mercredi 28 mars 2012

Le Journal de Souad : Mariage

Photo Marcel Mussen


C'est une belle journée, le soleil brille, il est au rendez-vous ; un cortège, c'est important pour les mariés et sans le soleil il n'y aura pas assez d'invités, on ne pourra pas exposer au monde le bonheur de sceller nos vies.
Mais que d'histoires reçues ! Quelles croyances nous ont enfermés dans ce genre de démonstration ? Tu sais pertinemment, au fond de toi, que tu es douteuse, pas heureuse, et tu affiches pourtant un sourire comme la vitrine d'un magasin.
Deux jours de cérémonie ont précédé ce cortège comme le veut la tradition. Et encore un soir pour les jeunes filles. Puis c'est le jour J mais c'est celui qui m'a le moins plu.
J'ai pleuré, je n'étais pas à l'aise ; trop de monde, je n'aimais pas, en mon for intérieur, cette exposition pour les autres. 
Mais combien de personnes sur ces 400 invités comptaient à mes yeux et pour qui est-ce que je comptais réellement ?

C'était pas prévu que j'aille vivre dès ce soir ou cette nuit chez lui, chez nous ou ensemble, non, mais si je note les 3 propositions c'est qu'il existait déjà, à la base, une prise de position malheureusement.
J'étais déjà une autre, et il le comprit à 3h : il déclara à ma mère que je partirai avec lui tout de suite ; c'était prévu pour le lendemain du cortège, mais il en décida autrement.
Je lui expliquais que je ne voulais pas et il trouva cela aberrant ; on se connaissait, on était mariés civilement depuis plus d'une année et demi et mon refus semblait marquer un caprice. Le visage baigné de larmes, j'acquiesçai et partis avec lui, pleine de rancœur. Mais qui était-il réellement ?
Comment devrais-je faire pour occulter ce manque de compréhension ? Ce n'était que le début d'une liste interminable de questions.
Quand nous sommes entrés chez moi, au 3ème étage de cette maison où nous avions loué deux mois auparavant, sa mère nous attendait, sourire aux lèvres, avec un plateau contenant des dattes et du lait. Il faut manger un datte et boire un peu de lait comme le veut la tradition - en voilà encore une -, symboles de prospérité, de bienvenue.

Elle se demandait quel genre de fille avait épousé son fils, pourquoi pleurait-elle pour quelques heures de plus ou de moins ? Elle ne me fit pas une seconde remarque, celle faite à la salle ce soir étant suffisante car elle m'avait dit : « Souris, ils vont tous croire que c'est un mariage forcé !

Mais ce que je comprenais ce soir là, c'est qu'en m imposant ce départ il m'amputait d'un droit et c'était le début d'une très longue liste.

Nous voilà seuls, tous sont partis, il m'explique qu'il ne comprend pas mon attitude, je lui rétorque que je ne comprends pas la sienne et qu'il m'a rendue triste. Impossible pour lui d'entendre cela. Nous finissons par avoir juste l'envie d'entendre l'autre faire des excuses, mais aucune ne cède.

La coiffeuse est arrivée, pour le cortège, nous partons de chez ma mère, c'était plannifié ainsi et c'est pour cela que je ne devais pas ètre dans mon appartement la veille.
Je l'aime beaucoup cette femme. Au-delà de ses qualités, c'est une artiste et elle connaît mon goût pour les belles choses mais pas extravagantes. D'ailleurs, pour la veille, la cérémonie du jour J, il était prévu que je mettrais les tenues de l'une et que, elle, se chargerait du maquillage. Malheureusement, cela n'a pas pu se faire, question d'orgueil je suppose.

Elle a apporté des fleurs naturelles pour mon chignon qui est magnifique : rien à voir avec la veille. J'ai beaucoup de mal avec les tenues et les maquillages outranciers. Elle, par contre, elle a fait dans la simplicité et le résultat me plaît énormément.
Lui, comme d'hab, il s'impatiente : « le soleil va partir ». Il tape sur la porte de ma chambre, vu que nous sommes chez ma mère puisque l'organisation du cortège se fait à partir de chez elle. Les invités sont là, on entend la musique, ça danse, ça bouge et me voilà enfin prête.
Voilà la mariée ! Compliments à droite et à gauche mais nous n'avons pas trop le temps c'est le mois de mars : le soleil se couche tôt.

Nous avons fait du bruit, il n'aimait pas trop ma coiffure, j'aimais.
Arrivés à l’Atomium, monument de référence de Bruxelles, j'ai croisé le regard de ceux qui ont compté pour moi : mes frères et sœurs, mes amies, mes voisins, voisines, et aussi ceux qui devront compter pour moi à l'avenir, les siens.
Dans mes yeux des images manquent, des sourires, celui des absents, ma sœur décédée, mon frère incarcéré, ma sœur imprévisible face à sa toxicomanie, mon père qui vit à l'étranger, ma mère enfermée dans la tradition : chez nous la maman de la mariée n'accompagne pas sa fille. 
Que dire à cela ?
On se braque sur le futile, on se sépare de l'essentiel et je sais que moi aussi je suis partiellement absente car je démissionne de mes ambitions, je démissionné de la vrai fille que j'ai été ; c'était le mariage avec lui et le divorce d'avec moi.
Le mariage dans ma religion, tel qu'il devrait être, ne ressemble pas à ce schéma, les grandes lignes qui feront de nous des personnes à part entière ne figurent pas dans ce contrat, ne figurent pas à l'horizon.
Je me pose en victime, me laisse convaincre par mon ego que je n'ai pas pu vaincre car je l'épouse par défi, oui, je me regarde en face quelques secondes et je le reconnais amèrement : je voulais gagner. Nous le savions lui et moi et le temps nous le confirmera : il y avait une fille pendant notre séparation qui avait duré 10 mois, ils avaient vécu ensemble, même si nous étions mariés civilement et que le mariage n'avait pas été dissous, il existait ce lien.
Cette fille était enceinte de lui.
Devant son changement lorsqu'il m'avait revue, elle avait senti qu'elle risquait de le perdre et avait pris le risque de faire un enfant. Je le savais, il était venu me voir et je lui avais lancé un ultimatum de deux jours pour soit assumer sa paternité, soit prendre un appartement et faire notre mariage, en fait juste la cérémonie.
Voila où j'en étais arrivée par stupidité déguisée en amour. Il existe en nous tellement de conflits et d'exemples préjudiciables quant à nos modèles d'amour.
Nos parents nous transmettent des modèles de sentiments, et aussi la société, le noyau d'amis ; nous si on s'oublie, on finit par faire n'importe quoi.
Reconnaître l'amour est devenu une difficulté dans ce monde, tellement nous sommes éloignés de l'essence même des choses.
Voilà, elle était enceinte de 6 mois et je m'étais bien gardée de le dire à ma famille, j'avais honte. Avoir « gagné », c'est ce qui me faisait croire que je l'aimais, mais cette tristesse, cette lassitude, cette sensation d'éloignement venaient justement du fait que je n'étais pas en accord avec ce que je faisais, j'avais la foi et je n'obéissais pas au divin, j'allais épouser quelqu'un qui était marié avec moi civilement et qui avait abandonné une fille enceinte : c'était contraire à tous mes principes universels, même sans impliquer ma foi.
Le sens des responsabilités de cet être humain et de moi-même était médiocre non parce que j'avais pitié de cette fille, mais parce que nous n'étions pas honnêtes vis-à-vis l'un de l'autre, vis-à-vis de nous, vis-à-vis de nos familles, rien n'était clair, nous baignions dans une marre d'incertitudes. Que se passerait-il lorsqu'il saura que son enfant viendra au monde, allait-il être en contact avec elle à mon insu, d´ailleurs la voit-il encore?
Voudra-t-il reconnaître cet enfant ? Que ferai-je devant toutes ces situations ?
Il avait dit, quand il avait quitté leur appartement : « Je ne veux rien savoir, je n'ai pas voulu de cet enfant », etc, mais j'avais besoin d'y croire, et je creusais ma propre tombe.
Les mois à venir l'incertitude te tiendra compagnie ma chère, me suis-je répété, mais l'incertitude ne vient jamais seule, elle te tend la main pour la colère, elle te montre que tu dois être plus docile, te fondre pour ne pas perdre, l'incertitude te fait sillonner des routes que tu n'avais jamais eu l'idée d'emprunter, ce n est pas un voyage, c'est l'enfer.

Voilà l'après cortège, de retour chez ma mère ; seuls les intimes sont là : photos.
Puis la pièce montée, l'offre de bijoux pour le lendemain de la noce. Tu parles d'une tradition, la noce, laisse moi rire, hurler de douleur, je me méprise car je suis confuse : il ne me mérite pas et puis il ne mérite pas ça : je suis trop imbue de ma personne. Qui te mérite ? Qui te vaut ? C'est un chouette gars, il t'aime, il te l'a prouvé, il a laissé une fille enceinte pour toi...
Mais à la base, tu étais son épouse légitime.
Bref, je martèle mon esprit, je demeure dans un monologue néfaste, je le sais, je ne dois pas perdre le fil, c'est mon mariage, je suis la principale concernée et puis je le regarde comme si je venais de réaliser que faire cette mine, être ailleurs, ça le rend triste et c'est de ma faute. Alors me voici de retour, je décide d'emprunter le plus beau des masques, le sourire, c'est comme ça, je ris, je propose qu'on ouvre les cadeaux, je me distrais, j'oublie tout ce qui m'attend, et, oui, je le regarde et je comprends qu'il préfère que je sois celle-là.
Nous sommes restés tard jusqu'à ce que sa mère lance « Vous comptez pas rentrer chez vous ? C'est fini les parents » sur le ton de l'humour.

Le Journal de Souad : Narcisse

Photo Marcel Mussen

J'ai rencontré Narcisse.
Je l'ai rencontré, sans savoir que j'étais le lac, je lui ai adressé toute mon attention,
Je le regardais sans en avoir une once de soupçon, non je ne savais pas.
Une année s'est écoulée sans que je comprenne que Narcisse vivait en moi, je le cherchais,
Je me suis écorché l'âme c'était le prix à payer,
Me voir enfin telle que je suis, cherchant ma grandeur dans le regard de l'autre, cherchant à proclamer mon identité, mon unicité,
Mais quelle vanité !
Le UN n'appartient-il pas à Dieu ?
L'humain que je suis peut se rendre compte de sa déchéance.
Il peut se rendre compte de ce qui a conduit à cette situation.
Mais quand il est affaibli, on le blâme, on lui tourne le dos.
Il cherche pourtant une issue, le meilleure qui sommeille en lui, peut être ?
Il y a ceux qui ne se rendaient pas compte de toute la beauté qui fut la leur, attribuée par notre seigneur.
Si on refuse de voir que l'autre existe en lui donnant sa place, c'est soi que l'on perd.

12 juillet 22h

Le Journal de Souad : première incarcération

Photo Marcel Mussen

Ils ont débarqué, une perquisition dans les formes, je sais pas si j'ai 13 ans ou un peu plus.
Le soleil est là mais ma mère n'y est pas, mon père n'est plus là non plus depuis quelques mois, cette fois c'est définitif.
Je regarde du balcon mon frère menottes dans le dos ; il est jeune, je me souviens que c'est sa première détention, même s'il n'est pas majeur.
Il se retourne car il sait que je regarde.
Son regard du départ, son regard du « au revoir », son regard que je ne veux plus voir dans mes cauchemars.
Ils sont stationnés dans la petite ruelle face à la maison.
Je ne me souviens cette fois-là que de lui, de sa démarche avec eux.
Il portait un pull coloré, son visage était encore celui d'un enfant malgré son mètre quatre-vingt six.
Je me souviens de cette peur qui fut la mienne en ce jour qui s'achevait mal.
Il s'achevait mal, c'est sûr, car même si le soleil était là, présent, c'était fini pour nous.
La pénombre, peut-être même l'obscurité, allaient s'installer.

Ma mère rentrera du boulot et apprendra la nouvelle, chaque personne de cette famille vivra son propre scénario.
Qui fera semblant ? Qui critiquera ? Ma mère se réfugiera dans ses médicaments et nous, on aura peur ; pourtant, jamais elle nous a laissés tomber.
Mais ce sentiment m'a terrorisée.
Elle s'est levée chaque matin et a travaillé tellement dur.
J'ai toujours eu peur d'avoir ta vie, mais comme j'envie ton courage, car moi je n'ai pas de force physique, je me suis laissé anéantir.
Mon corps est épuisé maman.
Discussion des uns et des autres : il sera là demain, il est mineur, oui mais c'est pas sa première arrestation...
Je ne sais pas à quel moment le sommeil me fauchera.
Il ne sera pas libéré, il ira à la prison de Nivelles.
Je fais mes premiers pas seule vers cette prison. Comme il est mineur, c'est là qu'il est incarcéré.
Le juge se veut sévère : le punir, donner l'exemple. Même ce mineur dealer sera puni à la hauteur de son délit.
Laissez moi rire : qui de vous a proposé, ou même obligé, que l'enfant dealer entre en cure de désintox ?
Depuis quand il se drogue ? A 15 ans, vous le déposez aux bancs des accusés et niez sa toxicomanie. Quelles alternatives pour le consommateur ?
Voler ? Se prostituer ? Ou dealer ?
Un consommateur de cette zone n'est pas un dealer. Les dealers ce sont ceux qui se sont enrichis et ont incité à la consommation en laissant des quantités tourner dans nos quartiers, ce sont ceux qui permettent que la dope tourne en taule. Ce sont ceux qui vendent et ne consomment pas.
A combien d'audiences nous avons assisté, au cours desquelles vos légistes les avaient expertisés et déclarés "non consommateurs".
La réalité, c'est qu'on préfère condamner au lieu de pousser à la guérison.
La vérité elle est dans nos mémoires, dans nos cœurs, elle demeure dans leurs corps et a rongé leurs cerveaux.
Toute la marge sociale, raciale, se situe là, il suffit d'ouvrir les yeux.

mardi 27 mars 2012

Cette année : 250 cellules en plus, et 10 détenus marocains renvoyés au Maroc (NL)

 
Er komen dit jaar 250 cellen bij, waaronder 215 in de Kempense gevangenissen. Dat zei minister van Justitie Annemie Turtelboom (Open Vld) zopas in de verenigde kamercommissies van Justitie.
Die begonnen alvast met een volle minuut stilte voor de slachtoffers van het busongeval in Zwitserland. Daarna legde Turtelboom haar plannen uit om de overbevolking in de gevangenissen tegen te gaan.
Turtelboom zei dat er dit jaar netto 250 cellen bijkomen. De eerste 102 gaan einde deze week open in Sint-Gillis, waar een hele vleugel is gerenoveerd. Daarna volgen in het derde trimester van dit jaar: 116 extra cellen in Wortel. En in het vierde trimester van dit jaar: 74 extra cellen in Turnhout en 15 in Hoogstraten. Tegelijkertijd verdwijnen ook 58 gedetineerden uit de (instortende) gevangenis van Verviers, zodat het netto aantal cellen tussen einde december 2011 en einde december 2012 zal gestegen zijn van 9.262 cellen nu naar 9.511 einde dit jaar.

Marokkanen

De justitieminister zei nog dat er in 2013 nog eens 400 cellen bijkomen en in 2014 nog 1.000. "Tenminste als er geen nieuwe procedures komen om die gevangenisbouw stil te leggen". Turtelboom stelde bovendien dat "binnen enkele weken" tien Marokkanen hun straf in Marokko kunnen gaan uitzitten. "Daarover is nu een akkoord tussen beide landen", zo zei ze. Karl Vanlouwe (N-VA) vond dit "geen bijzonder succes, dertien jaar na de ondertekening van het verdrag waardoor die overlevering mogelijk werd".
Het debat gaat nu verder.

JDW

Prison de Forest : violence d'état à la limite de la torture

 La prison de Forest "insupportable"

 Belga 

Mis en ligne le 27/03/2012

Les droits fondamentaux des détenus sont bafoués.
Les ailes C et D du bâtiment affichent un taux de surpopulation de 235%, ont alerté mardi les bâtonniers bruxellois, la Ligue des droits de l'homme, la commission de surveillance de la prison, l'association syndicale des magistrats et l'Observatoire international des prisons (OIP).
Celui-ci évoque un traitement "inhumain et dégradant" qui s'apparente à de la "violence étatique à la limite de la torture".
Actuellement, 450 détenus sont par trois dans des cellules prévues pour une ou deux personnes, s'est insurgé le bâtonnier de l'Ordre français du barreau de Bruxelles, Jean-Pierre Buyle. "Cela signifie que chaque détenu dispose d'un mètre carré pour vivre dans sa cellule, où il passe 23 heures sur 24", ajoute la présidente de la section belge de l'OIP, Delphine Paci.
Les droits fondamentaux des détenus sont bafoués. "Les normes les plus élémentaires d'hygiène font défaut en raison de l'exiguïté des lieux de vie, de l'impossibilité d'assurer les mouvements vers les douches (qui n'ont désormais lieu qu'une fois tous les trois jours), ou encore du manque de linge (changé une fois toutes les quatre semaines)", poursuit M. Buyle.
Les droits de la défense sont également pour le moins limités, les visites des avocats et les transferts vers le palais de justice étant fortement ralentis. Les détenus ne peuvent même plus espérer une libération conditionnelle puisqu'ils ne peuvent pas se rendre en chambre du conseil, précise la commission de surveillance.
Les intervenants pointent aussi le manque de place dans la salle de visites, où seules 24 rencontres peuvent être organisées par jour, ce qui est l'un des éléments tendant à aggraver le phénomène de déshumanisation des détenus, selon la LDH.
Ceux-ci se trouvent dans une misère morale qui dépasse l'entendement, au point que le "cachot volontaire" est devenu une pratique courante, malgré les conditions de vie insupportables qui y règnent, résume la commission de surveillance, qui tire également la sonnette d'alarme quant à la présence de plus en plus fréquente de détenus souffrant de maladies mentales dans les ailes de droit commun.
Les différents acteurs, réunis mardi au palais de justice de Bruxelles, estiment que la cause de cette surpopulation se trouve dans l'augmentation des détentions préventives et de leur durée, l'arriéré judiciaire du tribunal d'application des peines, ou encore la multiplication des longues peines. Ils sont convaincus que la construction d'une nouvelle prison ne changera rien au problème. Ils réclament la réouverture de l'aile B, qui est actuellement vide, de la prison de Saint-Gilles, la fixation d'un seuil maximum à Forest, l'amélioration des conditions de vie et la mise sur pied d'un groupe de travail pluraliste (SPF Justice, Régie des bâtiments, barreaux de Bruxelles, administration pénitentiaire).
une centaine de cellules prochainement disponibles à Saint-Gilles

La surpopulation au sein de la prison de Forest diminuera d'ici quelques semaines, lorsqu'une aile rénovée de la prison de Saint-Gilles pourra à nouveau être utilisée. Celle-ci dispose d'une centaine de cellules, a indiqué mardi le porte-parole de l'administration pénitentiaire, Laurent Sempot. La réouverture de cette aile est prévue en mai, selon la Régie des Bâtiments.
Les cellules saint-gilloises constituent la seule solution à court terme pour endiguer la surpopulation au sein de la prison voisine de Forest, selon M. Sempot.
A plus long terme, la nouvelle prison prévue à Haren devrait ouvrir ses portes en 2016. Les prisons de Forest et Saint-Gilles devraient à ce moment-là être fermées.
La ministre de la Justice, Annemie Turtelboom, a déjà indiqué qu'elle travaillait à un projet de loi visant à permettre aux détenus en détention préventive de disposer d'un bracelet électronique plutôt que d'être incarcérés. Elle espère ainsi pouvoir soulager la prison de Forest, où sont détenus de nombreux prévenus.
Au total, 739 personnes sont actuellement détenues à Forest, pour 402 places, ont dénoncé mardi matin les bâtonniers de Bruxelles, l'Observatoire international des prisons, la Ligue des droits de l'Homme, la Commission de surveillance de la prison et l'Association syndicale des magistrats.

jeudi 22 mars 2012

Bobby Sands Trust for Hana Shalabi, vigil in Belfast

Prisoner’s Condition Deteriorates

March 21, 2012 ·



 
A vigil was held in recent days in Belfast in support of Palestinian hunger striker, Hanan al-Shalabi, whose condition has rapidly deteriorated. Amnesty International has expressed concern for Hana al-Shalabi, a young Palestinian woman, who is being held on Administrative Detention in Israel’s Hasharon Prison and who is now on the 35th day of her hunger strike.

At dawn, on February 16th, fifty Israeli soldiers, together with attack dogs, raided her family home in Jenin. She was arrested without warrant or charge, beaten and humiliated. Upon arrival at the prison she was forcibly strip-searched by a male soldier. She immediately began a hunger strike demanding her release, for which she was punished with solitary confinement. She has already served a thirty-month period of Administrative Detention for which she was never charged or brought to trial.  For more information see here.

Last month another Palestinian prisoner, Khader Adnan,ended his 66-day hunger strike against his imprisonment in a deal that will see him released on April 17th.

mercredi 21 mars 2012

Hana shalabi : 34 jours de grève de la faim, 34 days on hungerstrike


Hana Shalabi on Her 34th Day of Hunger Strike: Israeli Prison Service Refusing to Transfer Her to Hospital Despite Immediate Risk of Death

Joint Statement, Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Physicians for Human Rights-Israel and Al-Haq

To all the free and loyal Palestinian people, I direct my words to you—while I and all my brothers and sisters in the occupier’s prisons are on hunger strike, we call on you to continue your solidarity and for the issue of prisoners to be on the highest priority list […] I call on  foreign states to continue action in applying pressure [on Israel] towards the release of all our courageous prisoners. 
-Hana Shalabi, 16 March 2012   Ramallah-Jaffa, 20 March 2012 – 

 Addameer,  Physicians for Human Rights-Israel (PHR-Israel) and Al-Haq express their grave concern for the health of Hana Shalabi, who is at immediate risk of death on her 34th day of hunger strike. 
As of today, the Israeli Prison Service (IPS) is refusing to transfer Ms. Shalabi to the hospital, despite yesterday’s urgent reports by her doctor that she should be transferred immediately. Addameer, PHR-Israel and Al-Haq are certain that the quality and facilitation of medical care administered by the IPS is not adequate to attend to her current condition. Meanwhile, today, the Israeli military judge of the Court of Appeals postponed yet again making a decision regarding Ms. Hana Shalabi’s four-month administrative detention order following a meeting with her lawyers and the military prosecution.  

Following an urgent report issued by the PHR-Israel doctor who examined Ms. Shalabi yesterday, 19 March, which concluded that Ms. Shalabi is in immediate mortal danger and should be immediately transferred to a hospital for close observation, Ms. Shalabi was transferred to the civilian Meir Hospital last night. However, for unknown reasons, she was not admitted to the hospital and the IPS transferred Ms. Shalabi back to the IPS medical center in Ramleh Prison Hospital later on the same night. Ms. Shalabi’s doctor was not informed of this transfer until today. Addameer, PHR-Israel and Al-Haq share fears regarding the adequacy and timeliness of the medical care available in Ramleh, especially given the growing concern about her rapidly deteriorating condition.   Today, the chairman of PHR-Israel has been pushing on all possible fronts for her immediate transfer to a hospital.  When he asked the IPS why they are refusing to transfer her, IPS Chief Medical Officer Dini Orkin informed him that the commissioner of the IPS—who is not a medical official—said that Ms. Shalabi’s doctor would have to return to Ramleh and provide another medical opinion before they would even consider her transfer, despite her urgent report from yesterday. Furthermore, and even more troubling, Ms. Shalabi reported to the PHR-Israel doctor that during her various transfers yesterday, she was handled violently, including being “dragged across the floor”. Her PHR-Israel doctor is particularly worried about Ms. Shalabi in light of this mistreatment, which undoubtedly is having an effect on her already-fragile state. Any further deterioration or aggravation of her condition, including emotionally, could cause a heart attack.   Addameer, PHR-Israel and Al-Haq also condemn the IPS’ latest actions regarding its role in pressuring Ms. Shalabi to end her hunger strike. During a visit by Addameer lawyer Muna Neddaf on 16 March, Ms. Shalabi stated that the IPS’ attempts to get her to end her hunger strike have included continuing to deny her family visits for the next month from 13 March; pressure from a Muslim cleric who is a member of the IPS “Ethics Committee”; and attempts to undermine her confidence and trust in her PHR-Israel doctor, including providing her with misinformation and telling her the doctor does not care about her. The IPS continues to consider force-feeding in disregard to the principles of medical ethics and the guidelines of the World Medical Association and the Israeli Medical Association.   In legal proceedings, today’s meeting followed her original appeal hearing on 7 March, during which the military judge stated that he would make his decision on 11 or 12 March in order to give the military prosecution ample time to “revise its position” and to allow for any negotiations on a “deal” between the military prosecution and the committee of lawyers representing Ms. Shalabi. He noted that his intention was for any such “deal” to occur at the Appeals Court level and not after, as in the case of Khader Adnan. No decision was made on 11 or 12 March in this regard. Today’s meeting with the Israeli prosecutor and Ms. Shalabi’s lawyers was called for by the military judge to discuss developments on the matter. However, the negotiations have not resulted in any agreement as of today. As a result, the judge stated that he will be announcing his decision soon, but did not specify when. The judge requested a detailed medical report on Ms. Shalabi’s health condition, which has been prepared by the PHR-Israel doctor and submitted to the court.   Commenting on the discussions, Addameer lawyer Mahmoud Hassan stated that “the Israeli military prosecution’s concern is to get Hana to end her hunger strike as opposed to seriously considering the reasons underlying Hana’s protest, including the infringement on her right to fair trial and right to an effective defense.”   At least 23 other Palestinian political prisoners are currently on hunger strike to protest the use of administrative detention as an indefinite form of detention without charge or trial, including 72-year-old Palestinian Legislative Council member Ahmad Al-Hajj Ali. Since the beginning of March, a number of administrative detainees have refused to acknowledge the military court and refused to participate in legal discussions of their cases. Due to Israel’s use of administrative detention, and the lack of due process afforded to Palestinians in the military court system, a hunger strike serves as a non-violent and sole tool available to administrative detainees and other political prisoners to fight for their basic human rights.   Addameer, PHR-Israel and Al-Haq are gravely concerned for the life of Hana Shalabi and call for her immediate transfer to a hospital, with adequate care that is uninterrupted by frequent and unnecessary transfers. Addameer, PHR-Israel and Al-Haq also appeal to the local and international communities to take every action in applying pressure on Israel to seriously address the underlying reasons behind the growing protests of Palestinian political prisoners and to end the large scale practice of internment without charge or trial. This practice is indicative of willful deprivation of the right to fair trial afforded to protected persons, in addition to the well-documented systematic policy of torture and inhuman and degrading treatment as methods of intimidation and coercion that Israel employs.     Background:   Legal information:
  • Ms. Hana Shalabi, 30 years old and resident of Burqin village near Jenin, was re-arrested on 16 February 2012 and is being held in Hasharon Prison.  She has been on hunger strike since 16 February in protest of her violent arrest, the harmful and degrading ill-treatment she suffered following her arrest and of her administrative detention. She was previously held for over two years in administrative detention and released in the exchange deal on 18 October 2011.
  • On 23 February, the Israeli Military Commander issued a six month detention order for Ms. Shalabi.
  • On 29 February, the Judge convened a meeting at the Ofer military court to discuss her detention. Neither Ms. Shalabi nor her lawyers were present.
  • On 4 March the military court declared that Ms. Shalabi’s administrative detention order would be reduced from six to four months.
  • On 7 March, an appeal hearing was held. The military judge stated that a decision would be expected around 11 March. During this time the judge urged that any agreement between the prosecution and defense should be reached at this level. No agreement was reached and no decision was announced on that date.
  • On 20 March, the judge of the Court of Appeals summoned the Israeli military prosecution and the lawyers’ committee representing Ms. Shalabi in a meeting to review the developments towards an agreement. No agreement was reached, therefore the judge is expected to announce his decision, yet no specific time was given. 
Medical attention:
  • On 27 February Ms. Shalabi stated that she would not accept medical attention from the IPS, and that she would only accept to be examined by an independent doctor from PHR-Israel. IPS denied PHR-Israel doctors permission to visit Ms. Shalabi.
  • On 4 March, PHR-Israel filed a petition to the District Court in Petach Tikva demanding that the IPS approve without delay a visit by PHR-Israel doctors to Hana.
  • On 7 March the Israeli District Court ruled on the case brought by PHR-Israel that the IPS should allow a PHR-Israel doctor permission to visit and examine Hana Shalabi.
  • On 8, 12, 19 March a PHR-Israel volunteer doctor has been able to examine Hana Shalabi.
  • On 13 March the IPS Ethics Committee held a meeting to discuss the possibility of force-feeding a detainee on hunger strike.
  • On 19 March, she was transferred to a hospital and then transferred back to the prison hospital. Her doctor is very worried about her as a result of the mistreatment.

lundi 19 mars 2012

Hana Shalabi : 32 days on hungerstrike, 32 jours en grève de la faim

Lawyer: Hana Shalabi's health is deteriorating
19/03/2012 
 
 
(MaanImages/file)
 
BETHLEHEM (Ma’an) -- The health of administrative detainee Hana Shalabi is deteriorating, a lawyer said on Sunday.

Sherine Iraqi, a lawyer for the Palestinian prisoners society, said that Shalabi can no longer stand, has very low blood pressure and has lost a lot of weight.

The lawyer had earlier met with the representative for female Palestinian prisoners Lina Jarbouni.

Physicians for Human Rights will visit Shalabi on Monday to examine her and try to get her admitted to hospital, Iraqi added.

Detainee Lina Jarbouni called on all human rights institutions and the Palestinian leadership to intervene to help Shalabi.

Shalabi, from the village of Burqin, is being held in "administrative detention," a category in the Israeli legal system which permits imprisoning suspects for six months at a time without charge.

She entered the 32nd day of her hunger strike on Sunday.

samedi 17 mars 2012

Un excellent film sur les prisonniers palestiniens libérés

Libres dans la prison de Gaza
 
un reportage avec les prisonniers palestiniens libérés (25 min.)
réalisé par Chris Den Hond et Mireille Court, janvier 2012.

Version en français : http://youtu.be/xIG0R5c_FF4

Version en arabe : http://youtu.be/ZXUE0bcg2hk

Aussi disponible en DVD.

Fin 2011, 1028 prisonniers palestiniens ont été relâchés en échange du soldat israélien Gilad Shalit. Nous avons voulu donner un visage à ces résistants, inconnus dans le monde. Pour les rencontrer, nous avons dû passer par un des tunnels à Rafah. Les ex-prisonniers nous ont raconté leur vie en prison : l'interrogatoire, l'isolement, le manque de soins médicaux, la brutalité des geôliers, l'interdiction de visites familiales, les grèves de la faim et aussi la joie de la libération.

Obeid : On m’a fait du chantage en arrêtant ma mère, ma femme, tous mes frères. Tout cela pour que je passe aux aveux. Ils ont arrêté ma mère, âgée de 70 ans. Wafa: Il y avait des moments qui m'affaiblissaient, par exemple quand mon geôlier israélien a assassiné le chat que j'élevais dans la prison. Bassim: J'ai été en isolement plusieurs fois: en 1993 pendant trois ans. En 2004 pendant 3 ans. Également de 2007 à 2010.
Hamza: Ils te font des douches d'eau froide en hiver. Samir: En interrogatoire, le "chabeh" consiste à mettre un sac sur la tête pour isoler le prisonnier. Loay: Le prisonnier doit constamment s'encourager lui-même et se répéter qu'il doit résister face à l'ennemi sioniste. Oum-Jaber Wechah : J’ai allaité mes enfants. Tant qu’il y aura des femmes palestiniennes qui donneront naissance à des enfants, elles les allaiteront du lait de la patrie, le lait de la ténacité, le lait de la résistance.



Adlène Hicheur et la justice d'exception

L'affaire Hicheur, "emblématique des dérives de la lutte antiterroriste" 

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le Jeudi 15 Mars 2012 à 16:39

Adlène Hicheur, physicien du Cern (Centre européen de recherche nucléaire), a été interpellé le 8 octobre 2009, soupçonné d'avoir envisagé des actes terroristes. Il est en détention provisoire depuis plus de deux ans, et sera jugé les 29 et 30 mars prochains. Ses soutiens dénoncent aujourd'hui "une justice d'exception" contraire aux droits de l'homme.

Les soutiens d'Adlene Hicheur (ici son frère et son avocat) dénoncent une enquête à charge © Maxppp Vincent Isore

"On l'a présenté dès le départ comme le coupable idéal", s'insurge Me Patrick  Baudouin, l'avocat d'Adlène Hicheur. Pour lui, son client est la victime du "rouleau compresseur de la justice antiterroriste". Le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme dénonce lui une "justice d'exception, qui ignore largement les droits de la défense et piétine un certain nombre de nos principes". Les soutiens du physicien tentent aujourd'hui d'attirer l'attention sur son cas, plus de deux ans après son incarcération.
"Une instruction totalement à charge"
D'autant que pour eux, le dossier est quasiment vide. L'accusation s'appuie sur des mails échangés entre Adlène Hicheur et un chef d'Al-Qaeda. L'avocat parle lui d'une "instruction totalement à charge", et d'un "marketing sécuritaire", consistant à "partir d'une vérité pré-établie qu'il faut conforter à tout prix". Il évoque notamment des manipulations, des traductions arabe-français "à charge", ainsi que des tentatives de subornation de témoin. "Que reste-t-il ? Des échanges de mails. Mais tout est resté au stade de l'échange. Il refuse tout, il n'accepte rien. Il n'y a jamais de la part de Hicheur de début d'intention de mise en oeuvre d'un projet précis et terroriste."
Le 8 octobre 2009, Adlène Hicheur est interpellé à Vienne (Isère) et mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Il est placé en détention provisoire quatre jours plus tard et y est toujours aujourd'hui : ses quinze demandes de remise en liberté ont toutes été refusées. "C'est Guantanamo !" s'insurge aujourd'hui Me Baudouin. "La justice a du mal à reconnaître ses erreurs."

mercredi 14 mars 2012

REVIVRE : un livre à commander !

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Auteur de crime et victime témoignent, côte à côte

Un ex-détenu et un père endeuillé racontent le long chemin de la « résilience » après le meurtre. Des deux côtés du drame, les deux Belges se sont reconstruits en s’engageant pour la justice.
Jean-Pierre Malmendier a perdu sa fille dans un meurtre tragique.

Jean-Marc Mahy a ôté la vie par deux fois et passé 19 ans derrière les barreaux. Opposés par un drame similaire, les deux hommes se lient pourtant d’amitié après leur rencontre, en 2006, lors d’un débat télévisé sur une chaine luxembourgeoise (RTL-TVI). Dans Après le meurtre, revivre, Anne-Marie Pirard retranscrit, à leur demande, le témoignage croisé de ces deux hommes qui cherchent à se « reconstruire » dans un combat commun pour une justice « restauratrice ».

Perpétuité

Jean-Marc Mahy est emprisonné à 17 ans pour « vol avec violence ayant entrainé la mort sans intention de la donner ». Le 24 novembre 1984, au cours d’un cambriolage à Waterloo, en Belgique, il porte des coups à un vieil homme qui décède quelques jours plus tard. Rongé par les remords, l’adolescent supporte mal la violence de sa détention provisoire où il est placé à l’isolement. Condamné à 18 ans de travaux forcés deux ans après les faits, il s’évade avec deux complices. Mais sa virée s’achève dans le sang, le 14 avril 1987. Reconnus dans un café du Luxembourg, les trois co-détenus en fuite sont appréhendés par deux gendarmes, mais tentent de s’échapper en saisissant, sous la menace, l’arme de service d’un des deux fonctionnaires. Un coup part dans la panique et touche mortellement l’officier. À 19 ans, Jean-Marc Mahy est condamné à la prison à perpétuité le 19 décembre 1988.
En détention, il tente de se donner la mort à maintes reprises, « puis lentement, difficilement, il choisira la vie » et le témoignage, pour se reconstruire avec le souvenir pesant de ses deux victimes.
Jean-Pierre Malmendier, aujourd’hui décédé depuis un an, était employé d’une concession de véhicules utilitaires à Montzen (Belgique) lorsque sa fille de 17 ans disparaît, le 15 juillet 1992. Avec son petit ami, l’adolescente est abattue froidement par deux ex-détenus en liberté conditionnelle et en congés pénitentiaire [1]. Avec sa « douleur atroce », Jean-Pierre Malmendier prend la plume et dénonce les régimes de libération conditionnelle. Il lance une pétition pour demander des peines incompressibles qui recueille 260 000 signatures et connaît un fort retentissement dans le débat public belge.

Revivre

Les deux hommes racontent l’enfermement et le long chemin qui les fait « réexister ». Malgré « l’angoisse indicible » et la profonde solitude du père désenfanté, Jean-Pierre Malmendier tente de surmonter ses « mouvements de haine ». Il rend visite aux parents du meurtrier de sa fille, eux aussi détruits et isolés. Puis s’engage dans une « médiation extra judiciaire » pour rencontrer directement le meurtrier à la prison d’Arlon (Wallonie), comme le permet la justice belge. Il lui faut trois ans « pour reconnaître le droit d’exister à l’être humain que je poursuivais de ma haine la plus féroce depuis 15 ans », raconte-t-il. Il devient sénateur coopté du Mouvement réformateur [2] (libéral) et s’engage pour faire avancer le droits des victimes. À mesure qu’il découvre l’univers carcéral, cet ancien éducateur adoucit ses positions sur les peines incompressibles et demande des sanctions pédagogiques.
Jean-Marc Mahy passe ses trois premières années de détention à l’isolement dans un bloc du centre pénitentiaire de Schrassig, au Luxembourg, fermé depuis pour conditions de détention dégradantes et inhumaines [3]. Trois ans sans voir personne, avec une « cuve » de deux mètres sur trois comme seule cours de promenade dans laquelle il ne se rend que deux ou trois fois.
Jean-Marc Mahy refait surface grâce à la radio, la lecture, puis l’écriture et avec le soutien des visiteurs de prison. Depuis sa sortie en liberté conditionnelle, en septembre 2006, il témoigne pour « s’acquitter du solde de sa dette » et mettre son expérience à profit : un film documentaire [4], des débats publics puis une pièce de théâtre, Un homme debout, dans laquelle il retrace, seul sur scène, son parcours carcéral.

Justice « restauratrice »

Jusqu’au décès de Jean-Pierre Malmendier, les deux amis prêchent côte à côte pour « repenser totalement les systèmes judiciaires » afin de lutter contre la récidive. Une « écoute respectueuse et des échanges intenses » accompagnent la tournée d’Un homme debout. Jean-Pierre Malmendier prône toujours « une justice sévère où le détenu purge une partie suffisante de sa peine ». Il veut faire des victimes des « acteurs de la justice ». Mais il milite aussi pour une action « d’apaisement » et un accompagnement de la parole des auteurs de crimes, chez qui, dit-il, « l’acte violent cause [aussi] un traumatisme ». Jean-Marc Mahy devient éducateur et milite pour améliorer les conditions de détention et de réinsertion pour que la sanction « contribue à rendre l’homme meilleur ». Ensemble, ils créent une association, Re-Vivre, et multiplient les interventions en faveur d’une justice « restauratrice » qu’il préfèrent à la justice « réparatrice ».
Anne-Marie Pirard présente le vécu de ces deux hommes dans un récit simple au service de leur message. Les deux textes parallèles, qui reproduisent des extraits de la pièce Un homme debout et d’autres témoignages, dessinent une réflexion sur la justice, fondée sur la reconnaissance de l’autre. « Le meurtre, écrit l’auteure, fait toujours de nombreuses victimes. »
Nota Bene :

Après le meurtre, revivre, Jean-Marc Mahy et Jean-Pierre Malmendier, témoignages recueillis par Anne-Marie Pirard, couleurs livres, 136 pages, 14€

Richard Falk : the heroic Hana Shalabi

Hana Shalabi: The Bravest Form of Nonviolence 

Published on Tuesday, 13 March 2012 14:00 

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Previously Published at Foreign Policy Journal

By Richard Falk

No sooner had Khader Adnan ended his 66-day life-threatening hunger strike than new urgent concerns are being voiced for Hana Shalabi, another West Bank hunger striker now without food for more than 25 days. Both strikes were directed by Palestinian activists against the abusive use of administrative detention by Israeli West Bank occupying military forces, protesting both the practice of internment without charges or trial and the degrading and physically harsh treatment administered during the arrest, interrogation, and detention process.

The case of Hana Shalabi should move even the most hardhearted. She seems a young tender and normal woman who is a member of Islamic Jihad, and is dedicated to her family, hopes for marriage, and simple pleasures of shopping.
She had previously been held in administrative detention at the HaSharon prison in Israel for a 30 month period between 2009 and 2011, being released in the prisoner exchange of four months ago that freed 1,027 Palestinians and the lone Israeli soldier captive, Gilad Shalit. Since her release, she has been trying to recover from the deep sense of estrangement she experienced in prison, and rarely left her home or the company of her family. 

As she was returning to normalcy, she was re-arrested in an abusive manner, which allegedly included a strip-search by a male soldier. On February 16, 2012, the day of this renewal of her administrative detention, Hana Shalabi indicated her resolve to start a hunger strike to protest her own treatment and to demand an end of administrative detention now relied upon by Israel to hold at least 309 Palestinian in prison. Her parents have been denied visitation rights, she has been placed in solitary confinement, and her health has deteriorated to the point of concern for her life. Impressively, her parents have committed themselves to a hunger strike for as long as their daughter remains under administrative detention. Her mother, Badia Shalabi, has made a video in which she says that even to see food makes her cry, considering the suffering of her daughter.

Despite the calls to Palestinian from liberals in the West, these extraordinary hunger strikes have been met with silence or indifference in both Israel and the West. Israeli authorities declare that such a posture is a voluntary action for which they have no responsibility. The UN has not raised its voice, as well. I share the view of Khitam Saafin, Chairwoman of the Union of Palestinian Woman's Committee: "The UN must be responsible for the whole violation that are going on against our people. These prisoners are war prisoners, not security prisoners, not criminals. They are freedom fighters for their rights." The plight of Hana Shalabi is also well expressed by Yael Maron, a spokesperson for the Israeli NGO, Physicians for Human Rights-Israel: "The story of Hana Shalabi, like that of Khader Adnan, before is in my opinion a remarkable example of a struggle that's completely nonviolent towards one's surroundings. It is the last protest a prisoner can make, and I find it brave and inspiring."

To engage in an open ended hunger strike, especially for a person who is not in a leadership role, requires a deep and abiding dedication to right a perceived wrong of the greatest gravity. It is physically painful and dangerous to bodily health, as well as being psychologically demanding in the extreme. It presupposes the strongest of wills, and usually arises, as in these instances, from a sense that any lesser form of resistance is futile, and has a long record of failure. In the end, it is an appeal to the conscience and humanity of the other, and a desperate call to all of us, to understand better the cartography of abuse that abusive imprisonment entails, which I would imagine is pervasively humiliating for a religiously oriented young Islamic woman. To risk life this way without harming or even threatening the oppressor is to turn terrorism against the innocent on its head. It is potentially to sacrifice one's life to make an appeal of last resort, an appeal that transcends normal law and politics.

We can only fervently hope and pray that Hana Shalabi's heroic path of resistance will end with her release and the restoration of her health. For Israel's own moral wellbeing it is time, really long past time, to renounce reliance on administrative detention and to do more than this, to end forthwith its varied crimes of occupation. At this point the only possible way to do this is to withdraw unconditionally behind the 1967 borders, and to start peace negotiations from that altered position. It is politically unimaginable that Israeli leaders will heed such a call, but it is morally unimaginable that Israel will survive its impending spiritual collapse if it does not do so.
In the meantime, we who are beyond these zones of occupation, abuse, and imprisonment, can only stand and watch as this tragic drama plays itself out.

lundi 12 mars 2012

Adlène Hicheur : conférence de presse 15 mars

Conférence de presse sur l’affaire Adlène Hicheur

Jeudi 15 mars à 11h00
au siège de la LDH, salle A. Dreyfus
138, rue Marcadet - Paris 18e
M° Lamarck Caulaincourt (12) / Marcadet (4)

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) organise une conférence de presse sur l'affaire Adlène Hicheur présidée par Michel Tubiana, président d’honneur de la LDH.

La procédure judiciaire menée depuis 2009 à l’encontre d’Adlène Hicheur, mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme et incarcéré depuis deux ans et demi, est une illustration supplémentaire des dérives de l’antiterrorisme en France, tout comme l’affaire dite de « Tarnac ».

Cette conférence de presse sera l’occasion de revenir sur ces dérives, deux semaines avant l’ouverture du procès d’Adlène Hicheur, qui aura lieu les 29 et 30 mars devant la 14ème chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Avec la participation de :

· Patrick Baudouin, avocat d’Adlène Hicheur et président d'honneur de la FIDH,

· Jean Pierre Lees, président du Comité international de soutien à Adlène Hicheur,

· Aurélio Bay, professeur à l’Ecole polytechnique de Lausanne,

· Halim Hicheur, frère d’Adlène Hicheur,

· Redouane Abid, porte parole du Collectif viennois de soutien à Adlène Hicheur

· Jérémie Assous, avocat des mis en examen de l’affaire de Tarnac,

· Benjamin Rosoux, mis en examen dans l’affaire de Tarnac,

Contact presse
Anne Garacoïts

Service communication LDH

01 56 55 51 08

anne.garacoits@ldh-france.org <mailto:anne.garacoits@ldh-france.org>

www.ldh-france.org <http://www.ldh-france.org/>

France : une justice de plus en plus sévère

Que fait la justice pénale ? Le bilan statistique de l’année


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Les « chiffres clefs de la justice » ont été publiés par le ministère de la Justice début décembre 2011. Ils donnent les principaux repères concernant l’activité de la Justice en 2010. Par ailleurs, à la fin du même mois de décembre, le site Internet du ministère a également mis en ligne le volume statistique annuel intitulé « Les condamnations », toujours pour l’année 2010. Ensemble, ces productions permettent de faire un bilan chiffré de l'activité de la justice pénale ainsi que de la partie de la délinquance qu'elle traite. Comme toujours, ce bilan réserve  quelques surprises tant les discours politiques et le traitement médiatique des faits divers sont éloignés de la réalité quotidienne des commissariats de police, des brigades de gendarmerie et des palais de justice.

Du constat policier à la poursuite pénale
En 2010, l’ensemble des parquets ont reçu 5 millions de procès-verbaux. D’emblée, près de 60 % d’entre eux étaient inexploitables car l’auteur de l’infraction constatée ou dénoncée auprès de la police ou de la gendarmerie est demeuré inconnu (ce sont les « plaintes contre X », notamment pour des vols, des cambriolages et des dégradations). Faute d’élucidation policière, la justice est donc totalement désarmée. Elle élimine ensuite près d’un demi-million de procédures qui n’ont pas respecté le droit ou bien qui n’ont pas réuni de charges suffisantes pour permettre de poursuivre une ou plusieurs personnes. Au final, restent 1,4 million d’affaires effectivement « poursuivables ». Toutefois, il faut encore en retrancher un peu plus de 160 000 qui seront classées sans suite pour des raisons précises : impossibilité de trouver les auteurs, désistement du plaignant, état mental déficient du suspect, découverte de la responsabilité de la prétendue victime, caractère trop bénin du préjudice subi ou du trouble constaté. Le nombre de ces « classements sens suite » ne cesse toutefois de diminuer au fil des ans sous la pression politique de « tolérance zéro » donc de réponse systématique aux faits mêmes les moins graves ou les moins bien établis.
Au final, les parquets ont déclenché quelque 640 000 poursuites, la plupart devant les tribunaux correctionnels s’agissant de délits et non de crimes. Pour les contraventions, ils ont aussi transmis un peu plus de 50 000 affaires aux tribunaux de police. Enfin ils ont saisi les juges des enfants dans près de 54 000 affaires. Tous ces chiffres sont en légère baisse par rapport à 2009.
A côté de ces poursuites devant les tribunaux, les parquets ont aussi eu recours à des mesures « alternatives aux poursuites » (essentiellement des « rappels à la loi ») ainsi qu’à des « compositions pénales », un ensemble de procédures mises en place dans les années 1990 et qui permettent aux Procureurs de traiter rapidement des affaires peu graves (évitant ainsi de surcharger davantage les tribunaux et de rallonger encore les délais de traitement des affaires).
Enfin, les « chiffres-clefs » détaillent aussi le même schéma concernant spécifiquement les mineurs. Ces derniers représentent environ 10 % du volume d’affaires « poursuivables ». Ici, la pression politique (et médiatique) étant encore plus forte, la part des classements sans suite est encore plus réduite (6 % de l’ensemble). En échange, plus de la moitié des affaires sont traitées directement par les parquets avec des mesures « alternatives aux poursuites », essentiellement des « rappels à la loi » (admonestations). Au total, le « taux de réponse pénale » (c’est-à-dire la proportion d’affaires non classées sans suites) atteint 94 % chez mineurs, nettement plus que chez les majeurs.

Photo : clarapeix - flickr - licence cc

Qui est condamné à quoi ?
Au terme des poursuites, un peu moins de 630 000 condamnations ont été prononcées en 2010 et inscrites au Casier judiciaire, sanctionnant quelque 940 000 infractions (une même condamnation peut englober plusieurs infractions). Parmi ces infractions, 0,4 % étaient des crimes, 93,4 % étaient des délits et 6,2 % des contraventions de 5ème classe. Les délits sont donc l’essentiel. Parmi eux, 35 % étaient des infractions routières (conduite en état alcoolique, conduite sans permis, défaut d’assurance...). Voilà en réalité le type de délinquance dont s’occupent en premier les institutions pénales de nos jours, chose peu connue. Viennent ensuite - et c’est une seconde surprise - avec près de 15 % de l’ensemble des délits les « infractions en matière de stupéfiants » (dont 70 % sont de simples usages ou détentions). L’ensemble des vols et recels n’arrivent qu’en troisième position avec quelques 127 000 infractions sanctionnées. Puis ce sont les violences physiques avec un peu moins de 80 000 infractions sanctionnées (dont 80 % parmi les moins graves selon le critère du nombre de jours d’ITT - incapacité totale de travail). Dernière surprise, viennent ensuite quelques 36 000 « infractions à personnes dépositaires de l’autorité publique » (principalement des policiers), dont près de 60 % sont de simples « outrages » (insultes, gestes obscènes, etc.).
Au total, on mesure ici le décalage - pour ne pas dire le gouffre - qui sépare le débat public de la réalité quotidienne des salles d’audiences correctionnelles. Le premier est alimenté par des discours politiques dramatisateurs et accusateurs ainsi que par des médias en mal de sensation à travers les faits divers les plus graves mais qui sont aussi les moins représentatifs. Dans l’ensemble des infractions sanctionnées par la justice, les crimes ne représentent que 0,4 %. La moitié sont des viols, puis viennent les homicides et enfin certains vols à main armée.
Enfin, du côté des auteurs, la justice a condamné en 2010 près de 630 000 personnes, dont les principaux éléments descriptifs sont inchangés par rapport à l’année antérieure. 90,6 % étaient des condamnés sont des hommes, et c’est à la virgule près exactement le même chiffre que l’année passée (ce qui contredit une fois de plus l’idée selon laquelle les femmes seraient de plus engagées dans la délinquance). 8,4 % étaient des mineurs et c’était 8,7 % l’année précédente, ce qui contredit là encore les discours convenus sur l’augmentation permanente de la délinquance des mineurs et invite à s'interroger sur la priorité politique dont ils « bénéficient » en France (quant aux mineurs de moins de 13 ans, récemment visé par de nouvelles lois, ils représentent moins de 0,3 % de l’ensemble des personnes condamnées en 2010). Enfin, 82,2 % des condamnés étaient de nationalité française, 12,7 % de nationalité étrangère et le reste de nationalité inconnue. Les nationalités les plus fréquentes parmi ces personnes condamnées étaient à égalité les Algériens et les Marocains, devant les Portugais, les Roumains, les Tunisiens et les Turcs.

Photo : deneux_jacques - flickr - licence cc

Une justice de plus en plus sévère, en particulier avec les mineurs
Une dernier lieu commun des discours politiques et de ceux du café du commerce est celui qui veut que la justice soit toujours terriblement « laxiste » face à la délinquance. Or ces statistiques portant sur l’ensemble des activités de la justice pénale française semblent démentir ce préjugé. En effet, près de la moitié des 630 000 condamnations prononcées par les tribunaux en 2010 ont été des peines d’emprisonnement et de réclusion (49 %), suivies par les amendes (36 %), les peines de substitution (10 %) et les mesures éducatives (4 %).
Cette sévérité croissante de la justice est particulièrement sensible concernant les mineurs, preuve que le véritable arsenal déployé contre eux par le gouvernement et le parlement ces dernières années impacte progressivement les pratiques judiciaires, y compris celles des juges des enfants qui sont sans doute la cible principale du pouvoir politique actuel. Non seulement, on l’a vu, c’est ici que la « réponse pénale » est la plus forte. L’examen des décisions des juges des enfants indique en effet une nette augmentation de leur sévérité. Lors même qu’ils ont été moins souvent saisi en 2010 qu’en 2009, ces juges ont d’abord prononcé davantage de mesures présentencielles contraignantes (placements, contrôle judiciaire et détention provisoire) au cours des procédures. Ensuite, à l’issue de leurs instructions, ils ont également prononcé nettement moins de mesures éducatives et d’amendes et, au contraire, davantage de peines d’emprisonnement. L’on trouve enfin un dernier indice de cette sévérité spéciale concernant les mineurs dans les statistiques pénitentiaires. Tandis que l’ensemble de la population carcérale a augmenté de 1,3 % en 2010, cette augmentation a été la plus forte chez les mineurs (3 %).

France : création de 24000 cellules en plus en cinq ans

Le Parlement vote la création de 

24 000 places de prison en cinq ans

LEMONDE.FR avec AFP | 29.02.12 | 21h01   •  Mis à jour le 29.02.12 | 21h09

La gauche, qui reproche au gouvernement de tout miser sur "l'enfermement" sans faire reculer la délinquance, a voté contre ce projet, approuvé par la droite et le centre, qui ont taxé "d'angélisme" l'opposition lors des débats.

La gauche, qui reproche au gouvernement de tout miser sur "l'enfermement" sans faire reculer la délinquance, a voté contre ce projet, approuvé par la droite et le centre, qui ont taxé "d'angélisme" l'opposition lors des débats.REUTERS/RUBEN SPRICH

Le Parlement a adopté mercredi soir par un dernier vote de l'Assemblée nationale un projet de loi prévoyant la création de 24 000 places de prison dans les cinq ans. L'objectif est de réduire le nombre de peines non exécutées.

La gauche, qui reproche au gouvernement de tout miser sur "l'enfermement" sans faire reculer la délinquance, a voté contre ce projet, approuvé par la droite et le centre, qui ont taxé "d'angélisme" l'opposition lors des débats.
Le nombre de peines "en attente d'exécution" devrait être ramené, selon le gouvernement, à 35 000 en 2017, contre 87 000 à la fin de l'an dernier et 100 000 en 2010. Ce chiffre concerne uniquement les délits, les peines criminelles étant appliquées sans délai. La moitié des peines non encore exécutées correspondent à des durées inférieures ou égales à trois mois de prison.
Inspiré par un rapport du député UMP Eric Ciotti, ce texte avait été annoncé par Nicolas Sarkozy mi-septembre. Le ministre de la justice, Michel Mercier, l'avait présenté en conseil des ministres le 23 novembre, quelques jours seulement après le meurtre en Haute-Loire d'une adolescente, Agnès, avoué par un lycéen déjà poursuivi pour viol dans le Gard en 2010. Un article du projet de loi fait également obligation à la justice d'informer les chefs d'établissements scolaires si un élève est placé sous contrôle judiciaire pour des crimes ou délits violents ou de nature sexuelle.

Un record historique dans les prisons françaises

66 445 détenus dans les prisons françaises, un nouveau record

LEMONDE.FR Avec AFP | 12.03.12 | 16h50


Selon le communiqué du ministère de la justice, le parc pénitentiaire comptait 57213 places opérationnelles au 1 er mars 2012.
Selon le communiqué du ministère de la justice, le parc pénitentiaire comptait 57213 places opérationnelles au 1 er mars 2012.Reuters

Avec 66 445 personnes incarcérées, le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint un nouveau record historique le 1er mars, selon les statistiques mensuelles de l'Administration pénitentiaire (AP), publiées lundi 12 mars, soit une hausse de 6 % par rapport au mois de mars 2011. Le précédent record était de 65 699 détenus un mois plus tôt, au 1er février.

Selon le communiqué du ministère de la justice, le parc pénitentiaire comptait 57 213 places opérationnelles au 1er mars 2012 ce qui représente un taux d'occupation de 116,13 % en mars (114,8 % un mois plus tôt).

Le nombre de personnes en détention provisoire s'élevait à "16 512 pour 49 933 personnes condamnées, soit 24,8 % des personnes incarcérées", ajoute le texte, soit une baisse de 1,4 % par rapport à l'année précédente. 715 détenus sont des mineurs, soit 1,1 % de l'ensemble des personnes incarcérées.
Enfin selon le texte du communiqué, 11 881 personnes bénéficient d'un aménagement de peine sous écrou, soit 19,8 % de l'ensemble des personnes écrouées condamnées.

Un projet de loi prévoyant la création de 24 000 places de prison dans les cinq ans, pour porter leur nombre à 80 000 à la fin 2017, a été voté à la fin de février par le Parlement. Les députés et sénateurs PS ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel, contestant la procédure de partenariat public-privé prévue pour la création d'une partie de ces places.

dimanche 11 mars 2012

Le Journal de Farida : Je vous pose la question

Avec Samira et Houria, deux femmes de détenus
Il y a quelque temps, on me disait qu'étant donné que mon frère Ali Aarrass n'appartenait à aucun mouvement contestataire. Que le fait qu'il se soit déclaré innocent depuis son arrestation. Que le fait qu'il ne soit pas de la gauche. Qu'il soit musulman et donc vu comme islamiste,...etc
Il n'avait donc pas le droit au soutien des mouvances de gauche (à quelques petites exceptions près).

Après l'avoir vu ce lundi 5 mars 2012, juste après l'audience en appel. Après avoir partagé deux heures avec lui et qu'il m'ait raconté de tas de choses qui m'ont démontré qu'il a toujours gardé la tête haute. Que dans les moments les plus pénibles, voir insupportables, il n'a pas manqué à répondre à ses bourreaux dans la négative, ne voulant pas entrainer par sa faute d'autres innocents vers la torture ou la détention arbitraire....

Je dis, qu'Ali est le meilleur militant que je connaisse! Le plus courageux! Car au péril de sa vie il a tenu tête courageusement et cela malgré que la torture s'intensifiait de plus en plus!
Ali est un HOMME un comme on en voit plus beaucoup! Car il persiste à demander à ce que justice lui soit rendue, non seulement à lui mais à de tas d'autres prisonniers qui sont aussi des innocents!
Car il risque par cette attitude de voir moins vite arriver sa liberté et qu'il maintient malgré cela sa position et cela malgré les risques d'être à tout moment ramené de nouveau vers la torture!

Je vous pose la question?

L'islamiste qu'est Ali n'a t il donc pas la CARRURE d'un militant plus que COURAGEUX ?
Ne mérite t il toujours pas le soutien des mouvements de gauche?

Aujourd'hui, je suis persuadée que si la réponse se voulait toujours négative, ce serait parce que vos perceptions du VRAI MILITANTISME du VRAI COURAGE ne sont pas les bonnes!

Farida AARRASS, fière d'être la soeur d'Ali AARRASS!

jeudi 8 mars 2012

Le Journal de Farida : j'ai vu Ali

 
mercredi 7 mars 2012, 22:28 ·

Je ne suis pas triste...Je vous assure que je ne le suis plus! Mes pleurs sont devenus des pleurs de joie.
Le souvenir de ce magnifique moment partagé avec Ali m'accompagne encore.
Je sens toujours sa main droite toute froide entre les miennes. Je tentais de la réchauffer, en vain.
Ses yeux clairs braqués sur les miens, dans un silence qui en disait long.
Ma mère et ma sœur étaient toutes deux présentes aussi.... Cependant j'aurais tellement voulu le voir seul! Je ne comprends pas ce sentiment égoïste qui m'a envahi au point de vouloir me retrouver seule avec lui.
J'ai pris le temps d'observer les marques autour de ses poignets! Marques cicatrisées sombres qui me ramènent loin, j'imaginais mon frère pendu par les mains, mais Ali nous ramène très vite au présent en nous posant des questions concernant un peu tout le monde!

Je ne peux m'empêcher de remarquer une autre cicatrice au cou, derrière l'oreille droite, elle devait être bien profonde la blessure qu'il avait à cet endroit... mais encore une fois Ali fait en sorte qu'on ne s'attarde pas à en parler et préfère qu'on lui raconte des choses concernant le monde extérieur!
Pose des questions et nous répondons au fur et à mesure tout en riant des fois et pleurant d'autres fois.

Je lui ai demandé de se lever et de marcher devant nous. J'avais besoin de le regarder se déplacer et constater qu'il marchait bien. Il se leva et se mit à le faire et lorsqu'il se retourna pour s'approcher de nous, je ne pus m'empêcher de le serrer de nouveau dans mes bras...elhamdolillah il marchait bien.

Il nous disait que ses mains et pieds manquaient toujours de sensibilité. L’ouïe toujours affectée par la surdité.

Il nous disait…. « Le pire est passé, ne vous inquiétez pas »… en baissant le regard, un regard vide et à la fois si chargé de peine.

Pourtant il se contredit très vite en disant qu’il faudrait qu’il voit un psychiatre.
Il sent qu’il nous inquiète et il reprend en disant…: « C’est juste que j’ai toujours des sursauts si quelqu’un apparaît derrière moi, que je fais trop souvent des cauchemars qui me font mal et que les moments d’angoisses s’intensifient de temps à autre » A part ça tout va bien…

J’ai aussi demandé à Ali comment c’était la détention en isolation?!

Il nous répond :

"C’est horrible ! Insupportable ! Cela ne devrait pas exister !
Tu ne peux communiquer avec personne, tu ne peux t’adresser à personne, tu n’as jamais quelqu’un avec qui échanger le moindre mot.
C’est le silence complet ! Les minutes se transforment en heures très longues, les journées semblent être des éternités !
On ne peut pas vivre dans la solitude, sans pouvoir discuter avec quelqu’un.
La voix perd sa force, tes cordes vocales perdent l’habitude d’émettre des sons…

Tu es à la recherche du moindre son externe et pourtant rien ne s'entend comme bruit...

Oui même quand tu essaies de prononcer quelques mots, syllabes,….. Tu n’y arrives plus, car comme tu ne parles jamais, tu as beau essayer de parler ta voix s’estompe."

Je poursuis en lui demandant:

"Comment as-tu fait pour tenir, pour résister à l’isolation ?"

Ali reprend :

« Je me parlais à moi-même ! Je m’adressais des discours, je me racontais des histoires et me posais même des questions, auxquelles je répondais afin de casser la solitude qui au bout d’un moment devient on ne peut plus dure à supporter ! »

"Je me touchais les membres, pour réaliser que j’étais bien là, que j’étais bien vivant, que j’étais bien un humain malgré ces conditions de détention inhumaines et surtout gratuites !

J’ai pendant longtemps senti l’envie de me regarder, puisque je n’avais ni miroir ni rien pour m’observer.

A un moment, bien après mon extradition au Maroc et après la torture sauvage qu’on m’a infligée, j’ai remarqué, que dans la cellule sombre dans laquelle j’étais, il y avait à un moment déterminé de la journée, un petit rayon de soleil qui traversait la pièce et ne reflétait que sur une dalle qui paraissait brillante mais très sale sur l’un des murs de ce cachot. Je m’empressais donc de nettoyer cette dalle afin de m’en servir comme miroir au moment précis où le soleil venait se poser dessus. Je me suis finalement légèrement aperçu, ce qui me fit le plus grand bien. Même si l’image n’était pas très claire. Me regarder m'a fait prendre conscience que j'étais bien là, que j'existais."  Ali disait ceci avec beaucoup de mal.....

Il m’a dit tout doucement :

" Ma très chère sœur, ils m’ont fait des choses horribles, inhumaines, cela a commencé alors que j’étais à 26 jours de grève de la faim, mais cela ne les a point dissuadé de poursuivre encore et encore tout ce mal !
Ils m’ont torturé au point que j’implorais à chaque seconde le Tout Puissant de me garder la tête froide, que je ne faiblisse en subissant de tels sévices.

Ils m’ont montré de tas de photos, de tas de noms, ils me torturaient et me disaient que je devais reconnaitre ces personnes !

Allahou Akbar ! A aucun moment je n’ai cherché à me sauver en accusant à tort un autre innocent ! J’ai maintenu tout le long de ces douze jours de calvaire que je ne connaissais personne ! Chaque fois qu’ils entendaient NON de ma part, ils me battaient encore plus fort !
Je souffrais le martyre et pourtant j’ai tenu le coup !
J’ai épargné des innocents ! Je remercie Allah de m’avoir aidé à résister à l’horreur !

Je les entendais dire : « Celui là il a surement été formé et entrainé pour supporter tout ça sans parler » Moi de mon fort intérieur je ne cessais de remercier le Tout Puissant pour la force qu’il m’attribuait.

Aujourd’hui je suis fière de ce qu’Allah a fais de moi et de ne pas porter la honte d’avoir amené une autre personne innocente à la torture ou à la détention arbitraire !

Aujourd’hui plus que jamais je vous dis qu’il faut se battre, lutter contre toutes ces injustice.
Je suis fière d’avoir des sœurs comme vous, une femme comme Houria, des parents comme les miens, tout un comité de soutien des gens qui ont même écris un livre pour moi et des personnes qui me soutiennent de loin.

Je reçois des lettres de toute la Belgique et cela me redonne énormément d’espoir ! Je vous remercie tous infiniment et vous demande svp de ne pas baisser les bras, jusqu’à ce que toute la lumière se fasse sur cette affaire.

Il ne s’agit pas que de moi, il y a d’autres prisonniers innocents qui ont subi les mêmes sévices et les mêmes injustices, qui n’ont ni avocat ni proche pour s’occuper d’eux ni de leurs cas. Je vous demande aussi en leur nom de ne pas renoncer à cette lutte. Stoppons la corruption et faisons régner la vraie JUSTICE !"

Voilà les paroles d’Ali qui nous ont remplies de fierté et de joie !

Nous sommes sorties de là plus déterminées que jamais de l’aider en faisant un maximum pour qu’il recouvre sa liberté et que justice lui soit rendue !