civil liberties and democratic rights. Stewart, like so many others, but perhaps among the first tier, was a victim of the government-promoted malicious and murderous "war on terror" aimed at stifling all dissent  and imprisoning the innocent to justify its wars against working people at home and against the oppressed and exploited across the globe.
 
Write Stewart at:
 
Lynne Stewart 53504-054
FMC Carswell
P.O. Box27137
Ft. Worth, Texas
 
Contributions can be made payable to the:
Lynne Stewart Organization
1070 Dean Street
Brooklyn, New York 11216
 
Jeff Mackler is the West Coast Coordinator of the Lynne Stewart Defense Committee
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Thanks, Carole Seligman for this Autobiographical statement from Lynne Stewart (12/11)

My name is Lynne Stewart and I am currently jailed by the US government at, Federal Medical Center, a medical prison in Texas.  I am serving a ten year sentence.  Before this I was a top criminal defense lawyer in New York City for many decades.  
Like so many others, I came to "the city" from  somewhere else --not Kansas or Iowa, but only a subway ride away -- Eastern Queens, white Queens of the nineteen fifties.  In l961 I lived with my infant daughter, Brenna, on Broome Street near Pitt with a view of the Williamsburg Bridge.  The Lower East Side was the beginning of a post graduate education which was advanced in depth and racist  enlightenment the following Fall when I began as an elementary school librarian in the heart of Black Harlem. My experiences there and as part of the activist militant movement of the 1960s -- particularly community control of schools; anti Viet Nam war, my meeting and partnership with Ralph Poynter, my husband; my subsequent move to PS 64 on 9 Street and Avenue C and the challenge of fighting the problems of my own neighbors and community -- all contributed to changing a very savvy innocent into a woman warrior for people's and particularly children's rights.  
By the early '70s the thrilling spirit of the 60's, and particularly our struggle around the schools, was dying -- co-opted and blatantly coldly bought off.  "Comrades" we thought were at the barricades shoulder to shoulder with us, were more interested in a job or an apartment or a political appointment than in saving the children, even their own.  (The beginning of the "I got mine" mentality that has morphed into the privileged 1%.)  I was in a quandary: Should I squander my talents shoring up an educational system that was racist and doomed children to future failures or should I move on? 
I will never forget the day I went, after school, to his storefront motorcycle shop to talk to Ralph.  I told him that I felt if I remained in the school system I would end up an eccentric, a shopping bag lady, driven mad by the daily wanton cruelty and racism.  He said, "Well, what do you want to do?" (At that moment, I had two children and he had four and I was expecting our youngest. He had a struggling small business.)  I said "You know I always wanted to be a lawyer, go to law school."  He said, with no hesitation, "Then I guess you better do it." And I did.  Our baby girl was born in April 1971. I started Rutgers Law School with a scholarship (a full ride, as the young people say today) in September, and was fortunate to find Arthur Kinoy, a renowned Constitutional law scholar and a warrior of the Civil Rights legal struggle in Mississippi, as a teacher.  Thirty years later when the government came after me, Arthur accorded me my highest accolade when at a public rally he said I was the Peoples' Lawyer.  And I was.
I don't want to present my career to you -- that's for another day. I can say that for thirty years I practiced law as I lived my life according to principles of love and service, that which we talk about every Sunday at St. Marks, the "do unto others" and the "love your brothers and sisters as yourself," and according to the principles of Justice that have become part of my life from my years of Political Struggle. I had a forum to fight in -- the courtroom -- and I loved every minute of it.
Many of you know that the U.S. came after me for being too good a lawyer for my clients, and when representing Dr. Omar Abdel Rahman, an Egyptian Muslim cleric, accused of terrorism on the word of a double agent, I made a press release to Reuters News on his behalf.   He had been a leader in the anti-Mubarak, free Egypt movement for twenty years and the news release was to express his views of the current situation in Egypt, publicly.  For this I was convicted of aiding terrorism.  It is a joy to me that the Arab Spring that ousted Mubarak and the continuation of the Egyptian quest for true democracy has put the lie, and the shame to the U.S. government.
When I spoke earlier of the philosophy I espoused during my career,  I think it was best expressed in a speech I gave  to the National Lawyers Guild Convention.  I stated the following;
We have formidable enemies not unlike those in the tales of ancient days. There is a consummate evil that unleashes its dogs of war on the helpless; an enemy motivated only by insatiable greed, with no thought of consequences. In this enemy there is no love of the land or the creatures that live there, no compassion for the people. This enemy will destroy the air we breathe and the water we drink as long as the dollars keep filling up their money boxes.
...we have been charged once again, with, and for, our quests, ... to shake the very foundations of the continents.
We go out to stop police brutality - To rescue the imprisoned - To change the rules for those who have never ever been able to get to the
starting line much less run the race, because of color, physical condition, gender, mental impairment.
We go forth to preserve the air and land and water and sky and all the beasts that crawl and fly.
We go forth to safeguard the right to speak and write, to join; to learn, to rest safe at home, to be secure, fed, healthy, sheltered, loved and loving, to be at peace with ones identity.
... Our quests are formidable. We have in Washington a poisonous government that spreads its venom to the body politic in all corners of the globe. We have war - big war in Iraq, big war in Afghanistan, smaller wars in Columbia, Central Africa, Southeast Asia. We have detainees and political prisoners at home and now ... we have those Democratic and Republican conventions and then an election, with the corporate media ready to hype the results and drown out the righteous protests."
We still have quests and they are not those that can only be accomplished by lawyers. They are for everyone.  I am still fighting from inside the prison -- speaking out for the underdogs and those who are always kicked to the curb.  
I want to be in the real world (although this is real enough) to be able to organize everyone to the terrible torture and tragedy of prisons and particularly, the brave men and women, of the struggles of the '60s who are held in the harshest conditions and have been for 30 or more years --to name a few, Sundiata Acoli, Leonard Peltier, Mumia Abu-Jamal, Jaan Laaman, Mutulu Shakur, Herman Wallace and Albert Woodfox.  Many more political prisoners are listed on the Jericho website.   
I too confronted the Judges who thought that my original sentence was too light for my "crime" on February 29 in the Federal Court  at Foley Square.  It was good that many people came to demonstrate collectively our contempt for this kind of prosecution and our recognition that their punishment of true defenders will not deter the brave warriors who seek Justice!


Take Action for Akram Rikhawi


Diabetic Palestinian political prisoner Akram Rikhawi has been on a hunger strike for 83 days and is at imminent risk of dying. 
According to the World Medical Association, in most cases death occurs between 42nd and 72nd days of hunger strike. Rikhawi suffers from various chronic conditions: diabetes, asthma, osteoporosis, kidney problems, and deterioration of his eye lenses, high cholesterol, and immune deficiency. Due to these pre-existing conditions Rikhawi's hunger strike has weakened his body, and already a month ago he was in very fragile condition. Now he is in a coma and his condition is deteriorating fast. 

Akram Rikhawi went on hunger strike on 12 April as a protest when he was not granted an early release on the basis of his medical condition and social circumstances. (He has got 8 biological and 5 adoptive children.) He has requested for early release twice: in 2010, and on 5 June 2012. Every prisoner is entitled to ask to be considered for early release when at least two thirds of their sentence has been served. In all discussions, these factors were disregarded and a file with 'secret information' was the only material considered. 

Rikhawi from Gaza was arrested by Israeli occupation forces in 2004 and sentenced to 9 years’ imprisonment by a military court. Israeli military courts have almost 100% conviction rate: 99.74% of those who are charged are convicted (Israeli Military Court report 2010).
During his hunger strike Rikhawi has only seen an independent doctor once, on 6 June. Physicians for Human Rights-Israel (PHR-I) has made numerous requests to gain access to Rikhawi, but the Israeli authorities continually denied their requests.

Following the visit on 6 June, the PHR-I doctor reported that Rikhawi's weight had decreased from 68 kilos to 50 kilos, which is a total loss of 26.5%. The doctor further determined that a combination of inflammation of prior chronic illnesses and the complications of hunger strike rendered hospitalization immediately necessary, as he was at immediate risk of death. The Israeli Prison Service (IPS) medical centre is not a hospital, and it is not properly equipped to handle the physical deterioration and effects of long-term hunger strike.

Rikhawi has been held in the IPS medical unit in Ramleh ever since his initial arrest. On 14 June 2012 the Israeli District Court rejected a PHR-I appeal to transfer him to a civilian hospital despite his critical condition. The decision was based on a medical opinion of the IPS, which denies that his life is in danger. According to the PHR-I, 'this opinion is in complete contradiction to the one of the independent doctor, and is not referring to any medical data on which it is based. It also does not relate to the opinion of the independent doctor and the risks it cites.' Last week Rikhawi was briefly hospitalized to a civilian hospital several times, but returned to Ramleh prison clinic. This moving back and forth a patient in such a critical condition could also amount to a medical neglect. Rikhawi has also been shackled to his hospital bed with three limbs.

On Tuesday 19 June, Addameer lawyer, Ms. Neddaf, noted following her visit to Ramleh prison medical clinic that Rikhawi was extremely tired, weak and weighed only 49 kilos. Furthermore, since 16 June, he has been refusing any vitamins and fluids through an IV. (The IPS doctors' threats to force-feed and force-treat him, in addition to their determination not to recommend his medical condition as worthy of earlier release from prison, has led Rikhawi to regard them with deep distrust.) Though he is sustaining himself on water alone, Ms. Neddaf was troubled to observe that even drinking water was very difficult for him and he was only able to consume approximately one litre per day.

There are currently other hunger strikers in Israeli prisons that also need your attention, but Akram Rikhawi's situation is the most critical right now.


I urge you to take the following actions without further delay:

1.      Demand that Israel moves Akram to a civilian hospital and to allow independent doctors to visit him frequently and without impediments, and lift the ban on family visits.

2.      Demand that a fair and objective review of Rikhawi's request to shorten his imprisonment period.

3.      To actively put pressure on Israel to end the arbitrary use of administrative detention, and condemn the punitive measures used to quell the efforts of the hunger strikers, who are engaged in legitimate protest.

4.      Call for a fact finding mission to be organised by the European parliament to examine Israel’s treatment to Palestinian political prisoners and specifically hunger strikers.

To send the above letter to MEP's, please click on "Take Action"
 
For further information:

lundi 2 juillet 2012

Adlène Hicheur : “j’étais le pigeon providentiel”

Le 2 juillet 2012

Source

Physicien de haut niveau, Adlène Hicheur a été condamné le 5 mai dernier à cinq ans de prison pour terrorisme, au terme d'une instruction plutôt curieuse. Il est sorti de prison le 15 mai. Dans cette première interview, accordée à Owni, Hicheur dénonce, non sans arguments, la construction d'un dossier à charge. "De l'inquisitoire, pas du judiciaire" explique-t-il. 



Adlène Hicheur est sorti de prison. Le 15 mai au matin, le conseiller d’insertion et de probation suggère que sa détention pourrait prendre fin “très prochainement”. Le soir même, il est dehors. Il aura passé plus de deux ans et demi à la maison d’arrêt de Fresnes, maintenu en détention provisoire toute la durée de l’instruction.
Physicien au Centre européen de recherche en nucléaire (Cern), ce physicien de haut niveau a été arrêté le 8 octobre 2009 au domicile de ses parents, à Vienne dans l’Isère. Les mots-clés fusent alors dans la presse : physicien, nucléaire, Al Qaida. Terrorisme. À l’issue de sa garde à vue, Adlène Hicheur est mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Ses activités sur Internet sont dans la ligne de mire des enquêteurs. Lui dénonce depuis le début un dossier vide, instrumentalisé à des fins politiques.
Le parfait terroriste physicien
Il a accepté de répondre à Owni, d’évoquer sa détention, sa relation avec les enquêteurs puis les magistrats, mais aussi les curiosités de cette affaire, notamment l’identité de son mystérieux correspondant, un certain Phoenix Shadow. Les services antiterroristes en sont persuadés : derrière se cacherait un cadre d’Al Qaida au Maghreb (Aqmi), Moustapha Debchi, mais la preuve de cette équation n’a jamais été apportée.
 
 
 

Condamné le 5 mai à cinq ans de prison, dont un an avec sursis, il est sorti à la faveur de remise de peine. Sans attendre, il a repris contact avec ses anciens collègues, pour éviter “de sombrer dans la dépression”. Ultime bataille, il tente de faire rectifier sa page Wikipedia : “Une vie ne peut pas se résumer à un fait divers”.
Quelle a été votre réaction à l’annonce du jugement ?
Aucune surprise. J’avais vu le déroulement de l’instruction, j’avais vu qu’on avait fait de moi une victime expiatoire d’une certaine politique. C’est le paradigme du bouc-émissaire : on prend une personne qu’on charge du point de vue symbolique et on l’immole rituellement devant la société. Je ne me faisais aucune illusion, je voulais seulement être jugé rapidement pour que la détention provisoire cesse, pour ma famille, pour moi.
Le système a tenu à aller jusqu’au bout parce qu’il fallait envoyer des messages forts à la société. Ce mode de gouvernance est très dangereux. J’appelle ça de l’aliénation sécuritaire. Ça tue le génie créatif, l’épanouissement intellectuel. Mieux vaut agiter des chimères que faire face à ses propres carences. Dans leur tribune les gens de Tarnac l’ont très bien dit : la peur est le sentiment le plus facile à instrumentaliser.
La peur, l’inconnu, l’ignorance : les trois se tiennent. Les apprentis sorciers sont incapables de résoudre des problèmes sur des sujets sérieux comme le chômage, mais ils sont les premiers à agiter la matraque. Mon cas met à nu leur prétention de respecter les gens qui travaillent. Je suis l’exemple typique de taulier au travail, de personne qui se lève tôt. Ma vie est brisée pour des éléments qui n’auraient jamais conduit à une incarcération dans un autre pays. Ça devrait mettre la puce à l’oreille à tout le monde, même des gens qui n’ont pas la même culture politique que moi. On commence par les uns et on va ensuite vers les autres. C’est exactement la logique d’un système totalitaire.
Le tribunal a aussi prononcé la confiscation des saisies d’argent liquide, environ 15.000 euros, et du matériel informatique.
La saisie de l’argent liquide c’est du vol institutionnalisé, la saisie de mon matériel informatique un assassinat intellectuel. J’avais des centaines d’heures de travail dessus ! Des idées, des articles, des cours, des données scientifiques…
Vous étiez poursuivi pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, pour financement du terroriste et pour avoir diffusé de la propagande, ce que le procureur désignait sous l’expression “jihad médiatique”.
C’est vraiment de la surenchère. Je n’ai pas de site, pas de blog. Je n’ai intégré aucun projet médiatique contrairement à ce qui a été dit. J’ai interagi en tant que user (utilisateur) sur des forums, échangeant des opinions. C’est vraiment de la mauvaise foi de l’accusation ! Qu’est-ce qu’ils appellent jihad médiatique ? C’est un peu vague… Ce qui peut leur poser problème, c’est que des groupes, disons politico-militaires pour rester technique, fassent des reportages sur leurs activités et les publient. L’expression fourre-tout, d’après ce que j’ai compris, permet de toucher toute personne qui aurait accès à un moment ou à un autre à des publications de ces organes médiatiques.
Est-ce que traduire ce genre de publications en citant la source constitue du jihad médiatique ? C’est très vicieux de rechercher des actes positifs qui constituent des incriminations, surtout au vue des conséquences terribles ! N’importe quel journaliste peut être amené à faire ce genre de travail sans pour autant faire partie de l’organe médiatique ou approuver ce qu’il traduit. Pour en arriver là, il faut vraiment qu’il n’y ait rien dans le dossier. C’est grotesque et ridicule. Ils ont essayé de m’avoir a minima.
Vos défenseurs avaient dénoncé une instruction à charge, mais à la veille du procès, Me Baudouin, votre avocat, s’en remettait à l’indépendance de la Cour et au regard nouveau qu’elle poserait sur votre dossier.
La 14e chambre correctionnelle du TGI de Paris ne juge pas, elle condamne.
Hicheur bon terroriste confirmé

Il avait également pointé la façon dont la président, Mme Roubeyrotte, menait la séance.

Il n’y a pas eu de questions sur des points précis, pas de débat contradictoire. Ce n’était pas un procès mais un rouleau compresseur visant à asphyxier la défense. Plusieurs griefs étaient lus pendant 20 ou 30 minutes et je n’avais pas le temps de répondre. Pour moi, la condamnation n’a pas été prononcée par la justice mais par la police. La police me voulait, me voulait condamné.
Dans les institutions d’un État qui se respecte, il existe des contre-pouvoirs qui peuvent arrêter ce genre de bêtises. Le grand public retient des mots-clés : “musulman”, “physicien”, “Al Qaida”. Ça relève de la psychologie de masse.
Quelles relations aviez-vous avec le juge d’instruction, Christophe Teissier ? Dans un entretien accordé à Mediapart, vous évoquiez une audition “stérile et sans intérêt”.
Les mêmes éléments revenaient sans arrêt. Au début, j’étais naïf. Je pensais qu’au moins un ou deux magistrats constateraient le vide du dossier et décideraient d’arrêter. Petit à petit j’ai découvert la justice française, la chape de plomb qui vous tombe dessus. La mauvaise volonté se mêle à la mauvaise foi. Et là on comprend qu’on est entre de très mauvaises mains.
J’avais en tête que le magistrat n’était pas un flic, même si la réputation du pôle antiterroriste n’est plus à faire… J’avais espoir qu’on revienne à un peu de sagesse ou à défaut d’équité : quand il n’y a rien, il n’y a rien. Il a joué le rôle d’un flic main dans la main avec le procureur.

“Et ils s’acharnent, ils s’acharnent”

Comment se sont passés les interrogatoires pendant votre garde à vue ?
Mal. Le rapport voyous-braves gens était inversé : les voyous c’était eux ! Parfois, les insultes fusaient. Les policiers utilisaient mon frère, la santé de ma mère pour faire pression sur moi pendant ma garde à vue. Ils ressemblent à des psychopathes hystériques tout excités. Peut-être parce qu’ils sont toute l’année dans un bureau à se croiser les doigts… Dès qu’ils peuvent avoir un os à ronger, toutes les frustrations de leur quotidien – pas terrible d’ailleurs – se déchargent sur vous.
Les gens de Tarnac l’ont bien compris. Ils sont passés par la machine. Ils ont souffert de la même chose que moi : l’acharnement policier. Il en faut peu. Deux ou trois officiers se montent la tête, au bout d’un moment c’est comme si vous leur apparteniez, et ils s’acharnent, ils s’acharnent. Et puis, des carrières sont en jeu… Dans mon affaire, il y a eu au moins une promotion avérée : les grades changent entre les PV de début et de fin. Utiliser les moyens de l’État pour faire du mal à quelqu’un est d’une lâcheté sans nom.
Sous quelle forme avez-vous ressenti ce “déchargement” ?
Le ton, l’excitation. En garde à vue, on m’a dit : “vous allez perdre votre boulot, vous ne serez plus physicien, vous ne serez plus au Cern”. C’est d’un cynisme total ! Les gars sont assurés de leurs pleins pouvoirs. Il y avait un plaisir à me faire perdre un certain statut social, l’un des chenapans l’a exprimé ouvertement. Ça tranche avec le comportement des deux enquêteurs suisses qui sont venus m’interroger en septembre 2010. C’était des gens très posés, très carrés. Ils ont fait leur boulot sans tout ce cinéma.
Des détails très ténus sont montés en épingle : le plus choquant est sans doute les questions sur la pratique religieuse. Pourquoi on me demande si je prie ou si je jeûne dans le cadre d’une enquête judiciaire ? On évoque la vie et la culture familiales. Je réponds que nous sommes proches de la religion musulmane tout en étant ouverts. Ensuite les questions dévient sur des situations politiques, en Irak en Afghanistan. Jamais j’aurais pensé à ce moment-là que mes réponses seraient utilisées dans le réquisitoire. C’est de l’inquisitoire, pas du judiciaire.
Lorsque le procureur vous avait demandé si vous étiez salafiste, lors du procès, vous lui avez répondu qu’il faudrait une thèse de doctorat pour en parler.
Je trouve étonnant qu’un tribunal chargé de caractériser une infraction pénale parle de salafisme. On balance les slogans, des chimères, des sorcières. Je peux parler en détails des tendances et mouvances dans le monde musulman. J’ai beaucoup lu et c’est frustrant d’avoir affaire à des gens qui ne sont pas très au fait mais utilisent ça comme outil de guerre psychologique. C’est chasser toute rationalité à l’affaire pour garder l’irrationnel qui excite les cordes de l’opinion publique.
Il y a des raccourcis un peu simplistes du genre “salafisme = activité armée”. Les Frères musulmans ne sont pas salafistes mais ont des branches armées dans différents pays. Les Taliban n’ont rien à voir avec les salafistes. C’est beaucoup plus compliqué que le simplisme présenté au public.
Vous étiez interrogé par des agents de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) ?
Par deux binômes d’agents de la DCRI. Un de jour, un de nuit. J’avais l’impression qu’ils avaient découvert un filon : le filon Internet. Avec Internet, il n’y a pas de filature, de planques avec le thermos… Sur Internet, les ingénieurs se bloquent sur l’IP et interceptent le flux. En parallèle, les policiers peuvent même jouer aux jeux vidéo dans un bureau à côté à Levallois.

Ivan Colonna dans la cellule à côté

Comment s’est passée votre détention à Fresnes ?
L’administration est stricte, zélée même. Les cours de promenade sont minuscules, 40m2. Personne ne peut s’imaginer les affres de la détention : ce sont des familles brisées, des couples désunis, des épouses qui pleurent dans les parloirs, des mamans qui ne mangent plus. C’est contre-productif comme disait Me Baudouin. Plus une politique sécuritaire est coercitive, plus elle crée de la violence et de l’instabilité.
Dans quel quartier étiez-vous à Fresnes ?
Au début, j’étais à l’hôpital pénitentiaire en raison de mon état de santé. J’y suis resté quatre mois. Puis j’ai été transféré en 3e division du quartier principal.
Vos codétenus étaient des mis en examen ou des condamnés dans des affaires similaires ?
Après l’hôpital pénitentiaire, j’étais dans la 3e division Sud, au rez-de-chaussée avec tous les malades : 90% sont des cas psychiatriques, dont certains très graves. J’y suis resté presque un an. Je n’ai jamais vu autant de misère humaine de ma vie. J’avais le rôle de Jack Nicholson dans Vol au-dessus d’un nid de coucous.
Ensuite j’ai été transféré au Nord, toujours au rez-de-chaussée. J’ai croisé différents types de profils, essentiellement du banditisme et un seul cas politique, c’était Ivan Colonna. Il était dans la cellule à côté.
Pas d’autres personnes impliquées dans des affaires terroristes ?
Dans les autres activités, comme le terrain de sport, j’ai croisé des Basques et d’autres Corses.
Quel genre de relations aviez-vous avec eux ?
Un esprit de camaraderie de prison. J’ai aussi ressenti beaucoup de compassion. Personne n’est dupe en prison, tout le monde connaît bien le système, ils savent décoder l’actualité. J’ai senti de la révolte aussi, des droits communs notamment. Le discours : “si vous aviez fait des études, vous ne seriez pas là” était faux. Eux se retrouvaient avec plus de droits que moi, qui ai pourtant fait beaucoup d’études !
Avez-vous fait appel à une solidarité confessionnelle pour “cantiner” ou autre ?
J’interagis avec les gens selon un seul critère : qu’ils soient réglos. J’ai partagé de bons moments avec des gens très différents de moi tant qu’ils sont agréables et pas nuisibles. On est tous dans le pétrin ! Quand quelqu’un manque d’un produit, on lui donne et vice versa. C’est quasiment automatique.
Tous les détenus n’ont pas de doctorat en physique des particules. Comment s’est passé votre détention de ce point de vue ?
J’ai lu quelques bouquins, dont La force de l’ordre de Didier Fassin sur la police anti-criminalité et Les veines ouvertes de l’Amérique latine qui m’a marqué. Des ouvrages scientifiques aussi pour m’entretenir. J’ai réussi à tenir les 20 premiers mois, à travailler, à être efficace. Ensuite, je fatiguais.
J’ai eu du mal à m’ajuster à la mentalité de la prison. L’administration pénitentiaire avait elle du mal à voir sous quel registre me gérer. L’aspect sécuritaire et disciplinaire des peines fait que les détenus particulièrement surveillés (DPS) et de la catégorie “mouvance” ont des fouilles régulières des cellules et une fouille à corps intégrale, ce qui est particulièrement humiliant et parfaitement illégal. Il y a une volonté politique de rendre la détention préventive la plus pénible possible pour user la personne. C’est ainsi à Fresnes en tout cas.
La notion du châtiment douloureux est très forte en France. Certains personnels de l’administration pénitentiaire font sentir qu’ils sont là pour être odieux. Les surveillants sont très jeunes, et tout dépend de leur caractère et de leur humeur. C’est un jeu : celui qui s’énerve perd la partie.

Pigeon providentiel

Dès les premiers jours de votre arrestation, des articles utilisaient les mots clés “terroriste”, “physicien”, “nucléaire” dans leur titre. Quand avez-vous appris cette médiatisation, très forte dès le début ?
Je suis passé en comparution médiatique immédiate. Le circuit passe par la police, le ministère de l’intérieur et la Présidence, puis redescend dans les médias qu’ils connaissent et choisissent. Mes parents sont venus à mon premier parloir, ils m’ont raconté verbalement. J’étais coupé du monde jusque-là.
Quand j’ai réalisé, j’étais dépressif. J’ai compris que s’ils avaient fait ce bruit-là, rien ne les arrêterait. J’ai réalisé l’ampleur de l’entourloupe : j’étais le pigeon providentiel.
La médiatisation d’une personne privée qui ne l’a pas choisie est d’une grande violence psychologique. L’instrumentalisation des médias est très puissante, même un “ange qui marche sur terre” se ferait détruire. Je suis frappé du sceau des parias, pour que je ne puisse pas me refaire, pour que je sois précaire le restant de mes jours. On verra, je ne suis pas prêt à baisser les bras, je veux me refaire, tant bien que mal.
Vous avez été présenté comme la figure du loup solitaire par certains responsables de la lutte antiterroriste.
Dans le passé, ils avaient au minimum des bandes de copains à qui on pouvait reprocher, ou pas – je ne sais pas – une certaine forme de prosélytisme. Il y avait des points d’ancrage pour donner l’illusion. Pas dans mon cas. Il y a un gars qui a étudié toute sa jeunesse, qui travaille, qui vit dans un environnement rural. Jamais j’aurais pensé qu’on arriverait à de tels extrêmes à partir de rien. C’est une dérive dans la dérive.
Ils ont été obligés de créer un profil artificiel pour justifier toute la mascarade. Il n’appartient pas à un groupe ? Il vit tout seul ? Ce sera le loup solitaire par exemple. La rhétorique ancienne ne pouvait pas fonctionner.
En s’appuyant sur votre utilisation d’Internet ?
Oui, mais le plus grave c’est l’idée qui se dégage de l’expression loup solitaire. On imagine quelqu’un qui vit reclus. C’est faux. Je travaillais dans le cadre de collaboration internationale, j’avais affaire à des centaines de personnes quasi-quotidiennement au Cern. Plusieurs milliers de physiciens de nationalités différentes travaillent ensemble. Aucun outil de sociabilité n’est aussi fort ! Il faut s’adapter à toutes les cultures, à tous les tempéraments, à toutes les personnalités.
Cette partie a été zappée dans les médias. La personne réelle disparaît au profil d’un clone, d’un hologramme, habillé de toutes les caractéristiques pour vendre la justice à l’opinion publique. Il y avait une feuille blanche, immaculée, avec un bon cursus scolaire et universitaire. C’était un défi de construire une intrigue à partir de mon vécu ! Personne dans mon entourage familial, professionnel, de mon voisinage ne voulait me “salir”. Alors ils sont allés chercher des internautes avec qui j’avais interagi il y a x années.
Pourquoi acceptez-vous de parler aujourd’hui ?
Je ne parle pas à tout le monde. Je considère que ça peut être productif ou positif, mais à dose homéopathique. S’il fallait tout dire, on pourrait noircir des pages.

Désintégration morale

Comment voyez-vous votre avenir maintenant ?
Difficile. Par nature, j’ai tendance à être prudent. Dans un premier temps, je n’accepte pas qu’on me démissionne de ma passion et de mon gagne-pain par “la force des mitraillettes” comme dirait Louis de Funès. Si je devais quitter le milieu scientifique ou la physique des particules, ce serait de mon propre chef. Utiliser le sécuritaire pour me faire basculer dans la précarité dépasse une procédure de sanction pénale – déjà injuste – pour me faire entrer dans un processus de désintégration morale. Je n’accepte pas que la force publique me coupe de ma passion pour laquelle j’ai sacrifié ma jeunesse. Il faut être réaliste et voir comment rebondir. Je prospecte, rien n’est défini. J’ignore si la campagne a influencé les employeurs, je veux d’abord briser cet embargo.
Vous avez été soutenu par votre milieu professionnel.
Oui, la solidarité est venue des scientifiques, mais il reste le milieu administratif. Je n’ai pas de visibilité dessus.
Et l’Algérie, dont vous avez également la nationalité ?
C’est un grand point d’interrogation. Il est trop tôt pour le dire.
C’est en Algérie que vivrait Phoenix Shadow, la personne avec qui vous correspondiez. Lors du procès, vous avez dit qu’on vous présentait un pseudo et un nom, comme une équation à deux inconnues, et qu’on vous demandait d’affirmer que l’un correspond à l’autre.
Dès le début de l’instruction, les avocats n’ont eu de cesse de demander d’où venait ce nom, Moustapha Debchi. A aucun moment, l’explication n’a été fournie. Pour mon cas, l’adresse IP renvoie à une connexion Internet etc. En face, un nom est balancé sans justification, sans preuve.
A aucun moment vous ne connaissiez l’identité de la personne derrière le pseudo Phoenix Shadow ?
Réponses clés en main pour la DCRI

Réponses clés en main pour la DCRI

L'instruction du dossier antiterroriste du physicien Adlène Hicheur n'a pas été clôturée mardi. Nouvelle pièce au ...
Phoenix Shadow restait Phoenix Shadow, point à la ligne. Il n’y a pas eu de connaissance, de volonté de connaissance. C’était une interaction contingente à un moment donné utilisée des mois plus tard. Je pense qu’au début on voulait me coller à l’affaire des filières belgo-afghanes. Je l’ai senti pendant la garde à vue. Trop peu d’éléments existaient alors que le scénario aurait été terrible : un scientifique dans l’affaire des filières !
Puis, les questions ont évolué au fil de la garde à vue, en fonction de l’exploitation de mon disque dur. Les questions se sont réorientées vers Aqmi. Il n’y a vraiment que dans l’antiterrorisme que ça se passe ainsi. Normalement, quand une personne est placée en garde à vue, il faut lui signifier le chef de mise en garde à vue et remplir le cas d’espèce, ce qui lui est reproché. Moi, il n’y avait rien ! Le chef de mise en garde à vue était “présomption grave d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste”, mais la suite était vide, blanche.