mardi 16 avril 2013

Hunger speech by Samer Issawi / Discours de Samer Issawi, sur le point de mourir.


Hunger Speech by Samer Issawi

« Israelis:
I am Samer Issawi on hunger strike for eight consecutive months, laying in one of your hospitals called Kaplan. On my body is a medical devise connected to a surveillance room operating 24 hours a day. My heartbeats are slow and quiet and may stop at any minute, and everybody, doctors, officials and intelligence officers are waiting for my setback and my loss of life.
I chose to write to you: intellectuals, writers, lawyers and journalists, associations, and civil society activists. I invite you to visit me, to see a skeleton tied to his hospital bed, and around him three exhausted jailers. Sometimes they have their appetizing food and drinks around me.
The jailers watch my suffering, my loss of weight and my gradual melting. They often look at their watches, asking themselves in surprise: how does this damaged body have an excess of time to live after its time?

Israelis:
I’m looking for an intellectual who is through shadowboxing, or talking to his face in mirrors. I want him to stare into my face and observe my coma, to wipe the gunpowder off his pen, and from his mind the sound of bullets, he will then see my features carved deep in his eyes, I’ll see him and he’ll sees me, I’ll see him nervous about the questions of the future, and he’ll see me, a ghost that stays with him and doesn’t leave.
You may receive instructions to write a romantic story about me, and you could do that easily after removing my humanity from me, you will watch a creature with nothing but a ribcage, breathing and choking with hunger, loosing consciousness once in a while.
And, after your cold silence, Mine will be a literary or media story that you add to your curricula, and when your students grow up they will believe that the Palestinian dies of hunger in front of Gilad’s Israeli sword, and you would then rejoice in this funerary ritual and in your cultural and moral superiority.

Israelis:
I am Samer Issawi the young “Arboush” man according to your military terms, the Jerusalemite, whom you arrested without charge, except for leaving Jerusalem to the suburbs of Jerusalem. I, whom will be tried twice for a charge without charge, because it is the military that rules in your country, and the intelligence apparatus that decides, and all other components of Israeli society ever have to do is sit in a trench and hide in the fort that keeps what is called a purity of identity - to avoid the explosion of my suspicious bones.
I have not heard one of you interfere to stop the loud wail of death, it’s as if everyone of you has turned into gravediggers, and everyone wears his military suit: the judge, the writer, the intellectual, the journalist, the merchant, the academic, and the poet. And I cannot believe that a whole society was turned into guards over my death and my life, or guardians over settlers who chase after my dreams and my trees.

Israelis:
I will die satisfied and having satisfied. I do not accept to be deported out of my homeland. I do not accept your courts and your arbitrary rule. If you had Passed over in Easter to my country and destroyed it in the name of a God of an ancient time, you will not Passover to my elegant soul which has declared disobedience. It has healed and flew and celebrated all the time that you lack. Maybe then you will understand that awareness of freedom is stronger than awareness of death.
Do not listen to those generals and those dusty myths, for the defeated will not remain defeated, and the victor will not remain a victor. History isn’t only measured by battles, massacres and prisons, but by peace with the Other and the self.

Israelis:
Listen to my voice, the voice of our time and yours! Liberate yourselves of the excess of greedy power! Do not remain prisoners of military camps and the iron doors that have shut your minds! I am not waiting for a jailer to release me, I’m waiting for you to be released from my memory. »





Discours de Samer Issawi, sur le point de mourir.

« Israéliens:
Je m'appelle Samer Issawi en grève de la faim pendant huit mois consécutifs, actuellement hospitalisé dans l'un de vos hôpitaux appelé Kaplan. Mon état de santé est sous surveillance 24 heures sur 24 grâce à un dispositif médical qui a été placé sur mon corps. Mes battements cardiaques sont ralentis et mon cœur peut s'arrêter de battre à tout moment. Tout le monde - médecins, fonctionnaires et agents du renseignement - sont en attente de ma capitulation ou de ma mort.

J'ai choisi de m'adresser à vous : intellectuels, écrivains, avocats, journalistes, associations et des militants de la société civile pour vous inviter à me rendre visite, afin que vous puissiez voir ce qui reste de moi, un squelette attaché à un lit d'hôpital, entouré par trois gardes épuisés qui, à certains moments, consomment leur succulente nourriture, en ma présence. Les geôliers regardent ma souffrance, ma perte de poids et ma disparition progressive. Souvent ils regardent leurs montres et s'étonnent: comment ce corps si meurtri peut encore résister après tout ce temps?

Israéliens:
Je fais semblant de me trouver devant un intellectuel et de lui parler en face d'un miroir.
Je souhaite qu'il me regarde dans les yeux et observe mon état comateux, qu'il retire la poudre à canon de sa plume et le bruit des balles de son esprit, de sorte qu'il soit capable de voir mes traits, qu'ils soient gravés profondément dans ses yeux . Je le vois et il me voit, je le vois nerveux pour de futures incertitudes, et il me voit, un fantôme qui reste avec lui et ne le quitte pas.

Vous pouvez obtenir des instructions sur la façon d'écrire une histoire romantique sur moi, et vous pourriez le faire facilement. Après m'avoir dépouillé de mon humanité, vous pouvez décrire une créature qui n'a rien, rien qu'une cage thoracique qui respire avec peine étouffée par la faim, perdant conscience de temps en temps.

Mais, après votre silence froid, l'histoire qui parle de moi, ne sera rien de plus qu'une narration littéraire ou médiatique à ajouter à votre curriculum vitae, et quand vos élèves deviendront des adultes ils croiront que les Palestiniens se sont laissés mourir de faim devant l'épée de l'israélien Gilad et vous pourrez vous réjouir de ces rituels funéraires et de votre supériorité morale et culturelle.

Israéliens:
Je suis Samer Issawi le jeune "Araboush" comme me définit votre jargon militaire, l'homme de Jérusalem que vous été arrêté sans inculpation, coupable seulement de s’être déplacé du centre-ville de Jérusalem vers sa périphérie.

J'ai été jugé deux fois sans qu'aucune accusation me soit imputée parceque dans votre pays ce sont les lois militaires qui gouvernent et les services de renseignement qui décident alors que les autres composantes de la société israélienne doivent se limiter à se barricader les murs derrière cette forteresse qui continue à être appelée pureté de l'identité - pour échapper à l'explosion de mes os suspects.

Je n'ai pas entendu un seul d'entre vous intervenir pour mettre un terme à déchirants râles de la mort. C'est comme si chacun d'entre vous - le juge, l'écrivain, l'intellectuel, le journaliste, l'universitaire, le commerçant et le poète - s'était transformé en un fossoyeur et portait un uniforme militaire.
Et je n'arrive pas à croire que toute la société est devenue un spectateur de ma mort et de ma vie pour protéger les colons qui ont détruit mes rêves avec les arbres de ma terre.

Israéliens:
Je mourrai satisfait et ayant satisfait les autres. Je n'accepte pas d'être chassé de ma maison. Je n'accepte pas vos tribunaux et vos lois arbitraires. Vous dites que vous avez piétiné et détruit ma terre au nom de la liberté qui vous a été promise par votre dieu, mais vous ne serez pas en mesure de piétiner mon âme noble désobéissante. Mon âme est guérie, elle est libérée et a célébré le temps que vous lui avez enlevé. Peut-être comprendrez-vous que la conscience de la liberté est plus forte que celle de la mort ...

N'écoutez pas ces clichés, désormais obsolète, parce que le perdant ne restera pas éternellement vaincu ainsi que le vainqueur ne sera pas un gagnant toujours. L'histoire ne se mesure pas seulement à travers les batailles, les massacres et les prisons, mais aussi et surtout à travers la capacité de se sentir en paix avec les autres et avec soi-même.

Israéliens:
Écoutez ma voix, la voix de notre temps, aussi bien que votre voix! Libérez-vous de l'excès avide de pouvoir! Ne restez pas prisonniers des camps militaires et des barres de fer qui ont resserré vos esprits! Moi je n'attends pas d'être libéré par un geôlier, mais je suis en attente de vous voir vous libérer de ma mémoire.» 

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