lundi 4 janvier 2021

L’avocat du diable, par Marcus

Peu de gens connaissent cette histoire singulière, vous me voyez venir avec mes " nouvelles " absurdes, vous n'allez pas être déçu.  Mon problème aujourd'hui demeure au fait que personne ne vérifie mes écrits et l'on finit par croire, être plongé dans les délires d'un quidam par qui on se détend. Il est important pour moi de conter cette étrange aventure et je me demande encore aujourd'hui si elle s'est bien déroulée tant elle est énorme

A six heures du matin, on frappe à ma porte. Ce réveil est unique pour ceux qui vécurent ce moment. Il est impossible de se tromper ; ce sont nos pandores. Les autres personnes viennent plus tard et surtout, elles sonnent. Mon cerveau va dans tous les sens car je sais aussi que s'ils sont là, c'est après m'avoir longuement suivi.

Je ne me suis malheureusement pas trompé, c'est bien la famille poule à gars. En deux mots, ils viennent parce qu'un ancien home d'enfants a flambé du côté de Comblain-au-Pont. Un témoin m'aurait vu rôdant dans le coin, a relevé mon n° de plaque et spontanément témoigné.

Des homes, il y en a plein dans la région. Il y en a beaucoup sur Liège aussi. En fait, il y en a des dizaines et des dizaines à se demander si, à cette époque, tous les enfants n'étaient pas placés !  J'ai connu celui de Rivage mais, cela fait plus de quarante ans que je l'ai quitté ! C'est justement celui-là qui a cramé ! Pourquoi serais-je aller mettre le feu après autant d'années ? 

 Les mois passent, je reçois une convocation devant un tribunal pour cette affaire. S'ils n'ont personne d'autre à se mettre sous la dent, c'est moi qui passerait à la caisse. Au palais se trouve non seulement la presse mais aussi la télévision, les débats sont lancés. A la question " que faisiez-vous dans les parages à cette date ?" Je réponds qu'il m'arrive d'aller à la pèche avec des enfants. J'ai passé une partie de mon enfance au bord de l'Ourthe. Un de ces enfants se trouve d'ailleurs devant votre salle d'audience. Le juge le fait venir, il confirme. 

Le juge me demande si je ne serais pas allé à cet endroit mettre le feu parce que j'y aurais été battu ? C'est la question " flash", bien sentie, vous ramenant au tréfond de votre enfance. Elle est cependant posée d'une façon inquisitrice qui me met sur la défensive. Je pense avoir répondu que j'étais doté d'un esprit serein où la vengeance n'avait sa place, que quarante années s'étaient écoulées. Je vois l'avocat de la partie adverse se frotter les mains. Il trépigne d'impatience du moment où il pourra me confondre, m'envoyer pour quelques années au trou et sentant la jubilation de cet homme, me trouve quelque peu inquiet. Que tient-il dans sa manche pour être si nerveux ? 

Vint le moment où le parquet donne la parole à la défense, jamais je n'oublierais la question :  «  Monsieur Sluse qui nie les faits, pourrait-il nous expliquer pourquoi, ce jour-là, entre onze heures et quatorze heures, son GSM était coupé ? » 

A ce moment-là, je comprends le pourquoi de son comportement. 

Tous les regards sont focalisés sur moi pris dans les tenailles de ce maître du barreau. Le juge qui connaissait très bien ce dossier mais n'avait vu cette lacune dans ma téléphonie et sentant sans nul doute aussi son heure de gloire arriver, tous cela devant la télévision, en rajoute une couche en me posant la même question.

Maintenant tenez-vous bien. Voici ma réponse ; «  Lorsque vient l'heure de table, je ne tiens pas à être dérangé, ni à déranger quiconque.  Je suppose que comme moi, Monsieur le Juge, il vous arrive de couper le GSM, c'est une question d'éducation ». 

Un avocat du barreau de liège , Marc Neve prit ensuite la parole pour amener le juge à comprendre la présence de mon véhicule à cet endroit, à cette période. Il mit aussi en évidence le témoignage de l'enfant. Une  plaidoirie  où le doute n'avait plus sa place.

Verdict : Acquitté

PS: Quant à l'équipe du tournage, c'était la RTBF ( Isabelle Salesse ) . 


                   A+ Marcus


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