'Incertitudes ô mes délices
Tout les deux nous nous en allons
Comme s'en vont les écrevisses
A reculons à reculons"
Guillaume Apollinaire - Les écrevisses.
Aux Baumettes, Rien de plus...
Voici le témoignage sur Facebook de Nadine compagne d'un détenu incarcéré aux baumettes :
"Cet
après-midi j'écris a monsieur Delarue. Ils l'ont changé de cellule ;
avec son codétenu, ils se retrouvent dans une cellule où y a pas de
lumière ni de prise, les fils sont dénudés - ils attendent qu'ils
s'électrocutent ? -. Pas de câble d'antenne pour la télé et moi je suis
quoi ??? Je paye pour qui la télé !
"C'est bon, là j'en ai marre !"
"Et encore un maton voulait les mettre dans une cellule qui avait pris feu ! Les murs, du sol au plafond, tout noirs ! Même les animaux à la Spa sont mieux traités qu'eux...
"Leurs draps sont changés toutes les trois semaines. Et puis, il y a l'état des cellules ainsi que les rats et les cafard (que bien sûr j'ai pris en photo...).
(Image d'archive © G. Korganow pour le CGLPL)
"De toute façon, j'ai écrit à la Ministre de la Justice et à l'Inspecteur général de lieux de privations et de liberté. Là, j'en ai marre, aux Baumettes rien ne va plus..."
Répnse de Bruno des Baumettes à Nadine : 'Ah, parce que jamais, à un moment, ça était mieux ? ou alors ya longtemps !'
(Via Facebook - le 13/09/13)
Marseille, le 13 septembre 2013
Madame, Monsieur
Je viens vers vous vous êtes mon dernier espoir. Mon mari est incarcéré à la prison des Baumettes depuis septembre 2012. C'est un homme malade. Il souffre d'ostéoporose sévère non soignée. Il a une prothèse totale des hanches et des genoux fracturés au niveau de la rotule. Il a déjà été opéré 2 fois. Il souffre aussi de depression depuis 2007.
Avec tout ces problèmes de santé, il ne peut pas monter et descendre correctement les escaliers. Au début de son incarcération il était au 4ième étage. Il descendait que pour les parloirs. ensuite ils l'ont descendu au 2ième, sur sa demande. Ca allait mieux. Et là, maintenant, sans savoir pourquoi ni comment on le remonte au 4ième étage.
Et là, la surprise est de taille. Dans sa nouvelle cellule, n'y a pas de lumière. Les fils sont dénudés. Il n'y a pas de télé non plus, alors que je paye quand même celle-ci (il manque un câble). Je ne pense pas que ce soit bon pour un dépréssif de vivre comme ça.
Sans compter les cafards et les rats qui courent dans les coursives. On ne sait plus si ce sont des rats ou des chats tellement ils sont gros et gras. Je vous adresse aussi une photo d'un cafard que j'ai prise devant la borne des parloirs...
Il a attrapé un bouton en dessous du menton tellement qu'il a été creusé par le pu, qu'il a une grosse marque. Il faudra montrer ça à un médecin en sortant. Moi-même, lorsque je vais le voir je me fais piquer. J'ai toujours des boutons sur les bras.
Les parloirs, parlons-en. Les box des parloirs sont insalubres, ils sont sales, ils sentent mauvais. Il y a des traces d'humidité dans tous les coins par terre. On ne peut plus rentrer sa bouteille d'eau, mon époux m'en a porté une qu'il avait rempli au robinet. J'ai eu une intoxication.Je suis restée deux jours au lit. Etant allergique et ayant de l'asthme ça n'arrange rien a ma santé.
(Parloirs aux Baumettes)
Nous avons fait une demande de mise en liberté qui nous a été refusée car ça ne faisait pas un an qu'il était incarcéré (c'était au mois de juillet). D'autres ont fait pire que lui et sont dehors. Je ne comprends pas le fonctionnement de la Justice.
Je vous prie d'accepter, Madame, Monsieur, mes sincère salutations
Nadine X.
[Nadine a demandé àconserver son anonymat : "Aux Baumettes, je ne veux pas que mon époux soit inquieté", conlut-elle.
Des travaux qui avancent... à petits pas
Les Baumettes sont en 'rénovation' ! Toute la presse en a fait écho... mais à quel rythme avancent-ils, ces foutus travaux ?
Voici ce que j'écrivais dans mon journal, il y a un an déjà (le 12 septembre 2012)...
Je contemple les huit mètres carrés de ma nouvelle cellule . Je digère à peine à présent le choc qui a été le mien lorsque l'autre jour j'y pénétrai la première fois.
Seulement maintenant, j'ose tenter de la décrire. Tout y est vétuste et mal en point.
Les murs sont enduits d'une vieille peinture au plomb, recouverte de graffitis : des noms, des dates, des villes, des bouts de phrases volées, des injures aussi. Les murs sont une bibliothèque où on peut tenter de déchiffrer les heurs et malheurs de ceux qui nous ont précédés.
Dès l'entrée trônent les chiottes, pour peu : on marcherait dedans. Dans la cellule – comme dans la plupart des cellules du bâtiment A -, il n'y a aucune cloison d'intimité qui sépare les toilettes du reste. Il n'y a jamais plus d'un mètre entre nous : que l'on pisse ou que l'on pète.
Des peaux d'orange séchées adoucissent les mœurs : elle nous servent d'encens, on les conserve dans un petit pot en fer blanc qui fait office de brûle-parfum. Lorsqu'il s'agit de chier, nous allumons l'écorce qui, bien séchée, brûle comme de l'amadou et parfume agréablement la pièce à vivre, camouflant ainsi nos odeurs...
Lire la page : Vues d'Intérieur -Chapitre 1
Madame la Ministre, Monsieur le Contrôleur général des prisons... aux Baumettes, il y a encore beaucoup à faire pour que soit respectée la dignité des personnes incarcérées !
Et si ça ne va pas assez vite, le conjoint de Nadine pourra toujours demander une condamnation de l'Etat... mais pour bien faire, il devra amener avec lui, devant le Tribunal administratif, quelques cafards et, pourquoi pas ? un rat des Baumettes... ça lui fera prendre l'air à l'animal !
Les Baumettes sont en 'rénovation' ! Toute la presse en a fait écho... mais à quel rythme avancent-ils, ces foutus travaux ?
Voici ce que j'écrivais dans mon journal, il y a un an déjà (le 12 septembre 2012)...
Je contemple les huit mètres carrés de ma nouvelle cellule . Je digère à peine à présent le choc qui a été le mien lorsque l'autre jour j'y pénétrai la première fois.
Seulement maintenant, j'ose tenter de la décrire. Tout y est vétuste et mal en point.
Les murs sont enduits d'une vieille peinture au plomb, recouverte de graffitis : des noms, des dates, des villes, des bouts de phrases volées, des injures aussi. Les murs sont une bibliothèque où on peut tenter de déchiffrer les heurs et malheurs de ceux qui nous ont précédés.
Dès l'entrée trônent les chiottes, pour peu : on marcherait dedans. Dans la cellule – comme dans la plupart des cellules du bâtiment A -, il n'y a aucune cloison d'intimité qui sépare les toilettes du reste. Il n'y a jamais plus d'un mètre entre nous : que l'on pisse ou que l'on pète.
Des peaux d'orange séchées adoucissent les mœurs : elle nous servent d'encens, on les conserve dans un petit pot en fer blanc qui fait office de brûle-parfum. Lorsqu'il s'agit de chier, nous allumons l'écorce qui, bien séchée, brûle comme de l'amadou et parfume agréablement la pièce à vivre, camouflant ainsi nos odeurs...
Lire la page : Vues d'Intérieur -Chapitre 1
Madame la Ministre, Monsieur le Contrôleur général des prisons... aux Baumettes, il y a encore beaucoup à faire pour que soit respectée la dignité des personnes incarcérées !
Et si ça ne va pas assez vite, le conjoint de Nadine pourra toujours demander une condamnation de l'Etat... mais pour bien faire, il devra amener avec lui, devant le Tribunal administratif, quelques cafards et, pourquoi pas ? un rat des Baumettes... ça lui fera prendre l'air à l'animal !
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