(photo Marcel Mussen)
mardi 13 mars 2012, 01h18
L'attente, dans un monde d'enfants,
l'absence...
Ma première confrontation avec
l'isolement, c'est aussi ma première petite prison, celle où,
enfant, j'ai été placée.
Ma rentrée au sein de cet
établissement a été un traumatisme géant, oui géant, car j'avais
6 ans...
Avant cela, nous étions ensemble, ma
sœur cadette et moi, mais voilà, je clôturais mes 6 ans et nous
devions être séparées.
Avec elle, tout me semblait différent,
viable, elle me rappelait que je n'étais pas seule, et je lui
renvoyais, sans doute, le même sentiment.
Je la protégeais par mon amour
enfantin et sans paroles, elle venait seulement vers moi, cela
voulait tout dire.
Je devais la quitter pour cette cause :
ceux de 6 ans allaient dans une autre colonie. Je me rappelle cette
déchirure, cette blessure ; je sais bien que tous les enfants
ne le vivent pas ainsi, je le sais très bien mais nous sommes tous
différents...
Je suis entrée dans ce dortoir ;
les couvres-lits avaient une couleur criarde, qui m'agressait, je
n'ai pas eu envie de dormir là et je me souviens ce que j'ai pleuré
cette nuit en particulier.
Tout doucement, sanglots ravalés, mais
une certitude : j'allais me réveiller, ce n'était qu'un
cauchemar, jamais ma mère ne m'aurait fait cela, me laisser seule,
toute seule.
Mais la porte se referme différemment
sur chaque situation ; elle se referme brutalement sur le
prisonnier, l'enfant isolé des siens, le malade...
Le réveil a été brutal :
j'arrivais comme une intruse, la plupart se connaissaient, j'étais
la nouvelle pour ces jours-là, elles allaient pouvoir s'amuser.
Les gosses peuvent être très
méchants.
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