Il fait soleil, je viens de rentrer
avec mes enfants après une détente au parc pendant 3h
à peu près.
Ce matin-là je suis allée à mon
cours, j'y vais deux fois par semaine, mon emploi du temps est
chargé.
Nous sommes en mars et la saison est
belle, je me sens bien, j'aime le retour du soleil, sa lueur
m'inspire toujours la joie même si j'aime l'hiver, ce froid qui vous
invalide, vous bafoue, parfois vous secoue.
Cependant, l'hiver est pour moi lié à
la nostalgie, il est mystérieux et me fait souffrir dans mes
entrailles.
Je garde sans doute des séquelles
liées à l'enfance.
J'avais préparé le souper avant
d'aller au parc ; une fois rentrés, nous nous débarbouillons,
les enfants et moi. Lui ne rentre jamais avant 21h.
Le téléphone sonne, mon
interlocutrice me signifie sa venue ; elle est accompagnée
d'une tierce personne et elle veut absolument venir.
Je suis un peu surprise car elle
insiste pour que ce soit tout de suite. Je me perds en explications -
souper, dodo des enfants, etc - mais cela semble important.
Elle fait en sorte que les enfants
soient isolés et me prend à part : « Je dois te parler,
sois courageuse » me dit-elle. Je la regarde, elle tremble,
elle pleure et pendant ce laps de temps aussi rapide que l'éclair,
trente-six mille drames se bousculent dans ma tête. Le plus
douloureux : peut-être la mort d'un des miens.
Il s'agissait d'un deuil à coup sûr.
Que s'était-il passé ?
Je me revois debout, et elle me dit
enfin : « Ton mari a une double vie, un enfant, un autre appart
près de votre commerce ».
Les mots écorchaient sa voix avant
que l'impact ne se loge sur moi ou en moi.
J'étais scindée âme et corps, cœur
et raison.
Elle ajoute : « Tu fais ce
que tu veux mais tu dois savoir ».
Je lui dis : « Ça
va, t’inquiète pas, arrête, calme toi ».
Elle est désolée de me l'annoncer
mais elle n'avait plus le choix. Elle formule le pardon à la place
du responsable et ça je ne supporte pas.
« Ok », lui dis-je,
« Depuis quand ? C'est qui ? L'enfant a quel age ? »
Je suis abasourdie. Impossible de
décrire cela avec exactitude. La souffrance laisse d'abord la place
à la colère.
Quand elle vient, c'est avec plus de
malice, la souffrance entre comme une sangsue, elle est entrée et,
jour après jour, elle a grandi avec ma douleur aussi bien physique
que psychique. Au bout de quelques jours, j'étais terrassée, vidée,
sans forces, je prenais des cachets pour pouvoir manger.
C'est un jeudi que ma vie s'en est
allée à la dérive, mais puisque j'étais sous l'emprise de la
colère, j'ai pu, dès le lundi matin, prendre rendez-vous chez une
avocate pour lancer la procédure de divorce.
Lui, pas question de le revoir :
devant toutes les preuves, il ne trouva pas de défense sur le coup à
part que tout avait été trop vite, qu'il ne voulait pas me quitter
et tout le baratin de quelqu'un qui est pris la main dans le sac.
Nous ne nous sommes plus revus ; je lui avait interdit de passer
la porte d'entrée. Il venait prendre les enfants devant.
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