Par Pam Bailey
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Le 19 décembre, le second groupe de prisonniers
palestiniens faisant partie de l'échange avec le soldat israélien capturé doit
être libéré. 550 hommes pourront enfin goûter à la liberté après des années -
des décennies pour certains - derrière les barreaux. Leurs histoires seront
certainement semblables à celles des 447 libérés en octobre. Les autorités
carcérales israéliennes ont pratiquement tout fait pour effacer l'ancrage des
détenus à la réalité et à leur culture, à leurs familles et à leurs compagnons
de détention - par les interdictions de visites pendant plusieurs mois
d'affilée, les changements répétés de prison pour parasiter toute nouvelle
amitié, l'isolement solitaire, des années durant. Certains prisonniers n'ont pas
supporté. Un prisonnier libéré que j'ai rencontré pendant ma récente visite à
Gaza est resté en isolement pendant 15 ans ; il semble incapable de soutenir une
conversation, et se parle tout seul, doucement, sans
interruption
"Nous vivions en prison, oui. Mais la prison ne
vivait pas en nous."
La vie en prison vous renforce," dit-il. "Quand vous êtes en grève de la
faim, et sans nourriture jour après jour, vous trouvez des capacités et une
force que vous ignoriez avoir. Quand il s'agit de défendre notre
identité même et notre culture, Israël ne sera jamais plus fort que
nous."
[…]
"Le plus grand défi, c'est d'être capable de
résister soi-même, de vaincre ce désir de liberté et de votre famille, qui vous
rend faible et vous donne envie d'abandonner," dit-il. "J'ai cherché des
manières, même petites, de réaffirmer mon propre sentiment d'identité et de
contrôle. Il y a toujours un moyen, même s'il est insignifiant. Par exemple,
lorsque les gardiens ont interdit de fumer pendant que nous attendions nos
familles les jours de visite, j'ai décidé d'arrêter de fumer. J'ai cessé ce jour
là, pour que mon ennemi ne gagne pas."
[…]
Ce que leur réserve l'avenir est encore incertain, et
ils reconnaissent que ce ne sera pas un ajustement facile. Ils ont été
accueillis avec les 131 autres prisonniers "déportés" à Gaza, avec force
célébrations pour "le retour des héros". L'administration Hamas à Gaza a aidé
les prisonniers libérés en leur trouvant et en leur payant un logement. Mais Abu
Sfeir compare cette première étape de transition à une "fête". Une fois
l'attention retombée, le travail difficile va commencer.
"Je veux passer mon baccalauréat, trouver du travail, fonder une famille," dit Abu Seir. "Mais mes compagnons restés en prison [dont il reste plus de 5000] resteront dans mon esprit à jamais. J'ai essentiellement été élevé et éduqué par certains d'entre eux. Nous n'aurons pas de repos tant qu'ils ne seront pas libres eux aussi »
"Je veux passer mon baccalauréat, trouver du travail, fonder une famille," dit Abu Seir. "Mais mes compagnons restés en prison [dont il reste plus de 5000] resteront dans mon esprit à jamais. J'ai essentiellement été élevé et éduqué par certains d'entre eux. Nous n'aurons pas de repos tant qu'ils ne seront pas libres eux aussi »
Article intégral sur
Voir aussi :
Salah Hamouri : "Je n'ai pas été défendu comme un vrai
citoyen français"
Ayant fini ma peine, je devais normalement être libéré
le 28 novembre. Mais les autorités israéliennes en ont décidé autrement. Ils ont
annulé une loi administrative qui retirait une semaine à chaque année de
condamnation (cette loi autorisait la justice militaire israélienne à convertir
au cours d'une même peine les années civiles - 365 - en années administratives -
345 jours. Dès lors, le Franco-Palestinien devait passer 140 jours
supplémentaires en prison, et ne pas sortir avant mars 2012, NDLR).
Après la première vague de libération de prisonniers, cette mesure
permettait ainsi à la justice de remplir ses quotas de prisonniers palestiniens
en nous maintenant en prison.
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