mardi 15 décembre 2015
vendredi 11 décembre 2015
Mercredi 16 décembre 22.15 heures à la RTBF : Vers une inconditionnelle liberté, un film sur Jean-Marc Mahy
SOURCE
Entré en prison à 17 ans et demi, il a passé près de 20 ans derrière les barreaux et 10 ans en libération conditionnelle. il raconte son parcours face aux jeunes et sur les planches, où il joue sa pièce. Eviter aux jeunes de connaître comme lui l’enfer de l’univers carcéral. C’est ce que l’on découvre dans ce documentaire réalisé par Serge Challon et Vartan Ohanian à ne pas manquer sur la Une le mercredi 16 décembre à 22h15.
Adolescent délinquant, Jean-Marc Mahy a plongé dans l’enfer carcéral à l’âge de dix-sept et demi. Pour avoir entraîné la mort de deux personnes, il a été condamné à perpétuité et passé 19 ans derrière les barreaux, dont trois ans en isolement total. Un long séjour dans un autre monde, un monde parallèle, qui vit et respire à son propre rythme, avec ses propres lois. Un monde oublié par la communauté.
Au bout de près 20 ans de détention, il a obtenu sa libération conditionnelle un jour de septembre 2003. Jean Marc Mahy a alors franchi la porte de la prison de Namur pour ne plus jamais y retourner. Il a continué son lent marathon vers la liberté pendant dix ans, dehors, mais chaque jour occupé à parler de dedans, partout, et à tout le monde. 10 années pendant lesquelles il est devenu éducateur et comédien. Son obsession: témoigner pour faire en sorte que les jeunes ne connaissent jamais son expérience et pour que les ex-détenus ne replongent pas une fois " sortis ". Sur scène, il joue " Un homme debout ", une pièce qu’il a coécrite avec Jean Michel van Den Eeyden, metteur en scène et directeur du Théâtre de l’Ancre à Charleroi, pour parler de son histoire. Il raconte la prison, les humiliations, l’isolement, la folie qui le guette et ces petits riens auxquels il s’accroche pour ne pas sombrer.
Les réalisateurs français Serge Challon et Vartan Ohanian ont découvert l’histoire de Jean-Marc par l’intermédiaire d’un policier de l’ancienne Brigade des Stups à Paris venu voir sa pièce. Leur film documentaire Vers une inconditionnelle liberté nous fait vivre les six derniers mois de sa liberté conditionnelle en nous emmenant dans son quotidien et au théâtre. Se dessine alors le portrait d’un " homme debout " qui nous parle du droit à exister après avoir payé sa dette à la Justice même si elle ne pourra jamais l’être à la société. Un véritable hymne à l’espoir et au dialogue qui fait particulièrement du bien par les temps qui courent.
dimanche 29 novembre 2015
Un film sur Jean-Marc Mahy : "Vers une inconditionnelle liberté" de Serge Challon et Vartan Ohanian
Serge Challon :
"Vers une inconditionnelle liberté, un film que j’ai eu le plaisir d’écrire et réaliser avec Vartan Ohanian. Jean Marc Mahy est entré en prison à l’âge de dix sept ans et demi. Il en est sorti dix-neuf ans plus tard après un long séjour dans un autre monde, un monde parallèle, qui vit et respire à son propre rythme, avec ses propres lois. Un monde oublié par la communauté.
Un jour de septembre 2003 Jean Marc Mahy a franchi la porte de la prison de Namur pour ne plus jamais y retourner et il a continué son lent marathon vers la liberté pendant dix-ans, dehors, mais chaque jour occupé à parler de dedans, partout, et à tout le monde. Dire des choses qu’on n’a pas envie de dire avec des mots, et pourtant … Parler du droit à l’oubli en n’oubliant jamais. Il parle de lui, de son histoire, à ceux qui sont déjà à la lisière de la prison comme à ceux qui décideront de leur sort, pour les aider tous à choisir.
Ce film évoque le droit d’exister après avoir purgé la peine, de n’être jugé ensuite que pour ce que l’on est aujourd’hui, ici et maintenant.
Dehors Jean Marc Mahy a écrit une pièce avec Jean Michel Van Den Eeyden, metteur en scène et directeur du Théâtre de l’Ancre à Charleroi, pour raconter une partie de son histoire, probablement la plus dure, celle de l’isolement dans une prison du Grand Duché du Luxembourg, son titre est son programme, son obsession, son inquiétude quotidienne : Un homme debout. Mahy est resté debout malgré la prison.
Pendant les six derniers mois de sa libération conditionnelle les auteurs de ce film l’ont vu s’approcher avec inquiétude d’un 16 septembre, une date attendue depuis 29 ans, comme si elle n’existerait jamais, trop difficile à atteindre, trop belle pour lui. Ce documentaire ne refait pas le procès de cet homme condamné deux fois pour avoir provoqué la mort sans intention de la donner, ce n’est pas son objet, il propose la rencontre d’un homme et, à travers ses paroles, quelques questions… Serge Challon et Vartan Ohanian reconstituent un visage, comme un puzzle, malgré les pièces perdues et désormais manquantes."
"Vers une inconditionnelle liberté, un film que j’ai eu le plaisir d’écrire et réaliser avec Vartan Ohanian. Jean Marc Mahy est entré en prison à l’âge de dix sept ans et demi. Il en est sorti dix-neuf ans plus tard après un long séjour dans un autre monde, un monde parallèle, qui vit et respire à son propre rythme, avec ses propres lois. Un monde oublié par la communauté.
Un jour de septembre 2003 Jean Marc Mahy a franchi la porte de la prison de Namur pour ne plus jamais y retourner et il a continué son lent marathon vers la liberté pendant dix-ans, dehors, mais chaque jour occupé à parler de dedans, partout, et à tout le monde. Dire des choses qu’on n’a pas envie de dire avec des mots, et pourtant … Parler du droit à l’oubli en n’oubliant jamais. Il parle de lui, de son histoire, à ceux qui sont déjà à la lisière de la prison comme à ceux qui décideront de leur sort, pour les aider tous à choisir.
Ce film évoque le droit d’exister après avoir purgé la peine, de n’être jugé ensuite que pour ce que l’on est aujourd’hui, ici et maintenant.
Dehors Jean Marc Mahy a écrit une pièce avec Jean Michel Van Den Eeyden, metteur en scène et directeur du Théâtre de l’Ancre à Charleroi, pour raconter une partie de son histoire, probablement la plus dure, celle de l’isolement dans une prison du Grand Duché du Luxembourg, son titre est son programme, son obsession, son inquiétude quotidienne : Un homme debout. Mahy est resté debout malgré la prison.
Pendant les six derniers mois de sa libération conditionnelle les auteurs de ce film l’ont vu s’approcher avec inquiétude d’un 16 septembre, une date attendue depuis 29 ans, comme si elle n’existerait jamais, trop difficile à atteindre, trop belle pour lui. Ce documentaire ne refait pas le procès de cet homme condamné deux fois pour avoir provoqué la mort sans intention de la donner, ce n’est pas son objet, il propose la rencontre d’un homme et, à travers ses paroles, quelques questions… Serge Challon et Vartan Ohanian reconstituent un visage, comme un puzzle, malgré les pièces perdues et désormais manquantes."
(photo : Jean-Marc Mahy donne un cours à l'Institut Cardijn)
lundi 22 juin 2015
Thirty-three children have died in English child prisons since 1990 ! Book : "Children behind bars" by Caroline Willow
Source
Prison, a treacherous place for a child
Carolyne Willow 22 June 2015
Thirty-three children have died in English child prisons since 1990. A powerful new book
exposes how Britain’s most vulnerable children are routinely damaged by the
state.
When Alex Kelly was six years old, medical examinations revealed that he had been repeatedly raped over many years. He was subsequently taken into the care of Tower Hamlets council.
In January 2012, when Alex was 15, he hanged himself at Cookham Wood young offender institution in Kent. He’d been there for four months. For most of this period, Alex had no allocated social worker, and council workers argued with one another over their responsibilities to him.
Late last year, after an inquest jury concluded that “systemic failure” by the local authority and inadequate safeguarding within the prison had contributed to Alex’s death, the solicitor Mark Scott, speaking for Alex’s father, said: “Alex was extremely vulnerable and a child in need of care but instead was treated as a child in need of custody.” (PDF here)
Children who have suffered the most horrendous hardships in their early lives find little mercy in the state-organised punishment of penal incarceration. From everything that could be known about a child, we select a fraction of his or her behaviour – that which has breached the law – and construe their ‘master status’ as young offender.
Many other descriptors could be used (if label we must) to more accurately reflect children’s lives and circumstances, including victims of poverty, maltreatment, bereavement, educational exclusion and institutional racism. There is no question that the vast majority of child prisoners will have suffered serious human rights violations.
Alex was one of 33 children to have died in English child prisons since 1990. That’s when the UK signed an international children’s rights agreement to use detention only as a measure of last resort.
There has been a massive reduction in the number of detained children over the past five years but, still, the UK remains one of the chief child incarcerators in Europe.
In 1991, there were 572 children held in prison service institutions; in March 2015, there were 706. A further 186 were detained in three secure training centres run by the international security company G4S. (Children were moved out of Hassockfield secure training centre, run by Serco, at the end of last year).
Just 11 per cent of children in custody (112) were kept in secure children’s homes, establishments governed by the Children Act 1989 and run by local authorities.
Only two of 47 Council of Europe member states, Russia and Turkey, detained more children than the UK in September 2013, the latest date for which Council of Europe figures are available.
They are children
A few years ago I set out to write a book about two boys, Gareth Myatt and Adam Rickwood, who died following ‘restraint’ in secure training centres in 2004. I wanted to find out what they were like as people, what made them laugh, what they enjoyed doing, what plans they had for their lives. I hoped to be able to write about them in such a way as to encourage policymakers to make connections with the children in their own lives they love and cherish, and to thereby stimulate radical action.Then I read Cruel Britannia, Ian Cobain’s book on the British state’s use of torture, and I decided to widen the scope of my work to examine the many harms caused by child incarceration. Having been a children’s rights campaigner for many years, I was already well aware of many of the scandals. But I knew there was much more to investigate and expose.
My early career as a child protection social worker had equipped me to ask uncomfortable questions, to interrogate information and ‘facts’ presented by adults in positions of power and to always stay firmly focused on the child’s feelings and perspective. Several hundred FOIs, analysis of dozens of parliamentary questions, 24 interviews and months of research and writing, and here we are.
My book, Children Behind Bars, catalogues the mistreatment of vulnerable children held behind perimeter fences and banged up in cells for 14 or more hours a day, sometimes over a hundred miles from home.
These are children banished to young offender institutions known to be violent and unsafe, and secure training centres found by the High Court to have been sites of “widespread unlawful use of restraint”.
Child prisoners are exposed to practices that would invite state intervention were they to happen in the community. A parent who locked a child in a tiny room for more than 20 hours a day would, at the very least, be sent on a compulsory course to correct his or her abusive behaviour. Yet such mistreatment is routinely perpetrated by a punitive state that abandons child protection norms when it comes to young offenders.
What else might explain the lack of public outcry following an inspection report on a Staffordshire prison in March 2014? This told us children were being locked in cells that were “the worst [inspectors] had seen for some time. Some cells were filthy, gloomy and covered in graffiti, and contained offensive material, heavily scaled toilets, damaged furniture and smashed observation panels”. [PDF]
Many of the cells holding children on their first night in the prison were “in an uninhabitable state”.
Three quarters of child inmates were held in pairs in cells designed for single occupancy. The inspectors noted: “Cells were cramped with not enough furniture and inadequate toilet screening.”
Another inspection report that same month tells of children at Wetherby young offender institution in West Yorkshire locked in cells so small they had to sleep “in close proximity to the toilet”. [PDF]
In a third report — released in August 2014 — inspectors who visited Hindley young offender institution, near Wigan, expressed concern about the prison’s punishment and rewards scheme. At weekends, children on its lowest level spent at most 135 minutes out of their cells. Boys sometimes had less than 15 minutes’ daily exercise in the open air. [PDF]
Here’s how Frances Crook, chief executive of the Howard League for Penal Reform, sums up the effects of imprisonment on children:
“It’s intellectually stultifying, it’s emotionally inhibiting, it’s sexually inhibiting, it’s frightening, your educational opportunities are restricted. In every aspect it’s negative.”Six years ago, after investigating the treatment of children and adults with mental health problems and learning disabilities by the police, courts and prisons, Labour peer Lord Bradley reported:
“The prison environment, with its rules and regimes governing daily life, can be seriously detrimental to mental health.”The Children’s Commissioner for England documented the case of a primary school girl who had suffered domestic violence and family breakdown. As a newly imprisoned teenager, she refused to leave her cell for the first six weeks.
Imagine a child in the community spending the whole of the school summer holidays locked in an austerely furnished room with a toilet, and food trays delivered to the door.
The experience of being sent to prison is deeply traumatic, as this boy told the Howard League for Penal Reform:
“My first night in custody was the worst night of my life. I’d never been lonely before. I felt so lonely.”Joseph Scholes left his parents a note before he hanged himself in prison a month after his 16th birthday: “I’m sorry, I just can’t cope.”
See no evil. . .
How can we explain the lack of outrage shown by the general public, the media and among politicians, in response to 33 children dying in institutions run by the state? Do people know?Information drips from different sources. It is difficult to get the full picture.
There is research and testimony published by campaign groups, human rights bodies and academics. Some of the most shocking evidence is in court reports, inquest transcripts, coroners’ notes and other official documents that take some tracking down.
Then there is the use of euphemism and what psychologists might call avoidance techniques. Officials rarely use the siren call of child abuse when it comes to prisons.
“Inappropriate” was the adjective chosen by the prisons inspectorate to describe the routine handcuffing and strip-searching of vulnerable children brought to a specialist unit because they could not cope in an ordinary prison.
“Significant weakness” was how Ofsted noted the absence of nurses, in contravention of the rules, during the use of restraint in a secure training centre. Inspectors gave the commercial contractor G4S three months to rectify the breach. In February 2015, inspectors who had visited another G4S-run secure training centre communicated their “concern” that a child with a fracture was denied medical treatment for 15 hours.
Former head of the prison service, Martin Narey, told parliamentarians of “the possibility that the public greatly underestimates the full extent of the discomfort, pain and deprivation of liberty for anyone of any age”. He said: “For a child it is particularly traumatic.”
Significant harm
Knowingly causing children discomfort, pain and trauma fits the definition of significant harm in the Children Act 1989 – the part of the law sending social workers to front doors.Harm in the 1989 Act means ill treatment or the impairment of a child’s health or development, including, for example, impairment suffered from seeing or hearing the ill treatment of others.
Development encompasses a child’s physical, intellectual, emotional, social or behavioural development. Health means physical or mental health. Ill treatment includes sexual abuse and other kinds of mistreatment that are not physical.
For many years Chris Callender has worked with children in prison, as a solicitor in law firms in Leeds and London and as the legal director of the Howard League for Penal Reform. I asked him if any of his cases involved a child suffering significant harm in prison. He said:
“Most of the cases are likely to be bullying or intimidation or risk from either other prisoners or officers within the context and confines of the imprisonment. I can’t think of many cases where those young people were free from those issues.According to government child protection rules, physical abuse encompasses hitting, throwing and “otherwise causing physical harm to a child”.
“So I just think that incarceration in YOIs [young offender institutions], particularly YOIs, the risk of harm – whether through fights, through turf wars, through bullying, threats from officers to children, or children to children – is endemic.”
Emotional abuse can include “conveying to a child that they are worthless or unloved, inadequate, or valued insofar as they meet the needs of another person”. It may include silencing the child, belittling them and having inappropriate expectations. Serious bullying, and making children feel frightened and in danger a lot of the time, is a form of emotional abuse.
Sexual abuse can include “forcing or enticing a child to take part in sexual activities”. Neglect is the persistent failure to meet the child’s most basic needs.
You’d be terrified
In July 2013, the chief inspector of prisons, Nick Hardwick, told BBC Radio 4’s Today programme that parents would be ‘terrified’ were their child to be incarcerated in Feltham young offender institution in London.Had this been a statement from the head of the Care Quality Commission about an older people’s home, or a hospital for people with learning disabilities, the establishment in question would have been closed down. Prison service managers seem to have superhuman resilience to exposures that would topple other organisations.
Feltham young offender institution was the prison in which Zahid Mubarek, a British Asian teenager, was placed in a cell with profoundly disturbed Robert Stewart of the same age. On 21 March 2000, Stewart battered Mubarek into a coma with a table leg. Such was the minimal staffing in the institution, and the physical layout, that it was Stewart himself who first drew attention to the ferocious attack by ringing his cell buzzer.
Zahid died in hospital. The public inquiry into his death heard that prison officers had devised a game called ‘Coliseum’, whereby incompatible inmates would be deliberately detained in shared cells to incite violence and staff made bets on the outcome.
The inquiry was unable to substantiate those claims. However, it discovered that three white prison officers had handcuffed an ethnic minority prisoner to the bars of his cell, removed his trousers and smeared his bottom with black shoe polish. The officers were given official warnings.
Two white trainee prison officers who urinated on a black trainee during a training course were dismissed.
The then head of the prison service Martin Narey admitted: “It goes beyond institutional racism to blatant malicious pockets of racism.”
Sexual abuse of child prisoners
There were 181 boys in Feltham at the time of the ‘terrified parents’ inspection. Almost a third of children reported victimisation by a member of staff. And 300 acts of violence had been perpetrated by children on each other in the six months preceding the inspection. The inspectors found a segregation unit, which also held young adults, with “ingrained dirt on floors and walls”. [PDF]The prisons inspectorate’s survey of children held in 11 prisons the previous year found 32 per cent of boys and 22 per cent of girls had felt unsafe. More than one in 10 boys and almost a quarter of girls reported being subject to insulting remarks by prison staff. Physical abuse by staff was reported by 4 per cent of the boys. [PDF]
At least nine boys reported sexual abuse by staff and the same number said other boys had sexually abused them. In one prison unit staff sexual abuse was alleged by 6 per cent of the boys. One in every 20 boys reported racial or ethnic abuse by staff. Nearly one tenth of children reported bullying by prison officers in another piece of research; child-on-child bullying was even higher. [PDF]
An FOI request I made to the prisons inspectorate revealed that, between July 2009 and March 2014, inspectors reported 130 child protection allegations from 112 children to prison child protection staff or managers following 30 routine inspections of young offender institutions and secure training centres in England.
Surveys in only two of the inspections resulted in no allegations of child abuse.
The actual incidence of abuse may be much higher. Surveys of children in unsafe surroundings are unlikely, on their own, to elicit the true level of abuse and other concerns.
The Ministry of Justice agency that runs prisons is called the National Offender Management Service, or NOMS. Early in 2014 NOMS disclosed that it had paid £252,370 in compensation over the past five years to individuals detained as children or young adults in 12 English prisons.
Payouts in respect of two child prisons — Warren Hill and Hindley young offender institutions — amounted to £76,000 between 2008/09 and 2012/13. Officials refused to disclose the nature of the claims, supposedly to protect the identity of claimants.
No data was provided for Ashfield young offender institution (which held children until 2013). As a private prison, it is obliged to provide information only as specified in its government contract, I was told. Nor can such data be unearthed using FOI requests, since private prisons are not covered by FOI legislation.
Imprisoning children means more than depriving them of their liberty. It squanders precious time that could be spent investigating what has gone wrong in their lives and changing it. Adolescence is a period of massive transformation, when even teenagers living happy lives require careful handling. Imprisonment is a deliberate act of rejection, banishment and exclusion – the very antithesis of what these children need.
Child prisoners rarely move from being fully included in society one day, to outsiders the next. Barrister and peer Lord Carlile, who conducted an inquiry into the treatment of child prisoners, described the “animalised, brutalised structure” of prison life that compounds what has been missing in the lives of these children.
Hard lives, inside and out
Our prisons are filled with the poorest, most disadvantaged children who often have considerable mental health and learning difficulties. Even before they begin the admissions process, which involves being given a number, removing clothes and answering questions about suicidal thoughts and substance misuse, the lives of most child prisoners will have told them that they are worthless – certainly worth less than other children.Analysis of the forms completed when a child has contact with the criminal justice system shows more than a third of girls have been abused and many have endured significant bereavement or loss (29 per cent) or witnessed family violence (24 per cent). Only 17 per cent live with both their parents. [PDF]
Children learn in prison that suppressing their feelings and being outwardly tough is the best way to survive. The chances are they believe this already.
Hunger is a common complaint. In January 2014, prisons minister Jeremy Wright told parliament the prison service spent an average of £1.96 a day on prisoner meals in 2013/14, an 11 per cent reduction on the previous year. Even hospitals spend three times as much.
In a recent study of food in young offender institutions, only one of the nine prisons achieved the policy requirement of having no more than 14 hours between evening meal and breakfast.
In June 2014, children were served mouldy bread in Cookham Wood young offender institution — while inspectors were on the premises. [PDF]
I can’t breathe
Coroners and judges have ruled that unlawful restraint regimes continued unabated for many years in secure training centres. Human rights bodies have criticised the UK’s reliance on pain infliction as a tool of restraint.INQUEST, the charity that supports the bereaved families of children and adults who have died in police and prison custody, told the government in 2007: “the violation of the rights of this large body of children goes worryingly beyond inhumane and humiliating treatment. It has been proved forensically that it presents a persistent risk of injury, suffering or death.” [PDF]
It is a matter of public record that large numbers of children have been injured, many very badly, following restraint in penal institutions over the past decade.
In November 2011, parliament was told that 285 ‘exception reports’ had been submitted to civil servants since 2006 by commercial contractors G4S and Serco in respect of the four secure training centres. The two companies are required to produce these reports whenever children’s breathing has been compromised during restraint, or they have suffered serious injury requiring hospital treatment.
There are details that do not make their way to parliament, such as the five children who suffered six wrist fractures during restraint in Castington young offender institution between January 2007 and September 2008. A reply to a question in parliament in December 2007 reported that only one child had suffered such an injury after restraint in that prison that year. Even the government’s correction in September 2009 did not result in the true figure being recorded.
The internal report I obtained through an FOI request states that none of the five children was restrained because they were fighting and that most of the injuries were sustained in areas without CCTV.
A separate internal prison review was undertaken after six incidents in which children were thought to have suffered a fractured or broken bone during restraint in Hindley young offender institution (one suspected fracture was later found to have been wrongly diagnosed). The injuries occurred between February 2009 and April 2011, and only one of the situations arose because a child was fighting. One boy made an official complaint to the Prisons and Probation Ombudsman after he was moved to another prison. It was upheld.
Information obtained from the Youth Justice Board records, on average, 84 self-harm incidents in young offender institutions, and 16 in secure training centres, every month throughout 2012. Between 2007/08 and 2011/12, 81 children in young offender institutions and 17 in secure training centres required hospital treatment following self-harm.
One teenage girl incarcerated in a women’s prison in Wakefield self-harmed so badly she needed blood transfusions. She was passed back and forth between prison segregation and hospital until her lawyer at the Howard League for Penal Reform obtained a High Court injunction in 2005 preventing her return to prison.
Her barrister, Ian Wise QC, said:
“There were women prison officers who were trying to do the right thing for [the girl] I’m sure, but they were just totally out of their depth. I mean these people have got no training on mental health issues.”
Now, strip
As a child protection social worker, I worked with children who had been sexually assaulted in their own homes. I spent a lot of time reassuring children they were not to blame and no-one had the right to hurt them. Some years later, during my work on Lord Carlile’s inquiry, I met children who had been strip-searched in secure training centres. They said they felt embarrassed, degraded and uncomfortable. One girl told me about being strip-searched during her period; she had to pass her sanitary towel to staff for inspection. [PDF]Had I still been a social worker, and these children were telling me about their fathers, uncles or children’s homes workers, they would have been officially classed as victims of child abuse. But as child prisoners such routine attacks on their integrity were authorised by the state.
Children in young offender institutions have reported being made to squat in front of officers without their underwear.
Routine strip-searching was banned for female prisoners several years before the same policy change for children.
When Lord Carlile concluded that strip-searching is not necessary to maintain good order and safety, the Youth Justice Board promised a review. Its then chair, Rod Morgan, argued in The Guardian: “Some young people arrive in custody with drugs or weapons hidden on their bodies and clothing. The consequences of drugs or knives inside a secure establishment are not hard to imagine, and every precaution, including searching, has been taken to stop this.”
So Morgan and the Youth Justice Board must have had robust evidence that strip-searching was necessary?
Not so.
The Youth Justice Board began collecting strip-searching data only in 2011, five years after the Carlile Inquiry reported and eleven years after it was given legal responsibility for booking children into prisons.
Rod Morgan resigned in January 2007, telling BBC Newsnight: “I have to say to you that a custodial establishment, no matter how good we make them, is the worst conceivable environment within which to improve somebody’s behaviour.”
How to dehumanise
In June 2011, inspectors observed “petty and restrictive” rules operating in Lancaster Farms young offender institution. Only children on the highest level of the behaviour management scheme could wear their own clothes and even this was restricted to their cells and during other very limited periods. [PDF] Earlier inspection reports showed this to be institutionally entrenched.Five months into the new millennium, inspectors found the prison was experiencing “problems getting Prison Service clothes small enough for many of the residents” and recommended: “Small clothing should be available from Central Prison Service Stores.” [PDF]
This was five years after the NSPCC had published a report from survivors of abuse in care. One of the violations depicted in the report concerned the humiliation of being forced to wear communal clothing:
“If we did not achieve so many points we were not allowed to wear our own clothes.”The final inspection of Warren Hill young offender institution in Suffolk before it became an adult prison in April 2014 reported that children were made to wear prison clothes but could keep their own underwear and socks. The only washing facility for underwear and socks was cell basins, so “many chose to wear prison-issue underclothes”. [PDF]
A children’s charity was asked to review safeguarding in child prisons and its 2008 report observed that journeys to the young offender institutions “get them off to a frightening start. They often arrived late after hours spent in a small, uncomfortable cubicle within a van, frightened not only about where they are being taken to but what will happen to them if the van crashes”. [PDF] Some children were given plastic bags to urinate in, a demeaning practice reported by inspectors as recently as March 2014.
Deborah Coles is the co-director of INQUEST and has been working for the charity since before teenager Philip Knight hanged himself in an adult prison in Swansea in 1990. She told me:
“I didn’t have children when I was involved with Philip Knight, and 1994 was when [my son] was born and I do think that, as my kids have grown up, and you see the vulnerability of your own kids who are in supportive environments with food on the table, have got a home, are relatively stable or go to a nice school, and then you look at these kids who are in prison, it just makes you ... it hits you in a different way actually, it makes you even more ashamed.”Since Philip’s death, inquests have recorded a verdict of suicide for 12 children’s deaths in penal custody, and accidental death for eight of the children. There were four narrative verdicts, five open verdicts, three verdicts of misadventure and one unlawful killing. Accidental death and misadventure are verdicts given when juries decide a death was unintended; narrative verdicts are detailed statements of the background issues surrounding a person’s death; and an open verdict means there was insufficient evidence to return another verdict.
All but four of the children whose deaths were judged to be suicide were known to have self-harmed in the past or were being monitored at the time of their death. You wouldn’t have to be a child psychiatrist to doubt whether the remaining four could withstand imprisonment. One had developed serious alcohol problems after the death of his mother from cancer on his 14th birthday. Another had severe learning difficulties and was worried about his parents who both had cancer. A third child had endured chronic bullying and requested to be placed in segregation for his own safety. The parents of the fourth child criticised the prison for not allowing their son his medication for attention deficit hyperactivity disorder.
Two of the 33 children who died as prisoners, 15-year-old Gareth Myatt and 14-year-old Adam Rickwood, were held in secure training centres run by G4S and Serco respectively. These boys died four months apart, 10 years ago, after being subject to appalling forms of restraint.
Before he lost consciousness, Gareth told the three guards holding him down that he could not breathe. The response was that if he could speak he could breathe. He died minutes later from positional asphyxia. The Youth Justice Board suspended the use of the seated double embrace, the authorised hold used on Gareth, two months later.
Adam was subject to ‘nose distraction’ — the official euphemism for a severe assault to the nose — just hours before he was found hanging in his cell. Adam’s nose bled for about an hour, and his request to go to hospital for an X-ray was refused. He left behind a note asking what gave staff the right to hit a child in the nose.
Ministers eventually withdrew this particular technique. However, the deliberate infliction of pain by other methods remains.
None of the 33 child deaths in prison has been dignified with a public inquiry. Adam Rickwood’s mother told me she is still not certain what her son was wearing when he lost consciousness, since the prison had mislaid some of his clothes.
She described Hassockfield secure training centre in County Durham as “the scariest place I have ever witnessed”. Adam himself, in one letter home, described “a 30-foot wall and cage all around me”.
Politicians and large unpleasant thugs
Michael Howard, the home secretary who signed the first contract for a secure training centre, famously said in 1993 that child offenders “are adult in everything except years”.Fifteen years later, Labour’s secretary of state for justice, Jack Straw, was asked whether he would reverse the UK’s standing in Europe as the greatest child incarcerator. He replied:
“Most young people who are put into custody are aged 16 and 17 – they are not children; they are often large, unpleasant thugs, and they are frightening to the public.”
On that very day, Straw’s prisons minister told parliament there were 458 children in young offender institutions and secure training centres who were known to be at risk of self-harm, 419 at known risk of drug dependency, 310 with known mental health problems and 91 at known risk of bullying. Nearly 400 children were in prison for the first time.
The justice secretary should have been aware that, of the 30 child deaths in custody there had been at the time of his speech, 24 were children aged 16 or 17. All 30 of the dead children were boys.
The coalition government’s justice secretary Chris Grayling announced through the Daily Telegraph in July 2013 that his department was reviewing the punishment and rewards scheme in child prisons: “It seems ludicrous to me that we dole out privileges regardless of how children behave,” he wrote. “Luxuries must be a reward for good behaviour not an automatic right.”
An international review of prison mother and baby units observed that girls in the G4S-run Rainsbrook secure training centre “can even earn the privilege of putting posters on the walls”. [PDF]
Grayling asserted that children would “face tough sanctions” for breaching a 10.30 pm lights and television curfew.
There are many reasons children come to rely on artificial light and television and radio into the early hours, including fear, loneliness and restlessness.
I have spoken with children who have had everything removed from their cells as a sanction, including photographs and education certificates from walls. Not one of them has ever told me that this helped improve their behaviour.
This is the first of three edited extracts from Children Behind Bars: why the abuse of child imprisonment must end. Part two tomorrow: Mothers and sons. On children who have died in UK prisons. And Wednesday: The sex abusers guarding Britain’s most vulnerable children. Detailed references can be found in the book.
Children Behind Bars can be purchased from Policy Press here (£12.99 plus £2.75 postage and packing). Subscribers to the Policy Press newsletter receive a 35 per cent discount. You can sign up here.
Original illustration is by Reece Wykes, working in charcoal, digitally enhanced. Wykes is a London-based illustrator and animator freshly graduated from Kingston University. He tweets @ReeceWykes
jeudi 18 juin 2015
Nederland : de vergeten kinderen van gevangenen (Trouw 17 juni 2015)
SOURCE
Kind staat in de kou als moeder de cel in gaat
Maaike Bezemer −
17/06/15, 13:45
Slechts één vrijwilligersproject bekommert zich in Nederland om kinderen
die achterblijven als hun moeder gedetineerd is. Oma Caroline en moeder
Annemieke waren erg blij met de steun van vrijwilligster Hetty.
Zo'n 4000 kinderen moeten jaarlijks hun moeder missen omdat zij achter
de tralies belandt. Het kroost wordt vaak opgevangen binnen de eigen
familie, zonder steun of begeleiding. Dit terwijl deze kinderen een
aanzienlijk risico hebben op gedragsproblemen. 32 Procent van hen wordt
later zelf verdachte van een delict.Er is één vrijwilligersproject van Humanitas dat jaarlijks hulp biedt aan zo'n zeventig kinderen en hun tijdelijke verzorgers: Wie let er op de kleintjes. Volgens het Verwey-Jonker Instituut weten nog te weinig gemeenten of professionals van het bestaan van dit project af.
'Een gemiste kans', vindt onderzoeker Jodi Mak. "De vrijwilligers hebben een signalerende rol en kunnen voorkomen dat kinderen nog verder in de problemen raken of in de zware jeugdzorg belanden." Gisteren presenteerde Mak een evaluatierapport over het project.
De hele maand juni vragen organisaties aandacht voor kinderen van gevangenen. Stichting Exodus heeft een wensenlijst gemaakt met jongeren wier ouders vastzaten. Optreden van politie, justitie of gevangenispersoneel is vaak traumatiserend. Contact met ouders verloopt moeizaam en ook vanuit school is er nauwelijks ondersteuning. PvdA-Kamerlid Marit Rebel benoemt de problemen vandaag in de Tweede Kamer.
Voordelen vrijwilliger
De vrijwilligers van Humanitas helpen achterblijvers bij praktische zaken, bij het opbouwen van een netwerk, en ze bevorderen het contact met de gedetineerde ouder, bijvoorbeeld door de kinderen heen en weer te rijden.
Een vrijwilliger heeft voordelen boven officiële jeugdzorg, zegt onderzoeker Jodi Mak. "Er is veel weerstand tegen reguliere hulp. En professionals geven zelf ook aan dat ze niet makkelijk bij mensen binnen komen." De vrijwilligster wordt gezien als onpartijdig en dat geeft een veilig gevoel. Ze fungeert als praatpaal, klankbord en klaagmuur.
Er rust een groot taboe op detentie, stelt de onderzoekster. De achterblijvende ouder of verzorger verzint soms een smoes waarom papa of mama niet thuis is." Als niemand bij het Centrum voor Jeugd en Gezin of maatschappelijk werk aanklopt, blijven kinderen van gedetineerden vaak volledig uit beeld.
De politie belde dat haar dochter en partner waren opgepakt: 3 juni, half zeven 's morgens. Caroline reed meteen naar België. Twee meisjes van zes en vier, een ventje van drie, zonder papa en mama. "Ze mogen niet naar een vreemde", dacht oma.
Vandaag zitten vier vrouwen rond een Brabantse keukentafel. Caroline, moeder Annemieke (32), Hetty, vrijwilligster bij Humanitas en zus Suzanne, die hier in de zomer elke dag kwam met haar zoontje. Er was ook nog een zieke man en een thuiswonende zoon, maar even draaide alles om de kleinkinderen.
Rust en regelmaat
Het kon erger. Opa en oma wonen op een grote boerderij in het groen, met beesten en een trampoline. Een plek waar de kinderen toch al graag kwamen.
"Je wilt dan rust en regelmaat", zegt zus Suzanne. "Maar het duurde twee weken voor de meiden in Nederland naar school konden." Uitschrijven uit België moest ter plekke gebeuren. Spullen verhuizen, papieren regelen met instanties. Er was geen recht op kinderbijslag omdat de grootouders het drietal vrijwillig in huis namen.
Moeder Annemieke zat de eerste zes weken 'in beperkingen'. "Mijn familie sprak alleen met de officier van justitie", legt ze uit. "Ik had alleen contact met mijn advocaat, ook toen mijn dochtertje jarig was. Dat het niet goed ging met haar, begreep ik via de zorgverzekering. Omdat die in België liep kon psychische hulp niet meteen vergoed worden."
Het meisje kon heel boos worden, vertelt oma Caroline: "Krijsen, stampen, compleet in paniek." Bij de kleintjes uitte het gemis zich vooral in buikpijn, of hyperactief gedrag. De inmiddels zevenjarige kon soms pijnlijk verwoorden wat haar dwars zat. "Oma ik snap het niet, eerst was het hier de fijnste plek van de wereld, maar nu vind ik het niet meer leuk bij jou." Vrijwilliger Hetty kon dat later wel uitleggen: "Opeens was oma streng. En tante was ook al een soort moeder geworden. "
Naar het bos
Annemieke las in de penitentiaire inrichting een folder van Humanitas. Via een coördinator vroeg ze ondersteuning voor haar kinderen. Vanaf augustus kwam Hetty elke week langs. Caroline: "Het was heel fijn dat we met iemand konden praten." Hetty kwam een uur onder schooltijd, daarna was ze er voor de kinderen. Ze deed spelletjes , nam ze mee naar het bos. "Over de gevangenis ga je het niet bewust hebben." Wel zijn er prentenboeken over mama's in de cel. En ze las van Hazeltje en Grote Haas en hoeveel die van elkaar houden. Of van Kleine Beer die bang is in het donker. "Zo geef je woorden aan gevoelens die ze zelf nog niet bevatten."
Annemieke kwam half september vrij, sinds de Kerst heeft ze weer een eigen woning. Pas in maart namen zij en de kinderen afscheid van Hetty.
Annemieke wil best vertellen dat haar partner (inmiddels ex) fraudeerde met bv's. Een oplichter. In hoeverre ze medeplichtig is moet blijken bij de inhoudelijke behandeling van de zaak. De maximumstraf heeft ze hoe dan ook uitgezeten. Op de school van de kinderen is ze ook open. "Anders speculeren ze misschien over moord of drugszaken." Openheid is beter, weet Hetty. Ze adviseert dat ook bij andere gezinnen. "Maar de schaamte is vaak groot."
Sinds Annemieke vrij is bezoeken de kinderen ook hun vader, daar hebben ze recht op, vindt ze. Oma Caroline kon dat niet opbrengen. De band met 'de vader' is nooit goed geweest, zegt ze subtiel. De kleinkinderen weten dat ook. 'Oma vind jij niet dat ik een gekke papa heb?, vroeg het jongste meisje eens. "Gelukkig gebeurde er net iets, waardoor ik geen antwoord hoefde geven."
'Mama, mag ik bij jou slapen?'
Gevangenisbezoek is zwaar voor de kinderen. Ze moesten zelf naar binnen, door een sluis en drie deuren. Caroline: "Je brengt ze er blij naar toe, maar in en in verdrietig neem je ze weer mee." Suzanne: "We vroegen ons af of we ze dat elke week moesten aandoen."
Die bezoeken zijn een hel, zegt ook Annemieke. "Altijd weer de vraag: Mama mag ik bij jou slapen?" Zodra ze thuis was gingen de matrassen tegen elkaar. "En dan 's nachts ineens het gezicht van mijn zoon, heel dichtbij. Mama, je bent toch wel echt?"
De familie wil hun achternaam en de namen van de kinderen liever niet in de krant. Ook Humanitas beschermt de privacy van haar vrijwilligers. Achternamen en adres van de betrokkenen zijn bekend bij de redactie.
De vrijwilligers van Humanitas helpen achterblijvers bij praktische zaken, bij het opbouwen van een netwerk, en ze bevorderen het contact met de gedetineerde ouder, bijvoorbeeld door de kinderen heen en weer te rijden.
Een vrijwilliger heeft voordelen boven officiële jeugdzorg, zegt onderzoeker Jodi Mak. "Er is veel weerstand tegen reguliere hulp. En professionals geven zelf ook aan dat ze niet makkelijk bij mensen binnen komen." De vrijwilligster wordt gezien als onpartijdig en dat geeft een veilig gevoel. Ze fungeert als praatpaal, klankbord en klaagmuur.
Er rust een groot taboe op detentie, stelt de onderzoekster. De achterblijvende ouder of verzorger verzint soms een smoes waarom papa of mama niet thuis is." Als niemand bij het Centrum voor Jeugd en Gezin of maatschappelijk werk aanklopt, blijven kinderen van gedetineerden vaak volledig uit beeld.
Woorden geven aan gevoelens van kleintjes
De politie belde dat haar dochter en partner waren opgepakt: 3 juni, half zeven 's morgens. Caroline reed meteen naar België. Twee meisjes van zes en vier, een ventje van drie, zonder papa en mama. "Ze mogen niet naar een vreemde", dacht oma.
Vandaag zitten vier vrouwen rond een Brabantse keukentafel. Caroline, moeder Annemieke (32), Hetty, vrijwilligster bij Humanitas en zus Suzanne, die hier in de zomer elke dag kwam met haar zoontje. Er was ook nog een zieke man en een thuiswonende zoon, maar even draaide alles om de kleinkinderen.
Rust en regelmaat
Het kon erger. Opa en oma wonen op een grote boerderij in het groen, met beesten en een trampoline. Een plek waar de kinderen toch al graag kwamen.
"Je wilt dan rust en regelmaat", zegt zus Suzanne. "Maar het duurde twee weken voor de meiden in Nederland naar school konden." Uitschrijven uit België moest ter plekke gebeuren. Spullen verhuizen, papieren regelen met instanties. Er was geen recht op kinderbijslag omdat de grootouders het drietal vrijwillig in huis namen.
Moeder Annemieke zat de eerste zes weken 'in beperkingen'. "Mijn familie sprak alleen met de officier van justitie", legt ze uit. "Ik had alleen contact met mijn advocaat, ook toen mijn dochtertje jarig was. Dat het niet goed ging met haar, begreep ik via de zorgverzekering. Omdat die in België liep kon psychische hulp niet meteen vergoed worden."
Het meisje kon heel boos worden, vertelt oma Caroline: "Krijsen, stampen, compleet in paniek." Bij de kleintjes uitte het gemis zich vooral in buikpijn, of hyperactief gedrag. De inmiddels zevenjarige kon soms pijnlijk verwoorden wat haar dwars zat. "Oma ik snap het niet, eerst was het hier de fijnste plek van de wereld, maar nu vind ik het niet meer leuk bij jou." Vrijwilliger Hetty kon dat later wel uitleggen: "Opeens was oma streng. En tante was ook al een soort moeder geworden. "
Naar het bos
Annemieke las in de penitentiaire inrichting een folder van Humanitas. Via een coördinator vroeg ze ondersteuning voor haar kinderen. Vanaf augustus kwam Hetty elke week langs. Caroline: "Het was heel fijn dat we met iemand konden praten." Hetty kwam een uur onder schooltijd, daarna was ze er voor de kinderen. Ze deed spelletjes , nam ze mee naar het bos. "Over de gevangenis ga je het niet bewust hebben." Wel zijn er prentenboeken over mama's in de cel. En ze las van Hazeltje en Grote Haas en hoeveel die van elkaar houden. Of van Kleine Beer die bang is in het donker. "Zo geef je woorden aan gevoelens die ze zelf nog niet bevatten."
Annemieke kwam half september vrij, sinds de Kerst heeft ze weer een eigen woning. Pas in maart namen zij en de kinderen afscheid van Hetty.
Annemieke wil best vertellen dat haar partner (inmiddels ex) fraudeerde met bv's. Een oplichter. In hoeverre ze medeplichtig is moet blijken bij de inhoudelijke behandeling van de zaak. De maximumstraf heeft ze hoe dan ook uitgezeten. Op de school van de kinderen is ze ook open. "Anders speculeren ze misschien over moord of drugszaken." Openheid is beter, weet Hetty. Ze adviseert dat ook bij andere gezinnen. "Maar de schaamte is vaak groot."
Sinds Annemieke vrij is bezoeken de kinderen ook hun vader, daar hebben ze recht op, vindt ze. Oma Caroline kon dat niet opbrengen. De band met 'de vader' is nooit goed geweest, zegt ze subtiel. De kleinkinderen weten dat ook. 'Oma vind jij niet dat ik een gekke papa heb?, vroeg het jongste meisje eens. "Gelukkig gebeurde er net iets, waardoor ik geen antwoord hoefde geven."
'Mama, mag ik bij jou slapen?'
Gevangenisbezoek is zwaar voor de kinderen. Ze moesten zelf naar binnen, door een sluis en drie deuren. Caroline: "Je brengt ze er blij naar toe, maar in en in verdrietig neem je ze weer mee." Suzanne: "We vroegen ons af of we ze dat elke week moesten aandoen."
Die bezoeken zijn een hel, zegt ook Annemieke. "Altijd weer de vraag: Mama mag ik bij jou slapen?" Zodra ze thuis was gingen de matrassen tegen elkaar. "En dan 's nachts ineens het gezicht van mijn zoon, heel dichtbij. Mama, je bent toch wel echt?"
De familie wil hun achternaam en de namen van de kinderen liever niet in de krant. Ook Humanitas beschermt de privacy van haar vrijwilligers. Achternamen en adres van de betrokkenen zijn bekend bij de redactie.
mercredi 3 juin 2015
Gewoon wat meer miserie: 1600 zieke gedetineerden verliezen uitkering
Vanaf 1 juli zullen 1600 gedetineerden, die vandaag
nog een maandelijkse ziekte-uitkering ontvangen, geen cent meer krijgen.
Minister Maggie De Block heeft becijferd dat dit de staat drie miljoen
euro oplevert in 2015 en zes miljoen in 2016. Het is het soort harde
rechtlijnigheid en eenvoudige rekenkunde, die haar zo geliefd maakt bij
de Belgen, voor wie in deze tijden crisis elke cent telt.
Luk Vervaet
dinsdag 2 juni 2015
De 1600 gedetineerden, die vandaag nog een maandelijkse ziekte-uitkering ontvangen, zullen vanaf juli 2015 geen cent meer krijgen. Zo besliste dokter en minister Maggie De Block. Aan de pers verklaarde ze: "Iemand die naar de gevangenis gaat verliest zijn werk, zijn salaris, zijn werkloosheidsuitkering. Waarom dan ook niet zijn ziekte-uitkering?" En ter attentie van de families en de kinderen van de 1600 gedetineerden, preciseerde ze : "De weigering van uitkering is van toepassing op elke gerechtigde, ongeacht zijn of haar gezinssituatie".
En nog: "Het is moeilijk te verdedigen dat iemand die al op kosten van de gemeenschap in de gevangenis verblijft, en daar van ziekenzorg verzekerd is, ook nog kan blijven genieten van een uitkering." Ter attentie van criticasters die haar zouden willen vergelijken met Maggie Thatcher, voegde ze eraan toe dat ze de steun heeft van de voltallige regering. En dat de maatregel ons drie miljoen euro oplevert in 2015 en zes miljoen in 2016.
Het is het soort harde rechtlijnigheid en eenvoudige rekenkunde, waarmee de dokter-minister zich in een vorige legislatuur al liet kennen bij de uitwijzing van Afghaanse asielzoekers, en die haar zo geliefd maakt bij de Belgen, voor wie in deze tijden van crisis elke cent telt.
Enkele bedenkingen
De maatregel illustreert vooreerst de globale dehumanisering van maatschappij en politiek. Eens temeer wordt bij de publieke opinie de mentaliteit van Oog om oog, tand om tand aangewakkerd. Spreek niet langer over zieke gedetineerden als mensen, die net als andere mensen recht hebben op een (bescheiden) uitkering, wanneer zijzelf (en hun families) die nodig hebben. Om bijvoorbeeld hun huishuur te betalen. Spreek niet meer over hun families en kinderen. Niet meer over schrijnende materiële en geestelijke armoede en uitsluiting, die schuilgaat achter cijfers. Spreek vanaf nu over 1600 naamloze objecten, die de straf hebben gekregen die ze verdienen. En die ons 9 miljoen euro op twee jaar tijd opleveren als we hen hun ziekte-uitkering afpakken.Dit soort harde maatregelen zijn een heus beleid geworden. Zo maakte Maggie’s partijgenoot Annemie Turtelboom in een vorige legislatuur hetzelfde soort rekensommetjes. In een communiqué stelde ze toen dat "de transfer van vijftien gedetineerden met Marokkaanse nationaliteit naar Marokko ons land bij de zes miljoen euro besparingen oplevert".1 Wie maakte zich toen zorgen over het feit dat die getransfereerde gedetineerden letterlijk in de hel van de gevangenissen van Tanger of Kenitra terechtkomen? Wie maakt zich vandaag zorgen over het feit dat 1600 zieke gedetineerden en hun families letterlijk verbannen worden naar de complete armoede? En wat vandaag kan voor zieke gedetineerden, kan dit dan morgen ook voor andere categorieën van mensen over wie de regering oordeelt dat die ergens "op kosten van de gemeenschap leven en hun uitkering niet nodig hebben"?
(Photo copyright Sébastien Van Malleghem)
Ten tweede maakt deze maatregel de uitsluiting van de gedetineerden uit de samenleving zowat compleet. Ik beweer al langer dat de maatschappij, in tegenstelling tot vroeger, geen enkele interesse meer heeft om gevangenen maatschappelijk in wat dan ook te (re)integreren. Niet in een werkomgeving, en evenmin in de rangen van de uitkeringsgerechtigden. Gevangenen zijn vandaag wegwerpproducten, waarmee we niet weten wat aan te vangen. Ze worden gedumpt en gestockeerd. En daarmee is het verhaal uit.
Slavenloon
De minister weet dat een mens, die om welke reden dan ook, en voor eender welke duur, in de gevangenis terechtkomt, niet alleen van zijn vrijheid beroofd wordt, maar ook zijn werk of zijn werkloosheidsuitkering verliest. Ook al zit hij in voorarrest (soms voor jaren tot er een definitief vonnis valt) en geniet hij van het vermoeden van onschuld. Weet de minister ook dat een gedetineerde vanaf het ogenblik van de opsluiting elke vorm van sociale bescherming verliest?Eens in de gevangenis, als je al bij de minderheid van de gedetineerden behoort, die de kans heeft om te werken, werk je zonder contract. Voor een slavenloon van 60 cent tot 2,5 euro maximum per uur. Bij afwezigheid op het werk, omwille van ziekte of ongeval, heb je geen recht op een ziekte-uitkering. Het aantal gewerkte maanden of jaren in de gevangenis telt bij je vrijlating niet mee voor de werkloosheid, noch voor het pensioen.
Voorbereiding op re-integratie in de maatschappij? Vergeet het. Mogelijkheid om iets te verdienen en zo zijn familie te onderhouden of eventuele slachtoffers te vergoeden? Vergeet het ook maar. Met haar maatregel maakt De Block de cirkel rond. Ze maakt nu ook voor zieke gedetineerden en hun families het leven nog moeilijker, zo niet onmogelijk. Ze snijdt voor de zieke gedetineerden de draad door, die hen moet in staat stellen contact te behouden met de buitenwereld of hen bij hun vrijlating moet in staat moet stellen een ietwat normaal leven te kunnen hernemen.
Mooie principes
Misschien is de minister niet zo op de hoogte van de werkomstandigheden in een gevangenis. Laten we een sector nemen, die ze verondersteld wordt beter te kennen. Die van de gezondheid in de gevangenissen.De minister beweert dat de gevangenen van ziekenzorg genieten in de gevangenis. Dus waarom zouden ze een ziekte-uitkering moeten krijgen? Eerst en vooral vertelt de minister niet dat de gevangenissen een concentratie van ziektes zijn2, en ten tweede dat een gevangenis niet dient om "zorg" te verstrekken. Tussen 2000 en 2011 steeg het aantal geïnterneerden in de gevangenissen met 72%.3 En de professor die de cijfers voorstelde, vervolgt: "Er is ontoereikende psychiatrische zorg voor gedetineerden en geïnterneerden."
Vierhonderd dokters, werkzaam in de Belgische gevangenissen, gingen in 2014 wekenlang in staking omdat ze niet of te laat betaald werden. Over de gezondheidszorg in de gevangenissen verklaarden ze: "Mooie principes die slecht worden uitgevoerd, want het geld is de prioriteit en besparingen gaan boven de wetten".4 In plaats van de zorg te versterken, brengt de minister met haar maatregel de zorg een nieuwe slag toe.
Megaproject
Tot slot nog iets over de armzalige 9 miljoen, die De Block op twee jaar tijd uit de brand wil slepen. Vorige week nam ik deel aan de Overlegcommissie van de Stad Brussel over de nieuwe mega-gevangenis van Haren. De bouw van die volstrekt nutteloze gevangenis is een onderdeel van het Masterplan 2008-2016 voor een gevangenisinfrastructuur in humane omstandigheden. De bouw van die gevangenis zal naar schatting tussen de 300 à 400 miljoen euro kosten. Nooit heb ik zoveel keer de woorden 'welzijn van de gevangenen', 'sociaal', 're-integratiebevorderend' horen gebruiken als toen de verdedigers van dit megaproject op de bijeenkomst het woord namen.De maatregel van De Block en de regering toont dat het welzijn van de gevangenen hun in werkelijkheid geen moer kan schelen. Het humanitaire pleidooi rond Haren dient alleen om een onaanvaardbaar project erdoor te krijgen, waarvoor honderden miljoenen euro's zullen geïnvesteerd worden. Tot profijt van privéconsortia, die gigantische werken en winsten verzekerd zien voor de komende 25 jaar.
Zo staat het al vast dat de gemeenschap aan de privésector, die instond voor DBFM (Design, Build, Finance and Maintenance) van de nieuwe gevangenissen van Beveren, Dendermonde, Leuze-en-Hainaut, Marche-en-Famenne gedurende de komende 25 jaar respectievelijk 13,8 miljoen euro, 16 miljoen euro, 12,1 miljoen en 12,3 miljoen euro per jaar zal betalen.
De gezondheid van de privébedrijven, die zich op de gevangenisbouw hebben gestort, gaat voor dokter Maggie De Block en deze regering blijkbaar voor op die van de zieke mensen, die in hun bouwsels moeten (over)leven.
Bronnen:
1 'Communiqué du Ministère de la Justice, Prisonniers marocains transférés au Maroc', date: 16 décembre 2013
2 Tuberculose komt in de gevangenis 16 keer meer voor dan onder de bevolking buiten de gevangenis. Aids 5 maal meer. Hepatitis C 7 keer meer. Psychoses 5 maal meer. Zelfmoord 6 maal. Alcohol of drugsprobleem 7 maal. Ervaring met heroine 54 maal.
3 Staten Generaal Gevangeniswezen, 22 november 2013
4 http://www.enmarche.be/Societe/Exclusion/2014/20140320_soigner_la_prison.htm
lundi 25 mai 2015
La lutte contre la prison à Haren / De strijd tegen de gevangenis van Haren : textes et contributions
Luk Vervaet, ancien enseignant à la prison de Saint-Gilles et Stéphane Médot, fondateur de l'asbl "Prevent Teens" et ancien détenu, sont les invités du Zoom Info. Sur l'univers carcéral en Belgique; sur la vie en prison mais aussi après; sur la onstruction de la nouvelle mega prison à Haren)
Radio AraBel.fm zoom info sur la vie en prison, écouter ici
La super-prison qui ne résoudra rien
(Le Vif, 20 mai 2015)
Lire ici
(co-signataire) La Prison, un business
(François Licoppe, La Libre Belgique 22 mai 2015) Lire ici
(interview) Protest tegen megagevangenis
(TVBrussel, 20 mei 2015)
Voir ici
Deze dialoog is een maskerade
(DeWereldMorgen.be 21mei 2015)
Lees hier
In naam van de stemlozen, open brief over de megagevangenis van Haren
(DeWereldMorgen.be 8 mei 2015)
Lees hier
Non à la méga-prison de Haren ! Pour un moratoire sur la construction des prisons en Belgique
(luttespaysannes.be 23 avril 2015)
Lire ici
mardi 19 mai 2015
lundi 18 mai 2015
La prison, un business ! par François Licoppe
La
prison, un business !
A
Les
nombreux grands projets lancés par l’Etat sont ils vraiment
utiles ?
Il
y a 25 ans la RTB cartonnait avec une émission présentée par Jean
Claude Defossé baptisée « Les grands travaux inutiles ».
Aujourd’hui on pourrait imaginer une suite intitulée « Les
grands projets dangereux ». La gare de Mons, le projet de
centre commercial Neo au Heysel et la méga prison de Haren en
feraient partie.
Contrairement à leurs aïeux des années 80, ils ne
seraient plus financés uniquement par l’Etat et seraient au mieux
des partenariats public-privé, voire entièrement laissés aux mains
du secteur privé et, espérons le, resteront au stade de projets; ne
deviendront jamais des chancres.
Le
projet de méga prison à Haren est sans doute le plus téméraire,
le plus dénué de sens et le plus exemplatif d’un système
politico-économique basé sur la connivence entre Etat et sociétés
privées, de la recherche du gigantisme per se, de la mauvaise
gestion des politiques publiques désormais soumises aux impératifs
de la rentabilité économique, de la négation de la valeur travail
pourtant portée au pinacle par nos dirigeants politiques et les
chantres du néolibéralisme.
L’enfermement
est il la solution ?
On
peut commencer par s’interroger sur le bien fondé du concept même
de l’enfermement. S’il peut être énoncé qu’il est impossible
pour une infime partie de la population de faire société et que
celle-ci doit en être protégée, force est de constater que le
résultat des politiques d’incarcération est catastrophique.
Aux
Etats Unis, une fois encore précurseur en la matière, une ancienne
assistante auprès de la Cour Suprême, Michelle Alexander, à la
question de quel avenir pour les prisonniers, répondait sans
ambages : « 70% d’entre retournent en prison endéans
quelques années et dans certains Etats c’est une question de
mois » (1). En Belgique, le Comité pour la prévention de la
torture a pu démontrer du caractère contre productif de
l’augmentation de l’« offre » de prison : « Le
fait d’augmenter la capacité carcérale n’est pas susceptible,
en soi, de résoudre durablement le problème de la surpopulation. En
effet, il a été observé dans de nombreux pays – y compris en
Belgique – que la population carcérale a tendance à augmenter au
fur et à mesure que la capacité carcérale s’accroît » (2)
Le projet de la méga prison en Belgique est peu convaincant quant à
son volet réinsertion, c’est peu dire.
Le
principe « Small is beautiful » ne serait il pas plus
adéquat ?
Quant
à l’intérêt de ce gigantisme. Certes, on peut comprendre que les
riverains n’ont pas nécessairement envie de voir une prison
s’établir près de chez eux mais pour autant cela justifie t il de
construire une méga prison.
Différents études ont démontré que
la taille « optimale » d’un établissement
pénitentiaire s’établit à une capacité d’accueil de 300 - 400
places (3). Alors pourquoi construire un complexe qui pourrait
accueillir quelque 1.200 détenus ? La prison de Lantin,
l’actuelle plus importante maison d’arrêt de Belgique a pu
illustrer de ces difficultés. Comme les banques devenues trop
grandes pour être gérées efficacement, d’aussi importantes
structures carcérales non seulement déshumanisent encore davantage
un environnement par définition peu agréable mais aussi
enregistrent davantage de « suicides » et d’évasions,
sont plus encore démotivantes pour le personnel pénitentiaire,
connait des risques de mutineries plus élevés, sont éloignés des
villes, donc peu accessible tant pour les avocats que pour les
familles, complexifiant ainsi le travail judiciaire, accroissant les
risques de transfert vers les palais
de justice et diminuant la qualité de suivi et de soutien des
détenus.
Cette tendance au gigantisme introduit du risque dans le
système, tout comme l’accroissement de la taille des bilans
bancaires. Quand
le « too big to jail » rime avec le « too big to
fail ». Un
nombre de prisons plus important et des prisons de taille plus petite
assureraient une diversification de ce risque et surtout améliorerait
la qualité de vie de tous, non seulement des détenus mais du
personnel pénitentiaire, des avocats et des familles.
Une
méga prison se justifie t elle au niveau économique ?
Economiquement,
on aurait pu penser qu’au vu de sa taille critique le coût de
construction par cellule ait pu être optimisé, or il n’est est
rien. Pour la prison de Leuze qui abrite 312 détenus et qui fut
lancé en 2012 l’investissement initial a été estimé à 75
millions € (4) soit quelque 240.000 € par cellule. Pour celle
d’Haren, le seul coût de construction a été estimé à 330
millions € (5) soit 280.000€ par cellule et sur 25 ans en tenant
compte des coûts de fonctionnement les montants prévus oscillent
entre 1,7 et 2 milliards € soit au moins 1 million € par cellule
(6). Ce projet pose d’autres questions.
Les
règles comptables ont été modifiées a de nombreuses reprises
rendant la privatisation inévitable
Pourquoi
avoir opté pour un partenariat public - privé (PPP) afin d’assurer
le financement de sa construction et de son exploitation. Les Etats
connaissant (ou plutôt suite à des pressions externes s’étant
mis dans une situation financière difficile) une aggravation de leur
déficit publics et de leur endettement sont contraints d’innover
en termes de financement. Par ailleurs, depuis la réforme de la
comptabilité européenne (les fameuses normes européennes SEC 95)
(7) tout investissement qu’ils réalisent est désormais considéré
comme une dépense courante et vient donc grever en année 1 les
finances publiques alors qu’il est censé porter ses fruits sur des
décennies. Afin de pallier à ces nouvelles normes et pour
équilibrer leur budget, les Etats ont dès lors lancé différents
partenariats public - privé. Ce sont des contrats qui peuvent
revêtir différentes formes mais qui généralement laissent à
l’Etat la propriété du bien en question : hôpital, école,
autoroute et lui laisse la possibilité de contrôler une gestion qui
est dorénavant confiée à une entreprise privée qui en récolte
les profits et participe au financement. On parle de contrats DBFM
(Design,
Build, Finance, Maintain), à savoir que les consortiums désignés
dessinent les plans, construisent, financent et gèrent la prison à
l'exception des aspects de sécurité.
Ces
contrats ont été vivement critiqués, car laissant tous les
bénéfices aux entreprises privées alors que l’Etat couvrait les
éventuels risques lorsque les choses ne se déroulaient pas comme
prévu dans les plans financiers. Ainsi, en France, un rapport de la
Cour des comptes de 2010 démontre que les indemnités annuelles
octroyées par l’Etat aux prestataires privés sont 2 à 3 fois
plus élevées que lorsqu’un établissement carcéral relève
entièrement du public (8).Tout comme ce qui s’est passé lors de
la crise financière, voilà une autre forme de privatisation des
profits et de socialisation des pertes.
Depuis 2004 suivant les
caractéristiques de ces PPP, Eurostat, l’organisme européen
chargé des statistiques, oserait on dire ironiquement, a revu le
traitement comptable de ceux ci. L’entièreté des montants, même
la part financée par le privé, doit désormais être comptabilisée
comme une dépense publique, enlevant tout l’intérêt d’un tel
mécanisme de financement pour les Etats (9). Ces derniers vont donc
être obligés a purement et simplement privatiser les missions dont
ils ne peuvent plus assurer eux même le coût.
La
privatisation est déjà une réalité
Par
ailleurs, un très grand nombre de services « offerts »
au sein des prisons sont payants et assurés par des sociétés
privées externes. Les services de cantine sont ainsi assurés par
exemple par la société Facilicom à la prison de Leuze. Le détenu
doit débourser pour s’approvisionner en dentifrice, pour pouvoir
regarder la télévision,…. On comprend dès lors l’intérêt à
ce que le nombre de prisonniers augmente. Ils constituent une
clientèle captive de choix que ces sociétés privées n’ont aucun
souhait à voir partir et l’on comprend ainsi mieux le peu de
volonté à développer des politiques de réinsertion cohérentes.
Il y a conflit d’intérêt. Le système actuel cherche à tout
marchandiser, à tout monétiser, y compris le monde carcéral et
cela au détriment de son efficacité (10). Il existe pourtant des
modes de contrôle de la population, ayant commis des actes
répréhensibles, plus légers comme le bracelet électronique dont
l’utilisation a explosé entre 2013 et 2014 passant de quelque
1.000 récipiendaires à quelque 1.800 sans pour autant que le nombre
de personnes enfermées diminue, que du contraire. Le nombre de
délinquants augmenterait il, le système judiciaire se veut il plus
sévère, ou faut il y voir une autre raison ? En 2011, le
gouvernement annonçait la construction de 4 nouvelles prisons (11),
en 2013 il laissait pressentir la construction de 7 nouvelles prisons
et ceci en prétextant de l’explosion de la criminalité alors
qu’on nous racontait il y a quelques semaines que la présence de
l’armée dans la rue avait fait chuter celle-ci de 30% (12) et
qu’en avril dernier la Ministre de tutelle de l’époque Annemie
Turtelboom annonçait que les efforts fournis depuis 2012 avaient
fait baisser la surpopulation de 10%. La surpopulation carcérale a
ainsi régressé pour atteindre 19% et elle pourrait passer sous les
15% avant la fin de l'année affirmait elle alors (13).
Souci
sécuritaire ou big business ou les deux ?
Les
conditions de travail des détenus ne constituent elles pas une
atteinte à la « libre » concurrence ?
De
plus, les détenus travaillent pour des salaires de misère, souvent
moins de 300€ par mois (14) (15).
Ne revient on pas ainsi au bagne, à l’esclavage organisé par
l’Etat ? Qu’en est-il de cette valeur travail chérie par
nos dirigeants ? Ne peut-on parler de concurrence déloyale ?
Dans le cadre de la construction de la prison de Leuze d’une
capacité de 312 places on nous promettait la création de 200 à 300
emplois directs et de plusieurs centaines d'emplois indirects. Sont
ce là des emplois utiles ? Vont-ils permettre de faire croître
la productivité de notre économie ? Les travailleurs du
secteur pénitentiaire y trouveront-ils valorisation et
reconnaissance ?
La
Justice est elle la même pour tous ?
Tout
ceci alors que dans le même temps, nos politiques ont voté la
transaction pénale qui a permis à ceux qui avaient commis le plus
grand délit de l’histoire financière de Belgique de s’en tirer
en payant une amende modeste, n’étant même pas condamnés et
n’atterrissant dès lors pas en prison alors qu’un voleur de
saucisson a-t-on appris tout récemment risque d’écoper d’une
peine ferme (16), que par la soumission à la TVA des honoraires
d’avocats on rend l’accès à la justice plus difficile pour les
moins favorisés,… Y aurait-il une justice de classes ?
Heureusement,
tous les projets de construction de prison n’aboutissent pas. Celui
de Termonde qui devait être lancé en 2012, est toujours à l’arrêt
suite à de nombreux recours juridiques. Quant à celui de Haren, la
contestation monte. Une concertation est organisée ce 20 mai à 9h30
au Casino de Bruxelles (on nage dans un surréalisme typiquement
belge, peut être vont-ils distribuer des jeux de Monopoly à
l’entrée), où de nombreux citoyens seront présents afin de
contester le bien fondé de la construction de cette méga prison. Ce
combat peut encore être gagné, mais il nous faut nous mobiliser.
L’auteur
remercie, Luk Vervaet, ancien enseignant à la prison de Saint-Gilles
et Jean Baptiste Godinot de l’ASBL Respire, partenaire de la Plate
forme pour sortir du désastre carcéral pour leurs apports
d’informations, suggestions, corrections et relecture attentive. Il
va de soi que le présent document relève de mon entière
responsabilité.
(2)
Comité pour la prévention de la torture : Rapport au
gouvernement de la Belgique relatif à la visite effectuée en
Belgique par le Comité européen pour la prévention de la torture
et des peines ou traitements inhumains ou dégradants ; CPT/inf
(2010) 24, §79
(3)
Cour des Comptes, Mesures de lutte contre la surpopulation carcérale,
p.99
(4)
La future prison de Leuze-en-Hainaut est officiellement sortie de
terre, La Libre 13 septembre 2012
(9)
Eurostat communiqué de presse 11 février 2004 Traitement des
partenariats public-privé
(11)
Contrats pour la construction de 4 nouvelles prisons, La Libre 16
juin 2011
(13)
Surpopulation carcérale : Turtelboom juge les chiffres du Conseil de
l'Europe dépassés, La Libre, 29 avril 2014
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