Surpopulation à la prison de Leuze,
la politique pénitentiaire mise en échec
Contre le mal endémique de la surpopulation
qui touche les prisons belges[1], la construction de
nouvelles prisons est le prétendu remède prescrit par les ministres de la
Justice depuis 2008 sous le vocable de « Masterplan »
Pourtant, la prison de Leuze en Hainaut, bâtie
comme un des fleurons de la lutte contre la surpopulation, est déjà touchée par
le mal qu’elle devait combattre. Quarante personnes y sont aujourd’hui détenues
au-delà du nombre de place prévues. Concrètement elles sont placés dans des
cellules de taille individuelle sur des lits superposées. Dans une prison où
les fenêtres ne s’ouvrent pas, la tension monte.
La vanité de la politique carcérale de
constructions frénétiques n’en est que plus criante.
Sans remonter très loin, dans notre Notice
2013 nous dénoncions déjà cette logique absurde d’extension du parc carcéral.
« 3. Les mesures annoncées ou prises pour
lutter contre la surpopulation
a) Le Masterplan
Les
derniers ministres de la Justice, avec leur Masterplan 2008-2012 prolongé
jusqu’en 2016 intitulé « Pour une infrastructure plus humaine », semblent vouloir
faire de la lutte contre la surpopulation carcérale une des priorités de la
politique criminelle.
Si le
titre est prometteur, la lecture du rapport laisse dubitatif quant à la
réalisation de l’objectif annoncé. En effet, les 12 pages du plan n’ont trait
qu’à un seul point : l’extension du parc carcéral belge.
(…)
Cet
accroissement du parc carcéral va à l’encontre même de l’objectif qu’il
poursuit puisque l’étude des précédentes expériences d’élargissement démontre
que plus on construit de prisons, plus la surpopulation augmente[2] ! [3] »
Pourtant, crânement, dans son rapport annuel
2014, la Direction générale des établissements pénitentiaires (DGEPI)
affirmait : « Depuis 2014, la
Belgique dispose de deux nouvelles prisons. Ces nouvelles prisons de Beveren et
de Leuze-en-Hainaut ont été construites pour s’attaquer à la surpopulation
carcérale. »
Tout aussi fier, le Ministre de la Justice
GEENS prenait la plume dans le rapport annuel 2015 de la DGEPI : « Depuis 2008 déjà, nous travaillons à
la mise en œuvre d’un masterplan pour une détention dans des conditions plus
humaines et adaptées à notre époque. Une partie de ce plan a déjà été
développée : les nouveaux établissements de Marche, Leuze et Beveren. »
Le pire n’est pas que cet échec était annoncé
de longue date, il est dans le coût de cette politique aveugle. Un coût humain,
celui de l’indignité des détenus.
Contact presse
Nicolas COHEN : +32 470 02 65 41
[2] Sur ce sujet, lire notamment : P. V. TOURNIER, « Pourquoi il
n’est pas nécessaire de construire de nouvelles places de prison », publié le
28/12/05 sur le site http://www.ldh-toulon.net ;
propos de S. SNACKEN recueillis par S. COYE, « Lutte contre la
surpopulation : s’attaquer aux causes plutôt qu’aux symptômes », Dedans/Dehors, n° 53, p. 25.
[3] Notice 2013, pp.32-33
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