Photo Marcel Mussen
A ma mère, à mon père
Tu as pu nous offrir la chance, en te
sacrifiant,
Tu as donné sans regarder,
Tu as partagé sans compter; je te
demande pardon,
Je suis et demeure ta fille ; ta
douceur n'a jamais été dans les gestes,
Ton amour n'a jamais été en paroles,
Tu es la mère la plus forte que je
connaisse,
J'ai longtemps puisé la force en te
regardant,
Petite, je t'attendais des heures à la
fenêtre.
Mon père à l'étranger, il devint
vraiment un étranger que l'on aime, qui nous manque, mais qui est
absent de tout notre univers ;
Oui, perdre son père sans comprendre
ce qui se passe exactement ;
Univers de questions, pas d'au-revoir ;
Des bribes de souvenirs, d' images,
Je me suis accrochée à toi mais avec
trop de pudeur au point que je n'arrive pas à t'entourer de mes
bras,
J'ai perdu mon père sans avoir le
courage de le prendre dans mes bras, je suis rentrée plusieurs fois
dans sa chambre pour l'enlacer et lui dire :
Je t'aime Papa, tu manques à ma vie,
mais j'ai pas su ;
Je savais qu'il était condamné :
tout au plus 4 mois m'avait précisé le spécialiste.
Je devais rentrer à Bruxelles et
reprendre un billet pour les semaines à venir.
J'étais avec ma grande sœur, nous
quittions le Maroc ; j'avais deux enfants, un petit de 4 ans et
une petite de 2 mois environs.
C'était le 4 mai, je n'oublierai
jamais.
J'avais un sentiment de fin, je ne
reverrai jamais mon père.
Pourtant, dès mon retour, j'ai pris
des billets d'avion pour le 8 juin ; ce voyage tombera à
l'eau : un autre drame m'attend quelques jours avant.
JE T'AIME PAPA D'AUSSI LOIN QUE TU
PUISSES ÊTRE,
JE T'AIME MAMAN POUR TOUT CE QUE TU AS
SU TENIR ET MÊME RETENIR.