jeudi 22 décembre 2011

La prison les sépare, la libération les réunit à Gaza




Par Pam Bailey
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Le 19 décembre, le second groupe de prisonniers palestiniens faisant partie de l'échange avec le soldat israélien capturé doit être libéré. 550 hommes pourront enfin goûter à la liberté après des années - des décennies pour certains - derrière les barreaux. Leurs histoires seront certainement semblables à celles des 447 libérés en octobre. Les autorités carcérales israéliennes ont pratiquement tout fait pour effacer l'ancrage des détenus à la réalité et à leur culture, à leurs familles et à leurs compagnons de détention - par les interdictions de visites pendant plusieurs mois d'affilée, les changements répétés de prison pour parasiter toute nouvelle amitié, l'isolement solitaire, des années durant. Certains prisonniers n'ont pas supporté. Un prisonnier libéré que j'ai rencontré pendant ma récente visite à Gaza est resté en isolement pendant 15 ans ; il semble incapable de soutenir une conversation, et se parle tout seul, doucement, sans interruption

"Nous vivions en prison, oui. Mais la prison ne vivait pas en nous."
La vie en prison vous renforce," dit-il. "Quand vous êtes en grève de la faim, et sans nourriture jour après jour, vous trouvez des capacités et une force que vous ignoriez avoir. Quand il s'agit de défendre notre identité même et notre culture, Israël ne sera jamais plus fort que nous."
[…]
"Le plus grand défi, c'est d'être capable de résister soi-même, de vaincre ce désir de liberté et de votre famille, qui vous rend faible et vous donne envie d'abandonner," dit-il. "J'ai cherché des manières, même petites, de réaffirmer mon propre sentiment d'identité et de contrôle. Il y a toujours un moyen, même s'il est insignifiant. Par exemple, lorsque les gardiens ont interdit de fumer pendant que nous attendions nos familles les jours de visite, j'ai décidé d'arrêter de fumer. J'ai cessé ce jour là, pour que mon ennemi ne gagne pas."
[…]
Ce que leur réserve l'avenir est encore incertain, et ils reconnaissent que ce ne sera pas un ajustement facile. Ils ont été accueillis avec les 131 autres prisonniers "déportés" à Gaza, avec force célébrations pour "le retour des héros". L'administration Hamas à Gaza a aidé les prisonniers libérés en leur trouvant et en leur payant un logement. Mais Abu Sfeir compare cette première étape de transition à une "fête". Une fois l'attention retombée, le travail difficile va commencer.
"Je veux passer mon baccalauréat, trouver du travail, fonder une famille," dit Abu Seir. "Mais mes compagnons restés en prison [dont il reste plus de 5000] resteront dans mon esprit à jamais. J'ai essentiellement été élevé et éduqué par certains d'entre eux. Nous n'aurons pas de repos tant qu'ils ne seront pas libres eux aussi »

Article intégral sur

Voir aussi :
Salah Hamouri : "Je n'ai pas été défendu comme un vrai citoyen français"
Ayant fini ma peine, je devais normalement être libéré le 28 novembre. Mais les autorités israéliennes en ont décidé autrement. Ils ont annulé une loi administrative qui retirait une semaine à chaque année de condamnation (cette loi autorisait la justice militaire israélienne à convertir au cours d'une même peine les années civiles - 365 - en années administratives - 345 jours. Dès lors, le Franco-Palestinien devait passer 140 jours supplémentaires en prison, et ne pas sortir avant mars 2012, NDLR). Après la première vague de libération de prisonniers, cette mesure permettait ainsi à la justice de remplir ses quotas de prisonniers palestiniens en nous maintenant en prison.
 
Voir texte intégral dans : http://www.ism-france.org/temoignages/Salah-Hamouri-Je-n-ai-pas-ete-defendu-comme-un-vrai-citoyen-francais--article-16423

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