mercredi 31 août 2011

Le Journal de Souad : Bonjour Solitude

(Photo Sébastien Van Malleghem)

L'aliénation.
Depuis des années, on nous parle d'évolution, on nous parle d’intégration, on nous parle d'éthique morale ou sociale.
Mais que sommes-nous réellement face à ceux qui font nos lois ?
Face à ceux qui représentent le peuple et à qui on s'abandonne ?
On pourrait imaginer que le milieu carcéral est devenu moins pesant.
Oui il y a la tv, oui il y a le téléphone, oui, aujourd'hui, le prisonnier peut parler à une assistante sociale, et même avoir congé, mais devant ce paradoxe n'est-il pas toujours et encore plus seul ?
Peut-on encore parler pour lui d'intégration après l'aliénation la plus totale, la plus profonde à laquelle il sera livré ?
J'ai choisi l’aliénation, car pour moi c'est ce qui correspond le plus au profil du prisonnier, car une fois tombé entre les mains de la justice (système), il sera tout à fait étranger à lui même et à la société.
Il sera pris dans une spirale négative, venant d'une confrontation plus intense avec la délinquance.
Comment le nier ?
Livré constamment à lui-même, ses actes ne refléteront plus le véritable personnage.
Où se situera vraiment la raison, par rapport à un être isolé, banni, exclu ?
Le système crée des délinquants à long terme, il n'oblige pas un toxicomane à se soigner mais à purger une peine de prison ; et ce qui l'avait conduit à la toxicomanie, n'était-ce pas déjà une forme de prison morale ?
Pourquoi occulte-t-on ces aspects ? A qui cela profite-t-il ?
Le statut social, les cultures, les religions y contribuent, à une autre échelle.
Mais le mal est plus profond.
La société exclut, se débarrasse de ceux qui ont dérapé.

Overdose.

17 juin 2011, 01h12mn
A l' heure à laquelle on s'occupe de toi, moi je m'occupe d'eux,
Alors que tu joues à la poupée, je joue à la maman.
A l'heure où les plus grands t'inculquent les règles du monde,
Moi on m'apprend à transgresser.
J'ai dix ans lorsque j'aide mon frère pour son « fix », pas plus haute que toi,
Je sais ce que veut dire overdose, je sais ce que veut dire cure de désintox.
A l'heure où tu as le droit de dormir, moi je guette, j'ai peur que mon père plante ma mère,
Que mon frère meure, que ma sœur ne revienne plus,
Et à l'heure qu'il est j'ai la rage, celle contre ce système, contre l'immigration, contre l'amour,
Contre tout.
Je n'ai plus peur,
Je saigne, je ne revendique rien, ou plutôt tout.

Mous.

Quand un jour vous rencontrez une personne qui vous touche profondément et que vous souhaitez de tout cœur l'aider matériellement ou socialement, faites le sans tarder, car on ne sait jamais ce que la vie nous réserve.
Bien sûr, ce sont des phrases courantes, faciles à prononcer mais, justement, difficile d'en réaliser le sens quand on n'a pas connu Mous.
Ce garçon m'a touché, juste sa propre personne, même sans parler.
Il avait un regard tellement profond et anéanti, aussi profond que des plaies encore ouvertes, saigné par la vie et même en la quittant, ce fut dans des circonstances touchantes et tristes.
L' humanité, juste la fraternité ou probablement l'amour t 'aurait sauvé, n'est-ce pas Mous ?
Je te rejoins en cet instant, au moment où j'écris ces lignes, je sens ou plutôt ressens très fort le souvenir d'un frère, je te demande pardon de ne pas m' être investi à ton égard très cher ami.
Je me souviens du jour où l'on s'est rencontré, je le décris de la sorte puisque tu étais un ancien voisin.
Je ne te connaissais pas, ou plutôt, j 'étais trop jeune, vous avez déménagé et vécu autant de misères, sinon plus que nous.
Je me souviens que nous avons marché en groupe pendant un moment à partir de la maison de ma mère et qu'au retour nous étions à deux depuis un long moment.
Tu m'as touchée : ta pudeur, ta fragilité et cette transparence.
Je te le dis, je te l'écris d'aussi loin que je suis de toi, tu m 'as apporté énormément.
Je venais de perdre ma sœur et des heures durant, nous avons parlé de la mort.
Nous étions loin de nous douter que ton heure n'était pas loin.
Je veux te rendre hommage, je sais quelle a été ta douleur lorsque tu voyais ton frère passer en voiture avec ostentation, gaver les filles de resto.
Ton âme repose en paix cher frère, je souhaite que la miséricorde du Tout Puissant t'enveloppe et que l'amour tant attendu te soit à jamais légué.
Je joins ta dernière lettre à ce texte et si je le fais c'est pour que la conscience de la fraternité s'élève.
Mous ne doit pas être mort en vain.
Il est né en Belgique, commune d'Ixelles, ses parents sont décédés après son expulsion pour une durée de dix ans au Maroc, et combien ont vécu ce drame !
Je me suis lié d'amitié avec lui en juillet 1991, il était venu voir un de mes frères.
Tout de suite, le courant est passé et, naturellement, il m a raconté son parcours,ou pire, sa déchéance.
L'expulsion touchait à sa fin, il m'a demandé avec beaucoup de mal "j ai besoin que tu me rendes un seul service : peux-tu te rendre à la Commune d'Ixelles et m 'envoyer un extrait d'acte de naissance stp" ?
Comme cela m'a semblé dérisoire, j'ai été outrée que personne ne lui ait rendu ce service.
En septembre je lui ai fait parvenir ; il en avait besoin pour lancer la procédure de retour vers ce qui était son pays. De quel droit lui a-t on fait subir cela ? Justice médiocre, justice honteuse, justice hypocrite qui crée l'injustice.
Il devait rentrer, revenir après avoir été marginalisé pendant dix longues années...
J'ai mal pour lui et pour tous ceux qui ont perdu énormément durant la jeunesse, ceux qui n'ont pas eu droit à leur deuxième chance.
Si la criminalité a des degrés différents, les peines appliquées à l'époque étaient inadaptées.
Cruel : si on t 'expulse , on te tue.
Bien sûr que l'on peut vivre ailleurs, bien sûr que l'on peut aimer ailleurs.
La question est : où est la justice, celle des hommes, celle que l'on applique ? Reste la certitude que celle des années 80 fut un massacre : la jeunesse en a payé le prix fort.
Je pourrais écrire des heures durant de cas semblables, peut être pire que celui de Mous, mais c'est lui que je retiens, c'est lui qui m 'a touchée et lui qui me lançait des regards de détresse.
Je n'ai pas été à la hauteur de tes attentes, je compatissais mais je n 'ai pas fait grand chose.
Juin 1992,
Ma sœur est décédée depuis une année ; je supplie ma mère de me laisser partir deux semaines.
Elle accepte ; ma meilleure amie fait le voyage avec moi.
Nous nous entendons très bien et c 'est la première fois que nous voyageons ensemble. Elle a quelques appréhensions car elle est d'origine italienne et le Maroc c'est la première fois.
Là-bas , je contacte Mous et je le convie à nos sorties. Il nous accompagnera deux fois. Je le sens différent de tous ceux qui nous entourent mais je veux qu'il change d 'ambiance.
Nous nous reverrons en juillet 93.
Lors de cette rencontre sur le seuil de la maison de ma mère, je suis différente. Il le sent, nos regards se croisent, nous nous parlons brièvement, mais je suis contrainte d'être distante, je me suis fiancée et c'est compliqué. Je regrette ce moment, cette scène m 'a souvent hantée.
Cette hiver-là, tu es mort, tu es parti, je souhaite que tu n 'aies pas souffert.
Jamais je ne me pardonnerai mon attitude, je te demande pardon.
Pour toi.
Douceur de ton empreinte dans ce monde effréné.
Fragilité de ton regard en même temps dépassé.
Etais-tu ailleurs de par ta douleur ?
La nuit de ta vie embrassait nos jours cher ami.
Sache qu'à jamais tu restes ce petit cadeau, cette parenthèse dans ma vie.
Pas d'adieu pour toi, car au plus profond de moi tu vis.



Bonjour Solitude.
Je suis prête pour être à nouveau avec toi
Je sais tu es revenu me chercher même si j'ai essayé de te fuir
Peut-être que tu es mon destin
Peut-être que je t'aime
Peut-être que je ne dois jamais faire sans toi
Il y a des petits morceaux de moi qui te détestent et d'autres qui ne connaissent que toi
Je t'entendais ricaner lorsque je pensais te quitter et tracer au fil des jours la distance
Mais ce sont des scénarios de ma vie, tu es l'une des principales figurantes
Alors, solitude, pour combien d'années es-tu là ?
Cela faisait trois années pour deux mois
Il y a des entailles dans mon cœur
Des bonheurs mais pourquoi ton retour ?
Tanger, août 2010



"Toxic Conditions": Testimony of Dr. Terry Kupers on Solitary Confinement

From Solitary Watch.


Presentation by Dr. Terry Kupers at August 23, 2011 Hearing of California Assembly Public Safety Committee


The prisoners' five core demands in the July hunger strike were actually very well thought out, and closely reflect trends in the scientific literature. In other states, legislation has been passed regulating the use of solitary confinement in the prisons (New York and Maine stand out, Illinois is considering a Bill). The California legislature could pass ground-breaking legislation that would go a long way toward ending the unconstitutional conditions and programs in the SHUs. I will list a number of possible components of such legislation, pretty much in sync with the five core demands of the hunger strike.


First, a few words about security. You will encounter complaints from law enforcement agencies and the department of corrections that any and all changes you propose would create a security threat too serious to permit. Actually, the scientific research about supermaximum security confinement contradicts that assertion. The supermax was invented during a time of out-of-control violence in our prisons, the 1980's. The idea was to isolate "the worst of the worst" so that the prisons would become less violent. By now, some very convincing research proves the opposite: Locking certain prisoners up in long-term isolation does not reduce the violence rate. Far from it. I was part of developments in the Mississippi DOC, where we proved that drastically downsizing the supermaximum Unit 32 of Mississippi State Penitentiary at Parchman resulted in a decreased violence rate throughout the DOC and an impressive reduction in disciplinary infractions for the prisoners released from SHU and sent to general population.1



1. Due Process. In Wilkinson v. Austin, the U.S. Supreme Court established that supermax confinement constitutes an "atypical and significant hardship," and therefore prisoners are entitled to a "due process" hearing prior to being consigned there.2 What is due process? Usually due process, for example in criminal trials, requires at minimum that the defendant be given careful notice of the charges and evidence against him, be able to confront witnesses and rebut evidence against him, he or his attorney are given an opportunity to present the defendant's explanation why he is not guilty, and the evidence must be considered by a relatively impartial judge or jury ("the trier of fact"). This is a far cry from the classification procedure, termed "gang validation," that sends prisoners to Pelican Bay and other isolation units in California. Many of the prisoners consigned to the Pelican Bay SHU, some from the day it opened in 1990, have had no disciplinary write-ups, and caused officers no problems for many years. Yet they are kept in isolation. A Bill could require due process in the consignment of prisoners to long-term isolation as in the SHU at Pelican Bay, and spell out the requirements of due process utilizing the Supreme Court's ruling in Wilkinson - as Ohio and other states have done.


2. Conduct-Based SHU consignment.

Many states use isolation or segregation as a corrective, targeting rule-breaking and unacceptable behaviors. New Mexico & Indiana, for example use their SHU's to improve behavior. In those two states, prisoners who get a certain number of disciplinary infractions are sent to segregation for six months. That is considered a very long time to be totally isolated and idle, many prisoners crack under the strain. Pennsylvania, New Jersey and other states conduct gang "validations," but do not place validated gang members in segregation unless they commit unlawful acts. In many other states, as long as the prisoner is "ticket-free" for a certain number of months he spends in SHU, he will be released. A Bill could mandate that: I. the CDCR base classification to SHU on unacceptable behaviors that actually occurred, rather than on speculations about acts that might occur in the future; and II. the prisoners be given a determinate sentence to SHU, for example 6 months, with the proviso that the better-behaving prisoner be released (back to prison, after all, not to go home) after the sentence lapses.


3. Phase Programs. Phase programs are desperately needed in California's SHUs. Currently, the sentence is indeterminate, for many a life sentence to isolation, and there are no incremental phases where prisoners can earn alleviation of the most stressful and depriving conditions by demonstrating appropriate behavior. As an aside, I should say that this kind of "dead time" (indeterminate sentence, no phased incentives) causes despair, aggression & suicide. Contemporary prison suicide data includes a stunning statistic: Half of the suicides that occur in a prison system, on average, occur among the 4% to 8% of the prisoners who are consigned to segregation or isolation. We as a society need to ask ourselves, "what breeds such massive despair in prisoners?" And one of the outstanding stressors that we know from clinical research leads to suicide is the total isolation and idleness of long-term segregation. The legislature could pass a Bill mandating that when a prisoner's freedom is severely constricted in isolation, there must be phases that permit that prisoner to earn his or her way back to a modicum of ordinary prison life.


4. There need to be alternatives to de-briefing, for example a phased rehabilitation program where prisoners who had been associated with gangs can be re-integrated into the general population in prison as a non-gang member. Connecticut DOC offers such a program at Northern Correctional Institution. A legislative Bill could mandate that there be no requirement that prisoners wishing to depart from gangs inform on other prisoners; and the same Bill could require that a program be offered to prisoners who want to leave the world of gangs. I can describe the Connecticut program, and there are well-known experts on effecting termination of gang affiliations.3


5. Maxing Out of the SHU.

Too often, prisoners are released straight out of solitary confinement to the community at the end of their prison sentence (this is called "maxing out of the SHU"). This creates huge problems for them in adjusting to community life, and needless to say the recidivism and parole violation rates for the group who "max out of the SHU" is extremely dire. Other states require pre-release re-socialization for prisoners who have been in isolation. For example, New York DOCS requires a six month pre-release program for prisoners in segregation, including supervised experiences in groups. A legislative Bill could require that prisoners who have spent significant amounts of time in segregation/isolation be placed in an intensive re-socializing pre-release program prior to the end of their prison sentence, designed to prepare them to succeed at "going straight" in the community after being released.


A historic wrong turn occurred in American penology in the 1980's. Unprecedented prison crowding (the prison population had multiplied 4 to 6 times in a decade) and forced idleness (rehabilitation programs had been downsized because legislators dreaded being accused in the media of "coddling prisoners") led to rapidly rising rates of violence and psychiatric breakdown in the prisons. Instead of arriving at the obvious correct conclusion (supported by scientific research at the time) that the crowding and idleness caused serious damage and needed to be reversed (for example, by removing low level drug offenders from prison and treating them in the community), and educational and training programs needed to be re-instituted and strengthened, corrections authorities instead opted to place the blame for the uncontrollable violence on a new breed of prisoners, "super-predators," and proceeded to place a growing proportion of those they vilified as "the worst of the worst" in round-the-clock solitary confinement. In California, the CDCR went overboard, with far more stringent and toxic restrictions than prevailed in many other states. Multiple courts have ruled that California's prison conditions constitute cruel and unusual punishment, but many of the toxic conditions still prevail, as evidenced by the valid complaints and demands of the hunger strikers at Pelican Bay State Prison. It is up to the legislature to intervene with legislation that can clean up the worst abuses of human rights and the Constitution.


Thank you for considering my comments.


Terry A. Kupers, M.D., M.S.P.

August 23, 2011

1 See T. Kupers, T. Dronet et al, Beyond Supermax Administrative Segregation: Mississippi’s Experience Rethinking Prison Classification and Creating Alternative Mental Health Programs," Criminal Justice and Behavior, 36, 1037-1050, October, 2009, attached.

2 See July 2, 2011 Letter to Governor Jerry Brown from Staughton and Alice Lynd, attached. See also Wilkinson v. Austin 545 U.S. 209, 125 S.Ct. 2384(2005).

3 See "Connecticut Program Turns Gang Members Around," 2003, attached.

Jean-Marc Mahy, l'ange gardien de la prison-musée de Tongres

Il y a des rencontres qui vous marquent pour la vie.

Ce fut le cas avec Jean-Marc Mahy. Je l'ai rencontré pour la première fois à Bruxelles, il y a cinq ans. J'étais dans le public, au Pianofabriek à Saint-Gilles, parmi des jeunes qui étaient venus l'écouter, lui et son ami Jean-François Lenvain, lors d'une de leurs nombreuses tournées de témoignage sur la détention et ses conséquences.

C'était peut-être dû au fait que Jean-François enseignait la religion dans les écoles les plus difficiles de Bruxelles, mais, tous les deux, ils me faisaient penser à des prêtres en mission ou en croisade. Prêchant contre le mal, qui pourrait arriver aux enfants du peuple si on ne s'occupait pas d'eux et de leur enseignement et si on ne leur offrait pas une issue à leur situation de désespoir.


Le discours de Jean-Marc n'était pas complaisant ou paternaliste. Il ne l'est jamais. Il ne cherche pas d'excuses, ni pour lui-même, ni pour les jeunes face à lui. Il a un style direct, il déclenche une avalanche d'idées qui interpellent, sans arrêt, sauf pendant la pause quand il va fumer sa cigarette. Il propose une réflexion, basée sur l'expérience de sa vie et de ses anciens co-détenus. Il confronte les jeunes, issus du milieu populaire, avec le choix à faire entre la délinquance et la vie, si difficile à vivre soit-elle. Depuis ce jour, le courant est passé entre lui et moi. On ne s'est plus perdu de vue depuis, bien qu'on soit chacun occupé à des choses tout à fait différentes.


Ils sont rares, ceux qui survivent à une incarcération qui a duré presque deux décennies. Nombreux sont ceux qui finissent par mettre fin à leur vie, physiquement ou socialement. Jean-Marc est une de ces personnes qui a survécu. Il a su transformer la souffrance et la violence carcérale vécue, en témoignage. Il est ainsi devenu un professeur pour les jeunes en difficulté et un acteur de société d'une qualité rare. Aidé par des professionnels du métier, il recourt au film, au théâtre et à l'écriture pour transmettre son message. Il réalise les dossiers pédagogiques qui accompagnent son travail. C'est un travail unique dans son genre. Je l'ai retrouvé en Irlande du Nord dans l'association ESC (l'Educational Shakespeare Society) lorsque des ex-détenus expriment leur vécu à travers des œuvres de Shakespeare transformées selon leur réalité.


En même temps, je l'ai vu ramer contre vents et marrées avec sa maigre allocation de chômage. parce que son travail n'était pas valorisé par les autorités et les scientifiques de l'incarcération. La surpopulation carcérale, les évasions, les suicides en prison... tout le monde sait que la Belgique et l'Europe sont confrontées à un énorme problème de société. Mais ceux qui nous dirigent n'ont souvent que deux mots magiques pour réponse : la sécurité et la répression. Veulent-ils vraiment trouver une solution? En octobre 2008, j'étais invité à l'Université Libre de Bruxelles pour parler de l'éducation en prison lors d'un colloque sous le titre : « États généraux sur les conditions carcérales en Europe ». Sur cette éducation en milieu carcéral, j'ai dit : « Si on veut vraiment que le droit à la formation en prison, reconnu par la loi, devienne une réalité, on a besoin de centaines de forces en plus...Il faut en premier lieu engager des gens de terrain. Il y a plein de gens compétents qui sont au chômage et qui pourraient avoir une contribution importante et décisive dans les prisons mais qui sont tenu à l’écart et qui sont condamnés au chômage ou même à la précarité. Je vois différentes catégories dans lesquels il faut puiser des forces : les ex-détenus comme Jean Marc Mahy qui se sont formés professionnellement comme éducateur spécialisé ; des membres de familles de détenus comme Samira Benallal, et en général du personnel issu de l’immigration ; des membres de famille de victimes qui pouvaient jouer un rôle positif comme Tinny Mast ou la grand-mère de Luna ; des acteurs du monde du travail qui ont et une expérience de la vie de l’immigration et une expérience du monde du travail et syndical, comme Roberto D’Orazio ou Silvio Marra ; des travailleurs au chômage, ou préprensionnés ou pensionnés qui ont une connaissance des métiers et de la technique. Le travail des scientifiques, du secteur artistique devait se mettre au service de ces gens là et ils devaient arrêter de considérer les prisons comme un Zoo. ». Trois ans plus tard, seul le nombre de détenus a explosé et avec lui, le nombre de nouvelles prisons qui ne fera qu'augmenter dans les années à venir. Quant au nombre de personnes à engager, que je citais dans mon intervention, lui, il n'a fait que stagner.


C'est Jean-Marc qui m'a fait connaître la prison-musée de Tongres. Ouverte au public depuis 2005, cette unique prison-musée en Belgique avait déjà accueilli près de 200 000 visiteurs.

Jean-Marc y organisait régulièrement des visites guidées pour des jeunes en difficulté et même pour les tout petits du primaire. De nombreuses classes et associations ont ainsi pu y découvrir les différentes cellules, les douches, la promenade ou la surveillance et comprendre à quoi peut ressembler une vie en prison. Jean-Marc était devenu en quelque sorte l'ange gardien de cette prison. Il était convaincu que cette prison-musée était un trésor pédagogique et qu'une seule visite valait bien plus que tous les discours moralisateurs que l’on peut tenir à des jeunes. Il les rassemblait au préau et leur parlait de ses expériences derrière les barreaux. Il les confrontait à la réalité carcérale, qui était bien mise en évidence dans cette prison. Chaque cellule y était aménagée pour représenter une émotion : le temps qui passe, la frustration, la (l’in)justice. Réalité bien moins séduisante que les récits de fiction ou ceux des copains qui « crânent » après une expérience de détention.

Et puis, coup de tonnerre! Juste avant les grandes vacances 2007, nous apprenons que, faute de subsides, la prison musée de Tongres fermera ses portes en novembre pour être réaffectée comme prison pour 35 jeunes délinquants. Ce choix illustrait bien la politique sans perspectives vis-à-vis de la (jeune) délinquance en Belgique. C'était une gifle pour toutes ces personnes, éducateurs et éducatrices, qui essayaient de trouver des pistes alternatives à la prison. Comme le disait Christophe Rémion dans une tribune « Les éducateurs en colère » : « Les places dans les prisons "déguisées" ne doivent pas augmenter, mais diminuer. Ce n'est pas la prison qui freine la délinquance (que du contraire), mais bien le relationnel qui diminuera le nombre de demandes de prises en charge. Tout le monde sait, en effet, que l'emprisonnement, ou toute autre forme d'écartement à trop long terme, renforce la délinquance, l'accentue et, de plus, risque de détruire tout le travail qui a déjà été fait en amont. Tout le monde sait, mais on continue. C'est un bel exemple de délinquance adulte. Certaines personnes devront, bien sûr, inévitablement être placées car elles représentent un réel danger, mais aujourd'hui, il faut, dans la mesure du possible, tenter d'autres pistes qui existent, fonctionnent, et ne sont pas plus coûteuses. Elles ne demandent qu'à être exploitées. Quand allons-nous être écoutés et respectés dans notre travail ? Est-ce si fatiguant de trouver de l'énergie pour renforcer, quand c'est possible et que le jeune s'y prête, une autre dynamique qui donne des résultats et qui n'est pas plus onéreuse ? Il faut multiplier les projets éducatifs et créer des postes d'éducateurs qui suivront le jeune sur plusieurs années. »

C'est dans cet esprit que Jean-Marc et moi avons décidé de nous lancer dans une campagne « Sauvons la prison-musée de Tongres ». Pour que la prison-musée de Tongres soit conservée et développée en tant qu’outil d’un réel projet pédagogique de prévention. Aidés par la Revue Nouvelle, nous avons lancé un appel national, cosigné par quelques centaines de magistrats, professeurs, politiciens, acteurs de terrain des prisons et de la protection des enfants. Il a été suivi par des cartes blanches dans les journaux, une conférence de presse et même une manifestation à Tongres de quelques centaines de personnes.


Les ministres compétents n'ont jamais répondu à nos lettres ou à nos demandes d'être reçus pour plaider notre cause. Et puis, il y a eu une dernière activité à la prison-musée de Tongres, avant sa transformation en prison pour jeunes. C'était le 27 septembre 2007, quand l’Open VLD et Patrick Dewael y ont organisé leur bal politique annuel sous le nom de « Jailhouse Lounge ». L’invitation spécifiait que l’objectif était de renouveler la tradition des bals politiques. Elle insistait sur cette dernière occasion d’apprécier « l’atmosphère unique de la prison de Tongres avant sa transformation en une prison pour jeunes ».

Pour illustrer l'incompréhension et l'indifférence de ceux qui nous gouvernent, on n'aurait pas pu trouver mieux.

Luk Vervaet, août 2011

dimanche 28 août 2011

Special Report by Ufree Network


‘Unlawful Combatants’: Excuse for Indefinite Detention without Charge (Report)

‘Unlawful Combatants’: Excuse for Indefinite Detention without Charge

Executive Summary

The right to liberty is one of the pillars of human rights. International law –most significantly, the Geneva Conventions and International Covenant on Civil and Political Rights – state unequivocally that imprisonment without opportunity for appeal is a breach of the fundamental principles of justice. However, the Israeli occupation has detained Palestinians without charge or trial for years, and attempted to legitimize the practice with the adoption of the Internment of Unlawful Combatants Law in 2002.

Because the law allows detainees to be held as long as actions labeled as “hostilities against Israel” continue, the government can imprison individuals for an unlimited period of time without trial, since the occupation of Palestinian territories the Israeli government shows no sign of being willing to negotiate a mutually acceptable end. In fact, although Israel ratified the International Covenant on Civil and Political Rights, it stipulated simultaneously that, from the time of its founding in 1948, it has been in a state of emergency that justifies exceptions.

Israel’s Unlawful Combatants Law was conceived to enable the state to circumvent a ruling of its Supreme Court in 2000, which ruled illegal the detention of Lebanese men held hostage for more than a decade. Just prior to Israel’s 2008/09 offensive on Gaza, more than 900 Palestinians from the Gaza Strip were detained in Israeli prisons, serving sentences for “security” offences and deprived of family visits. During and after the attack, 14 Gazans were detained in Israeli prisons under the Unlawful Combatants Law, with an additional four held even after completing jail sentences.

Numerous cases highlight Israel’s use of the law to detain Palestinian citizens who – contrary to Israeli charges of “terrorist affiliations” — have merely been helped by Hamas-sponsored social programs.

However, the international community bears responsibility along with the government of Israel. Under international law, when a state is unwilling to protect human rights, the global community is charged with preventing continuing violations. The International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights states that each signatory is legally obligated to protect the rights of “everyone” using “international assistance and cooperation.” The international community is therefore responsible not only for holding human rights violators accountable, but also for ensuring that violations do not continue.

Background

Israeli Legal Defense

Three specific laws allow Israel to hold Palestinians indefinitely without trial: the Order Regarding Administrative Detention, which is part of the military legislation governing the West Bank, the Emergency Powers (Detentions) Law, which applies in Israel and the Internment of Unlawful Combatants Law.

Israel relied upon the first two laws for many years. The Unlawful Combatants Law was adopted in 2002 – initially to allow the government to imprison Lebanese nationals for use as “bargaining chips” during negotiations for the release of Israeli prisoners of war. Today, however, Israel uses the statute to detain Palestinians.

The Law in Practice

The law allows the chief of staff of the Israeli military to detain any foreign national believed to be “taking part in hostile activity against Israel, directly or indirectly” or “belonging to a force engaged in hostile activity against the State of Israel.” All detainees held under the law are automatically assumed to be a security threat and can be held without charge or trial as long as the hostilities against Israel continue. In other words, the law licenses the military to hold individuals arbitrarily and indefinitely, on the basis of assumption rather than proven guilt. As the Al Mezan Center for Human Rights observed in a 2009 report, “nurses working in a

Hamas-funded medical clinic are thus often treated as unlawful combatants and are detained in the same way as a militant engaging in violent attacks. By treating these individuals equally, the law eliminates the distinction between unlawful combatants and civilians.”

It is left to the detainee to show that he or she does not endanger state security, contrary to the fundamental principle that a person is innocent until proved otherwise. However, such proof is virtually impossible, considering that the vast majority of the material used to support the charges against the person “privileged,” giving him or her no opportunity to examine the evidence against him.

The legislation, as well as an amendment passed in 2008, does somewhat regulate the conditions of the internment. For example, within 14 days of being detained, the prisoner must be brought before a district court to determine whether he or she is an unlawful combatant. However, in practice, this requirement is often ignored. During the 2008/09 offensive within Gaza, Israeli soldiers ordered most of their prisoners to stay in their homes for days to weeks. When they were later taken to Israel, this period was not included in their official detention time. In addition, a high-ranking military officer or judged can – if they consider state or public security to be at stake -prohibit attorney meetings for 10 to 21 days, respectively. (The stipulation that a defendant must be brought before a military judge within 14 days still remains; however, if the defendant is prevented from seeing a lawyer before the court date, he or she is brought before a judge a second time once he has access to a lawyer.) Detainees who are given the status of unlawful combatant must be re-evaluated every six months by a district court judge, the Shin Bet and the military.

Personal Impact

In 2008, two Gazans detained in Israel for allegedly providing support to Hezbollah challenged the law in the Israeli Supreme Court. However, the court found that the purpose of the law is “worthy and based on the public’s need, which may justify violating personal freedoms.”

Cases such as that of Hamid Al Attar demonstrate otherwise. According to Al Mezan, Al Attar, a 29-year-old, half-blind teacher at the Al-Nour wa Amal (“Light and Hope”) school for the blind, was arrested on 4 January 2009. During the court proceedings, the prosecution’s only evidence in support of his detainment was that the school, at which he worked as a teaching assistant for five months, is government- run and therefore his salary comes from the Hamas-led government. He was ruled to be an unlawful combatant on March 5 of that year and is still being detained. In the court’s decision, the judge stated that he was convinced that the young man had been in
“contact with senior activists from Hamas, although no such evidence had been presented.

Al Mezan also cites the case of Hamouda Abu Oun as an example of the illegal, retroactive application of the law. Abu Oun completed a sentence of 5.5 years for being a member of the PLFP. As his release date neared, he was told that he would not be allowed to leave unless his family paid a fine of NIS 15,000. Two days before his scheduled release, his family paid the penalty and stood waiting to greet the young man for eight hours at the Erez passage from Gaza into Israel. At 4 p.m., on 21 January 2009, they were informed that he had not been released because he was now being held under the Unlawful Combatants Law. The fine was not returned.

References

“Administrative Detention,” B’tselem. http://www.btselem.org/administrative_detention/international_law

“Israel: The conflict in Gaza: A briefing on applicable law, investigations and accountability.” Amnesty International, 19 January 2009.

“Unlawful Combatants: The Violation of Gazan Detainees’ Rights in Israeli Prisons,” by Belkis Wille. Al Mezan Center for Human Rights; April 1, 2009.

“Israeli Abusive Administrative Detentions,” by Stephen Lendman. Palestine Chronicle; Feb. 20, 2010. http://palestinechronicle.com/view_article_details.php?id=15752

“Reaching the No-Peace Agreement: The Role of Palestinian Prisoner Releases in Permanent Status Negotiations.” Addameer Prisoner Support and Human Rights Association; December 2009.

Download report:

samedi 20 août 2011

A woman's tale

IRA O/C’s Armagh Memoir

August 19, 2011


Síle Darragh was the IRA O/C in Armagh Gaol during the hunger strike in 1980 and until her release in 1981. Earlier this month her book about her time in jail during the protest for political status was launched during Féile an Phobail in West Belfast. The launch was chaired by Danny Morrison and the guest speaker was Gerry Adams TD. Below are details of where the book can be purchased and here we print Gerry Adams’s introduction to ‘John Lennon’s Dead’.

It is an uncomfortable fact, and unfair, that the four-year protest for political status by republican women in Armagh Gaol, despite being honoured in song, documentary film and some individual accounts and summaries, has long been overshadowed by the literature and focus on the same protest in the H-Blocks, largely because there ten men died on hunger strike in 1981.

Síle Darragh’s quite personal and powerful story goes a long way towards rectifying and redressing that imbalance with this, her inside account, which is the best description yet of the atmosphere, the emotions and the suffering which the women of Armagh Gaol experienced and endured between 1976 and 1981.

Bhí stádas polaitiúil ag na Poblachtaigh mhná a chuir am isteach i bPríosún Ard Mhacha roimh 1976,, cosúil lena gcomrádaithe sna cásanna sa Cheis Fhada agus i gCampa Príosúin Magilligan. Baineadh agus ghéill rialtas na Breataine an stádas seo (nó stádas catagóra speisialta mar a thug na Briotanaigh air) i ndiaidh stailce ocrais poblachtaí i bPríosún Bhóthar na Cromghlinne in 1972. Ar an ábhar sin, ní raibh ar chimí sa dá áit éidí príosúin a chaitheamh nó obair sclábhaíochta a dhéanamh agus ba bheag coimhlint a bhí ann idir cimí agus an lucht riaracháin. D’athraigh sé seo áfach in 1976 nuair a tharraing rialtas na Breataine stádas polaitiúil siar agus nuair a rinne siad iarracht cimí poblachtacha a chóiriúlú, rud ar theip air arís agus arís eile roimhe seo.

Those female republicans serving their time in Armagh prior to 1976 had political status, just like their comrades in the cages of Long Kesh and in Magilligan Prison Camp. This status (special category status, as the British called it) was won and conceded by the British government after a republican hunger strike in Crumlin Road Prison in 1972. Consequently, neither set of prisoners had to wear prison uniforms or carry out menial prison work, and conflict between inmates and the administration was at a minimum. All this was to change in 1976 when the British withdrew political status and attempted to criminalise republican prisoners – something which in the past had failed time and time again.

But there is no accounting for British stupidity or for its ruthlessness.

As a result of a successful campaign by republican women in the early 1970s women in northern Irish jails had not been required to wear a prison uniform – whereas it was a major issue in the H-Block confrontation. There, the British demanded that prisoners wear a uniform signifying criminality, which they refused to do, which is why in that jail there was a ‘blanket protest’.

In Armagh the protest was one of disobedience – refusal to work or to take orders, maintaining a POW command structure, refusing to be divided and conquered. The administration responded punitively with a rising scale of punishments, mean and petty, and ultimately brutal.

Yet, still they failed to break the spirit or the resolve of the women.

Reading Síle’s descriptions we get a glimpse of the dark and depressing world they inhabited, particularly after the no wash protest is forced on them and their natural revulsion to filth and squalor has to be overcome. Síle jokes that they must all have been slightly insane at that stage!

Perhaps, the most moving descriptions are around events in late 1980 and throughout 1981. Mairéad Farrell stood down as OC to hand over the leadership to Síle as Mairéad, Mary Doyle and Margaret Nugent embarked on hunger strike. Through no fault of the republican leadership they learnt by radio that the H-Block hunger strike had ended, and had ended without resolution, leaving them then to agonise over participation in the second hunger strike.

D’éirigh leis na mná i bPríosún Ard Mhacha agus leis na fir sna H-Bhlocanna sa deireadh – ach ar chostas mhór i saolta cimí, oifigeach príosúin, agus fear, ban agus páistí ar shráideanna an Tuaiscirt. Chuir Mairéad Farrell a cuid ama isteach sa phríosún agus ghlac sí páirt sa choimhlint arís go dtí gur mharaigh an SAS í agus a comrádaithe Dan McCann agus Sean Savage in 1988.

The women in Armagh and the men in the H-Blocks were eventually successful - but at a heavy cost in the lives of prisoners, prison officials and men, women and children on the streets of the North. Mairéad Farrell served out her sentence and rejoined the struggle only to be executed by the SAS in 1988 along with her comrades Dan McCann and Sean Savage.

It is fitting that this book is dedicated to Mairéad and the late Rose McAllister and Christine Beattie.

What kept these young women of Armagh Gaol together were solidarity and comradeship and their loyalty to one another – and, of course, their humour which must have baffled their jailers!

Síle, like many other republican women, has given great service to the struggle for freedom in Ireland, This important account of a part of that history was inspired by her going through old letters and comms from comrades and from digging deep in memory. But even after she wrote it she was still hesitant about showing it to anyone.

“You must be joking! Catch yourself on! Who would read it, it’s not good enough!” were her comments when it was discovered that she had written a personal account of life in jail.

In fact, ‘John Lennon is Dead’ would not have been published if Síle had not been coaxed, cajoled and persuaded that this was a story that needed to be told and read.

It is our history which is recorded here and women, not before their time, are being written into the record.

So, we thank Síle for that, and we acknowledge and pay homage to all the women and their sisters who were incarcerated in other prisons on this island and other places.

Those who inflicted the most and thought that they could win have lost.

It is the republican spirit which has triumphed in the end.

Gerry Adams, Dublin, August 2011

Books are available through the following:
www.amazon.co.uk

‘Beyond The Pale’ in reception area, 5-7 Conway Street, Belfast and/or peter_btp@hotmail.co.uk Tel - 07770811042/02890329646
Republican Merchandising Belfast Ltd., 52/53 Falls Road, Belfast, BT12 4PD, Ireland. Tel [028] 90243371

North Belfast Sinn Féin Bookshop, Teach Carney, 291 Antrim Road, Belfast, BT15 2GZ. Tel [028] 90740817

Sinn Féin Bookshop, 44 Parnell Square Dublin 1, Ireland. Tel [353)] 1 8726100/8726932
An Ceathrú Póilí [Culturlann Bookshop] Belfast, Tel [028] 90322811
Read Ireland book distributors – 048 90438630 and website www.readireland.ie and email gregcarr@readireland.ie

vendredi 12 août 2011

Les nouveaux habits de la peine de mort depuis la loi de 2008

http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com Vendredi 12 août 2011

Les nouveaux habits de la peine de mort depuis la loi de 2008

août 12, 2011

Par Mireille Fanon-Mendes-France

La mort de Pierre-Just Marny, l’un des plus anciens prisonniers -48 ans derrière les barreaux- est passée pratiquement inaperçue, masquée par la crise financière qui secouent les banques et les gouvernements et par l’enlisement des guerres injustes et sans aucun fondement menées par les pays occidentaux sous l’égide des Etats-Unis.

En Martinique, Pierre-Just Marny, Martiniquais âgé de 68 ans, s’est pendu dans sa cellule à l’aide d’une corde confectionnée avec des draps dimanche 7 août.

Après une première condamnation pour vol en Martinique, il décide dès sa sortie, en 1963, de retrouver ses complices qui l’ont laissé purger seul cette peine.

Cette recherche se soldera par la mort de 3 personnes, dont un bébé et par 3 autres qui seront gravement blessées. Après une cavale qui dura 3 jours, il sera arrêté mais réussira à s’échapper. 9 jours plus tard, il sera repris, blessé par une rafale de mitraillette. Il n’était pas armé.

Son arrestation sera l’occasion de graves affrontements en Martinique où il fera figure de héros.

Jugé à Paris, pour éviter de nouvelles révoltes de rue, il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Sa peine se déroulera dans une unité pour malades difficiles car son état psychiatrique a été jugé dangereux aussi bien pour lui-même que pour les autres

En 2008, il retourne en Martinique et réussit, grâce à ses avocats, à obtenir en 2010 une permission de sortie pendant 6 heures. Devenu aveugle et souffrant de graves troubles psychologiques aggravés par sa très longue rétention, Pierre-Just ne désirait qu’être libéré car il avait suffisamment payé pour les faits qu’il avait commis.

Mais il ne réussira jamais, malgré ses nombreux soutiens, à se voir appliquer le recours en grâce présidentielle ou à voir aboutir sa demande de commutation de peine.

Pour ses avocats, Pierre-Just Marny “a subi un traitement inhumain. On peut punir un homme mais pas lui enlever toute espérance. Il a été victime d’une mise à mort qui ne dit pas son nom”.

Cette mort illustre l’impasse dans laquelle des condamnés à de longues peines se trouvent acculés, ayant perdu tout espoir, au point d’en venir à des gestes désespérés tels que suicide, prise d’otage ou tentative d’évasion.

Elle montre aussi à quel point le système pénal est malade de lui-même en appliquant des peines de rétention à perpétuité qui ne sont rien d’autres que des peines de mort déguisées.

Avec la loi sur la rétention de sûreté, votée en 2008, il est maintenant autorisé de maintenir enfermés, une fois purgée leur peine de prison, des criminels condamnés à au moins 15 ans pour des faits commis après le 25 février 2008, s’ils sont jugés particulièrement dangereux et susceptibles de récidiver.

Pourquoi le système pénal français préfère t il acculer les condamné-e-s à de longues et lourdes peines à commettre des actes désespérés contre eux-mêmes ou contre d’autres personnes plutôt que de réfléchir à des solutions de libération adaptées aux cas par cas de façon à ce que prime en premier lieu le respect de la personne humaine, fût elle enfermée?

Pierre-Just Marny n’aurait jamais dû en arriver à se suicider dans sa cellule.

Le gouvernement devrait se rappeler que le Comité contre la torture lui a demandé de « considérer l’abrogation » de la rétention de sûreté, qui permet l’enfermement illimité des condamnés à de lourdes peines à l’issue de l’exécution de celles-ci. « Outre la remise en cause flagrante du principe de légalité pénale » cette mesure est «de nature à soulever des questions» au regard de l’interdiction des traitements cruels, inhumains ou dégradants, (§29).

Le recours accru à la détention ainsi que le durcissement des peines est une preuve supplémentaire de la volonté de ce gouvernement de museler, de contraindre, de dominer… C’est la démonstration d’un Etat qui craint ses propres citoyens et qui pour répondre à cette peur incontrôlable préfère trouver des moyens toujours plus violents et frisant avec l’illégalité. Quitte à introduire une nouvelle forme de peine de mort….



mercredi 10 août 2011

NEW ESC project : Prospero's Prison / call for Freelancers

news & events:

IN DEVELOPMENT:

Prospero's Prison

Revenge or Reconciliation?

Prospero’s Prison will be a modern adaptation of Shakespeare’s The Tempest. It is a tale of misplaced trust feeding ambition that leads to a brother’s betrayal.

Prospero, a successful criminal, is set up, framed and imprisoned by his scheming ambitious brother Antonio and his crew.

The Island becomes a prison in post-conflict Northern Ireland. In this world, the daily battle for survival rages between the savage and the civilized for supremacy.

After twelve years in jail, a wiser and more powerful Prospero has a dilemma – how to repay his brother’s betrayal? Revenge is sweet, but the seed of reconciliation is growing.

We plan to use a cross-community group of ex-prisoners as cast and locate the film in Belfast Prison (Crumlin Road Gaol), a panopticon that is becoming a cultural museum.

Prospero’s Prison is timely in the context of Northern Ireland’s peace process. For so long in the history of Northern Ireland, revenge has been the reply to violence, perpetuating the cycle of destruction. For this reason, The Tempest is a story worth re-telling for the lessons it can teach us about the wisdom of experience leading to forgiveness and reconciliation.

Want to be an important part of this project? Use the donate button at the bottom of this page!


CALL FOR FREELANCERS
Due to an increase in work ESC are currently recruiting for upcoming projects and are looking for experienced creative people to go on a Register of Interested Freelancers for the following roles:

ºCameraperson

ºEditor (Final Cut Pro)
ºProject Manager
ºDesigner
ºProducer (film)
ºDrama facilitator
ºFilm director
ºYouth facilitator
ºFundraiser

ESC is an award-winning arts education charity working in drama and film. We work alongside people who are marginalized for many reasons:
ºPrisoners
ºEx-prisoners
ºYouth at risk
ºRefugees/Asylum Seekers
ºSubstance misusers
ºPeople with mental health issues
ºHomeless youth

If you are interested in cutting edge film and drama work and can sign up to our values of honesty, integrity, respect and trust please get in touch.
Self-employed freelancers with UTR numbers essential.

Own transport preferred.
Please email CVs, a list of referees and showreels (where relevant) to info@esc-film.com

samedi 6 août 2011

Apartheid, torture and rape




New book exposes brutal treatment of Palestinian prisoners

5 August 2011

Shlomo Gazit, an Israeli general and the first “coordinator of government activities” in the West Bank and Gaza Strip apparently wrote a book in 1985 about Israel’s occupation policies there called The Carrot and the Stick. It is quite telling that such Israeli terminology relates to Palestinians as if they are animals. A new book about Israel’s imprisonment of Palestinians contains strong evidence that these policies have been a lot more about the “stick” of physical and psychological torture than about the “carrot” of persuasion.

Threat: Palestinian Political Prisoners in Israel is a collection of essays from Pluto Press edited by Abeer Baker and Anat Matar. The contributors focus on different aspects of Israel’s system of political prisons. It is rare for such an anthology to be of such consistently high quality. Quite often essay collections can be a mixed bag but Threat is rarely less than interesting. Palestinian prisoners and the solidarity movements of their families and supporters have long been emblematic in the Palestinian liberation struggle. So the book is an important and welcome attempt to educate English-speakers on this neglected topic.

Consider, for example, this astonishing statistic: “almost half of all the prisoners held by the Israeli prison system are Palestinians who have been sent to prison by the military courts in the Occupied Palestinian Territories (OPT)” (68). Furthermore, this share seems to have been consistently high over a long period: the figure stood between 45 and 60 percent during the first two decades after the 1967 occupation (72).

The contributors to this book are from a mix of Israeli, Palestinian and other backgrounds but most are lawyers, academics and professional activists for human rights groups in Israel such as Adalah (with whom Baker works as a lawyer) or B’Tselem. We can also read the words of Palestinian prisoners, recalling their own experiences.

We learn from Alon Harel and Yael Berda about what exactly “security prisoners” are. They are “deprived of many of the rights granted to non-security prisoners” (37). Yet the definition of “security prisoners” is not just those who engage in armed struggle — Palestinian political activists who do not use violence are also classified as such. Berda notes, “It is actually surprising how, under the harsh classification regimes of the security threat, many Palestinians have chosen nonviolent political and social action, even though it carries with it similar consequences to the violent actions” (54).

In reality, the Israeli secret police — the Shin Bet — decides who is a “security prisoner”. Known by its formal title the General Security Services (GSS), the Shin Bet runs a system that is “constructed and applied administratively by the GSS alone” (52). We also learn, in information relevant to the boycott, divestment and sanctions movement, that the closeness of Israeli universities to the Shin Bet has meant “merging the security apparatuses with bases of academic power” (52).

Apartheid behind bars

The prisoners are emblematic of the whole Palestinian struggle for many reasons, not least of which is the system of apartheid that they are fighting against. It is striking that this applied to the whole of historic Palestine, not just the occupied West Bank and Gaza. It applies to Palestinians living in Israel, too: “In January 2009, there were about 370 Israeli Arab citizens classified as security prisoners. A small number of Jewish prisoners are classified by the IPS [Israel Prison Service] as security prisoners but they are not subjected to the harsh conditions reserved for the Palestinians” (80).

Sharon Weill’s essay is a strong contender for best essay in the book. She proves that because of the separate and unequal legal systems for Israelis and Palestinians there — civil courts for Israeli Jews but military courts for Palestinians — the occupation of the West Bank is best understood as a system of apartheid. I was amazed to learn that “until 2004 the [Israeli military] judges did not need to have any legal background; they were just regular officers, usually very young” (147). She also includes a strong example of how Israeli apartheid applies to even its own (supposedly equal) Palestinian citizens: “While Israeli Jews have been excluded from the military courts’ jurisdiction as a matter of policy, Palestinians carrying Israeli IDs (especially those from East Jerusalem), committing an offense within the OPT, have always been tried there” (141).

Disturbing studies on torture and rape

There is a wide range of rich topics addressed. Palestinian sociology professor Nahla Abdo has a devastating critique of colonial feminism and the “Western Orientalist literature [that has since 2002] emerged to deal with the female military resistance” (59). Abdo shows how Western academics have tried to analyze female Palestinians fighters as a response to a supposed endemic misogyny in Palestinian society — to “wipe away the stigma of being female” as one has put it (59). She proceeds to convincingly dismantle this crude framework of assumptions. Abdo then moves on to sexism and racism in the Israel Prison Service and recounts disturbing case studies — from her own research and interviews with women prisoners — of sexual torture and rape by Israeli personnel.

If I have one reservation about the book it is its inevitable (considering the authors’ professional backgrounds) bias towards the “human rights” narrative, rather than the resistance narrative. For example, the failed case by the Israeli human rights organization Yesh Din against the practice of transferring Palestinians to prisons outside the West Bank cited by Israeli lawyer Michael Sfard seemed in effect to be arguing for Israeli prisons to be rebuilt in the West Bank (197-198). The Israeli high court rejected the Yesh Din petition on patronizing and spurious grounds. But the fact that a liberal Israeli human rights organization was not instead arguing for all the political prisons to be emptied exposes the contradictions and limits of such legal activism within the system of apartheid Zionism.

The editors — and some of the authors — seem to be aware of this to an extent, and Palestinian prisoner Walid Daka’s essay concluding the book is a good antidote in this regard, since it critiques this tendency. Daka sees the Palestinian Authority as key to this transformation: “the ‘Palestinian Revolution’ was replaced by the ‘Palestinian Authority,’ the mobilization of these young people [in the PA armed forces] signals the replacement of struggle with the ‘rule of law’ and ‘resistance’ with the ‘prevention of armed chaos’ … These new slogans do not belong to a discourse of a liberation movement; they were invoked to make the movement disappear” (238-239).

I would have liked to read more from Palestinian prisoners in their own words: 8 out of the 22 contributions in the book are by Palestinians (including Palestinian citizens of Israel) who are often former or current prisoners. But to be fair, those included offer deep and insightful historical analysis as well as important and troubling eyewitness accounts of torture and ill-treatment in Israeli prisons.

Overall, there is a wealth of history, analysis, documentation and plenty of legal details in this book. And fortunately, the legal details rarely lead into dry or unreadable territory. Threat comes highly recommended.

Asa Winstanley is a freelance journalist based in London who has lived in and reported from occupied Palestine. His first book Corporate Complicity in Israel’s Occupation will be published by Pluto Press in October. His website is www.winstanleys.org.